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Touriste on te vole ton argent comme on nous vole notre pays : une affiche de Lutte occitane
Lutte occitane (Toulouse)

À partir des années 1960, dans le cadre d’un État français très dirigiste dans l’économie du pays, il est décidé de pallier la dépendance des territoires du Gard, de l'Hérault, de l'Aude et des Pyrénées-Orientales à l’agriculture en développant le tourisme, que l’État voit alors beaucoup partir vers l’Espagne. Afin de capter ce flux et de développer le territoire, il est décidé en 1963 par le général de Gaulle et le gouvernement de Georges Pompidou d’engager un plan d'aménagement touristique du littoral du Languedoc-Roussillon. La mission est confiée à la DATAR (Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale) qui supervise la création des stations balnéaires de Port-Camargue, la Grande-Motte, Le Cap d'Agde et son village naturiste, Gruissan, Port-Leucate, Port-Barcarès et Saint-Cyprien. La mission sera alors surnommée « Mission Racine » du nom de Pierre Racine, co-fondateur de l’école nationale d’administration et proche du pouvoir, qui dirige ladite mission.

Critiquant la bétonisation du littoral, la destruction du paysage, le bouleversement économique et social, ainsi que la venue massive de touristes sur le territoire (qui n’a, outre les lieux développés à cet effet, que peu d’infrastructures pour recevoir autant de monde aussi rapidement), la population locale développe dès les années 1970 un certain rejet de ce tourisme de masse.

La dénonciation de cette politique devient alors, pour les mouvements occitans - notamment les mouvements de gauche anticapitaliste comme Lutte occitane - un des grands mots d'ordre à partir de cette décennie, que l'on retrouve sur l'ensemble du territoire occitan, de l'Atlantique à la Méditerranée.

 
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André Benedetto et Pierre François repeignent la façade du théâtre des Carmes d'Avignon en 1974
Théâtre des Carmes (Avignon)
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Teatre de la Carrièra joue "Mort et Résurrection de M. Occitania" à Bédarieux en 1970
Teatre de la Carriera (Arles, Bouches-du-Rhône)

Aux lendemains de Mai 1968, Claude Alranq et le Teatre de la Carrièra (le « Théâtre de la Rue » en occitan) font irruption sur les places des villages et villes d’Occitanie avec un théâtre d’un nouveau genre, populaire, social et occitan, et une pièce emblématique, Mort et Résurrection de M. Occitania, farce tragique qui révèle à la société occitane les causes du « mal méridional » dans un contexte de crise de la viticulture languedocienne et des débuts d’un mouvement massif qui convergera sous le mot d’ordre « Volèm viure al país ».

Cette photographie, issue des archives du Teatre de la Carrièra conservées au CIRDOC, nous montre l’esprit de cette compagnie qui représenta pour des milliers de spectateurs une véritable révélation théâtrale et de prise de conscience culturelle.

Le chanteur Claude Marti évoque cette expérience dans son livre Homme d’Oc (Paris : ed. Stock, 1975) : « Et tout le monde est saisi, époustouflé, on n’avait jamais vu ça… Il y a là, sur la place, un camion asthmatique, beaucoup de décors en carton, beaucoup de pancartes, et des gens qui s’agitent, se préparent au milieu de ce matériel pour le moins sommaire. Il fait beau, tout le village est là, les enfants, les femmes, les hommes, dans une atmosphère de petite fête. Et la pièce commence. Incantatoire. Sous un linceul rouge marqué du drapeau occitan, il y a un mort. C’est M. Occitania, un petit viticulteur. Un tribunal est là qui disserte sur les causes de sa mort. (...) On était devant un théâtre réellement populaire, qui touchait profondément les gens tout en étant très pédagogique. (...) Les gens se reconnaissent dans M. Occitania, ils rient, ils applaudissent, ils prennent parti ; un passage est en occitan, un autre est en français, comme dans la réalité vécue… »

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Tarascon : procession de la Tarasca
Carte postale représentant la Tarasque de Tarascon traînée au bout de son écharpe par une petite sainte Marthe.
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