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Les Cantiques spirituels en occitan : XVII-XIXe siècles
Escarpit, David (1980-....)
Les cantiques spirituels sont des textes religieux qui ne font pas partie du rituel catholique romain. Ils sont d'ailleurs généralement en langue vernaculaire, et non pas en latin, et sont pensés pour être chantés. Il s'agit de poèmes ayant pour sujet la doctrine catholique, l'histoire sainte et le comportement d'un parfait chrétien. Ils sont caractéristiques de l'époque de la Contre-Réforme ou Réforme catholique. La Contre-Réforme est un ensemble de mesures prises au sein de l'Église catholique suite aux conclusions du concile de Trente (1545-1563). Ces réformes visent à contrer le développement de la Réforme protestante, en modifiant le rituel catholique, en introduisant de façon importante la musique dans les célébrations religieuses, et développant les écrits en langue vernaculaire, préférablement au latin, afin de toucher plus efficacement les populations. Le diocèse de Toulouse en particulier se montre actif dans cette reconquête catholique vers le milieu du XVIIe siècle.

Une édition importante en pays d’Oc

Plusieurs recueils de cantiques spirituels en occitan ont été imprimés en pays d'Oc, principalement entre le XVIIe et le début du XIXe siècle, de Bordeaux à la Provence en passant par le Rouergue. La plupart sont entièrement ou partiellement rédigés en occitan. On peut constater vers la fin du règne de Louis XIII et au début de celui de Louis XIV un essor des recueils de cantiques spirituels en langue d'oc. Cet essor est à relier avec celui des noëls en langue vernaculaire, déjà ancien, à cela près que les cantiques spirituels n'ont pas forcément pour propos la Nativité (qui est toutefois présente, ne serait-ce que dans l'Angélus), mais tout ce qui concerne la morale religieuse, les prières et l'histoire sainte.
Jean Eygun dans Au risque de Babel, synthèse sur le texte religieux en langue occitane de cette période, date cet essor des alentours de l’année 1673, malgré la présence d'oeuvres imprimées antérieurement, dans les années 1630, 1640 et 1650, relatives à des missions catholiques principalement dans la zone pyrénéenne, où elles furent particulièrement nombreuses. À l'instar des noëls, la Provence figure en bonne place de la production de cantiques spirituels en occitan, ainsi que la région toulousaine.

Occitanie, terre à convertir : les éditions de cantiques spirituels en domaine occitan du XVIIe au XIXe siècle

Parmi les nombreuses impressions de cantiques spirituels en occitan (plus ou moins mêlé avec le français) du XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, nous pouvons citer :

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De la Ligue pour la langue d’oc à l’école à la FELCO : groupes et collectifs pour l’enseignement de l’occitan
Escarpit, David (1980-....)

1875-1923 : les prémisses de la revendication d’Oc pour l’école : la revendication félibréenne

1875
Mistral publie dans l’Armana Prouvençau un article dans lequel il demande que les enfants provençaux - occitans - puissent bénéficier d’un enseignement dans leur langue, et même bénéficier d’un cursus scolaire complet en occitan. C’est la première prise de position publique du Félibrige sur la question.

1876
Joseph Lhermite (en religion frère Savinien), professeur et frère des Écoles chrétiennes, se fait un des tenants de l’usage de l’occitan comme méthode pour aider les enfants des pays du Midi à acquérir le français. Dès lors apparaissent deux lignes idéologiques antagonistes de défense de l’occitan à l’école : enseigner l’occitan pour enseigner le français ou l’enseigner pour lui-même. Il publie cette année-là son Recueil de versions pour l’enseignement du français en Provence par un professeur. Troisième partie qui passera à la postérité sous le nom de Méthode Savinienne.

1876-1883
Sous l’influence du Félibrige et de la récente Société pour l’étude des langues romanes, plusieurs chaires de langue et culture occitanes (sous des intitulés divers) sont ouvertes dans les universités des villes du Midi. C’est ainsi que Léon Clédat est nommé à Lyon en 1876, Camille Chabaneau à Montpellier en 1878, Achille Luchaire à Bordeaux en 1879 et Antoine Thomas à Toulouse en 1883 à des chaires d’études romanes. Tous sont plus ou moins spécialisés dans les études occitanes.

1878
Dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, Michel Bréal, futur inspecteur général de l’Instruction Publique pour l’enseignement supérieur, harangue 1.500 instituteurs venus de toute la France, se positionnant en faveur d’une présence des langues minoritaires à l’école, jugeant que d'un point de vue pédagogique, c’est toujours une chose dangereuse d’apprendre à l’enfant à mépriser ce qu’il doit à la maison paternelle. Ses propos sont applaudis.

1886
Antonin Perbosc lance et entretient un long débat sur l’usage des « patois » à l’école dans les colonnes du journal La Tribune des instituteurs.

1889-1893
En 1889, Alfred Jeanroy succède à Antoine Thomas à Toulouse, ancrant fermement et développant grandement les études occitanes dans l’établissement toulousain. En 1893 une chaire de « langue et littérature du Sud-Ouest » est ouverte par la ville de Bordeaux à la faculté de Lettres. Elle est confiée au romaniste Édouard Bourciez.

1894
L’instituteur agenais P.-Émile Boudon publie son Manuel élémentaire de linguistique pour l’enseignement du français par les idiomes locaux. Dans le débat qui agite  les tenants de l’occitan à l’école, l'application au sous-dialecte agenais positionne l'auteur dans le camp de ceux qui plaident l’usage de l’occitan comme outil pour faciliter l’apprentissage du français (en opposition à ceux qui pensent que les langues minoritaires doivent être enseignées pour elles-mêmes).

1898
Henri Oddo fait paraître De l'Utilité des idiomes du Midi pour l'enseignement de la langue française, dans la ligne de Frère Savinien. Frédéric Mistral lui répond de façon cinglante dans l’Aiòli, argumentant sur l’apprentissage de la langue d’Oc pour elle-même et fustigeant les « cireurs de bottes » de l’apprentissage du français.

1900
Sylvain Lacoste, félibre membre de l’Escolo Gastou Fébus et instituteur en Béarn, fait paraître l’ouvrage Du patois à l’école primaire (Pau, Vignancourt). Il y milite pour que l’occitan soit enseigné à l’école de la République aux côtés du français et pour lui-même. Les deux premières parties sont publiées dans la revue Reclams de Biarn e Gascougne.

1901
Le Consistoire du Félibrige adresse au ministre de l’Instruction publique, le Lot-et-garonnais Georges Leygues, une lettre demandant expressément la fin de la politique hostile à l’occitan dans l’école française. Elle restera sans réponse.

1902
Une modification du règlement scolaire dans le département des Basses-Pyrénées (Pyrénées Atlantiques) autorise des exercices de traduction du béarnais et du basque en français, dans la limite du nécessaire et uniquement en vue de faciliter aux enfants l’étude de la langue nationale.

1905-1908
Série d’articles de Bernard Sarrieu, professeur de philosophie, dans Era bouts dera mountagno sur “l’utilité pédagogique du gascon”, adressés aux enseignants de la région.

1909-1911
Jean Jaurès publie dans la Dépêche de Toulouse une série d’articles dans lesquels il se déclare favorable au savinianisme, c’est à dire à l’utilisation de l’occitan pour aider les écoliers méridionaux à apprendre le français.

1910
Gaston Doumergue, ministre de l’Instruction publique, dépose à la Chambre un projet de loi interdisant absolument l’usage d’une autre langue que le français dans l’enseignement. Tollé chez les félibres. Valère Bernard, capoulié, adresse au ministre une lettre de protestation au nom du félibrige, qui reprend les termes de celle de 1901.

1911
Le majoral du félibrige Maurice Faure est nommé ministre de l’Instruction publique à la place de Gaston Doumergue. Sa nomination entraîne une vague d’espoir et même d’enthousiasme dans les milieux félibréens. Son ministère se soldera néanmoins par une déception : la position du gouvernement et du parlement ne permettent pas au majoral de faire passer de vraies mesures, malgré une position clairement affichée en faveur de la langue d’Oc à l’école.

1919
Lors de la Conférence de la Paix, la question bretonne est posée à l’appel du député Régis de l’Estourbeillon. Un million de citoyens français, de Bretagne et d’ailleurs, signent une pétition en faveur de la reconnaissance et de l’enseignement du breton. L’ampleur du mouvement atteint, par ricochet, les consciences des défenseurs de l’occitan. La question des minorités linguistiques devient centrale. Ainsi, des enseignements d’occitan sont ouverts dans quelques lycées de Provence et de Gascogne. Ils sont prodigués par des félibres, comme le majoral Pierre Fontan au lycée de Toulon et Frédéric Mistral neveu à l’École primaire supérieure et au lycée d’Avignon ou encore Jean-Victor Lalanne à l’École normale de Pau.

1923-1928 : la Ligue pour la langue d’oc à l’école : un projet prometteur tué dans l’œuf

1923
La Ligue pour la langue d’oc à l’école est créée par les félibres Jean Bonnafous, Jean Charles-Brun et l’universitaire toulousain Joseph Anglade. La revue Oc d’Ismaël Girard relaie ses revendications. Sous l’égide de Bonnafous, la Ligue lance un appel national aux membres de l’Enseignement, avec le soutien du ministre de l’Instruction publique, le félibre gascon Léon Bérard. Dans cet appel, il est exigé que les enseignants n’inculquent plus le mépris de la langue d’Oc aux enfants et ne punissent plus ceux qui la parlent, qu’ils l’utilisent comme appui pour l’enseignement du français, du latin, etc., qu’ils l’enseignent aussi pour elle-même comme “langue de civilisation”, qu’ils intègrent la littérature d’Oc à leur enseignement et fassent travailler les élèves sur des textes occitans, si possible du même “terroir” qu’eux. Dans Oc, Bonnafous développe ses visions pédagogiques pour l’occitan.

1924
Au printemps, l’appel de la Ligue est un succès : on recense près de deux cents adhérents. On trouve parmi eux des académiciens, des doyens de facultés, des inspecteurs de l’Instruction publique, des professeurs d’École Normale. Novembre : le ministre François Albert autorise la tenue de conférences sur la langue d’Oc dans les établissements secondaires et les Écoles Normales du Midi. Lors de la présentation du budget de l’Instruction publique pour l’année 1925, le rapporteur Ducos précise qu’il est important de laisser une place à la langue d’Oc.

1925
Coup d’arrêt à la progression de l’enseignement de la langue d’Oc à l’école : voulant aller trop loin, Bonnafous cosigne avec d’autres acteurs et enseignants de langue d’Oc (dont Alfred Jeanroy et Édouard Bourciez) une lettre au nouveau ministre Anatole de Monzie - originaire de Cahors - afin qu’il fasse une circulaire autorisant formellement l’enseignement de la langue occitane dans les écoles. Monzie réagit négativement, non seulement en refusant de faire la circulaire, mais en plus en en rédigeant une autre le 14 août qui remet en cause fondamentalement la présence de l’occitan à l’école, revenant presque à l’interdire. En novembre, le Béarnais Jean Bouzet dresse un bilan de l’échec de la Ligue qui est en train de se dessiner. Membre actif de la Ligue pour la langue d’Oc à l’école, Bouzet tire pourtant à boulet rouge sur les méthodes employées, sur "l’enthousiasme félibréen” mais aussi sur “l’incompétence” et “l’amateurisme” et conclut à un constat d’échec. Le nouveau ministre, Édouard Daladier, ancien maire de Carpentras et ami de la langue d’Oc, interpellé par les députés bretons et alsaciens, rejette tout droit aux langues minoritaires à être enseignées à l’école, même pour enseigner le français.

1928
Le premier août, la Ligue tente un nouvel appel aux enseignants dans les colonnes de la revue Oc. Ce sera un échec.

1943-1951 : le Groupe Antonin-Perbosc : vers des pédagogies nouvelles pour l’occitan

1943
Hélène Gracia-Cabanes, jeune institutrice héraultaise, se met en relation avec Charles Camproux pour réfléchir à la construction d’une pédagogie nouvelle pour l’enseignement de l’occitan : la méthode Freinet.

1945
Création de l’Institut d’Études Occitanes. Autour d’Hélène Gracia-Cabanes se crée une section enseignement et pédagogie. Autour de l’IEO gravite un groupe d’enseignants versés dans les nouvelles pédagogies, qui prend le nom de Groupe Antonin-Perbosc. Ce n’est toutefois pas un groupe occitaniste, et la sauvegarde de l’occitan est moins son projet que le travail sur les pédagogies nouvelles de l’École moderne, même s’il intègre l’occitan de plein droit dans son projet. Il publie à partir de 1947 un bulletin, Escòla e Vida. De son côté l’IEO possède un Centre de l’Enseignement, peu actif.

1951 à nos jours  : le temps des lois : la prise en charge par les pouvoirs publics de l’enseignement de l’occitan

1951
11 janvier : loi Deixonne, qui autorise l’enseignement facultatif du basque, du breton, du catalan et de l’occitan. Des enseignements sont organisés à Bordeaux, Montpellier, Toulouse, Paris et Aix (ainsi que Rennes pour le breton). L’action de Pierre-Louis Berthaud, élu et journaliste parlementaire, a joué un rôle important dans l'adoption de la loi. Félix Castan présente au conseil d’administration de l’IEO un rapport intitulé Le sens d'une pédagogie occitaniste dans lequel il insiste, au terme d’une longue correspondance avec Robert Lafont, sur la nécessité d’intégrer une section pédagogie à part entière au sein de l’IEO, projet repris par Lafont lors de l’AG de l’IEO la même année. Première parution du Bulletin pédagogique de l'Institut d'études occitanes qui sera un échec, du fait de son trop faible nombre de lecteurs. Premiers stages pédagogiques de l’IEO. Parution de Per jòia recomençar, premier manuel scolaire occitan, sous l’égide des rectorats de Toulouse et Montpellier.

1952
Création officielle de la Section Pédagogiques de l’IEO autour d’Hélène Gracia-Cabanes, Robert Lafont, Félix Castan entre autres. Elle existait toutefois déjà de façon informelle. Elle édite le Bulletin pédagogique de l’IEO. Parution de la version gasconne de Per jòia recomençar.

1956
Les Cahiers pédagogiques, plus tournés vers le grand public, succèdent au Bulletin pédagogique.

1958
Création du Mouvement Laïque des Cultures Régionales (MLCR) à Uzès lors d’un stage pédagogique de l’IEO. Il se donne pour but de promouvoir et développer les langues et cultures régionales dans l'enseignement public. Sa laïcité affichée lui attire la bienveillance des syndicats enseignants, dont la Fédération de l'Éducation nationale (FEN) qui fédère plusieurs syndicats.

1969
Création des CREO, Centre Régionaux des Enseignants de l’Occitan qui réunissent les enseignants du premier degré, du second degré et de l’université de l’enseignement public des académies concernées par la langue d’Oc. D’abord rattachées à l’IEO, ils s’en détachent peu à peu.

1975-1976
La loi Haby (loi 75-620 du 11 juillet 1975 relative à l’éducation) précise dans son article 12 qu’« un enseignement des langues et cultures régionales peut-être dispensé tout au long de la scolarité ». Les 21 novembre 1975 et 29 mars 1976, des circulaires viennent appuyer le texte en organisant des stages de langues et de cultures « régionales » dans les académies concernées.

1979
La première école Calandreta voit le jour à Pau. Premières écoles bilingues français-occitan, les Calandretas proposent un enseignement en immersion linguistique précoce et suivent les programmes de l'Éducation nationale. La pédagogie y est inspirée des techniques pédagogiques de Célestin Freinet.

1981
Dans la 56e de ses 110 propositions pour la France, lors de sa campagne présidentielle, François Mitterrand indique que : « la promotion des identités régionales sera encouragée, les langues et cultures minoritaires respectées et enseignées ».

1983
Circulaires n°82-261 (Circulaire Savary) et 83-547 du 30 décembre 1983 (Texte d’orientation sur l’enseignement des cultures et langues régionales), établies sur la base d’un rapport de Pierre Lagarde, enseignant d’occitan et d’espagnol, de l’IEO Foix. Ces textes instaurent trois axes : un engagement officiel de l’Etat en faveur de cet enseignement, la création d’un véritable statut de cet enseignement dans l’Education Nationale, le volontariat des élèves et des enseignants. Elle assure notamment une continuité entre le primaire et la 4ème en créant une option facultative d’une heure hebdomadaire en 6ème et 5ème, crée des groupes d’inspecteurs chargés de mettre en œuvre sur le terrain les mesures prévues, et surtout lance l’idée de créer des classes expérimentales bilingues.

1987
Création de la Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc (FELCO) qui regroupe les associations régionales d’enseignants d’occitan de l’Éducation nationale. Création de la FLAREP (Fédération pour les Langues Régionales dans l'enseignement public).

1991
Création du CAPES d’occitan.

1994
Ouverture d’Aprene, centre de formation des enseignants des écoles Calandreta. Convention de partenariat entre le Rectorat et la région Midi-Pyrénées pour le développement de l’édition pédagogique par l’attribution de fonds nécessaires.

1995
Aprene est conventionné par l’Éducation nationale. Publication de la Circulaire Bayrou, qui reprend l’essentiel de la circulaire Savary dont l’application a été plus compliquée que prévu. En effet, dans le courant des années 1980, des baisses de moyens dans les budgets alloués à l’enseignement des langues régionales et minoritaires sont enregistrées de façon très nette.

1997
Le premier collège Calandreta ouvre en septembre 1997 à Lattes (Hérault).

2001
Circulaire Jack Lang qui réaffirme l’intérêt du bilinguisme à parité horaire, et aussi celui de l’immersion.

2002
Mise en place d’un concours spécial d’occitan pour le primaire.

2018
Création de l’agrégation d’occitan.

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Gustave de Galard et les estampes occitanes
Escarpit, David (1980-....)

Gustave de Galard et les estampes occitanes

Éléments biographiques


Le comte Philippe-Gustave de Galard (L'Isle-Bouzon, actuellement Gers, 1779 - Bordeaux, 1841) est issu d'une ancienne famille de la noblesse gasconne de Lomagne. Troisième fils du marquis Joseph de Galard et de Marie Suzanne Vignes-Sainte-Croix - issue d'une vieille famille bordelaise - il est destiné comme fils de gentilhomme à la carrière des armes, et envoyé à l'école militaire de Sorèze.
Né dans un milieu royaliste profondément catholique, il se voit obligé, pendant la Révolution, de vivre une vie de clandestinité. Son père est guillotiné en 1793, ses biens de famille confisqués, sa mère arrêtée tandis que son frère aîné sert dans l'armée des Princes, l'armée contre-révolutionnaire des nobles émigrés.
Galard émigre et restera hors de France pendant neuf ans. Il passe successivement en Espagne, puis dans l'île antillaise de Saint-Thomas, alors sous gouvernement danois.. Selon son biographe Labat, il semble qu’il se soit alors vu contraint de pratiquer la peinture comme ouvrier, avant de se lancer dans la peinture artistique. Galard vit quelques temps encore aux États-Unis, à Philadelphie, puis en Angleterre et en Suisse, avant de rentrer en Europe lors de l’amnistie des émigrés en 1802.
Il s’installe à Bordeaux, dans le quartier élégant des Quinconces, au numéro 9 de la rue de Condé. Il s’y établit définitivement comme artiste-peintre et graveur, avant de s’initier en 1815 à la lithographie, technique moins onéreuse que la peinture à l’huile, qui lui permet de réaliser des oeuvres destinées à un public plus populaire. Ses talents de portraitiste lui confèrent une certaine renommée locale.
Gustave de Galard est surtout connu pour son œuvre de peintre des mœurs et de la vie populaire bordelaise, popularisée par l’édition de ses œuvres en gravure et lithographie. Entre 1818 et 1835, il publie une série de recueils de gravures et de lithographies sur la vie quotidienne et le patrimoine architectural de la région bordelaise, souvent accompagnés de textes descriptifs d’Edmond Géraud, fondateur de la revue la Ruche d’Aquitaine.
En 1838 il commence à être exposé au Salon, à Paris. En 1895-96, Gustave Labat, un érudit bordelais, édite chez Féret à Bordeaux le catalogue de ses œuvres, même s’il semble qu’un grand nombre encore à ce jour n’ait pas été répertorié et se trouve dans des collections privées.

Galard et l’occitan


Par ses séries de gravures et lithographies sur la vie populaire bordelaise et la présence de la langue locale dans ses œuvres, Gustave de Galard mérite de figurer parmi les personnalités de la pré-renaissance occitane (fin XVIIIe-milieu du XIXe siècle). Galard fait en effet partie de ce Romantisme des pays d'oc qui se situe à la croisée des chemins entre la révélation par leurs œuvres d’une pratique de la langue occitane très prégnante dans la vie et l’identité locale, et la redécouverte savante de l’histoire et des grands écrits occitans du Moyen Âge (troubadours, « geste » de la croisade contre les Albigeois, etc.).

À Bordeaux, Galard était l’exact contemporain de Jean-Antoine Verdié dit Mèste Verdié (1779-1820), écrivain, poète et chansonnier gascon de Bordeaux, véritable figure tutélaire de la culture populaire bordelaise. Galard a vécu à Bordeaux en même temps que Verdié triomphait avec ses farces en occitan et francitan. La preuve du lien qui unit les deux hommes est donnée par le premier biographe de Galard, Gustave Labat qui, en 1898, cite plusieurs vers de Verdié avant de préciser ceci : « L’aimable et bonne Mme de Sermenson, qui connaissait meste Verdié sur le bout des doigts, s’amusait à nous réciter ces vers quand nous allions, en compagnie du peintre Eugène Claveau, passer la journée avec elle dans sa ravissante propriété de Bouliac, sur le point culminant du coteau, près de la vieille église romane, et elle ajoutait : “Vous riez, n’est-ce pas ? Eh bien ! vous auriez pleuré de les entendre dire par Gustave de Galard, tant il y mettait de sentiment et d’expression”. » 1

Galard, gascon de naissance, n’était donc pas insensible à la production occitane du Bordeaux de son temps et semblait donc bon connaisseur des œuvres de Verdié. Nous savons en outre que Galard eut au moins une connaissance commune avec Verdié, il s’agit du polygraphe et écrivain bordelais Edmond Géraud (1775-1831). Poète exclusivement francophone d’inspiration romantique, tourné vers l’esthétique des ruines, des épopées du passé, Géraud, ainsi que le souligne Philippe Gardy, manifeste une sensibilité pour l’Occitanie médiévale que l’on redécouvrait précisément à son époque.
Galard introduisit de l’occitan à plusieurs reprises dans ses œuvres, sous la forme de petites légendes directement placées sous les gravures, indiquant ce qu’est en train de dire le personnage représenté, et devant donc être distinguées des commentaires, en vis-à-vis, de Géraud. Nous en trouvons une dans son premier recueil de 1818-19, Recueil des divers costumes des habitants de Bordeaux et des environs, dessinées d’après nature... où la planche n° 4 montre un jeune laitier en costume béarnais qui annonce Layt ! (lait). Dans L'Album bordelais ou Caprices (1823), la planche 19 montre une marchande de sardines qui proclame « Daoüs Rouyans, daoüs Rouyans tout bioüs ! » (des sardines, des sardines vivantes), tandis que la 20 représente une vendeuse de paille de maïs des environs de Macau, au nord de Bordeaux, qui annonce « Qui baoü dé la paillé dé blat d’Espagne ? » (qui veut de la paille de maïs ?). Dans l’Album départemental, ou Bordeaux et ses environs, réalisé avec le lithographe bordelais Légé, la planche 12 montre une marchande de vin qui proclame : « Aquet n’es pas baptisat !! » (celui-là, il n’est pas « baptisé », ainsi qu’on désigne le vin frauduleusement coupé d’eau), tandis que la 15 montre une dispute de femmes du peuple, l’une jetant du sable dans les yeux de l’autre en lui criant : « Baqui per tu !! » (voilà pour toi). Philippe Gardy a consacré un chapitre de son ouvrage sur Verdié à l’étude des correspondances entre les oeuvres respectives de Verdié et Galard2

 Galard peut être considéré comme le versant pictural de l'œuvre de Verdié, avec son inscription dans la réalité locale et son goût pour la représentation de personnages et de scènes populaires dont certaines font directement écho à des scènes de Verdié. Mais, comme Verdié, il possède également des liens avec les milieux savants qui, à cette même époque, commencent à penser l'histoire des pays d'oc.

1↑1     LABAT, Gustave, 1898. Gustave de Galard, sa vie, son oeuvre     (1779-1841), supplément. Bordeaux, Féret ; Paris,     Libraires associés, pp.9-10.

2↑GARDY, Philippe, 1990. Donner     sa langue au diable. Vie, mort et transfiguration d’Antoine     Verdié, Bordelais, suivi d’un Essai de bibliographie des oeuvres     gasconnes et françaises d’Antoine Verdié par François PIC.     Montpellier,     S.F.A.I.E.O. ; Église-Neuve-d’Issac, FÉDÉROP
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Augièr Galhard, poèta de Rabastens
Escarpit, David (1980-....)

Sa vida, son òbra (sintèsi)

Augièr Galhard (envèrs 1530-1595) èra originari de la vila de Rabastens, entremitan Galhac e Tolosa, a la limita dels actuals departaments de Tarn e de Nauta-Garona. Èra gessit d'una familha d'artisans rodièrs, mestièr qu'exercèt el-meteis avant d'entrar brevament dins los òrdis. Augent quitat son mostièr, se convertís al protestantisme e s'engatja coma soldat dins lo contèxte de las Guèrras de Religion. Tornat a la vida civila, devèrs 1576, retròba lo sieu mestièr de rodièr a Rabastens, tot en exerçant coma menestrièr, cançonièr e musicaire alprèp de las grandas familhas rabastinesas. Partit s'installar a Pau, redigís son testament lo 25 de mai de 1595 puèi morís probable pas gaire aprèp. 
Augèr Galhard es una figura originala dins lo contèxte de la Renaissença literària occitana, mercada mai que mai per l'espelida d'una literatura religiona (revirada dels psalmes) mai d'una poesia sabenta (amb la figura del Gascon Pèir de Garròs) e pel primièr còp, engatjada dins un discors identitari en favor de la cultura dels paises d'Òc (çò qu'es pas briga lo cas d'Augièr Galhard). Aquò's tanben la periòda que vei se desvelopar lo genre dels nadals en lenga occitana.

L’òbra poetica d'Augièr Galhard

Augièr Galhard a daissat uèit obratges que quatre tan solament son vertadierament pervenguts entrò nosautres. Dos nos son coneguts per d'extraches mai de fragments, e dos enfin son totalament perduts. S'inscriu dins un genre d'inspiracion populara, una poesia volontièrs farcèsca, pebrada, qu'a per encastre lo quotidian. Aquel aspècte estilistic, Galhard lo reinvindica el-meteis dins un de sons sonets en francés.



Las Obros gaitat coma lo primièr recuèlh d'Augièr Galhard, es estat estampat en 1579 a Bordèu. Contenen 49 poèmas, dont 40 en occitan e 9 en francés. Disponibla sus Gallica, aquela edicion es estada reeditada en fac-simile en 2014 a cò de Chapitre, amb un sistèma d'estampatge a la demanda.


Lou Libre gras (1581), interdich per lo consistòri de Montalban, ne nos es pas pervengut, manca per de fragments publicats ulteriorament dins Lou Banquet.


Recoumandatious (1582 o 1583)  es un obratge dedicat al rei Enric III mai a son favorit lo duc de Joyeuse, que dos exemplaris nos en son pervenguts. Galhard i fai òbra de cortisan, cercant de subsidis per tal de finançar l'estampatge del sieu obratge seguent, Lou Banquet.


Lou Banquet (1583), estampat a París, òbra majora de Galhard, que repren mantes extraches dels sieus obratges anteriors (dont 25 de las Obros e 3 del Libre gras, per alhors perdut), a lasqualas ajosta 88 òbras ineditas, que 79 son en occitan. Los estíles abordats son fòrça variats. 


L'Apocalypse ou Révélation de Saint-Jean (1589), obratge estampat a Tula, en cò d'Arnaud de Bernard, recampa d'unes tèxtes en francés mai en occitan. Se lo libre complet es perdut, mantes fragments son estats retrobats, notadament a la bibliotèca de Pau, puèi es estat possible de reconstituïr lo libre, al mens en partida. Saben pas s'i aviá  de partidas suplementàrias. En Soulice, bibliotecari de la BM de Pau a publicat en 1874 dens la 2e seria, tòme 3 del Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau (pp. 22-44) un fragment qu'a retrobat. Aquel tèxte es disponible sus Gallica, puèi es estat reeditat en fac-simile en cò de Chapitre, amb estampatge a la demanda.
Aquò's André Nègre que, dins la siá edicion de 1970, perpausa la primièra version "completa" restituïda de l'Apocalypse d'Augièr Galhard.


Description du chateau de Pau (1592), obratge perdut.


Les Amours prodigieuses, sens cap de luòc d'estampatge, (1592) [imatge id=20942] Ernèst Nègre supausa qu'es estat estampat a Pau onte Galhard èra supausa se trobar d'aquel temps, mes rès ne permet d'apiejar aquela ipotèsi.


Le cinquième livre (1593 ?) :  Aquel libre n'es conegut que per lo testimoniatge de l'erudit e jurista paulin Gustau Bascle de Lagrèze (1811-1891), que ne'n pretendiá possedir lo sol exemplari. Los inventaris de sa bibliotèca quora moriguèt n'an çaquelà pas permeés de localizar l'obratge, que'n cita mantes vèrses en francés emai en occitan. Aquesles extraches, publicats per Ernèst Nègre, son tot çò que coneissèm del libre. 


Signalèm que, segond Nègre, Augièr Galhard aviá intitolat aquel obratge aital perqué lo gaitava coma son cinquen, e las Amours prodigieuses coma son quatren. Ne sembla donc pas ager comptat dens la siá bibliografia la Description du chateau de Pau, obratge de circonstància, nimai las Recoumandatious, recuèlh d'elògis al rei mai a son favorit en vista de recaptar de fons.


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Pèire Pessamessa, figura atipica de l'occitanisme provençal
Bertrand, Aurélien
Escarpit, David (1980-....)

Pèire Pessamessa (1931-2018), es un autor provençal de lenga occitana, engatjat tant del costat de l’Institut d’estudis occitanas (I.E.O) que de lo del Felibritge.

Eissit d’una familha vauclusenca que pratica l’occitan al quotidian, descobrís los movements associatius occitans sonque a la debuta de las anadas 50, fa alara lo ligam entre son « patés » e la lenga d’autors prestigioses coma Frederic Mistral. Pauc de temps aprèp, descobrís la revista literària Oc tenguda per la novèla generacion dels occitanistas ligada a l’IEO e menada per Robèrt Lafònt. Es aquela generacion que sauprà atisar la curiositat e l'interès de Pèire Pessamessa, engatjat tant dins la creacion literària coma dins la pensada teorica, politica e militanta. Aital, a l'excepcion de son primièr recuèlh Li graio negro (Lei gralhas negras), que coescriu amb Sèrgi Bèc, una granda partida de son òbra es redigida dins la grafia de l’IEO e editada per l’Institut.
Apassionat per las lengas, licenciat d’alemand, son engatjament militant es marcat per una defensa permanenta de la lenga d’òc, tant a títol personal qu’a aquel de cònse de sa comuna dels Buòus (Vauclusa) que dirigirà pendent 28 ans. Es a aquel títol que pairinarà en 1974, la candidatura regionalista de Robèrt Lafònt e l’eleccion presidenciala francesa. Es tanben un dels membres istorics del PEN club de lenga d’òc, seccion occitana del PEN club internacional, associacion d'escriveires internacionala qu'a per tòca de « recampar los escriveires de totes païses estacats a las valors de patz, de tolerància e de libertat sens las qualas la creacion deven impossibla ». Es tanben estat entre 2002 e 2018, lo president de la seccion occitana del Comitat d'afrairament occitanocatalan (CAOC), associacion qu'a per tòca de desvolopar las relacions entre las culturas occitanas e catalanas. Es a partir de la segonda mitat de las annadas 2000 qu’amòrça un retorn dins lo felibritge, coronat en 2012 per lo títol de « Mèstre en Gai Saber ». Es pendent aquel periòde que se rapròcha del PNO (Partit de la nacion occitana), publica mantunes tèxtes dins Lo Lugarn, la revista del partit sens pasmens jamai i aderir.
Serà enfin un actor de l’activitat de l'Associacion Internacionala d’Estudis Occitans (AIEO) fins a sa mòrt.

Personalitat marcanta e iconoclasta, autor d’una òbra literària originala, plan assabentat de las consideracions literàrias de son temps, tant francesas qu'occitanas, Pèire Pessamessa es un dels escriveires provençals de lenga occitana mai important e atipic de la generacion d’aprèp-guèrra. Compta demèst los primièrs prosators de sa generacion.
Sas presas de posicions trencadas e son trabalh sovent provocator an poscut de còps li valer, d'enemistats tant del costat dels pensaires que dels militants, quinas que sián lors tendéncias, politicas coma culturalas, felibres coma occitanistas.
Rèsta son òbra literària, d’una qualitat indenegabla, totalament inscrita dins le renovèlament e lo questionament de son temps. A aquel títol se pòt relevar lo roman Nhòcas e bachòcas (1957), que conta le quotidian d’un joine al sortir de la Segonda guèrra mondiala amb en trama de fons la fractura viscuda per los joines occitans dins una societat rurala tradicionala parcialament occitanofòna e una societat modèrna, plurilingüa e cosmopolita. Enfin, son triptic De fuòc amb de cendre (1973, 1976, 1978) que conta lo percors de dos joines occitans engatjats dins las fòrças SS per idealisme, demòra una pèira angulara de la literatura occitana de la segonda mitat del sègle XX per totas las tematicas e problematicas que joslèva.

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Balets occitans de Tolosa
Escarpit, David (1980-....)

Los Balets occitans de Tolosa son estats creats en 1962 per Francesa Dague.

Etnològa, cantadora e dançanièra originària de Lemosin, Francesa Dague es la filha de la folclorista Cecília Maria Dague, qu’a collectat fòrça informacions en Lemosin sus la musica emai la dança tradicionalas.

La creacion dels Balets occitans participa d’una volontat de metre en lum la cultura occitana al travèrs d’una tropa de musicaires-dançanièrs-cantaires professionaus se produsent a l’escala nacionala e internacionala.

La tropa fai figura d’ambassadora e de veirina d’una cultura occitana d’ara enlà descomplexada, afichant tanben amb fiertat sos vestits tradicionals (Francesa Dague, diplomada de las Bèlas-Arts, èra tanben costumièra). Lo modèle de referéncia es lo daus Balets russes d’Igor Moisseiev, es a dire una identitat basada sus la cultura folclorica autentica mas despolhada de totes auripèles dins lo cas de la caricaturar.

Pauc a pauc, lo projècte evoluís. Als musicians de tipe academic, interpretant las òbras sus d’intruments d’orquèstre sinfonic, se substituís plan lèu una recerca organologica per fin de tornar ‘trapar e utilizar d’instruments occitans tradicionals tanben coma log raire (auboès de Lengadòc-bas), la bodega (cornamusa de la Montanha negra), la boha (cornamusa gascona). Lo cant, la diccion, son trabalhats, emai los pas de dança per tal de se raprochar d’un rendut autanplan pròche que possible de la realitat tradicionala.

Mantunas personalitats importantas de la cultura occitana s’an illustrat als Balets occitans, demest losquaus la cantadora comengesa Rosina de Pèira (mai se filha Martina), lo dançaire Pèire Corbefin, emai los musicaires Alan Cadeilhan, Claudi Romero e Xavièr Vidal.

Los Balets occitans desapareguèron al cap de las annadas 80.

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La Cadichounne
Escarpit, David (1980-....)

La Cadichounne de Bordeaux (1877-1878), primièr jornal politic en occitan

Lo diluns 10 de setembre de 1877, dins un contèxte politic tendut entre republicans e reialistas, a la velha d’eleccions legislativas que s’anoncian virulentas, pareis per las carrièras de la capitala girondina un novèl jornal, clarament d’opinion reialista, entègrament redigit en occitan : La Cadichounne.

Lo nom causit se referís a l’univèrs del poèta gascon Mèste Verdièr e de las recardèiras, las mercadièras ambulantas bordalesas. Aquelas recardèiras an lo vèrbi naut e l’insulta aisida. Lo ton es balhat còp sec dins lo títol del jornal: s’agirà de faire pròva de parlar franc, de dire çò que l’òm pensa shens crenhença d’ofensar, e al besonh d’alucar la meca de la polemica. Lo cap-redactor, director e conceptor del jornal es un certan Eugène Druilhet-Lafargue.

Lo jornal pareis en doas serias primièr onze numèros del 10 de setembre al 17 de novembre de 1877, puèi 12 numèros (demest los quals nau solament nos son pervenguts) entre lo 15 de decembre de 1877 e lo 30 d’abrial de 1878, mas aquela segonda seria en realitat mòstra una Cadichounne qu’es venguda un jornal satiric en francés. amb qualques tèxtes occitans

La Cadichounne n’es pas lo primièr jornal entègrament publicat en occitan : la siá parucion es posteriora de dètz meses a la del periodic marsilhés Lou Tron de l’Èr, que lo primièr numèro ne’n pareis lo 6 de genièr de 1877. Pasmens La Cadichounne s’aficha coma un cas a despart, primièr del fach que se dona per ambicion d’èsser entègrament en occitan, dels títols a las publicitats finalas, sens un sol mòt de francés, e sustot que s’agís d’un jornal, d’opinion, un jornal politic (çò que n’èra pas Lou Tron de l’Èr). [imatge id=20685]

Un contèxte politic tendut : la lucha entre republicans e reialistas

Lo contèxte es lo d’una crisi politica qu’entrainèt la quasi-paralisia de l’Estat: la crisi parlementària de 1876-1877, la quina vei la Republica en tant que fòrça politica prene vertadièrament lo poder, malgrat las temptativas del president legitimista Patrici de Mac Mahon. Las originas de la crisi remontan a son eleccion al printemps de 1873. Fàcia a la montada del camp republican, menat per Léon Gambetta, lo vielh marescal legitimista se regdís dens son actitud de “luòctenent general del reiaume”. Las eleccions legislativas de febrièr-març de 1876, previstas per las leis organicas de 1875 qu’instauran las basas de la IIIau Republica, confirman la butida republicana. Los prefèctes receben de directivas sevèras : interdiccion e sasidas de jornals, interpelacions.

En Gironda, lo prefècte Jacques de Tracy aplica amb rigor aquelas directivas. Gambeta, deputat de bordèu, fai votar lo 17 de mai una mocion de desfisança contra lo govèrn. Mac Mahon dissòlv la Cramba lo 25 de junh de 1877. Las novelas eleccions legislativas auràn luòc los 14 e 28 d’octobre. La campanha comença en setembre, marcada per una violéncia dens los escambis entre protagonistas dels dos camps. Es dins aquel contèxte qu’apareis La Cadichounne.

Un journal taillé pour le combat

Amb las siás colomnas a la una (lo meteis format coma La Petita Gironda a la meteissa epòca), lo son gost prononciat pels títols tumadisses, pels dessenhs satirics, per los eslogans eficaces, La Cadichounne es un jornal d’afrontament, de polemica e de provocacion. Òm sentís que Druilhet a fargat son jornal coma o poguèt, un pauc de tris e de tras. Aquò’s un jornal de recuperacion, que recicla de materials d’autres organas de premsa emai de libres. Mas los articles son, eles, originals.

Per las siás illustracions, Druilhet iserís de nombrosas gravaduras pitorescas. Aqueras gravaduras ne son pas originalas, son pas estadas realizadas exprès per La Cadichounne. Venen dels Contes balzatois. Aqueles pichons contes vilatgeses an per encastre la vida rurala de dos pichons vilatges charanteses: Balsac e Vindèla. L’autor, Jean Condat digut Chapelot (1824-1908) a rescontrat un succès vertadièr a París amb aqueles pichons contes naiènts e umoristics. Fai apèl al dessenhaire en vòga Barthélémy Gautier (1846-1893) per illustrat sas istòrias. Gautier comença de se far un nom de dessenhaire dins la premsa parisiana : Le Petit Journal pour rire, Le Journal amusant, La Vie parisienne, emai tanben Le Gaulois. Dins La Cadichounne  son inseridas, a la fin de cada numèro, de publicitats (en occitan) pels contes de Chapelot. N’i a pas nada tralha coneguda d’una collaboracion oficiala entre Chapelot o Gautier e Druilhet-Lafargue, autorizant aqueste-aquí a reciclar las illustracions dels Contes balzatois. Lo dessenhaire n’es d’alhors citat a nat moment dins La Cadichounne coma estant autor de las gravaduras. Una simpla frasa, au bas de las publicitats, precisa que que lous imatges de La Cadichounne soun tirats d’aquets countes. Aquò’s dificile de dire se Druilhet aviá de verai l’autorizacion de reütilizar aquelas òbras. Dins tots los cas, aquò permet a La Cadichounne de s’ofrir per sas colomnas una “puntura” de la caricatura de premsa del temps.

Qu’es aquò qu’a poscut motivar Druilhet-Lafargue, reialista e catolic intransigent, a reciclar las illustracions dels contes de Chapelot, republican moderat e probable franc-maçon ? Rès ne nos permet pas d’o afirmar, mas probable la sola necessitat d’aver d’urgéncia d’illustracions de qualitat per son jornal en desborsicant lo mens possible, e pas rès se possible. 

Eugène Druilhet-Lafargue : « le petit lutteur courageux » (P.-L. Berthaud)

Eugène Druilhet-Lafargue es un personatge mal conegut. Proprietari, rentièr, Drulhet-Lafargue èra un publicista, un poligraf, amator esclairat a façon del sègle XIX, membre de mantas societats sabentas, publicant brocaduras e monografias sus de subjèctes autanplan dispariats coma la botanica, la biologia, la paleontologia, l’agronomia, la zoologia, la filosofia o encara l’arqueologia. Èra tanben musicaire, tocaire d’armonium en renomada. Sos quites adversaris saludan la siá “distinccion” e la siá elegància. Catolic militant, de sensibilitat orleanista, pròche de l’Òrdre Moral, Druilhet s’es mai d’un còp atacat al positivisme e al scientisme del sieu temps e sembla s’èsser afogat per la question de la conciliacion de las sciéncias e de la religion. Druilhet foguèt tanben un òme politic, puèi que foguèt candidat malurós a las eleccions legislativas a Bordèu de cap a Léon Gambetta en persona. Foguèt tanben un efemèr president de la comission municipala de Cauderan, exerçant per decret presidencial la fonccion de conse de la comuna.

Membre de mantas societats sapientas, en Gironda e enlà, Druilhet-Lafargue a poscut costejar al dintre de l’Academia de las Sciéncias, Bèlas-Letras e Arts de Bordèu qualques personalitats localas estacadas a l’occitan, coma l’abat Hyppolite Cauderan, l’abat Arnaud Ferrand, Achille Luchaire, Jules Delpit, Joan-Francés Bladèr o encara Léo Drouyn… Tanplan membre correspondent de la Societat de las Letras, Sciéncias e Arts d’Avairon, Druilhet i podiá rescontrar de personalitats estacadas a la causa de l’occitan, demest losquaus l’abat Justin Bessou (1845-1918), una figura pionièra del felibrige en Avairon.

Un jornal bordalés e panoccitan

Dins La Cadichounne, lo causit de l’occitan es justificat per un discors lingüistic que poiriam quasi qualificar de militant que s’ataca als enriquesits franchimands e desdenhan la lenga del parçan per fin de s’elevar en aparéncia sus l’escala sociala. Fornís tanben de donadas chifradas - fantasistas mas l’intencion es aquí - e de prepaus que renvian en granda partida a la tenguda, en octobre de 1861, de la vint-ochena sesilha del Congrès scientific de França, que los seus actes foguèron estampats a cò dels estampaires associats Coderc-Dégreteau-Poujol en 1864. Cabon notadament lo Mémoire sur les idiomes du Midi de la France en général, et sur celui du centre de la Guienne en particulier, de l’inspector de la Societat Francesa d’Arqueologia, Auguste du Peyrat, que sembla aver marca los esperits bordalés. Veirèm que lo contèxte bordalés, emai las relacions e los camps d’activitat de Druilhet-Lafargue explican aquela portada teorica e revendicativa. S’ajostan a aquò qu’existissiá alavetz al dintre de l’Academia de Bordèu mantas personalitats interessadas per l’estudi e la valorizacion de çò que començavan desjà de sonar la “lenga d’òc”, que las òbras completas de Verdié venián d’èsser tornadas estampar, apareis que Druilhet-Lafargue banhava dins un climat sensibilizat a l’occitan. Existissiá clarament dins lo Bordèu d’aquel temps un interès de certans intellectuals locals per l’occitan, malgrat que ne formèsson pas un “front” unificat. Druilhet, quora s’amusarà a atacar de jornals republicans bordaleses, recebrà d’alhors d’unes d’entre eles responsas mai o mens aimablas en occitan. Notèm pasmens qu’un (o una) dels cronicaires (-ras) del jornal signa “Clémence-Isaure”, del nom de la fondatritz mitica del Consistòri del Gai Saber de Tolosa.

Aquel element explica que, sol de tot lo paisatge de la premsa bordalesa, Druilhet-Lafargue fasca mòstra dins lo seu jornal d’una apròcha reflexica sus l’occitan, o pr’èsser exact, qu’utilize un discors tendent a valorizar l’occitan coma argument contra sos detractors.

Per tant qu’a la lenga, aquò’s plan d’occitan bordalés qu’es emplegat. Druilhet n’es pas particulariament atentiu a la qualitat de la siá lenga, aquò lo mens que poscan dire: gallicismes, barbarismes e marganhas de sintaxi malhan un occitan que l’òm ressentís pasmens coma autentic. Grumilheja per alhors d’expressions idiomaticas e de localismes. Unes cronicaires - que s’agisca de Druilhet el-meteis o non - revendican una quita apartenença locala, l’emplec del parlar “pishadèir”, aquò’s a dire lo del barri Sant-Miquèl. I a dens La Cadichounne o avem dich una dimenson engatjada, que’n fa non solament lo primièr jornal politic de lenga occitana, mas lo primièr jornal d’aquela mena a portar un discors revendicatiu sus l’occitan. A partir del n°3 (22 de setembre), pareis de mai dins cada numèro de La Cadichounne un extrach de l’Essai grammatical sur le gascon de Bordeaux. Guillaoumet debingut grammérien (Bordèu, Coderc-Dégreteau-Poujol, 1867) de Guilhaume Dador. Aquela preséncia se pòt analizar de mai d’una faiçon: besonh d’enriquesir lo contengut del jornal, viste a cort d’’informacions a mesura que las escasenças per lasqualas èra nascut passan; pairinatge d’un autor d’expression occitan plan conegut a Bordèu dins los mitans catolics, mas taben benlèu interès simplament pedagogic, per una grammatica “del pòble”, accessibla malgrat sos defauts. La Cadichounne se malha donc d’una dimension suplementària, a pretencion pedagogica : òm i pòt trobar un quite cors d’occitan en fulheton.

Amb lo temps e la necessitat de variar lo contengut per ne pas alassar lo public, vesèm aparéisser de contribucions dins d’autras variantas de l’occitan : en parlar de Vasadés, puèi de Libornés primièr. Puèi, dins los darnièrs numèros, rescontrèm de tèxtes de l’abat Léon Maumen (1803-1888) d’Aira, figura del partit catolic dins Landas, e un quite poèma nimés, extrach de  L’Embarras de la fieiro de Beaucaire celèbre tèxte de 1657, per Jan Michel (1603-1689), dins la siá edicion de 1700, que Druilhet a probable tirat de sas coneissenças filologicas occitanas. De vèrsa la meteissa epòca, Druilhet combla de voides de mai en mai badants dins las colomnas de La Cadichounne en i fasent paréisser de largs extraches dels Usages et chansons populaires de l'ancien Bazadais: Baptêmes, noces, moissons, enterrements de Lamarque de Plaisance (Bordèu, Balarac, 1845). Lo jornal, malgrat que siasque sul descreis, revestís donc en pareissença una dimension panoccitana inatenduda. Mas ben de verai, totes aqueles artifcis ne servisson pas qu’a amagar una realitat que n’es que visibla de tròp : l’occitan recula, al profièch d’articles en francés, e ne se redusís lèu qu’a un o dos tèxtes, una cançon, al mièg d’un jornal quasiment francofòn.

La Cadichounne presenta aital dins la sias colomnas, dins lo corrent del mes de setembre de 1877, un roman-fulheton, qu’es lo segond en lenga occitana conegut. Aquò’s un roman d’inspiracion realista e de l’atmosfèra sorna, que n’es pas sens rapelar los estíles de Ponson du Terrail o d’Eugène Sue :  Lou Curt daous praoubes, signat Suzanne Blanc dicha Mayan. Los tres primièrs fulhetons tan solament foguèren publicats dins las colomnas de La Cadichounne, daissant l’obratge inacabat. Aquel roman seguís de sèt ans l’òbra del cronicaire bordalés republican (1840-1880) qui, en 1871, aviá fach paréisser dins La Gironde du Dimanche lo primièr roman-fulheton en lenga d’òc jamai repertoriat, Caoufrès, roman de guèrra tanben inacabat aprèp onze liurasons.

Per la rèsta, las receptas de La Cadichounne non diferisson pas briga de las dels autres jornals satirics del temps: atacas frontalas, ton richonièr, grinçant e cinic. Los candidats republicans son escarnits sus lors fisics, lors traches de caractèr, lors defauts (quequejadís, manca d’eloquéncia, irritabilitat), lors religions o lors engatjaments ideologics. De cançons, a còps d’origina, a còps destornadas d’aires coneguts, malhan lo jornal que venen esgaiar las gravaduras de Barthélémy Gautier. Aquelas cançons son impietadosas, tanben coma los articles que las acompanhan. Trobèm mai d’un còp lo tòpos obligat de la scèna dels dos pageses, l’un - estupide -  que vòl votar pel candidat republican e l’autre - intelligent e cultivat - qui l’incita a l’encontra a balhar la siá votz al candidat conservador. Lo ròtle del bon sens e de la clarvesença es de còps que i a atribuît a la pròpra esposa del pèc, que fa votar son marit pel camp “de que cal” jos la menaça de son escoba.

Una fin rapida fauta de combatants

Druilhet/Mayan reïtèra a cada fin de numèro que ne farà pas cap de crida de fons, que se’n sortirà tot sol, que La Cadichounne ne se balharà pas a degun, eca. Segur, es de bon avisar l’afanament dels ressòrts comics, del prepaus emai de la vèrbia, mai que mai aprèp lo n°8 (dijaus 20 d’octobre), qui pareis a l’endeman de la victòria escrasenta dels republicans en Gironda, tanlèu lo primièr torn (n’i n’aurà pas besonh d’un segond), e lo  n°11 (10 de novembre), a l’endeman de las eleccions departamentalas e d’arrondiment, que confirman la victòria republicana. Lo “Père Mayan” ne se’n relevarà pas nimai lo son jornal. Lo 30 d’abriu de 1878 pareis lo darnièr numèro de La Cadichounne. Lo jornal acaba la siá segonda seria, entamenada en genièr. Dos meses de silenci desseparan donc las doas serias de La Cadichounne, mas en realitat tot las dessepara. Lo jornal entègrament redigit en lenga d’òc, a daissat la plaça a un jornal satiric en francés, on aicí e alà se venon ajostar un article gascon. La Cadichounne èra estada creada per un afrontament: aqueste-aicí passat e perdut, n’a pas mai de rason d’existir. Eugène Druilhet-Lafargue el tanben desapareis totalament dels ecrans en seguida de la mòrt de La Cadichounne. Jà misteriós, lo personatge ven una enigma. Lo son nom desapareis de las societats sabentas que frequenava. Lo retrobèm qualques annadas mai tard en Bretanha, onte fai fonccion d’editor. Lo luòc emai la data de son decès son desconeguts.