Les appareils électroniques sont branchés entre eux selon de complexes itinéraires de câbles. Ces itinéraires de câbles permettent aux appareils de crisser ensembles. D'une main vive, l'Opérateur intervient pour plier et courber la masse sonore. Le danger latent susure aux haut-parleurs une musique aussi violente que douce.
Ernest Bergez pratique une forme bricolée et spontanée de live électronique qui combine les manipulations de la musique concrète avec les techniques du dub jamaïcain et les assauts de la noise music. Les sonorités brutes de l’électronique côtoient des sons collectés au quotidien : motifs rustiques de violon, ébauches de chansonnettes, conversations chapardées à la volée, fragments de musiques anonymes. Derrière cette pratique en conglomérat, il y a le vœu de rapprocher le musical de la vie et d’ancrer l’écriture dans le vécu immédiat. La présence fantomatique et surréelle des sons « fixés » est utilisée comme un miroir, mais un miroir déformant et hasardeux qui ouvre un espace potentiel à la complexité des émotions humaines.
Dans la continuité de cette démarche, il s’intéresse aux musiques et danses traditionnelles du Massif Central (et du monde occitan par extension). La pratique du chant, du violon et de la danse alimente sa réflexion et son travail autour de la conscience modifiée dans l’acte musical (impact physique par combinaison de bourdon, mouvements cycliques, durées longues et effets de cadence, ritournelle comme « énonciation territoriale » spontanée et intime). Un modèle se profile : une musique toujours pareille, toujours différente.
Formé à l’ENM de Villeurbanne, puis au CEFEDEM Rhône Alpes, Ernest Bergez est Titulaire d'un Diplôme d'État de professeur en musiques actuelles amplifiées. Au cours de sa formation, il a suivis un « tutorat artistique » avec Jérôme Noetinger. Il enseigne actuellement au CRA.P à Lyon et intervient au Cefedem Rhône Alpes.