« Que reste-t-il aujourd'hui de la fête des morts ? »
C'est par ces mots que Claude Alranq débutait sa conférence sur Martror, la fête des morts, enregistrée le 29/10/2014 au Théâtre de Pézenas en amont des fêtes de Martror organisées dans le cadre des Temporadas de Pézenas.
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« Que nous le voulions ou non, vivre c'est côtoyer ces trois malaises : la peur de la Mort, la peur des morts et la peur du prédateur que nous sommes. Toutes les civilisations ont affronté ces enjeux et elles ne purent que leur survivre qu'en inventant des fêtes qui les aidèrent à se tranquiliser : exorcisme, conjuration, prémunition, envoûtement, possession, catharsis, purification, déni... »
Retrouver la transcription de cette conférence sur Occitanica.
Au cœur de l'hiver, carnaval constitue une parenthèse, annonçant la fin des difficultés et l'entrée dans le printemps. Héritier de la fête des fous médiévale, ses réjouissances sont traditionnellement un temps de pause durant lequel rôles et statuts s'inversent, la parole se libère, les masques deviennent porteurs d'un message critique vis-à-vis de la société et des pouvoirs en place.
Durant près de dix semaines, les rues du village audois de Limoux s'animent. Autour du roi de la fête, sa majesté Carnaval, évoluent des figures contraires spécifiques à la cité de la haute vallée de l'Aude : Fecas et Godilhs.
Ce vidéoguide d'animation a été réalisé en 2014 dans le cadre du projet e-Anem, financé par le FEDER en Languedoc-Roussillon.
Version occitane sous-titrée en français
L'histoire voudrait que la blanquette, vin mousseux produit dans la région de Limoux, soit née un jour dans les caves de l'abbaye Saint-Hilaire, située à quelques kilomètres de cette commune.
L'apparition de la blanquette est dès lors placée sous le signe du hasard, puisque c'est fortuitement qu'en 1531, un moine de l'abbaye aurait découvert qu'au cœur d'une des bouteilles de la production locale, le vin blanc "prenait mousse". Naissait ainsi, le premier brut du monde.
L'histoire est belle, mais elle semble n'être pas plus qu'une légende...
Ce vidéoguide d'animation a été réalisé en 2014 dans le cadre du projet e-Anem, financé par le FEDER en Languedoc-Roussillon.
Version occitane sous-titrée en français
Animal "totémique" de Pézenas, le Poulain figure depuis 2005 au classement du patrimoine oral et immatériel de l'humanité de l'UNESCO. Cet équidé de toile et de bois accompagne les Piscénois dans toutes leurs festivités.
Ce vidéoguide d'animation a été réalisé en 2014 dans le cadre du projet e-Anem, financé par le FEDER en Languedoc-Roussillon.
Version occitane sous-titrée en français.
Gargantua est ce héros gigantesque et légendaire, parcourant la France au fil des chroniques, et dont s'inspira Rabelais pour créer le personnage de ses récits littéraires (La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel, jadis composée par M. Alcofribas abstracteur de quintessence. Livre plein de Pantagruélisme, 1534).
Ce personnage mythique possède des caractéristiques le rendant facilement identifiable, et qui le rapprochent d’une autre figure « d’homme sauvage », Joan de l’Ors. Ces géants ont un appétit redoutable, et une barbe fournie. Gargantua se remarque également par sa maladresse et son tempérament nomade. La légende veut qu’il ait parcouru la campagne, transformant les paysages sur son passage, au gré de ses repas (et de ses déjections), de dépôts laissés par ses bottes, de cailloux lancés par jeu… Il lui arrive même de tarir des rivières lorsqu’il a soif ! Cet appétit incroyable illustrerait l'appétit de vivre marquant la période qui suit les difficultés de la peste et de la guerre de Cent Ans (fin du XVe siècle - début de XVIe siècle). Maladroit mais jamais intentionnellement méchant, Gargantua est un héros populaire, un ripailleur dont les aventures, parfois scatologiques, font rire le grand public de l'époque. Les récits légendaires sur sa naissance rapportent qu’il serait né de personnes de tailles inférieures à la moyenne, et qu’a contrario il aurait eu une très forte croissance. Rabelais quant à lui affirme que son personnage de Gargantua serait né un 3 février (et d’autres auteurs le pensent aussi), en sortant de l’oreille gauche de sa mère. Cette date de naissance, et son caractère absurde, le rapproche de carnaval dont les récits de Gargantua partagent déjà la fonction cathartique.
Si la ville s’attribue Gargantua comme héros fondateur, en s’appuyant certainement sur les propos de Felix Viallet, cela est dû en partie à un épisode légendaire qui s’y serait déroulé. Fait assez rare, le sang de Gargantua y aurait coulé, des suites d’une blessure au doigt, colorant ainsi les terres environnantes. Mais il ne faut pas oublier que la ville de Langogne, à la fin du XVe siècle est un carrefour commercial, possédant une foire réputée et attractive. Elle reçoit ainsi cette littérature de colportage dont Gargantua est l'un des « best-seller ». Il faut toutefois attendre le XIXe siècle pour voir apparaître la tête géante de Gargantua dont les cartes postales anciennes de Langogne perpétuent le souvenir. Celle-ci est exhibée dans le cadre du cortège de chars fleuris qui défilent dans la ville. Monumentale, elle mesure environ trois mètres cinquante. Elle est également articulée, ses yeux et sa bouche semblent s'animer et convier les habitants à la fête. Mais n’oublions pas que Gargantua n’est pas le héros d’une région en particulier, tant les récits de colportage lui font parcourir et transformer les paysages de France.
Bien qu’elle soit issue d’une littérature principalement orale, la légende de Gargantua continue encore à vivre aujourd'hui. C’est par exemple le cas en Lozère, dans la ville de Langogne (« le pays de Gargantua »), où le géant est fêté depuis 1884. Et si les sorties de « Gargantua » du 1er août ont été suspendues aux alentours de 1978, sa tête est ressortie une première fois en l‘an 2000 et reprend depuis part aux processions des chars carnavalesques. On remarque aussi à Langogne la création récente de la confrérie du Manouls Langonais de Gargantua, qui met en lumière cette spécialité culinaire d'abats de mouton et de veau (les manouls), mais aussi la confiserie appelée « la Gargantille ». Et depuis le 7 avril 2000, Langogne détient le record du monde de la saucisse la plus longue : 23 160 m exactement, une nouvelle fois en hommage à Gargantua.
Les premiers récits de littérature orale sur la figure de Gargantua et des géants en général se constituent en France à partir du Moyen- Âge, pour enfin connaître un vrai succès au XVIe siècle. Le nombre de chroniques orales augmente, ainsi que celui des ouvrages écrits, à la suite de Rabelais. En 1675, paraissent ainsi Les Chroniques du Roy Gargantua, cousin du très redouté Gallimassue et en 1715, est publiée la Vie du fameux Gargantua, fils de Briarée et de Gargantine. Aujourd’hui, la légende de Gargantua se perpétue différemment, en accord avec les modalités actuelles de partage des connaissances. On trouve ainsi des sites internet qui lui sont dédiés, et il existe même sur Facebook un #Gargantua.
C'est conjointement aux géants du Nord, que le Poulain de Pézenas fut classé à l'UNESCO en 2005. Toutefois, force est de constater la fréquence et l'abondance de ces animaux totémiques dans le Midi de la France en général et dans le Bas-Languedoc en particulier.
Saint Blaise, ou Sant Blasi de son nom occitan, protecteur des cardeurs (artisans textile) devint également saint patron de la ville, qui fut dès le Moyen Âge un important centre drapier. Son culte est célébré à Pézenas au moins depuis 1299, suite à la mobilisation des corporations drapières de la ville. Fête patronale la Sant Blasi ouvre également à Pézenas les festivités de Carnaval, durant lesquelles apparaît guidé par lo menaire (le guide en occitan), le Poulain emblématique.
Cette fête a lieu tous les cinq ans à Sampeyre au cœur des Vallées occitanes d'Italie. Le nom de « Baio » viendrait du mot occitan « abadiá » et renverrait aux « abbés de jeunesse », jeunes gens qui avaient pour fonction d'organiser les fêtes de la communauté.
Cette fête carnavalesque a lieu tous les cinq ans dans la Val Varaita, dans la province de Cuneo, au cœur des Valadas occitanas d'Italie. La plus célèbre est celle de Sampeyre. Le nom de la fête de la Baio viendrait du mot occitan « abadiá » et renverrait aux traditions des « abbés de jeunesse », ces jeunes gens qui avaient traditionnellement pour fonction d'organiser les fêtes de la communauté.
Un ensemble de rites se déroule sur trois jours au mois de février : les deux dimanches avant le carnaval et le Jeudi gras.
La Baio est un grand cortège d'hommes costumés, certains en « Maures », d'autres travestis en femmes, d'autres coiffés de mitres spectaculaires.
Les personnages historiques composant le cortège sont les suivants : l'Abà, il Tesoriere, le Cavalìe (cavalieri), le Tambourn majour, l'Arlequin, les Sarazine, la Segnourine (signorine), le Tambourin (tamburini), le Sapeur, le Grec (greci), l'Escarlinìe, l'Espous (sposi), les Segnouri (signori), le Sounadour (suonatori), le Uzuart, le Granatìe, le Morou (i neri) et le Turc, le Viéi et la Viéio (il vecchio e la vecchia), et le Cantinìe (cantiniere).
Les « Sonadors » sont l'élément central de la fête, faisant danser toute la journée et toute la nuit après que des sapeurs ont brisé à la hache une barrière de bois symbolique.
Les journées commencent à l'appel des « Tambourins » et continuent avec des défilés dans les différents cantons. La Baio est particulièrement spectaculaire par la qualité et la diversité des costumes, qui sont hérités de différentes époques de l'histoire de la vallée. On reconnaît en particulier la garde armée sous les traits des « Ussari », en costume de hussards de l'époque napoléonienne. Comme tout carnaval en Occitanie, le procès représente le point d'orgue du Jeudi gras.
Ici, le coup de théâtre des fêtes de la Baio est immuablement la fuite du trésorier avec la caisse remplie d'argent. Le public assiste à sa capture, son procès, sa condamnation à mort et enfin sa grâce.
Ce carnaval permet à tous les habitants de la vallée d'être des acteurs de la fête. En effet, bien que le cortège soit réservé aux hommes qui sont les seuls à pouvoir se déguiser sous les traits des personnages liés à la tradition historique locale, la population entière participe à l'organisation et à la préparation notamment des costumes.
Ce carnaval commémore la victoire des habitants des vallées contre les invasions sarrasines en Provence et dans les Alpes à la fin du Xe siècle, aux alentours de 975-980. Cette hypothèse est néanmoins remise en question. Des éléments des différentes époques marquantes de l'histoire de la vallée ont été incorporés comme par exemple les hussards de l'époque napoléonienne.
Cette pratique qui ne se renouvelle qu'une fois tous les cinq ans ne fait pas l'objet d'une protection particulière d'un point de vue patrimonial. Ses rituels sont très codifiés et très peu de place est laissée à l'improvisation autant d'un point de vue des costumes que des rôles des personnages ou du déroulement de la fête. Ce carnaval est toutefois mis en valeur par la région du Piémont.
Tous les habitants de cette vallée son acteurs de la Baio de Sampeyre.
La Bengenço de Bacchus, countro l'émmagrit Carémé, sur la mort de soun amic Carmantran1 est un jugement de carnaval en vers publié en 1842. Si aucune mention d'auteur ne figure sur le document, sa paternité est attribuée à Lucien Mengaud en raison de la présence d'une note manuscrite sur un exemplaire du recueil de poèmes La Crouts du même Lucien Mengaud issu des collections de la Bibliothèque municipale de Toulouse.
Le texte met en scène le bûcher de Carmantran (Caramentran), personnage emblématique de la fête de carnaval en Occitanie. Il est construit autour de l'opposition des valeurs d'opulence et d'excès portées lors de la fête de Carnaval par Carmantran, associé ici à la divinité romaine Bacchus, contre la rigueur et le jeûne suivis lors de la période de Carême (Carémé).
1. (Vengeance de Bacchus, contre l'amaigri Carême, sur la mort de son ami Carmantran) ↑
Le Bastardeou des tres-coucuts est une chanson de carnaval anonyme publiée en 1850 à Toulouse.
Elle est construite sur un registre burlesque autour du « cocu », le mari trompé, et des désagréments que lui cause sa femme au quotidien.
Occitan : graphie originale | Occitan : graphie classique | Français | |
Titre | Bastardeou des tres-coucuts : cansou pel Carnabal de 1850 | Bastardèu dels tres-cocuts : cançon pel Carnaval de 1850 | Bastardeou des trois-cocus : chanson pour le Carnaval de 1850 |
Couplet 1 | Del sale Bastardéou, Propre coumo un estable, Mai negre que le diable, Fasquen le tabléou : Le grand pincél, Per tant que sio capable, Le randra pas bél. |
Del sale Bastardèu, Pròpre coma un estable, Mai negre que le diable, Fasquèm le tablèu : Lo grand pincèl, Per tant que siá capable, Lo rendrà pas bèl. |
Du sale Bastardéou, Propre comme une étable, Plus noir que le diable, Faisons le tableau : Le grand pinceau, Pour autant qu'il en soit capable, Ne le rendra pas beau. |
Refrain | Tant que you biourrey fennoto, Tant que you biourrey, serey l'home battut, Et le Bastardéou coucut !! |
Tant que ieu viurai femnòta, Tant que ieu viurai, serai l'òme batut, E lo Bastardèu cocut !! |
Tant que je vivrai petite femme, Tant que je vivrai, je serai l'homme battu, Et le Bastardéou cocu !! |
Couplet 3 | Jamay n'a goubernat Al miey de sa famillo, Car sa fenno l'estrillo Et le ten renat ; Jusqu'al toumbél (bis) Sera jouts sa guenillo Menat pel bridél. |
Jamai n'a governat Al mièlh de sa familha, Car sa femna l'estrilha E le te renat ; Jusqu'al tombèl (bis) Serà jos sa guenilha Menat pel bridèl. |
Jamais il n'a gouverné au milieu de sa famille, car sa femme le bat Et le tient par les rênes ; Jusqu'au tombeau (bis) Il sera sous ses jupons Mené par la bribe. |
Couplet 4 | Sappiats que sa mouillé N'a pas la faço bélo, Sa maysso d'escarcélo Es sans rastelié ; A soun quasuet (bis) Dirion qu'es la femélo D'un biel parrouquet. |
Sapiatz que sa molhèr N'a pas la faça bèla, Sa maissa d'escarcela Es sans rastelièr ; A son caquet (bis) Dirián qu'es la femèla D'un vièlh parroquet. |
Sachez que sa femme N'a pas la face belle, Sa machoire toute maigre Est toute édentée ; À son caquet (bis) On dirait que c'est la femelle D'un vieux perroquet. |