Résumé
L’écrit politique en occitan en Gironde (1860-1914) propose une analyse des usages non-littéraires de l’occitan en Gironde entre 1868 et 1914, essentiellement dans et autour de la presse. Le projet est servi par l’existence d’un imposant corpus d’articles, billets, chansons et poèmes en langue d’oc, parus au cours de cette période au sein de divers organes de presse girondins. Il s’agit d’un occitan dit « de connivence » utilisé à des fins politiques : il s’agit pour les auteurs de toucher les masses d’électeurs issus des milieux ruraux, qui ne maîtrisent pas encore, pour la majorité, le français.
Cette étude a permis de mettre en lumière un pan quasiment inexploré du monde de l’édition bordelaise du XIXe siècle : l’écrit politique d’expression occitane. S’intégrant à des pratiques langagières occitanes antérieures propres à Bordeaux, il a su se renouveler jusqu’à rejoindre les marges du mouvement renaissantiste occitan, par ailleurs quasi-inexistant en Bordelais à cette époque. Dévoilant l’intérêt pour les milieux politiques d’utiliser l’idiome minoritaire jusque dans l’agglomération bordelaise, cet écrit nous permet de toucher du doigt une réalité sociolinguistique encore mal connue, dans laquelle la conscientisation des masses dans le projet républicain (ou pour s’y opposer) passe par l’usage de l’occitan.
Enfin, l’auteur compare ce corpus à ceux étudiés pour les autres espaces occitans, et se propose de chercher des éléments de convergence dans l’usage de la langue, voire plus largement des langues minoritaires, dans le champ de la presse politique aux XIXe et XXe siècles.
Table des matières
Introduction
1- La Presse et l’occitan à Bordeaux à la fin des années 1860
2- Un journal de combat : La Cadichounne (1877)
3- Le national et le local : La Presse des Échelles (1880-1914)
4- Le pamphlet politique occitan en Gironde (1868-1884)
Conclusion, annexes et bibliographie
Mémoire d'étude en italien sur l'œuvre de l'écrivain Jean Boudou réalisé dans le cadre du Corso di Laurea Magistrale in Culture e tradizioni del Medioevo e del Rinascimento (Università degli Studi di Ferrara) sous la direction de Monica Longobardi.
Mémoire de Master I mention Linguistique et dialectologie soutenu par Nicolas Biolay à l'Université Jean Moulin Lyon III sous la direction de Francis MANZANO en 2015.
Depuis sa création en 1992, la Charte Européenne des Langues Régionales a pour objectif de « Sauvegarder et promouvoir la richesse et la diversité du patrimoine culturel de l’Europe »1. Cette décision de la communauté européenne de vouloir préserver ses richesses immatérielles, et dans ce cas précis en matière de langue, découle d’une histoire tourmentée en Europe tant au niveau linguistique que historique. Les deux langues dont il est question dans ce mémoire, le catalan et l’occitan ou langue d’oc, sont deux langues néolatines qui partagent une histoire commune avec le français, l’espagnol, l’italien, le portugais et le roumain. Cependant, leurs destins divergent, dans le sens où elles ne sont pas des langues officielles d’états nations tels que peuvent l’être l’espagnol et le français. Cela implique des différences d’usages, de stabilité du système linguistique et même de perception.
Le catalan et l’occitan présentent des caractéristiques qui les rapprochent, sur le triple plan morphosyntaxique, phonologique et lexical, et elles ont évolué ensemble pendant des siècles. Aujourd’hui, l’une est parlée et revendiquée par un peuple qui tente de construire sa propre nation, tandis que la seconde souffre de sa propre image, bien qu’améliorée par l’action des militants qui la défendent, et surtout d’une reconnaissance moindre de la part du gouvernement central.
Dans une dynamique européenne, mais surtout face à un monde de plus en plus globalisé et polarisé, les langues catalane et occitane auraient tout intérêt à défendre leurs intérêts communs et à unir leurs forces, comme elles ont pu le faire dans le passé. La question que nous nous poserons dans ce mémoire est celle de la dynamique qui anime ces communautés linguistiques et « l’instinct de survie » dont elles font preuve. Leurs origines et histoire si étroitement liées sont-elles suffisantes pour tisser des liens socio-économiques et culturels de premier plan? La volonté des « ethnies linguistiques » dont parle Pierre Bec2 a-t-elle ou auratelle raison de la menace de la pensée unique critiquée par Claude Hagège ?
Il sera intéressant et inévitable de constater quelles sont les inégalités et ressemblances qui caractérisent ces deux espaces linguistiques à la lumière de leur développement respectif à travers l’histoire, ainsi que de voir quelles sont les caractéristiques propres à ces deux langues.
[Introduction de Nicolas Biolay, p. 3]