Voici le dernier volet, politique, d'un triptyque sur Marseille : après le répertoire religieux, puis celui des chants à danser, l'ensemble reprend la tradition des « trobaires martelés », chansonniers contestataires de la fin du XIXe siècle et du début XXe. Certains textes sont d'époque, tel ce goûteux pamphlet jouant de la métaphore de la poiscaille pour railler le clergé. Mais les compositions originales de Manu Théron sont de la même trempe, subversive et truculente, entre une farandole des quartiers marseillais et une Masurka mafiosa marselhesa, qui brocarde, au rythme de la transe des Pouilles, les collusions locales entre politique et grand banditisme. Le fond, salé, s'apprécie sur livret. La forme, organique et métissée (avec claps de mains, bendir oriental, tamburello, darbouka...), emprunte, elle, au folklore sicilien, aux rythmes binaires occitans, à la tarentelle napolitaine ou aux musiques populaires algériennes, donnant à ces neuf coups de gueule poétiques des reliefs saisissants. ffff de Télérama.