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Lei Deixonne : los regionalismes dintran a París
Florian Bart

On attendait de la poussière et on découvre de la vie. Quel étonnement, pour un académicien ! Cette affaire touche à quelque chose que Paris ignore - et ce qu’il ignore, comme chacun sait, n’existe pas.” (extrait de l’une des deux lettres de Max Rouquette à Georges Duhamel)


A la Libération, la question des langues régionales et de leur enseignement n'est pas prioritaire, voire jugée suspecte. Beaucoup de mouvements régionalistes, notamment en Bretagne et en Alsace, sont inquiétés pour leur connivence avec les forces d’occupation. Malgré tout, les régionalismes entrent dans une nouvelle ère et vont être saisis par le débat parlementaire à l'occasion de la loi Deixonne. Voici l’histoire d’une bataille politique de haute intensité, retracée à partir des archives d’une institution alors balbutiante, l’Institut d’Estudis Occitans (IEO), fondée en 1945.


En 1947, les trois principaux partis politiques sont dans l’ordre le PCF, le MRP (Mouvement Républicain Populaire, un parti centriste d’inspiration démocrate-chrétienne, ndlr) puis la SFIO. Parmi les deux premières organisations de l’Assemblée Nationale (PCF et MRP) se manifestent des sensibilités favorables à l'enseignement des langues régionales. Le 16 mai 1947, le député communiste Pierre Hervé dépose une résolution en faveur de l’enseignement du breton. Plusieurs députés PCF et MRP de Bretagne prennent la défense du texte. 


Entre ces deux poids lourds de l’Assemblée nationale, la SFIO oscille et son électorat s’étiole. La guerre des partis fait rage. Les socialistes ont essuyé des revers électoraux depuis la Libération et subissent l’ascension des communistes. Leur appui au texte obéit à d’autres motivations qu’une adhésion sincère à l’enseignement des langues régionales. Ainsi, le député socialiste Maurice Deixonne s’insurge initialement contre ce texte de “Messieurs les apparatchiks et les curés (le PCF et le MRP, NDLR)”, fait pour “attaquer l'œuvre de Jules Ferry”. Sa réputation de parlementaire besogneux prêt aux tâches les moins gratifiantes le désigne, d’après l’historien Philippe Martel. Au sein de la commission parlementaire sur l’éducation, les trois principaux partis présentent chacun un rapporteur issu de ses rangs. La SFIO propose Maurice Deixonne et l’emporte grâce au désistement de la MRP Marie-Madeleine Dienesch. 


Cette proposition de loi pour l'enseignement des langues et dialectes locaux embrase l’Assemblée, au sein d'institutions républicaines marquées par des tendances centralisatrices, devenue hautement inflammable sur les questions d’unité nationale après l’Occupation allemande et la Résistance. Proposer l’enseignement des langues germaniques de l’Est quand le souvenir de leurs annexions allemandes est dans tous les esprits suscite de fortes réticences. La langue corse, considérée comme un “dialecte allogène proche de l’italien”, est écartée. Elle n’est intégrée à la Loi Deixonne qu’en 1974.


Des éditorialistes de tous bords commentent contre l’initiative parlementaire, perçue comme une double attaque portée contre la langue française et l’unité du pays. Les médias parisiens consacrent alors de larges espaces à la question des langues régionales, et les querelles d’initiés, comme celles de la graphie ou des particularismes dialectaux, font une brève irruption dans les articles de presse, le plus souvent pour jeter le discrédit sur ces passions régionales. 


Qu’il est beau de voir un homme tel que vous découvrir tout à coup un problème humain qu’il ignorait” (extrait de l’une des deux lettres de Max Rouquette à Georges Duhamel)


Habituellement ignorés, les porteurs de revendications linguistiques locales essuient alors une salve d’insultes et de railleries dans le consensus de l’Après-guerre. Les régionalistes montent au créneau. L’I.E.O se joint dans la bataille avec son allié breton d’Ar Falz, pour voler au secours de cette proposition de loi, qui sera finalement adoptée en janvier 1951. Officiellement abrogée en 2000 pour être intégrée au Code de l'Éducation, ses dispositions continuent d’offrir la possibilité d’une scolarité bilingue.


Le Monde, L'Époque, Le Figaro… Parmi tous les articles défavorables au texte, ceux du titre conservateur se démarquent. Ils sont de la main de Georges Duhamel, engagé volontaire dans la Grande Guerre et courageux sous l’Occupation. Il s’impose parmi les plumes les plus notables du camp centralisateur. Ancien président de l’Alliance Française et académicien, sa France ne compte qu’une seule langue. Son titre tranchant rappelle les déchirures de l’Histoire récente : “Un attentat contre l’unité française”. Les chroniques se succèdent sans qu’aucune n’omette de ramener les revendications linguistiques locales à l’Occupation allemande. Outre le maintien de l’unité nationale, l’enseignement simultané de plusieurs langues compromet la bonne assimilation d’une seule, redoute-t-il.


“(...) Beaucoup d’instituteurs semblent perplexes. Ils se plaignent de disposer de peu de temps pour satisfaire aux exigences d’un programme chaque jour plus lourd. Est-il sage de prendre sur les heures données à la langue française ? Certains voyageurs, qui ont observé au dehors, les résultats du bilinguisme dans les écoles du premier degré, reconnaissent que les jeunes sujets ne parlent correctement ni l’une ni l’autre des deux langues apprises.” Bilan d’une controverse, Georges Duhamel, Le Figaro, 19 mai 1950.


Tous les journaux revendiquant l’héritage de la Résistance n’y sont pas hostiles, loin s’en faut. Le journal Combat, né clandestinement pendant la Seconde Guerre mondiale, accueille la réaction de Charles Plisnier, président de l’Union fédéraliste des Régions européennes et favorable au texte. Pour le défendre, il rappelle que sa portée est très restreinte, qu’il ne s’agit que d’autoriser l’enseignement facultatif des langues dialectales


Voir l'article de Charles Plisnier plus bas


Car nous n’acceptons pas en tout état de cause que, responsable d’un échec éventuel de revendications que nous tenons, parce que nous les connaissons mieux que vous, pour légitimes, nécessaires et inoffensives, vous ne nous apportiez en échange autre chose que l’écoeurant ragoût de belles paroles sur la diversité française, le charme du folklore, l’intérêt des traditions, et l’enchantement que procure à un académicien en tournée de conférences la vue d’un cortège en costume provincial avec biniou et cornemuse. Nous vous en prévenons : vous ne nous aurez pas à la tartine de confitures. Les hommes qui vous parlent n’ont pas besoin de régents qui pensent pour eux.” (extrait de l’une des lettres de Max Rouquette à Georges Duhamel)


Les réactions du milieu occitan ciblent la chronique de Georges Duhamel, dont le titre ne passe pas. Max Rouquette, l’écrivain le plus notable de langue occitane dans la seconde moitié du XXe siècle, qui sera plusieurs fois pressenti pour le Prix Nobel, adresse une première réponse pleine de déférence. Mais Georges Duhamel ne cède rien de sa rhétorique unitaire et persiste dans de nouvelles chroniques. Max Rouquette devient cinglant.


Voir les deux lettres de Max Rouquette à Georges Duhamel plus bas

L’idée d’une opposition entre l’opinion parisienne et celle des territoires n’est pas toujours fondée. Dans un article intitulé La leçon de patois, la Dépêche du Midi n’est tendre envers les “patois” que pour mieux vilipender l’initiative. Le quotidien est proche des radicaux, dont le parti est intimement associé à la construction de la République. L’article affirme l’hostilité générale des campagnes languedociennes à la proposition de loi. Jusqu’à inverser le rapport établi par Max Rouquette : ici, c’est Paris qui délire en français en faveur du “patois”, et les locuteurs indifférents des langues de France qui s’exaspèrent dans leur dialecte des errances de Paris. De chaque côté de la ligne d’affrontement, la légitimité revient aux campagnes.


Il vaut mieux que nos parlementaires n’entendent pas comment leurs paysans électeurs jugent leur nouvelle lubie… en patois” (La leçon de patois, Emile Debard, Ma Dépêche du Midi, 7 avril 1950)


Pourtant, le même journal accueille la diatribe d’un majoral du félibrige, Raymond Lizop, au titre explicite : “Pour en finir avec M. Duhamel”. Dès les premières lignes, le chroniqueur du Figaro est érigé en Simon de Montfort d’une “croisade ridicule”. Sud-Ouest et Le Villefranchois libéré donnent, quant à eux, un accueil très favorable à l’initiative parlementaire.


Voir l'article "Pour en finir avec Mr Duhamel" plus bas


Les géants du premier XXe siècle n’en sont pas en reste. Une tribune datant d’août 1911 écrite par la grande figure -languedocienne- du socialisme, Jean Jaurès, est exhumée par La Dépêche de Toulouse. Le tribun y évoque une ouverture vers la civilisation latine, sans énoncer le moindre projet politique.


Voir la tribune de Jean Jaurès plus bas


De l’autre côté du Rhône et du clivage gauche-droite, le provençal Charles Maurras, théoricien nationaliste et royaliste passé par le Félibrige, s’indigne des réactions outrées que provoquent de si maigres ambitions depuis sa cellule de la prison de Clairvaux. Néanmoins, il prend ses distances avec la revendication occitaniste naissante. Faut-il l’imputer à son provençalisme -le vieil antagonisme entre les deux côtés du Rhône est bien présent dans sa lettre-, à un décalage générationnel, ou à son nationalisme fédéraliste ?


Comme vous dites, cette loi ne casse rien. Mais elle “permet” ! C’était donc défendu ? Les plus radicaux du félibrige n’osaient plus le soutenir. Eh ! bien, voilà l’aveu à l’Officiel. Mais quel mauvais vocabulaire ! Occitan ! Toujours le Sud-Ouest oratoire, intriguant et politicien. Le seul Occitan valable est dans Chateaubriand : la jeune occitanienne, future Mme de Castelbajac. Il aurait fallu dire : Provence, vous avez bien raison ! Mais les M.R.P ne savent pas avoir raison.” (Lettre de Charles Maurras à Xavier Vallat, 30 janvier 1951)


Le moment de la Loi Deixonne consacre également la transformation de la revendication régionaliste en terre occitane. Une passation s’opère en passant de la IIIe à la IVe République, du Félibrige, dépositaire depuis Frédéric Mistral du combat culturel des pays d’Oc, à l’IEO, porteur d’un occitanisme politique clairement énoncé. Ainsi, les revendications régionalistes passent “au camp des novateurs”, comme le relève Elise Joucla.


Voir l'article d'Elise Joucla

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Camina que caminaràs - Lo tambornet, Max Roqueta (2/2)
Brees, Aimé

Emission realizada a l'entorn de Montpelhièr, per fin de descobrir lo tambornet. Emission dedicada a Max Roqueta dins l'istòria del tambornet.

Per de questions de dreches, los extrachs musicals difusats dins l'emission podon pas èsser mes en linha, foguèron doncas talhats de l'enregistrament.

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Camina que caminaràs - Lo tambornet, Max Roqueta (1/2)
Brees, Aimé

Emission realizada a l'entorn de Montpelhièr, per fin de descobrir lo tambornet. Emission dedicada a Max Roqueta dins l'istòria del tambornet.

Per de questions de dreches, los extrachs musicals difusats dins l'emission podon pas èsser mes en linha, foguèron doncas talhats de l'enregistrament.

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Camina que caminaràs - Collòqui Max Roqueta
Brees, Aimé

Emission realizada al collòqui Max Roqueta que se debanèt lo 11 de decembre de 2009 al CIRDOC-Institut Occitan de cultura de Besièrs. Es constituïda d'entrevistas amb d'escrivans occitans.

Per de questions de dreches, los extrachs musicals difusats dins l'emission podon pas èsser mes en linha, foguèron doncas talhats de l'enregistrament.

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Cronica Istorica - Lo Max Roqueta militant
Martel, Philippe (1951-....)
Cronica radiofonica amb Felipe Martel que nos conta l'istòria d'Occitània.
Episòdi retrach de Max Roqueta.
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Lettre d'Armand Keravel à Robert Lafont : 16 janvier 1968
Keravel, Armand (1910-1999)
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Retrach de Max Roqueta
Souche, Georges (1957-....)
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Voses de la modernitat : percors literari, fotografic e sonòr suls camins de la modernitat poetica occitana
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A l'entorn de l'accion occitana (1930-1950)

Le 2 février 2013 se tient à Septèmes-les-Vallons (Bouches-du-Rhône) le colloque "A l'entorn de l'accion occitana (1930-1950) : Paul Ricard, Jòrgi Reboul, Carles Camproux, Max Rouquette".

Dans le cadre de ce colloque organisé par le Centre culturel Louis Aragon, Leis Amics de Mesclum en collaboration avec la commune de Septèmes-les-Vallons, la section des B-du-R de l’Institut d’Estudis Occitans, le Pen club occitan  et le Centre Regionau d’Estudis Occitans-Provença présentent une exposition  autour de ces quatre figures du mouvement occitan.

Durant la période qui suit la guerre de 14-18, surtout à partir de 1925, on assiste à un renforcement de la Renaissance Occitane entamée dans les années 1840-50. Cela est en rapport avec la Renaissance Catalane qui en 1931, permet au Principat de Catalogne d'obtenir l'autonomie. Bien que la situation politique, économique et sociale ne soit pas identique, les Occitans voudront s'inspirer de cet exemple pour bâtir l'Occitanie dans un cadre fédéral français. C'est ainsi que s'organisera un mouvement politique progressiste parmi les inspirateurs duquel on peut citer Paul Ricard, Jòrgi Reboul, Charles Camproux et Max Rouquette. Ce passage au politique se fera avec pour support les journaux L' Araire et Occitania, et des groupes fédéralistes comme le Parti Provençal. Pendant la guerre, le mouvement occitan, reflet de la société française, aura ses collaborateurs et ses résistants. Parmi ceux-ci nous trouvons les personnages mentionnés.
C'est cet engagement que tente de présenter l'exposition.

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Lenga d'òc : Medelha (espectacle) / Tè Vé Òc
Emission dau 22 de novembre de 2018
La Compagnie « Rêves du 22 Mars » adaptèt « Medelha » en version bilinga, l'òbra teatrala maja de Max Roqueta. Anèrem a Montpelhièr a l'escasença d'una representacion dins lo pargue de la Maison pour tous Mélina Mercouri. Es dins la version sensa musica que vos prepausam de (re)descubrir aquela creacion presentada en mitan urban. Concebuda per èstre jogada a l'exterior, dins lo bruch ambient, aquela adaptacion de la pèça nos es detalhada dins una entrevista ambé Bruno Paternot, comedian e meteire en scena. Una immersion dins una òbra universala e intemporala.
Un reportatge d'Amada Cròs.
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