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ADECC
Cette étude sur le hautbois du Couserans réunit pour la première fois chercheurs, musiciens et passionnés afin de mettre en commun et de faire partager les connaissances sur ce qu'était et ce qu'est aujourd'hui l'aboès.
Des sources écrites aux témoignages oraux, l'ouvrage redessine les différentes facettes de l'objet.
Instrument de musique et de médiation d'un territoire, acteur d'une histoire, témoin d'un mode de vie, il traverse les décennies et regarde passer les modes.
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Casanova, Jean-Yves
Malgré des tentatives anciennes et récentes, notamment celles de Marcel Carrières, Charles Camproux, Philippe Gardy et Emmanuel Desiles, l’histoire des premiers romans écrits en langue d’oc, du moins en prose, n’a pas été vraiment analysée dans sa globalité, son étendue géographique et sa chronologie. Ce présent volume tente de remédier à ce manque en mettant en perspective les différents romans en langue d’oc parus de 1840 à 1930. La première date correspond à l’apparition du genre en ce XIXe siècle, textes imprimés en volume, en diverses livraisons, sous forme de roman-feuilleton, ou même restés manuscrits ; cette date d’ouverture se réfère à celui de Garcin, La Roubinsouno prouvençalo, premier opus du genre. La date limite est celle des années qui suivirent la parution de La Bèstio dóu Vacarés de Joseph d’Arbaud, tentative exemplaire de constitution d’une langue romanesque remarquable. La présente étude comporte un corpus de plus d’une cinquantaine de romans, certains connus, d’autres peu étudiés, d’autres encore inconnus, restés manuscrits ou publiés dans des périodiques peu accessibles, comme Estève de Valèri Bernard ou les romans toulousains parus dans Lé Gril. Ce travail se concentre donc sur cette mise en perspective chronologique, tout en donnant de ces romans un large aperçu analytique et sociologique afin qu’ils puissent être replacés dans un mouvement plus large. Enfin, ce travail pose une série de questions sur la définition du genre, sa socialisation, sa permanence ou son absence dans l’histoire de la littérature d’oc, le lectorat qui y est afférent, puis tente une comparaison avec des situations semblables, celles de l’émergence des romans catalans, corses et bretons.
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Marsal, Édouard
Édouard Marsal (Montpellier, 1845-1929) est connu comme peintre et illustrateur, mais aussi comme félibre, défenseur convaincu de la langue d'oc. Son ouvrage Dans les rues du Clapas, publié en 1896, rassemble cinquante portraits en mots et en images du petit peuple montpelliérain : marchands et marchandes des rues (de vin, de vinaigre, de salade sauvage, d'escargots, de lait d'ânesse, chèvre ou vache, de mercerie, de tripes, de journaux, de beignets, de bonbons.), rémouleur, récureuse, cardeur, bouilleur de cru, décrotteur de chaussures, mais aussi marginaux à la fois comiques et tragiques (simples d'esprits, vagabonds, ivrognes). Un Montpellier populaire et disparu, le Clapas d'autrefois, s'anime sous nos yeux de tous ces gagne-petit, de ces gens de peu qui sont l'âme même de la ville et que Marsal fait parler, avec tous leurs cris de métier, dans la seule langue qu'ils connaissent, l'occitan. À chacune des 50 gravures répond une photo actuelle du site où figure le personnage, prise exactement dans la perspective du dessin et permettant ainsi de mesurer la permanence et les mutations de Montpellier. Une carte des divers endroits dessinés invite à visiter la ville d'une autre façon, sur les pas d'Édouard Marsal, un guide plein d'humour et de tendresse pour ces vies minuscules. Œuvre artistique et littéraire en même temps que document irremplaçable.

Transcription en graphie classique, traduction et photographies de Pascal Wagner.
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Lesfargues, Bernard
La poésie occitane est, à l’heure actuelle, la plus ancienne des poésies vivantes. Celle de Bernard Lesfargues, dont nous commémorons cette année le centenaire de la naissance, est reconnue riche, vivante, contemporaine, de haute qualité. En rendant compte de tout ce qui est humain, elle nous réconforte. Nous lui avons souvent entendu dire que son rapport à sa langue d’écriture était bien différent suivant qu’il s’agissait de l’occitan ou du français. Pour lui, l’occitan était naturel, intime, viscéral, il venait du plus profond de son être. Pour ce florilège, il a opté pour un mélange de poèmes anciens et récents. Nous trouvons dans cet ouvrage un résumé parfait des principaux thèmes chers à Bernard.

Pour le CD, en associant, pour la partie française, son épouse Michèle et leur amie Béatrice Becquet – toutes deux à la diction parfaite –, il était sûr de sa réussite. Et que dire de l’intense émotion qui émane, en entendant la voix de Monique Burg, associée à celle de Bernard, dire des textes, qui, nous le savons, lui étaient très chers. La présence de Maurice Moncozet, spécialiste de musique médiévale, complète le lien explicite entre l’oeuvre du poète du XXe siècle et celle des Troubadours, dont il était un fervent admirateur.

« Poèmas, Poèmes », un livre + CD de 42 textes en occitan et en français, avec un bonus « Can vei la lauzeta mover... » de Bernard de Ventadour, retrouvé par Maurice Moncozet.
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Roanet, Maria
Voici le voyage extraordinaire d’un très vieux capitaine, lo Capitani Campani. Figurez-vous qu’il est âgé de plus de 400 ans ! Après avoir bourlingué sur toutes les mers et sur tous les océans, il touche terre et se retire dans son monde et dans celui de ses rêves. Un très beau texte de Marie Rouanet, un conte onirique qui plaira aux enfants comme aux adultes.

Dessins de Cl. Foenet.
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CIRDOC - Institut occitan de cultura
Romain Diant - Studio Asensò (graphisme)
Perrine Alsina (trad.)
Sèrgi Javaloyès (trad.)
[Bilan de l'année]

Retour sur une année riche en actions culturelles et patrimoniales.  

Fort de ses deux labels, Collections d’Excellence et Ethnopôle, le CIRDOC - Institut Occitan de Cultura a poursuivi en 2023 le développement de son action dans tous les domaines d’intervention définis par son projet scientifique, culturel, éducatif et social et confirmé son rôle de chef de file en matière de coopération territoriale par la coordination d’opérations patrimoniales, de lecture publique et d’ingénierie culturelle de grande envergure. D’une part l’engagement dans les commémorations des centenaires Robert Lafont et Bernard
Manciet a illustré la pertinence du niveau interrégional dans la
co-construction d’un programme cohérent et projetable à l’échelle, plus large, de l’espace occitan.

D’autre part, le succès du projet montpelliérain Martror. L’Esprit des lieux, avec la participation de centaines d’élèves et collègiens de la ville, a démontré la capacité de l'établissement à renouveler ses formats à la dimension d’une métropole.

Enfin, la co-organisation à Pau de la clôture du programme européen LIVHES en présence de Tim Curtis, Secrétaire de la convention de l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, a témoigné du niveau de reconnaissance
acquis sur le sujet auprès d’institutions prescriptrices.

Le CIRDOC - Institut Occitan de Cultura n’en poursuit pas moins une politique de site avec la progression de ses coopérations locales en relation avec ses deux équipements, la Mediatèca à Béziers et l’Espaci Lecturas e Descobèrtas à Pau. La valorisation de collections occitanes et la promotion de la lecture publique bilingue s’enrichit d’initiatives de proximité, en lien avec les associations, institutions et collectivités, permettant à la fois de structurer les publics et soutenir les
acteurs culturels. À titre d’exemple, la collaboration avec les conservatoires des deux villes contribue à élargir les réseaux locaux, renouveler les formes de médiation et inspirer les
propositions d’éducation artistique et culturelle en relation avec les différents partenaires académiques.

Une année à redécouvrir grâce au Rapport d'activité 2023, disponible ici. 
 
Création visuelle Asensò / Romain Diant.
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Delphine Lafon
Émilie Esquerré

Le spectacle


Présentation

2 présences,
Une ancienne, une moins.
Une dans ce monde, une dans un autre.

L'une parle Occitan, l'autre Français.
Et puis il y a une autre voix, plus jeune,
qui mêle ces deux langues sans se poser de question.
Car la question n'est pas là.

L'une et l'autre chantent,
arpentent et revisitent un territoire
inscrit dans les corps
au fil du temps.

Un mélange de langages,
oral, non-verbal, musical,
échange gourmand,
bataille espiègle.

Tisser un lien, éprouver sa résistance et sa souplesse.
Ouvrir une voie pour se comprendre,
s'entendre d'une rive à l'autre du ruisseau,
d'un versant à l'autre de la montagne
ou de la vie.


LE POINT DE DÉPART DE LA CRÉATION

Ce serait quoi une spectacle jeune public d'essence patrimoniale ?

Spontanément j'ai eu envie de répondre dans la langue maternelle de mes grands-parents : le Patois, qui m'a enveloppée, bercée, imprégnée, qui raconte les noms des lieux, des familles, des usages. Un jour j'ai su qu'il s'appelle aussi Occitan.

Enfant, on ne me l'a pas transmis activement. Et pourtant, adulte, il a suffi de peu pour qu'il ressurgisse, jaillisse et irrigue de nombreux pans de ma vie de comédienne.

Alors, a germé le désir de questionner d'une part ce qui fait racines et d'autre part la transmission inter et intrafamiliale. Qu'est-ce qu'on transmet volontairement ? Qu'est-ce qu'on choisit de ne pas transmettre ? Qu'est-ce qui nous échappe et qu'on transmet sans vouloir ? Tout naturellement, est apparue la question du lien.

Comment en 2024 se tissent les relations entre les générations ? Comment les entretient-on ? Est-ce que ce sont des liens visibles ? À quel point sont-ils résistants ?

À la source, il y a ma grand-mère maternelle. Auprès d'elle j'ai puisé le terreau premier, fait d'anecdotes familiales (petites histoires dans la grande), de contes, de vire-langues, de cartographie mentale…

Cette matière première, inspirée de mes racines, a été amendée, enrichie, tordue et détournée par Emilie Esquerré qui l'a fait basculer du côté de la fiction. Le récit intime est devenu universel, prêt à être partagé.

Tissée avec du fil de joie sauvage, pour moi, cette création n'a de sens que si elle est l'occasion de faire circuler la langue Occitane, comme on fait circuler la balle, sans se poser de question, pour que le jeu continue !

Delphine Lafon


NOTE D’INTENTION DE LA METTEUSE EN SCENE

J’aime parler de « moi », j’aime utiliser le réel, l’intime, parce que je crois que chacun a un soi à construire, un ego avec lequel vivre. Le mien est différent du tien. En proclamant mes doutes, mes différences, je laisse la possibilité à l’autre de ne pas être comme moi. Ma culture, ma mamie laisse place aux autres traditions, aux autres grands parents.

J’aime l’idée de donner cela à des enfants et de leur renvoyer la question : comment est ta mamie ? quelle chanson tu connais ? danses-tu ? et avec leur oui, leur non, leur histoire, on fabrique un monde, on accepte les vieux des autres et leur culture.

Le plaisir est ce que je souhaiterais partager. J’ai plaisir à jouer, chanter et danser avec Delphine avec qui je partage une culture et des émotions. Ce serait ma direction artistique sur ce projet : la joie qui fait commun.

Emilie Esquerré



Un spectacle Jeune Public à partir de 6 ans, bilingue Occitan-Français. 

Une création d'essence matrimoniale portée par UGUGU, collectif bordelais mettant en résonance la Langue et la Culture Occitanes.

Une création Jeune Public 2024 soutenue par le dispositif Garage Résidence, coordonné par le CRMTL.

Equipe artistique

Impulsion, matière première & jeu Delphine Lafon

Écriture, mise scène & jeu Emilie Esquerré

Regard extérieur, scénographie Kristof Hiriart

Voix Léonie Laurent

Conseil & arrangements musicaux Marie Anne Mazeau

Costumes Garland Newman

Accompagnement technique global Benoît Lepage

© Crédit photos Nicolas Godin


FICHE TECHNIQUE 



Le dispositif scénique et le rapport au public

Au fond : deux fils à linge. Le vent a fait voler draps, torchons et chaussettes... il y en a un peu partout sur l'espace de jeu.

Ici : une crinoline perchée. Une lampe ? Un parachute ? Une cabane ?
Là : un îlot pour se mettre à l'ouvrage. Boîte à couture, système son sommaire, papier et crayons.

Un dispositif scénographique volontairement épuré et tous terrains, permettant de jouer dans des lieux variés, pas forcément dédiés au spectacle.

Ce spectacle s'adresse en priorité à des enfants de 6 à 10 ans. À cet âge-là, ils ont déjà l'usage d'une ou plusieurs langues et sont en mesure de faire des ponts avec un nouvel idiome. Faire sonner pour eux des chants et contes en occitan permettra d'aiguiser leur perception et leur ouverture à d'autres sonorités, d'autres références culturelles.

Nous espérons attiser leur gourmandise pour les échanges intergénérationnels et les aider à prendre conscience de la richesse que représentent leurs racines & le métissage.

De quala lenha te calfas ? De qual arbre davali ? De quala esséncia sèm constituits.idas ?

Durée : 40 minutes

Jauge minimum: 20 personnes

Jauge maximum : 100 personnes (selon configuration)

Fiche technique sur demande


Contact :

Contact Artistique : Delphine Lafon / 06 63 36 35 28 / ugugu.asso.33@gmail.com

Contact Technique : Benoît Lepage / 06 81 42 45 96 / superbenouite@gmail.com

Collectiu UGUGU – 06 63 36 35 28 – ugugu.asso.33@gmail.com

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Fraj, Eric
Lafont Robert
Éric Fraj chante Robert Lafont

Livre-CD

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Hurtado Ròs, Sandra
Zuchetto, Gérard
Poèmes en occitan et en castillan, avec traduction en français.

In memoriam Max Rouquette

Livre-CD

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Loi Deixonne : les régionalismes entrent à Paris
Florian Bart

On attendait de la poussière et on découvre de la vie. Quel étonnement, pour un académicien ! Cette affaire touche à quelque chose que Paris ignore - et ce qu’il ignore, comme chacun sait, n’existe pas.” (extrait de l’une des deux lettres de Max Rouquette à Georges Duhamel)


A la Libération, la question des langues régionales et de leur enseignement n'est pas prioritaire, voire jugée suspecte. Beaucoup de mouvements régionalistes, notamment en Bretagne et en Alsace, sont inquiétés pour leur connivence avec les forces d’occupation. Malgré tout, les régionalismes entrent dans une nouvelle ère et vont être saisis par le débat parlementaire à l'occasion de la loi Deixonne. Voici l’histoire d’une bataille politique de haute intensité, retracée à partir des archives d’une institution alors balbutiante, l’Institut d’Estudis Occitans (IEO), fondée en 1945.


En 1947, les trois principaux partis politiques sont dans l’ordre le PCF, le MRP (Mouvement Républicain Populaire, un parti centriste d’inspiration démocrate-chrétienne, ndlr) puis la SFIO. Parmi les deux premières organisations de l’Assemblée Nationale (PCF et MRP) se manifestent des sensibilités favorables à l'enseignement des langues régionales. Le 16 mai 1947, le député communiste Pierre Hervé dépose une résolution en faveur de l’enseignement du breton. Plusieurs députés PCF et MRP de Bretagne prennent la défense du texte. 


Entre ces deux poids lourds de l’Assemblée nationale, la SFIO oscille et son électorat s’étiole. La guerre des partis fait rage. Les socialistes ont essuyé des revers électoraux depuis la Libération et subissent l’ascension des communistes. Leur appui au texte obéit à d’autres motivations qu’une adhésion sincère à l’enseignement des langues régionales. Ainsi, le député socialiste Maurice Deixonne s’insurge initialement contre ce texte de “Messieurs les apparatchiks et les curés (le PCF et le MRP, NDLR)”, fait pour “attaquer l'œuvre de Jules Ferry”. Sa réputation de parlementaire besogneux prêt aux tâches les moins gratifiantes le désigne, d’après l’historien Philippe Martel. Au sein de la commission parlementaire sur l’éducation, les trois principaux partis présentent chacun un rapporteur issu de ses rangs. La SFIO propose Maurice Deixonne et l’emporte grâce au désistement de la MRP Marie-Madeleine Dienesch. 


Cette proposition de loi pour l'enseignement des langues et dialectes locaux embrase l’Assemblée, au sein d'institutions républicaines marquées par des tendances centralisatrices, devenue hautement inflammable sur les questions d’unité nationale après l’Occupation allemande et la Résistance. Proposer l’enseignement des langues germaniques de l’Est quand le souvenir de leurs annexions allemandes est dans tous les esprits suscite de fortes réticences. La langue corse, considérée comme un “dialecte allogène proche de l’italien”, est écartée. Elle n’est intégrée à la Loi Deixonne qu’en 1974.


Des éditorialistes de tous bords commentent contre l’initiative parlementaire, perçue comme une double attaque portée contre la langue française et l’unité du pays. Les médias parisiens consacrent alors de larges espaces à la question des langues régionales, et les querelles d’initiés, comme celles de la graphie ou des particularismes dialectaux, font une brève irruption dans les articles de presse, le plus souvent pour jeter le discrédit sur ces passions régionales. 


Qu’il est beau de voir un homme tel que vous découvrir tout à coup un problème humain qu’il ignorait” (extrait de l’une des deux lettres de Max Rouquette à Georges Duhamel)


Habituellement ignorés, les porteurs de revendications linguistiques locales essuient alors une salve d’insultes et de railleries dans le consensus de l’Après-guerre. Les régionalistes montent au créneau. L’I.E.O se joint dans la bataille avec son allié breton d’Ar Falz, pour voler au secours de cette proposition de loi, qui sera finalement adoptée en janvier 1951. Officiellement abrogée en 2000 pour être intégrée au Code de l'Éducation, ses dispositions continuent d’offrir la possibilité d’une scolarité bilingue.


Le Monde, L'Époque, Le Figaro… Parmi tous les articles défavorables au texte, ceux du titre conservateur se démarquent. Ils sont de la main de Georges Duhamel, engagé volontaire dans la Grande Guerre et courageux sous l’Occupation. Il s’impose parmi les plumes les plus notables du camp centralisateur. Ancien président de l’Alliance Française et académicien, sa France ne compte qu’une seule langue. Son titre tranchant rappelle les déchirures de l’Histoire récente : “Un attentat contre l’unité française”. Les chroniques se succèdent sans qu’aucune n’omette de ramener les revendications linguistiques locales à l’Occupation allemande. Outre le maintien de l’unité nationale, l’enseignement simultané de plusieurs langues compromet la bonne assimilation d’une seule, redoute-t-il.


“(...) Beaucoup d’instituteurs semblent perplexes. Ils se plaignent de disposer de peu de temps pour satisfaire aux exigences d’un programme chaque jour plus lourd. Est-il sage de prendre sur les heures données à la langue française ? Certains voyageurs, qui ont observé au dehors, les résultats du bilinguisme dans les écoles du premier degré, reconnaissent que les jeunes sujets ne parlent correctement ni l’une ni l’autre des deux langues apprises.” Bilan d’une controverse, Georges Duhamel, Le Figaro, 19 mai 1950.


Tous les journaux revendiquant l’héritage de la Résistance n’y sont pas hostiles, loin s’en faut. Le journal Combat, né clandestinement pendant la Seconde Guerre mondiale, accueille la réaction de Charles Plisnier, président de l’Union fédéraliste des Régions européennes et favorable au texte. Pour le défendre, il rappelle que sa portée est très restreinte, qu’il ne s’agit que d’autoriser l’enseignement facultatif des langues dialectales


Voir l'article de Charles Plisnier plus bas


Car nous n’acceptons pas en tout état de cause que, responsable d’un échec éventuel de revendications que nous tenons, parce que nous les connaissons mieux que vous, pour légitimes, nécessaires et inoffensives, vous ne nous apportiez en échange autre chose que l’écoeurant ragoût de belles paroles sur la diversité française, le charme du folklore, l’intérêt des traditions, et l’enchantement que procure à un académicien en tournée de conférences la vue d’un cortège en costume provincial avec biniou et cornemuse. Nous vous en prévenons : vous ne nous aurez pas à la tartine de confitures. Les hommes qui vous parlent n’ont pas besoin de régents qui pensent pour eux.” (extrait de l’une des lettres de Max Rouquette à Georges Duhamel)


Les réactions du milieu occitan ciblent la chronique de Georges Duhamel, dont le titre ne passe pas. Max Rouquette, l’écrivain le plus notable de langue occitane dans la seconde moitié du XXe siècle, qui sera plusieurs fois pressenti pour le Prix Nobel, adresse une première réponse pleine de déférence. Mais Georges Duhamel ne cède rien de sa rhétorique unitaire et persiste dans de nouvelles chroniques. Max Rouquette devient cinglant.


Voir les deux lettres de Max Rouquette à Georges Duhamel plus bas

L’idée d’une opposition entre l’opinion parisienne et celle des territoires n’est pas toujours fondée. Dans un article intitulé La leçon de patois, la Dépêche du Midi n’est tendre envers les “patois” que pour mieux vilipender l’initiative. Le quotidien est proche des radicaux, dont le parti est intimement associé à la construction de la République. L’article affirme l’hostilité générale des campagnes languedociennes à la proposition de loi. Jusqu’à inverser le rapport établi par Max Rouquette : ici, c’est Paris qui délire en français en faveur du “patois”, et les locuteurs indifférents des langues de France qui s’exaspèrent dans leur dialecte des errances de Paris. De chaque côté de la ligne d’affrontement, la légitimité revient aux campagnes.


Il vaut mieux que nos parlementaires n’entendent pas comment leurs paysans électeurs jugent leur nouvelle lubie… en patois” (La leçon de patois, Emile Debard, Ma Dépêche du Midi, 7 avril 1950)


Pourtant, le même journal accueille la diatribe d’un majoral du félibrige, Raymond Lizop, au titre explicite : “Pour en finir avec M. Duhamel”. Dès les premières lignes, le chroniqueur du Figaro est érigé en Simon de Montfort d’une “croisade ridicule”. Sud-Ouest et Le Villefranchois libéré donnent, quant à eux, un accueil très favorable à l’initiative parlementaire.


Voir l'article "Pour en finir avec Mr Duhamel" plus bas


Les géants du premier XXe siècle n’en sont pas en reste. Une tribune datant d’août 1911 écrite par la grande figure -languedocienne- du socialisme, Jean Jaurès, est exhumée par La Dépêche de Toulouse. Le tribun y évoque une ouverture vers la civilisation latine, sans énoncer le moindre projet politique.


Voir la tribune de Jean Jaurès plus bas


De l’autre côté du Rhône et du clivage gauche-droite, le provençal Charles Maurras, théoricien nationaliste et royaliste passé par le Félibrige, s’indigne des réactions outrées que provoquent de si maigres ambitions depuis sa cellule de la prison de Clairvaux. Néanmoins, il prend ses distances avec la revendication occitaniste naissante. Faut-il l’imputer à son provençalisme -le vieil antagonisme entre les deux côtés du Rhône est bien présent dans sa lettre-, à un décalage générationnel, ou à son nationalisme fédéraliste ?


Comme vous dites, cette loi ne casse rien. Mais elle “permet” ! C’était donc défendu ? Les plus radicaux du félibrige n’osaient plus le soutenir. Eh ! bien, voilà l’aveu à l’Officiel. Mais quel mauvais vocabulaire ! Occitan ! Toujours le Sud-Ouest oratoire, intriguant et politicien. Le seul Occitan valable est dans Chateaubriand : la jeune occitanienne, future Mme de Castelbajac. Il aurait fallu dire : Provence, vous avez bien raison ! Mais les M.R.P ne savent pas avoir raison.” (Lettre de Charles Maurras à Xavier Vallat, 30 janvier 1951)


Le moment de la Loi Deixonne consacre également la transformation de la revendication régionaliste en terre occitane. Une passation s’opère en passant de la IIIe à la IVe République, du Félibrige, dépositaire depuis Frédéric Mistral du combat culturel des pays d’Oc, à l’IEO, porteur d’un occitanisme politique clairement énoncé. Ainsi, les revendications régionalistes passent “au camp des novateurs”, comme le relève Elise Joucla.


Voir l'article d'Elise Joucla

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