Du 21 février au 10 avril 2020, le CIRDOC - Institut occitan de cultura accueille une grande exposition d'art contemporain dédiée à la création niçoise, en lenga dai país.
Les artistes invités, de Ben à Jànluc Sauvaigo en passant par le collectif Nux Vomica, offrent une plongée dans l'univers foisonnant, riche et coloré de la culture nissarde, par trop méconnue. De nombreux rendez-vous ponctuent l'événement : concert, conférences, projections, spectacle... Suivez le guide !
« Tant qu’on parlera notre langue, notre art sera contemporain »
C’est cette citation, forte et sèche comme un coup de massue, inscrite par Ben sur une œuvre acquise en 2018 par le CIRDOC – Institut occitan de cultura, qui est à l’origine de l’exposition Nissa es Bellanda. L’art contemporain d’expression occitane vit, et vit bien. En particulier celui qui s’exprime en occitan nissart, tant il est vrai que l’effervescence et le bouillonnement créatif à Nice ont donné lieu, depuis des décennies, à un véritable renouveau de la création en lenga nòstra, ferment d’une culture de la résistance à l’uniformisation, héritière d’un imaginaire d’une grande richesse, tout à la fois métissé et profondément enraciné. Cette culture devenue souterraine à Nice, c’est celle de Bellanda, l’autre nom de la ville, dont on trouve trace dès l’époque médiévale dans La Vida de Sant Onorat, oeuvre du troubadour Raimon Fairaud.
Bellanda la mytérieuse
Bellanda, pour les artistes invités, c’est donc la part caché de Nice, son ADN, son âme profonde, loin des paillettes de la « Côte d’Azur ». Elle abrite en son sein un concept important, presque vital pour le peuple des Cagas-blèas (l’autre surnom des Niçois) : le pantai, autrement dit le rêve, étroitement lié à l’histoire de cette porte ouverte sur la Méditerranée, et qui sert de fil conducteur à une certaine contre-culture et à sa créativité débordante. Une culture « underground » comme on dit en bon français… Son symbole ? Une chauve-souris, la ratapinhata, synonyme de l’inversion des codes et de la création débridée.
Les artistes de Bellanda :
- Jànluc Sauvaigo : peintre, poète, compositeur, musicien, auteur de bande dessinée… Depuis plus de 40 ans Jànluc Sauvaigo nous offre une œuvre riche et polymorphe, imprégnée de surréalisme. Au fil d’un voyage dans son monde, vous aurez l’impression d’être avec lui dans l’arrière-boutique d’un bar de la cité cachée. Un bar fumant dans une rue obscure où l’on peut écouter chaque jour des groupes jouant du blues, du folk, du jazz… au rythme des mots qui viennent colorer une poésie à la sonorité niçoise.
- Serge Dotti : enfant du Babasoc (la vieillie ville de Nice), c’est par le théâtre et l’art de la marionnette qu’il donne vie aux symboles, aux personnages-clés et au bestiaire de la culture niçoise.
- Ben : exposé dans le monde entier, figure de l’avant-garde (avec le mouvement Fluxus notamment), Ben est sans conteste le plus connu des artistes engagés pour la reconnaissance et la promotion de l’occitan. Dès 1962 à Nice, il rencontre François Fontan (1929-1979), idéologue anticolonialiste, penseur du concept d’ethnisme. Fruit des échanges avec ce grand occitaniste : Ben s’engage par son art contre le « génocide linguistique », et porte haut les couleurs d’une Occitanie libre.
- Louis Pastorelli : « Après plusieurs années d’absence, je reviens à Nice à la fin des années 1980, persuadé que si j’ai à faire et à affirmer quelque chose c’est ici, à Nice, qu’il me faudra le faire ». C’est en 1989 qu’il fonde avec ses complices le Hangar Saint-Roch, à la fois lieu emblématique et collectif d’artistes, plasticiens, sculpteurs, touche-à-tout qui mettent en commun leur envie profonde de démontrer que l’on peut vivre Nice, et pas seulement « à Nice ».
- Vincent Calassi : dessinateur, peintre, sculpteur, il rejoint le Hangar Saint-Roch dès le début des années 1990 et s’engage pour faire vivre ce lieu d’expression libre et ouvert à tous. Mais aussi pour la renaissance de la langue niçoise, des fêtes populaires. Cela passera notamment par la chanson, à travers le groupe Nux Vomica, emblématique de ce nouveau pantai niçois.
- Maurice Maubert : illustrateur prolifique, voyageur invétéré, il est de la troupe qui donne son âme au Hangar Saint-Roch et à ses émanations carnavalesques, artistiques, musicales. Dans son travail apparaissent des formes abstraites et colorées, nées de pigments, de terres, d’acrylique. Il expérimente diverses techniques et expressions : peintures, collages, drippings, sculptures, installations, et réalise des tableaux qui font irruption dans le réel, créant un espace symbolique et imaginaire.
Les évènements autour de Nissa es Bellanda :
Du vernissage à sa clôture, l’exposition sera ponctuée de nombreux événements :
Vendredi 21 février :
- 18h00 // 2 conférences : « La remirabla vida de la BD oucitana en la vila pantalhada de Bellanda » par Jérémie Marçais (enseignant, traducteur) + « Jànluc Sauvaigo, un beatnik perdut de la nissardituda » par Olivier Pasquetti (enseignant, doctorant à l’université de Nice-Sofia Antipolis)
- 19h30 // vernissage en présence des artistes, suivi d’un concert du groupe Nux Vomica
Mercredi 18 mars :
- 10h // Madama Rata, un spectacle tout public de Jànmarc Cana, dans le cadre du cycle « Dimècres en familha ». Musicien accompli au sein de La Bande à Cana, l’artiste prête ici sa voix à une petite marionnette chauve-souris appellée Madama Rata, bien connue à Nice pour ses reportages, micro-trottoirs et ses points météo… mais aussi pour son caractère bien trempé !
Jeudi 9 avril :
- 18h // Projection des films Going Back to Nissa la Bella (réal. Christian Passuello) et À propos de Nice (réal. Jean Vigo), en présence de Christian Passuello et de Karim Ghiyati, directeur d’Occitanie Films
Et tout au long de l’exposition… De nombreuses visites scolaires, mais aussi des visites sur demande !
Lo CIRDOC – Institut occitan de cultura Mediatèca (site de Béziers)
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