Le Dels Auzels cassadors du troubadour rouergat Daude de Pradas est une œuvre unique dans le corpus de l’écrit occitan du Moyen Âge. Ce traité de fauconnerie en occitan de 3792 vers octosyllabes, composé avant 1248 reprend plusieurs traités de fauconnerie bien connus. Son caractère unique au sein du corpus occitan - seul traité de ce genre qui nous soit parvenu - en fait un document particulièrement intéressant pour l’histoire des mœurs aristocratiques, mais surtout pour le vocabulaire de la fauconnerie grâce aux descriptions très détaillées des oiseaux qu’il contient. [imatge id=20322]
On connaît cinq copies manuscrites du Dels Auzels cassadors, dont une copie moderne :
Les différentes versions de la vida de Daude de Pradas (présentes dans les chansonniers A, B, I et K) nous disent qu’il est originaire du Rouergue, d’un bourg nommé Pradas, près de Rodez - sans doute l'actuel Prades-Salars. Si aucune source historique ne confirme son titre de chanoine de Maguelonne, l’auteur de sa vida note que Daude « savait beaucoup de la nature des oiseaux de chasse ». De ce troubadour qui vécut au cours des trois premiers tiers du XIIIe siècle il est à noter qu’aux côtés des poésies lyriques qui nous sont parvenues, il se distingue par la composition de deux textes didactiques, le Dels Auzels cassadors ainsi qu’un poème sur les Quatre vertus cardinales dédié à Étienne de Chalençon, évêque du Puy de 1220 à 1231.
C’est vers le XIIe siècle qu’apparaissent les premiers véritables traités de fauconnerie, dont la pratique constitue un élément central de la culture aristocratique médiévale. Ces traités, alors encore en latin, enseignent les moyens de dresser les faucons, et surtout les remèdes pour soigner les maladies diverses auxquelles le rapace est sujet. C'est au cours du XIIIe siècle que ces traités passent dans le domaine des langues vernaculaires. Pour le domaine occitan, le Dels Auzels cassadors de Daude de Pradas est le seul témoin que l’on connaisse. Il faut attendre le XVe siècle pour trouver deux nouvelles séries de recettes vétérinaires pour soigner les faucons, dont l’une est copiée à la suite du traité de Daude (BnF, ms. NAF 4506)1. Le traité de Daude de Pradas demeure remarquable pour ses descriptions minutieuses des oiseaux.
En un peu plus de 400 vers, Daude de Pradas se consacre d'abord à la description des oiseaux de proie employés à la chasse. Au chapitre XIV, il déclare qu’il y aurait sept « linhatges » de faucons, qu’il décrit dans les sept chapitres suivants, du « plus vilain » au « meilleur de tous » : le « lanier », le « pelegri », le « montari », le « gruër ho gentil », le « guirfals », le « surpunic » et le « britan ». Dans une seconde partie (v. 547-1961), Daude de Pradas traite de l’entretien et du dressage des oiseaux de chasse, et termine son traité par la classique partie vétérinaire, à savoir les remèdes contre les maladies des oiseaux ( v. 1968-3734).
Le traité de Daude de Pradas n’est pas une œuvre originale mais une compilation de plusieurs traités antérieurs en latin, « traduits et réordonnés en une suite thématiquement bien agencée »2 même si les sources ne sont pas explicitement mentionnées par l’auteur. Les spécialistes ont identifié quatre sources différentes au Dels Auzels cassadors : l’Alexander medicus, le Grisofus medicus, le Gerardus falconarius et le De cura accipitrum d’Adelard de Bath.
Dafydd Evans a signalé qu’un manuscrit du Clare College (Cambridge n° 15) contient ces quatre sources : « il me semble indiscutable que Daude a connu un manuscrit ayant de fortes ressemblances avec le manuscrit de Clare College, qui est le seul à contenir toutes les sources du traité provençal. »3
- Les auzels cassadors, poème provençal de Daude de Pradas ; publié avec une introduction par Dr. Sachs, Ire partie, dans Brandeburg, Wiesike'sche Buchdruckerei, 1865, 32 p.
Consulter sur Occitanica : http://www.occitanica.eu/omeka/items/show/12727
- The romance of Daude de Pradas called Dels Auzels Cassadors : edited with introduction, summary, notes and glossary by Alexander Herman Schutz. Columbus, The Ohio State university press, 1945 (contributions in Languages and Literature, n° 11, Romance Language Series)
Nouvelle édition, faite à partir du ms. BAV Barb.lat. 4087. C'est l'édition qui fait encore référence.
↑1. On trouve une série de recettes vétérinaires en occitan dans un manuscrit picard de la fin du XIVe siècle (BnF, ms. NAF 18800) qui contient la plus ancienne traduction française du De falconibus d’Albert le Grand (f. 1–46). Ce traité contient une traduction occitane des noms de maladie (f. 26-44v) et des recettes vétérinaires en occitan d’une écriture du XVe siècle (f. 46v-48).
↑2. SMETS, An et VAN DEN ABEELE, Baudouin « Manuscrits et traités de chasse français du Moyen âge. Recensement et perspectives de recherche », Romania, 1998, 116, 3-4.
↑3. EVANS, Dafydd « Le traité de fauconnerie en vers provençaux : Dels auzels cassadors, son intérêt culturel », dans La chasse au moyen âge : actes du colloque de Nice, 22-24 juin 1979 / [organisé par le] Centre d'études médiévales de Nice. Paris : Les Belles lettres, 1980, p. 9-17.La « Balaguèra » c’est le vent du sud, le vent chaud qui passe par-dessus les Pyrénées et accompagne les transhumances en Béarn. C’est le nom que s’est choisi ce groupe de chanteurs béarnais qui font vivre le répertoire de chant polyphonique des Pyrénées gasconnes, trésor du patrimoine oral et vivant d’expression occitane, inscrit à l’inventaire national du Patrimoine culturel immatériel.
Créé en 1998, Balaguèra chante l'amour en cercle parfait, comme le veut la tradition. Leur amitié, leur communion polyphonique est scellée dans l'or du Jurançon, le vin fétiche du Béarn mûri par le vent chaud d'Espagne, cette Balaguèra qui accompagne la transhumance
de septembre, pousse dans la mêlée paloise et fait s'envoler les ailiers dans un essai de 80 mètres. Ce vent chaud qui tourbillonne, assèche les gorges et rend les filles folles, les conduit à faire connaître et partager la polyphonie héritée de leurs ancêtres.
Basses
Jean-Michel Rocabert, Jean-Jacques Casteret
Moyennes
Florent Zecchin, Stéphan Fauré, Christophe Finestre, Jean-Brice Brana
Hautes
Jean-Luc Casteret, Pierre Camet-Lassale
Balaguèra se produit dans de nombreux festivals en France et à l’étranger. Le groupe a enregistré plusieurs albums.
Le For général, rédigé en gascon, langue de l’État pyrénéen, est promulgué le 27 novembre 1552. Immédiatement imprimé – c'est d'ailleurs le premier livre imprimé à Pau – et largement diffusé.
Il s'agit des premières lois béarnaises qui constituent un des premiers exemple de justice et de démocratie locale du royaume.
Cette édition a été imprimée à Pau en 1682 par Joan Desbaratz.
Elle est aujourd'hui conservée à la Bibliothèque de l'Université Complutense de Madrid
Disponible sur Rosalis, la Bibliothèque numérique patrimoniale de Toulouse
Le Stil de justice est un recueil de textes de droit qui fournit l'organisation de la procédure judiciaire, visant à mieux sauvegarder les droits de la défense dans les procès criminels. L’utilisation du béarnais y est obligatoire.
Lo Doctrinal de la sapiensa fait partie avec le Traité du Rosaire des deux seuls incunables connus en langue d’oc qui concernent le domaine religieux.
L’exemplaire présenté ici est celui de la Réserve des livres rares de la Bibliothèque nationale de France, il est sorti des presses toulousaines d’Henri Mayer en 1494.
Lo Doctrinal de la sapiensa est un texte d’instruction religieuse à destination des prêtres et des laïcs.
Il « se présente comme un catalogue de connaissances religieuses exposées dans une langue particulièrement claire et dans un ordre rigoureux… C’est à la fois un abrégé de la foi, un traité de morale, un guide pour les curés et un livre de dévotion… Le titre du Doctrinal fait référence à la religion populaire, du moins à celle du laïc et des prêtres les moins instruits »
(Frédéric Duval, Lectures française de la fin du Moyen âge, p. 97-100).
Le choix linguistique s’explique ici par la fonction didactique du livre, qui est à destination des prêtres ou des lecteurs ne lisant ni le latin, ni le français.
Lo Doctrinal de sapiensa est une traduction du Doctrinal aux simples gens ou Doctrinal de sapience, rédigé avant 1370 et attribué à Guy de Roye, archevêque de Sens et de Reims. Ce dernier ouvrage n’étant lui-même que la traduction française d’un texte latin composé en 1388 intitulé Doctrinale sapientiœ.
Il existerait une autre édition faite à Rodez après 1530 par les soins du cardinal d’Armagnac, d’après l’abbé Vayssier (J.B Noulet, « Un texte roman de la légende religieuse, l’ange et l’ermite », Revue des langues romanes, t. XVIII, 1880, p. 261-262).
Monsieur de Pourceaugnac est une pièce de Molière écrite en 1669 introduisant le genre de la comédie-ballet. C’est l’une des quatre pièces produites pour la cour du roi Louis XIV qui présente la particularité de mettre en scène des personnages s'exprimant en de nombreuses langues dont l’occitan. Dans l’acte II c’est le personnage de Lucette, une habitante de Pézenas, qui intervient en occitan (scène 7 et scène 8).
Molière connaissait le Languedoc pour y avoir séjourné du temps où il dirigeait les tournées de sa troupe ambulante. En 1656, il donne des représentations à Béziers lors de la réunion des États du Languedoc que préside le prince de Conti son protecteur. C’est dans ces circonstances qu’est créé Le Dépit amoureux joué pour la première fois le 19 novembre 1656 à Béziers avant d’être présenté à Paris et d’ouvrir véritablement la carrière de Molière.
Monsieur de Pourceaugnac est une pièce qui met en scène deux jeunes amants, Julie et Éraste, dont les projets de mariage sont contrariés par le père de cette dernière, Oronte, qui envisage de marier sa fille avec un bourgeois limousin : monsieur de Pourceaugnac. Les deux jeunes gens mettront alors tout en œuvre afin de contrecarrer les projets d’Oronte et finalement chasser monsieur de Pourceaugnac.
Deux genres théâtraux majeurs sont alors en cohabitation dans le sud de la France, bien loin des considérations parisiennes. D’un coté, un théâtre religieux d’origine médiévale et de l’autre, émerge le théâtre baroque, composant essentiel de la Renaissance littéraire occitane débuté au cours du XVIe siècle.
Molière, Monsieur de Pourceaugnac, la Comtesse d'Escarbagnas : comédies. Avec une notice biographique, une notice historique et littéraire, des notes explicatives par Léon Lejealle, Paris : Larousse, 1958.
J.M. Pelous, « Monsieur de Pourceaugnac, un provincial dans le théâtre de Molière » publié dans : Etudes sur Pézenas et sa région, n°3, 1973, p.19-26.
Jacqueline Marty, « Quelques emprunts de Molière au Théâtre de Béziers : Le canevas de Monsieur de Pourceaugnac », publié dans : Revue des langues romanes, n° 1, 1975, p. 43-66.
Molière, L'Amour médecin ; Le Médecin malgré lui ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Fourberies de Scapin ; texte établi, présenté et annoté par Georges Couton. Paris : Gallimard, 1978.
Patrick Sauzet et Guylaine Brun-Trigaud, « La Lucette de Monsieur de Pouceaugnac : « feinte Gasconne », vrai occitan / », publié dans : Français et langues de France dans le théâtre du XVIIe siècle / sous la direction de Bénédicte Louvat-Molozay, Paris : Presses universitaires du Midi, 2015, p. 107-134.
Philippe Martel, « Éditer et commenter le « patois » de Monsieur de Pouceaugnac : promenade au fil des éditions » publié dans : Français et langues de France dans le théâtre du XVIIe siècle / sous la direction de Bénédicte Louvat-Molozay, Paris : Presses universitaires du Midi, 2015, p. 149-161.
Céline Paringaux, « Monsieur de Pouceaugnac, acte II, scènes 7 et 8 : deux scènes occitanes dans un théâtre des langues », publié dans : Français et langues de France dans le théâtre du XVIIe siècle / sous la direction de Bénédicte Louvat-Molozay, Paris : Presses universitaires du Midi, 2015, p. 93-105.