Le Dels Auzels cassadors du troubadour rouergat Daude de Pradas est une œuvre unique dans le corpus de l’écrit occitan du Moyen Âge. Ce traité de fauconnerie en occitan de 3792 vers octosyllabes, composé avant 1248 reprend plusieurs traités de fauconnerie bien connus. Son caractère unique au sein du corpus occitan - seul traité de ce genre qui nous soit parvenu - en fait un document particulièrement intéressant pour l’histoire des mœurs aristocratiques, mais surtout pour le vocabulaire de la fauconnerie grâce aux descriptions très détaillées des oiseaux qu’il contient. [imatge id=20322]
On connaît cinq copies manuscrites du Dels Auzels cassadors, dont une copie moderne :
Les différentes versions de la vida de Daude de Pradas (présentes dans les chansonniers A, B, I et K) nous disent qu’il est originaire du Rouergue, d’un bourg nommé Pradas, près de Rodez - sans doute l'actuel Prades-Salars. Si aucune source historique ne confirme son titre de chanoine de Maguelonne, l’auteur de sa vida note que Daude « savait beaucoup de la nature des oiseaux de chasse ». De ce troubadour qui vécut au cours des trois premiers tiers du XIIIe siècle il est à noter qu’aux côtés des poésies lyriques qui nous sont parvenues, il se distingue par la composition de deux textes didactiques, le Dels Auzels cassadors ainsi qu’un poème sur les Quatre vertus cardinales dédié à Étienne de Chalençon, évêque du Puy de 1220 à 1231.
C’est vers le XIIe siècle qu’apparaissent les premiers véritables traités de fauconnerie, dont la pratique constitue un élément central de la culture aristocratique médiévale. Ces traités, alors encore en latin, enseignent les moyens de dresser les faucons, et surtout les remèdes pour soigner les maladies diverses auxquelles le rapace est sujet. C'est au cours du XIIIe siècle que ces traités passent dans le domaine des langues vernaculaires. Pour le domaine occitan, le Dels Auzels cassadors de Daude de Pradas est le seul témoin que l’on connaisse. Il faut attendre le XVe siècle pour trouver deux nouvelles séries de recettes vétérinaires pour soigner les faucons, dont l’une est copiée à la suite du traité de Daude (BnF, ms. NAF 4506)1. Le traité de Daude de Pradas demeure remarquable pour ses descriptions minutieuses des oiseaux.
En un peu plus de 400 vers, Daude de Pradas se consacre d'abord à la description des oiseaux de proie employés à la chasse. Au chapitre XIV, il déclare qu’il y aurait sept « linhatges » de faucons, qu’il décrit dans les sept chapitres suivants, du « plus vilain » au « meilleur de tous » : le « lanier », le « pelegri », le « montari », le « gruër ho gentil », le « guirfals », le « surpunic » et le « britan ». Dans une seconde partie (v. 547-1961), Daude de Pradas traite de l’entretien et du dressage des oiseaux de chasse, et termine son traité par la classique partie vétérinaire, à savoir les remèdes contre les maladies des oiseaux ( v. 1968-3734).
Le traité de Daude de Pradas n’est pas une œuvre originale mais une compilation de plusieurs traités antérieurs en latin, « traduits et réordonnés en une suite thématiquement bien agencée »2 même si les sources ne sont pas explicitement mentionnées par l’auteur. Les spécialistes ont identifié quatre sources différentes au Dels Auzels cassadors : l’Alexander medicus, le Grisofus medicus, le Gerardus falconarius et le De cura accipitrum d’Adelard de Bath.
Dafydd Evans a signalé qu’un manuscrit du Clare College (Cambridge n° 15) contient ces quatre sources : « il me semble indiscutable que Daude a connu un manuscrit ayant de fortes ressemblances avec le manuscrit de Clare College, qui est le seul à contenir toutes les sources du traité provençal. »3
- Les auzels cassadors, poème provençal de Daude de Pradas ; publié avec une introduction par Dr. Sachs, Ire partie, dans Brandeburg, Wiesike'sche Buchdruckerei, 1865, 32 p.
Consulter sur Occitanica : http://www.occitanica.eu/omeka/items/show/12727
- The romance of Daude de Pradas called Dels Auzels Cassadors : edited with introduction, summary, notes and glossary by Alexander Herman Schutz. Columbus, The Ohio State university press, 1945 (contributions in Languages and Literature, n° 11, Romance Language Series)
Nouvelle édition, faite à partir du ms. BAV Barb.lat. 4087. C'est l'édition qui fait encore référence.
↑1. On trouve une série de recettes vétérinaires en occitan dans un manuscrit picard de la fin du XIVe siècle (BnF, ms. NAF 18800) qui contient la plus ancienne traduction française du De falconibus d’Albert le Grand (f. 1–46). Ce traité contient une traduction occitane des noms de maladie (f. 26-44v) et des recettes vétérinaires en occitan d’une écriture du XVe siècle (f. 46v-48).
↑2. SMETS, An et VAN DEN ABEELE, Baudouin « Manuscrits et traités de chasse français du Moyen âge. Recensement et perspectives de recherche », Romania, 1998, 116, 3-4.
↑3. EVANS, Dafydd « Le traité de fauconnerie en vers provençaux : Dels auzels cassadors, son intérêt culturel », dans La chasse au moyen âge : actes du colloque de Nice, 22-24 juin 1979 / [organisé par le] Centre d'études médiévales de Nice. Paris : Les Belles lettres, 1980, p. 9-17.Le fonds de l'Escòlo deras Pireneos rassemble les collections de l’école félibréenne fondée en 1904 par Bernard Sarrieu, professeur de philosophie et philologue sur le modèle de l'Escòlo Moundino (Toulouse) et de l'Escòlo Gastou Febus (Béarn). Tout au long du XXe siècle, Bernard Sarrieu puis Raymond Lizop et enfin Jules et Yvonne Ponsolle font vivre cette école félibréenne dans les Pyrénées centrales, de Muret au Val d'Aran, jusqu'à sa dissolution en 1999.
L'Escòlo deras Pireneos est à la fois une société d'études philologiques et une école de diffusion et de sauvegarde de la langue gasconne. Elle dispose d’une revue Era bouts dera moutanho (La voix de la montagne), fondée en 1905, qui publie études gasconnes, textes littéraires et comptes-rendus des activités de l'association.
- Accroissement
fonds ouvert
- Modalités d’entrée
Don aux Archives aux départementales de la Haute-Garonne par Jules et Yvonne Ponsolle en 1993.
Le fonds de l'Escòlo deras Pireneos contient les archives privées de ses principaux auteurs ou animateurs et les papiers directement liés à l'activité de l'association. Les archives de Bernard Sarrieu contiennent ses notes et manuscrits qui témoignent de son œuvre littéraire, scientifique et éditoriale ; mais aussi ses cours et sa correspondance personnelle constituée de cartes postales qui représentent une partie importante du fonds. Il s’y ajoute les archives de Raymond Lizop, liées à son activité littéraire, les manuscrits isolés de divers auteurs et enfin les archives issues de l'activité de l'Escòlo provenant de Jules et Yvonne Ponsolle ses derniers animateurs.
- Dates extrêmes
1816-1990
- Langues représentées dans le fonds
Occitan (languedocien, gascon), français
- Importance matérielle
10,8 ml
- Supports représentés
monographies imprimées, manuscrits, documents iconographiques
Pour le consulter
- Identifiant du fonds
52 J
- Instruments de recherche disponibles
Répertoire numérique, par H. Moreau, 2007, 47 p.
- Ressources en ligne
http://archives.haute-garonne.fr/pdf/Saint_gaudens/Liens_fonds_prives/52_J.pdf
- Conditions de consultation
Communicable à l'antenne du Comminges, à Saint-Gaudens
- Conditions de reproduction
Soumis à restrictions suivant les pièces. Pour information consulter les Archives départementales de la Haute-Garonne.
Le terme occitan « Martror » est d’usage très courant dans les textes médiévaux dans lesquels il désigne l’actuelle Toussaint catholique (1er novembre), qui fut longtemps la « fête des martyrs », étymologie du terme martror en occitan.
En Occitanie comme ailleurs, cette « fête des morts » coïncide avec le mois « le plus noir » de l’année, le début de l’hiver astronomique (de début novembre jusqu’au solstice d’hiver au 21-22 décembre), qui marquait le début de l’année dans le calendrier celtique. Période où le monde de la nuit et des ténèbres est le plus proche de celui des vivants, elle correspond à un moment propice aux échanges symboliques entre les deux mondes.
Mais cette célébration des morts coïncide aussi avec la saison d’un certain renouveau, celui des labours et semences (« de la Sant Miquèl a Martror ») ou encore celui de la plantation des arbres fruitiers (autour de la Sainte-Catherine, le 25 novembre).
L'Église catholique sacralisa cette période de rites immémoriaux d’échanges symboliques entre vivants et morts à partir du IXe siècle en instituant la fête de tous les saints le 1er novembre, puis un « jour des morts », distincts, le lendemain.
Les enquêtes menées au cours du XXe siècle sur les rites, croyances, traditions rituelles en pays d’Oc ont permis de documenter de nombreuses pratiques vivantes - jusqu’aux années 1980 dans les Pyrénées par exemple - de rites de communication entre vivants et disparus (offrande de nourriture notamment). En Rouergue, dans le canton de Saint-Geniez-d’Olt demeure une tradition de vente aux enchères pour les âmes, où l’on retrouve l’offrande de nourriture mais encadrée par le rite religieux (la vente servant à financer les messes pour les morts tout au long de l’année).
L’arrivée de la tradition américaine de la fête d’Halloween au milieu des années 1990, ressentie par certaines communautés comme exogène et commerciale, semble provoquer localement un intérêt renouvelé pour les rituels autour de la Toussaint, dont le plus important est celui du Martror annuel de Pézenas, spectacle rituel qui clôt le cycle des « Temporadas » (Théâtre des Origines, puis Collectif Temporadas).
Cette pratique vivante - mais qui s’est réduite au cours du XXe siècle à quelques communes - a fait l’objet d’une enquête en 1990 (Enquête Al Canton : Saint-Geniez-d’Olt, voir « Sources et documentation » ci-dessous). Cette vente aux enchères est organisée par des associations paroissiales dans plusieurs localités de l ’Aveyron, notamment Castelnau de Mandailles (dans les trois villages composant la commune : Castelnau, Mandailles et Cambon) ou encore Sainte-Eulalie-d’Olt où elle porte le nom de « Pola un » (poule un). Le nom de « Pola un » utilisé à Sainte-Eulalie est donné à la vente car elle commence traditionnellement par la mise aux enchères d’une poule.
La vente se déroule selon des modalités à peu près identiques dans toutes les communes. Il s’agit d’une vente d’offrandes, essentiellement alimentaires, de chaque famille (volaille, fouasse, etc.) et dont les bénéfices serviront à dire des messes tout au long de l’année pour les morts de la paroisse. « Jadis, cette cérémonie existait dans de nombreuses paroisses rouergates et donc il ne s’agirait en réalité ici que d’une survivance localisée d’un rituel à l’origine plus étendu. »
Un rituel festif autour de « Martror » a été créé à Pézenas par le Théâtre des Origines puis organisé à partir de 2015 par l’association Collectif Temporadas. Il tend à essaimer dans d’autres communes du Languedoc. Autour du Théâtre des Origines puis du Collectif, des artistes et « praticiens » locaux du patrimoine culturel immatériel (re)créent un rituel festif en puisant dans les traditions locales et universelles liées à la fête des morts dans une démarche de fête déambulatoire collective. Cet événement, à la frontière de la création théâtrale et du rituel collectif, s’inscrit dans les « Temporadas », cycle de fêtes saisonnières organisées par le Collectif Temporadas qui a pour objet « l’organisation des fêtes saisonnières de Pézenas par la mise en commun des savoirs, des pratiques, des recherches et des imaginaires liés à la notion de Patrimoine Culturel Immatériel ». Martror est le rituel le plus récent des Temporadas de Pézenas, longtemps ancré sur le cycle de Carnaval et de la Saint-Jean / solstice d'été.
Les différents moments des Temporadas peuvent rassembler plus d’un millier de participants dans des déambulations, scénographies participatives et rituels accomplis par les participants eux-mêmes. Le moment-fort de Martror consiste à adresser un message écrit à un disparu et qui est envoyé par l’ensemble des participants dans le ciel et la nuit. Un « chœur » de pleureuses accompagne ce geste particulièrement chargé d’émotion pour les participants-acteurs du rituel (Enquête Anne-Sophie Haeringer, 2013 : voir « Sources et documentation » ci-dessous).
En 2015, deux fêtes-rituels de Martror sont organisées en Languedoc :
- Pézenas : 7 novembre (organisé par l’association Collectif Temporadas qui a pour objet “l’organisation des fêtes saisonnières” de Pézenas par la mise en commun des savoirs, des pratiques, des recherches et des imaginaires liés à la notion de Patrimoine Culturel Immatériel.”)
- Puisserguier : 7 novembre, dans le cadre de la Fête de la soupe, Spectacle MARTROR "la Fèsta dels Mòrts" déambulation théâtralisée avec le théâtre des Origines (Après leur spectacle sur Bacchus à la Fête de l'Acabaire 2014, le Théâtre des Origines revient à Puisserguier pour une nouvelle déambulation théâtralisée. Martror est un spectacle rituel mis en rue, musique, chants, danse et théâtre où le marasme de la vie quotidienne laisse place à la joie et l'ivresse de renouer le partage avec ses morts ! )
Les chartes et actes et les textes littéraires en ancien occitan révèlent à quel point Martror représentait pour les hommes du Moyen Âge en Languedoc une borne calendaire importante, marquant le début de l’année :
- Un engagement de Roger II comte de Foix envers la vicomtesse Ermengarde et son fils Bernard-Aton du 22 avril 1095 indique que Roger II ne peut racheter ses domaines à son retour de la Croisade que « de martror en martror » (c’est-à-dire d’une fête de Toussaint à une autre).
- Guilhem de Tudèla, dans la Canso de la Crozada (au vers 5622) utilise la même expression « del un Martror al autre » (d’une Toussaint à l’autre, c’est-à-dire, dans la durée d’une année).
- Le troubadour Guillaume de Berguedan dans une Canso, fait également référence à Martor :
Luec del marit volgr’ieu un ser,
E‘l ser que dures de pascor
Entro la festa de Martror
(je voudrais la place du mari un soir, et que le soir durât du printemps jusqu’à la fête de la Toussaint).
Moment de l’échéance des rentes, du loyer des maisons ou encore du louage des domestiques, Martror constitue un repère calendaire pluriséculaire, marquant la fin d’un cycle et le commencement d’un autre. C’est aussi le moment des labours et des semences et la période où l’on prenait les exploitations en fermage, comme en attestent certaines expressions populaires :
« De Sant Miquèu a Martror i a un mes laborador » (De Saint-Michel à Martror, il y a un mois pour faire les labours)
Le terme « Martronada » désigne en occitan toute la période autour de ce marqueur calendaire qu’est Martror.
Appelé Miz Du, le « mois noir » en breton, novembre est un moment charnière de l’année, où les jours raccourcissent avant l’entrée dans l’hiver. C’est la période des fêtes de Samain dans la tradition irlandaise, fête la plus importante du calendrier celtique selon les moines irlandais qui la décrivent dans leurs écrits dès le VIIIe siècle comme une nuit de festivité grandiose et fantastique au cours de laquelle les ancêtres morts pouvaient se mêler aux vivants. Occasion de rencontre entre les mondes des morts et des vivants, où les ténèbres gagnent sur le soleil, le début du mois de novembre constitue un moment « hors du temps », comme l’indique Philippe Walter dans son article La Toussaint, Samain et Halloween : « La nuit du 1er au 2 novembre marquait, pour les anciens Celtes, le début d’une nouvelle année. Ils pensaient que cette nuit-là, les portes de l’autre monde étaient ouvertes. Ainsi, les vivants pouvaient impunément pénétrer dans l’au-delà, tandis que les revenants et les fées envahissaient pour un temps le monde des humains. Cet échange entre les deux mondes, cette circulation des âmes, marque les nombreuses légendes de la Toussaint. »
Comme pour de nombreuses fêtes chrétiennes, l'Église fit le choix d'intégrer les rites hérités des anciennes croyances et religions. La fête de tous les saints est instituée le 1er novembre dans la chrétienté latine entre le VIIIe siècle et le IXe siècle : en 737 le pape Grégoire III institue une fête de « tous les saints » qui ne pouvaient être fêtés dans l’année, mais c’est seulement en 837 que Louis le Pieux ordonne que cette fête de tous les saints soit célébrée le 1er novembre dans l’Empire carolingien (Gaule, Germanie). Ce n’est enfin qu’à la fin du Xe siècle que la « fête des morts » commence à être célébrée, le 2 novembre : « Pour le christianisme, les deux fêtes des saints et des morts sont bien distinctes mais, dans l’esprit populaire, la Toussaint et la Fête des Morts se confondent. Elles ne font que recouvrir les restes de la vieille fête celtique des revenants ou des fées. » (P. Walter)
- Dans les Pyrénées :
Isaure Gratacos qui a mené des enquêtes ethnologiques dans les Pyrénées, consacre un chapitre à la fête des morts dans son Calendrier Pyrénéen ; « Jusqu’en 1940, à l’église, dès le début de la messe de la Toussaint, chaque « maison » allumait son plec, édifié avec la fine chandelle de cire que l’on avait fait bénir à la Chandeleur et le laissait brûler pendant toute la cérémonie. En cette descente vers l’ombre de l’hiver et du domaine des morts, la flamme symbolique qui est à la fois le soleil et la vie, compense et exorcise ses contraires. »
Lors de ses enquêtes, Isaure Gratacos relève des rites d’offrandes qui peuvent être assimilés à l’action de nourrir et réchauffer des morts telle la pratique du « souquet », une bûche placée dans la cheminée et qui brûlera toute la nuit, tradition répandue sur tout le territoire Pyrénéen au moment de Martror.
Si assez peu de témoignages évoquent des offrandes alimentaires (19 sur 387 informateurs mais 58 récits au second degré), l'un des témoins de l'enquête dit que jusqu’en 1982 elle déposait sur deux assiettes posées devant le foyer « des noix, des châtaignes et même du fromage .» Contrainte d’arrêter « à cause des souris », elle continuait de mettre un « souquet » dans la cheminée afin qu’il brûle toute la nuit : « Les morts qui, pour une nuit, reviennent dans la Maison, apportent avec eux les forces vitales des profondeurs de la Terre-Mère et permettent ainsi à la vie de surface de continuer… Le retour des morts, dans la nuit du premier au deux novembre, est donc vécu comme un épisode de la vie, qu’elle soit celle des ancêtres ou celle des vivants. Si ceux-ci laissent sur la table le pain, la pomme ou le fromage, et s’ils font brûler la bûche c’est pour remercier les ancêtres à qui ils doivent la vie. Mais c’est aussi pour les aider et “réchauffer leur âme”. » (Isaure Gratacos)
Comme pour les autres fêtes religieuses marquées par des manifestations cérémonielles, il est interdit de travailler, Isaure Gratacos mentionne un autre interdit spécifique aux femmes relevé grâce ses enquêtes : faire la lessive et surtout de l’étendre.
- Vente pour les âmes en Rouergue :
Christian-Pierre BEDEL (dir.), Al canton : Sent Ginièis, Conseil général de l’Aveyron : Mission départementale de la Culture, 1993.
Certains matériaux de l’enquête, réalisés par Daniel Loddo, son consultable au CORDAE-La Talvera (Cordes-sur-Ciel) :
Enregistrement sur « Las enchèras » (Castelnau-de-Mandailles, 1993) : voir la référence sur le catalogue du CORDAE.
Enregistrement sur « la Pola un » (document écoutable en ligne) : voir la référence et écouter l'enregistrement sur le catalogue du CORDAE.
[Enquête Lucien Mazars] dans : Enquêtes folkloriques en Rouergue : 1900-1954, Mémoires de la Société des Lettres Sciences et Arts de l'Aveyron. - ; T. 17, 1958.
- Pratiques d’offrandes alimentaires dans les Pyrénées :
Isaure Gratacos, Calendrier pyrénéen : rites, coutumes et croyances dans la tradition orale en Comminges et Couserans, Toulouse, Privat, 1995.
- Martror, la fèsta dels mòrts, rituel festif à Pézenas :
[Enquête Anne-Sophie Haeringer sur le Théâtre des origines à Pézenas à l’occasion de Martror 2013 et 2014] dans : Jean-Louis Tornatore (dir.), Anne-Sophie Haeringer, La construction d’une ethnoscène : Théâtre et patrimoine culturel immatériel dans le monde occitan, Rapport de recherche : Centre Georges-Chevrier UMR 7366 CNRS Université de Bourgogne, CIRDÒC, 2015.
Claude ALRANQ, Martror : la fête des morts (conférence donnée à Pézenas à l’occasion de Martror 2014). En ligne sur Occitanica :
Consulter la version audio.
Autres ressources en ligne :
Voir toutes les ressources sur « Martror » disponibles sur Occitanica.
Le fonds Rochegude de la Bibliothèque municipale d’Albi porte le nom d’Henri Pascal de Rochegude, érudit et polygraphe qui a légué ses collections à la ville.
Il a collecté et copié les textes des troubadours et en a donné une édition critique dans deux ouvrages publiés en 1819 : le Parnasse occitanien et l’Essai de Glossaire occitanien pour servir à l'intelligence des poésies des troubadours. Par ses travaux, Rochegude entreprend la résurrection de la gloire littéraire occitane. Il se distingue surtout par une approche nouvelle, rigoureuse et méthodique qui diffère des compilations antérieures. L’ensemble de son œuvre publiée qui ne couvre qu’une partie de son travail de collectage, ouvre la voie à l’étude des textes et à la science naissante qui prendra le nom de philologie romane. François Just Marie Raynouard, l’un de ses correspondants, en deviendra le chef de file.
Henri-Pascal de Rochegude est né à Albi en 1741. À 16 ans il entre à l’École des gardes de la marine à Rochefort. Devenu officier de marine, il participe à une mission en Inde en 1768-1769 et à la deuxième expédition aux îles Kerguelen en 1773. Nommé lieutenant de vaisseau en 1778, il participe à la guerre d'Indépendance américaine. Élu député suppléant de la noblesse aux États généraux de 1789 pour la sénéchaussée de Carcassonne, il siège à la Constituante le 10 février 1790, puis à la Convention en 1792. Nommé contre-amiral en 1793, il est chargé de mission dans les ports français. À l'âge de 60 ans, il se retire à Albi pour se consacrer à la rédaction de ses ouvrages et aux études sur la langue d’oc qu’il poursuivra jusqu’à sa mort. Il se constitue une bibliothèque d’étude et de bibliophile qui révèle sa personnalité et ses goûts marqués pour les troubadours, la littérature romane et les textes anciens.
Il meurt à Albi le 16 mars 1834 léguant à sa ville natale une importante bibliothèque (12 400 volumes conservés aujourd’hui) qui constitue le fonds ancien de la bibliothèque municipale.
fonds clos
legs à la Bibliothèque de la ville d’Albi
Plusieurs manuscrits de Rochegude sont conservés à la Bibliothèque de l’Arsenal à Toulouse, issus de l'ancienne collection Frix Taillade.
Le fonds Rochegude contient les manuscrits de divers auteurs, réunis dans la bibliothèque de l’amiral, ainsi que ses notes et documents de travail.
Ces manuscrits concernent des recueils de textes de toute époque en langues romanes (français, occitan, catalan, italien, espagnol) collectés et copiés par Rochegude. Ils sont complétés par plusieurs études sur la langue des troubadours.
XVIIIe - XIXe siècle
Occitan (languedocien, provençal, gascon, limousin, auvergnat, vivaro-alpin)
Français
Catalan
Espagnol
Italien
Latin
Pour la partie occitane du fonds : 48 manuscrits
Manuscrits
L'ensemble du fonds Rochegude est placé sous la cote Roch, les manuscrits occitans se trouvent aux cotes : Roch. Ms 1 - Ms 24, Ms 27, Ms 38, Ms 93.
- Premier tome du parnasse occitanien de Henri de Pascal de Rochegude (Roch Ms 1)
- Second tome du parnasse occitanien de Henri de Pascal de Rochegude (Roch Ms 1 bis)
- Recueil de textes romans du Nord et du Midi (Roch Ms 2)
- Recueil des divers ouvrages des XIIIe et XIVe siècles (Roch Ms 4)
- Recueil de chansons et poésies modernes (Roch Ms 9 a)
- Tables incomplètes du manuscrit 9 a (Roch Ms 9 b)
- Le Parnasse occitanien, copie de travail n°1 (Roch Ms 10 a)
- Le Parnasse occitanien, copie de travail n°2 (Roch Ms 10 b)
- Le Parnasse occitanien, copie de travail n°3 (Roch Ms 10 c)
- Le Parnasse occitanien, copie de travail n°4 (Roch Ms 10 d)
- Le Parnasse occitanien, copie de travail n°5 (Roch Ms 11)
- Le parnasse occitanien, copie de travail n°6 (Roch Ms 12)
- Le Parnasse occitanien, copie de travail n°7 (Roch Ms 13)
- Pièces (occitaniennes) tirées des mss. de Ste Palaye (Roch Ms 14 a)
- Pièces tirées de Sainte-Palaye, seconde partie (Roch Ms 14 b)
- Pièces tirées de Sainte-Palaye, troisième partie (Roch Ms 14 c)
- Pièces tirées de Sainte-Palaye, quatrième partie (Roch Ms 14 d)
- Pièces tirées de Sainte-Palaye, cinquième partie (Roch Ms 14 e)
- Pièces tirées de Sainte-Palaye, sixième partie (Roch Ms 14 f)
- Pièces tirées de Sainte-Palaye, septième partie (Roch Ms 14 g)
- Pièces tirées de Sainte-Palaye, huitième partie (Roch Ms 14 h)
- Pièces tirées de Sainte-Palaye, neuvième partie (Roch Ms 14 i)
- Pièces tirées de Sainte-Palaye, dixième partie (Roch Ms 14 j)
- Extrait des Rasós de trobar (Roch Ms 15)
- Airs notés du manuscrit d'Urfé (Roch Ms 16)
- Additions et corrections au glossaire occitanien : aditions et corrections (Roch Ms 18 a)
- Additions et corrections au glossaire occitanien : mots à ajouter (Roch Ms 18 b)
- Mots extraits de Beda, partie 1 (Roch Ms 19 a)
- Mots extraits de Beda, partie 2 (Roch Ms 19 b)
- Mots tirés du dictionnaire de Sauvages (Roch Ms 19 c)
- Mots tirés du Nouveau testament (Roch Ms 19 d)
- Mots tirés d'Honorat de Lerins (Roch Ms 19 e)
- Glossaire non identifié (Roch Ms 19 f)
- Mots provençaux de l'histoire des albigeois, en vers, par de Tudele (Roch Ms 19 g)
- Glossaire des mots provençaux extraits des troubadours (Roch Ms 20 a)
- Mots absents du dictionnaire languedocien et celui de Sauvages (Roch Ms 20 b)
- Mots tirés du banquet d'Augié Gaillard (Roch Ms 20 c)
- A la fin des fables causides de La Fontaine en bers gascouns (Roch Ms 20 d)
- Dictionnaire méridional annoté par H. de Rochegude (Roch Ms 21)
- Vocabulaire languedocien et françois (Roch Ms 22)
- Brouillon du dictionnaire de rimes languedociennes (Roch Ms 23)
- Dictionnaire de rimes languedociennes (Roch Ms 24)
- Glossaire des troubadours (Roch Ms 27)
- Recueil de textes et de mots romans (Roch Ms 38)
- Las quatre fis de l'home mésos daban sous els per lou counberti à Diu de Jean Calvel (Roch Ms 93)
- Dates extrêmes:
XIXe siècle
- Identiffiant du fonds
- Instruments de recherche disponibles
Répertoire numérique dactylographié, par Martin de Framond, 2009.
- Dates extrêmes:
1911-1933
- Importance matérielle :
3 ml
- Supports représentés :
monographies imprimées, périodiques, manuscrits, documents iconographiques
- Accroissement :
Fonds clos
La course camarguaise est un sport traditionnel notamment pratiqué dans le Gard et l'Hérault où les participants tentent d'attraper des attributs primés fixés à la base des cornes d'un taureau Camargue. A l’instar de la course landaise, elle ne nécessite pas de mise à mort de l’animal, un boeuf de race Camargue. Bien distincte des autres activités tauromachiques, ce sport fait pleinement partie du patrimoine et des traditions provençales.
La course camarguaise bénéficie depuis quelques années d'un dynamisme spectaculaire, ainsi plus de 900 courses sont organisées chaque année, du mois de mars à novembre, sur l'ensemble de son aire de pratique qui comprend l'Hérault, le Gard, les Bouches-du-Rhône ainsi que le Vaucluse. Toutes les courses se déroulent toujours sur le même schéma, dans le respect des règles traditionnelles.
La course commence par une capelada, où les participants à la course, les raseteurs, entrent dans l'arène pour saluer le public. L'entrée se fait toujours sur l'air d'ouverture de Carmen de Georges Bizet (1838-1875). Une sonnerie de trompette jouant l'èr di biòu retentit alors pour annoncer l'arrivée du taureau dans l'arène. De forme circulaire, l'arène est entourée de barrières au-dessus desquelles les raseteurs doivent pouvoir bondir pour échapper à la poursuite du taureau. Une seconde sonnerie se fait entendre : elle annonce le début de la course.
Pendant quinze minutes environ les raseteurs vont alors tenter de décrocher les attributs fixés à la base de des cornes ou sur le dos du taureau : cocarde, glands et ficelles qui doivent être décrochés dans cet ordre. Chaque attribut décroché rapporte un nombre de points déterminé au raseteur.
En marge de la course, l'abrivada et la bandida sont incontournables. L'abrivada désigne l'arrivée des taureaux dans l'arène, accompagnés depuis les champs par les gardians de la manade à cheval. En fin de course, lors de la bandida, les taureaux sont ramenés aux prés dans les mêmes conditions. Des attrapaires suivent le cortège cherchant à immobiliser les taureaux ou les faire échapper dans les rues.
Si l'on retrouve trace d'activités tauromachiques dès l'Antiquité, les premières mentions de course camarguaise remontent à 1402 avec l'organisation d'une course de taureau à Arles donnée en l'honneur de Louis II, comte de Provence. Les courses taurines ont continué à être pratiquées dans les villes et villages, lors des fêtes. Tous les volontaires étaient alors autorisés à participer et à faire acte de bravoure en allant décrocher des récompenses fixées sur les taureaux lâchés dans les rues de la ville ou du village.
Les taureaux autrefois lâchés dans les villes et villages reviennent dans les arènes, les fleurs et foulards fixés sur le taureau sont remplacés par des cocardes, des primes sont créées pour celui qui ira décrocher l'attribut, enfin les jeunes participants aux courses s'habillent de blanc et deviennent raseteurs : la course camarguaise était née.
Il faudra attendre 1975 pour que naisse la Fédération Française de la Course Camarguaise qui règlemente aujourd'hui l'ensemble des courses.
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Fédération Française de la course camarguaise
La Fédération française de la course camarguaise (FFCC) est une association française loi de 1901 fondée le 2 septembre 1975 organisant les trophées taurins. La fédération est agréée par le Ministère de la jeunesse, des sports et de la vie associative français depuis décembre 2004. La fédération recense 2 865 licenciés en 2012.
Consulter le site de la FFCC
De nombreux mots du lexique ne sont pas traduits ou ne rendent pas leur valeur d'origine. Certains ne sont pas traduits et simplement prononcés « à la française ».
Abrivado ou abrivada : littéralement élan, hâte. Traduit par « arrivée » ou employé tel quel dans l'usage moderne.
Bandido ou bandida : retour des taureaux aux prés après la course. Littéralement bannir, exiler.
Capelado ou capelada : salut, littéralement « coup de chapeau »
Èr di biòu : air des taureaux
Manado ou manada : troupeau
Les sports traditionnels ont fait l'objet d'un projet d'inventaire dans le cadre de la convention de 2003 de l'Unesco sur le patrimoine culturel immatériel. Une fiche d'inventaire complète sur la course camarguaise est téléchargeable sur le site du Ministère de la Culture et de la Communication
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