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Historio de las caritats de Bezies

Pièce de théâtre d'un auteur anonyme présentée dans l'ouvrage Seconde partie du triomphe de Beziers au jour de l'Ascension contenant la Colere ou furieuse indignation de Pepesuc & le discours funebre de son ambassadeur sur la discontinuation des ancienes coustumes ou sont adjoustées les plus rares pieces qui ont esté representées au susdit jour jusques à present imprimé par Jean Martel en 1644.

Le jour de l'Ascension, fête des Caritats à Béziers, donnait lieu à de nombreuses réjouissances dont faisait partie la représentation de pièces de théâtres écrites par des auteurs locaux, la pièce présentée dans ce document a été rédigée et jouée pour cette occasion.

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Buffatièira, la danse des soufflets
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)

Le carnaval constituait autrefois un événement très populaire, notamment dans les villages de l'Hérault. Les divertissement organisés lors de ces réjouissances étaient variés, proposant défilés de chars, fanfares, concours et diverses danses.

Parmi celles-ci, figure le branle des Soufflets (Bofets de la plaine de l'Hérault), parfois aussi connu sous le nom de buffatière (Montagne Noire), ou Bufali (Carcassès). Elle est le plus souvent dansée le Mercredi des Cendres, jour de la dissolution des corps selon l'Evangile, ce qui explique la présence de farine, cendres, ou confettis dans de nombreuses interprétations de la Danse des soufflets. (cf. La fête en Languedoc de Daniel Fabre et Charles Camberoque. Privat, 1977).

Les danseurs, vêtus de chemises et de bonnets de nuit féminins, sont armés de soufflets de cuisine, tandis qu'en tête de cortège, le meneur de la danse, parfois juché sur un âne, porte la plupart du temps un soufflet de forgeron, plus imposant.

Débutant par des farandoles le long des rues, le branle des Soufflets se pratique généralement sur une place, au son du tambourin et du hautbois. Le corps plié en deux, les participants soufflent de leur instrument le bas du dos de leur prédécesseur. Ils se redressent alors et placent leur soufflet de leur main droite, à hauteur de visage, avant se placer l'un à la suite de l'autre de façon à former un rang. Ils entament alors la chanson des soufflets. (cf. Les danses Populaires, les Farandoles, les Rondes, les Jeux Chorégraphiques et les Ballets du Languedoc Méditerranéen de Jean Baumel. Toulouse, 1958).

Nous vous proposons ici les paroles et les pas rapportées par Jean BAUMEL dans son ouvrage (op.cit. P.98-106.) D'une région à l'autre et selon les versions, ce modèle est susceptible d'évoluer. Nous reproduisons ici le texte tel qu'il a été proposé par l'auteur ainsi que sa traduction en français. Vous trouverez également ci-après en gras, une version proposant une orthographe corrigée du texte original.

« E, Jan dansaba san culota/ E, Janetoun san coutilloun »

« Et Jean dansait sans culotte/ et Jeannette sans cotillon (jupon) ».

E Joan dançava sens culòta/ E Joaneton sens cotilhon.

 

Se penchant alternativement de droite à gauche, et de gauche à droite, ils interprètent alors le refrain :

«  E bufa ie au cuou/ Que n'a bien besoun »

«  Et soufflez-lui au derrière/ Il en a bien besoin ».

E bufa li al cuol/ Que n'a ben de besonh.

 

La danse est ensuite complétée par des pas français en avant et en arrière ou des pas de polka selon les versions, sur le refrain suivant :

« Jamaï, gagnan bimboya/ Tant que faren autan./A toutas aquellas fillas/ Ie cau un galan/ Lou pe, lou pe, lou pe. (bis)

« Jamais, ils ne feront fortune/ S'ils continuent à agir ainsi./ A toutes ces filles/ Il leur faut un galant/ Le pied, le pied, le pied. »(les danseurs tapent du pied).

Jamai ganhan « bimboya »/ Tant que faràn aital/ A totas aquelas filhas/ Los cal un galant/ lo pè, lo pè, lo pè. (bis).

« La man, la man, la man ».

« La main, la main, la main ».

La man, la man, la man.

 

Les danseurs élèvent le soufflet de bas en haut :

« A toutas aquellas fillas/ Ie cau un galan ».

«  A toutes ces filles/ Il leur faut un galant. »

A totas aquelas filhas/ Los cal un galant.

 

Les participants font ensuite une ronde avant de se remettre en ligne :

« Toujours me parloun de mas caousses/ Jamaï me las petassoun ».

« Toujours ils me parlent de mes chausses/ Mais jamais, ils ne me les réparent. »

Totjorn me parlan de mas cauças/ Jamai me las pedaçan.

 

Les jeunes hommes terminent leur danse face à face, le corps penché :

«  E bufa ie au cuou/ Que n'a bien besoun »

«  Et soufflez-lui au derrière/ Il en a bien besoin ».

E bufa li al cuol/ Que n'a ben de besonh.

 

Avant de quitter la place, le dos penché, remuant les genoux de l'intérieur vers l'extérieur, en jouant du soufflet.

 

François Dezeuze, dans son ouvrage Saveurs et Gaïtés du Terroir Montpelliérain (Montpellier, 1935, p235.) précise que la danse reprenait parfois après le repas, faisant intervenir pour moitié des porteurs de bougies allumées, pour l'autre des danseurs munis de soufflets, cherchant durant le branle à éteindre ces flammes.

Notons qu'il existe en fait de nombreuses variantes de cette danse, n'ayant le plus souvent en commun que le seul costume (blanc) et l'intérêt pour le séant des partenaires. Ainsi à Portiragnes, les soufflets étaient préalablement remplis de farine, tandis qu'à Bessan, la danse était réalisée par des enfants. (Baumel, op.cit.). Toutes visent également à purifier les des corps avant l'entrée dans la période du Carême.  

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Le Chameau de Béziers
Lo CIRDÒC - Mediatèca occitana

Le Camel (ou chameau), est l'animal totémique de la ville de Béziers. Il défile dans les rues de la ville à deux occasions : pour les fêtes de la Saint-Aphrodise le 28 avril et les fêtes des Caritats se tenant le jour de l'Ascension. 

1/ La pratique aujourd’hui

Pour perpétuer le souvenir du chameau, et les actes de charité qui entourent cette légende, un chameau en bois fut construit et défile dans les rues de Béziers tous les ans à la même date pour les célébrations de la Saint-Aphrodise. Le chameau, énorme machine de bois se meut grâce à quatre personnes abritées dans ses flancs. Il est recouvert de grandes tentures et de toiles peintes sur lesquelles figurent plusieurs inscriptions : « Ex antiquitate renascor » et « Sem Fosso ». La première expression en latin signifie « je renais de l'Antiquité » et fait référence au caractère séculaire de cette manifestation. L'inscription « Sen Fosso » est, elle, une expression en occitan languedocien signifiant « nous sommes nombreux », intégrant une notion de cohésion par la force du nombre. Cette machine détient également de grandes machoires en fer, les « Gnico-Gnaco » qui claquent tout le long du défilé. Le Camel est guidé à travers la ville par le Papari, son gardien, suivi de toutes les corporations de métiers de la ville. L'arrêt est obligatoire devant la maison du potier, où une offrande, la cibado, est remise au Camel. La parade fait également un arrêt devant la statue de Pépézuc, autre personnage légendaire de Béziers, rue Française. Le défilé est composé du chameau mené par le Papari, son gardien, suivis de personnes déguisées en « sauvages » dont la tête est couverte de branches vertes de sureau et surmontées d'un pain. Participent également au Passa-Carrièra les membres des différentes confréries et corporations de métiers mais aussi des danseurs qui s'arrêtent à de nombreuses reprises au cours du défilé pour interpréter des danses traditionnelles. Il est de coutume de danser la danse des treilles et la danse des pâtres au cours du défilé.

Le Camel de Béziers est aussi de sortie lors des fêtes de Caritats, le jour de l'Ascension, où des petits pains, les coques, étaient distribués à travers la ville aux plus pauvres. Cette fête était aussi un moment de liesse où toute la population locale défilait dans les rues en distribuant bonbons et douceurs. Aujourd'hui, un concours vient récompenser l'artisan qui a fait la meilleure coque. A l'issue du concours, des parts sont distribuées à la population.

2/ Historique

Origines

La légende raconte que Saint-Aphrodise, premier évêque de Béziers serait arrivé d'Egypte avec son chameau pour évangéliser la Gaule. Il aurait été condamné à mort par le gouverneur romain en raison de sa trop grande activité. Décapité rue Saint-Jacques, il ramassa sa tête et retourna dans la grotte dans laquelle il vivait, aujourd'hui église Saint-Aphrodise. Sur son chemin, des habitants jetèrent des escargots à son passage mais le saint se contentait de les effleurer, sans les écraser. On raconte également que des tailleurs de pierre traitèrent de fou Aphrodise et furent immédiatement transformés en pierre. On pouvait voir leurs visages pétrifiés sur la façade de l'ancienne Abbaye du Saint-Esprit, rue des Têtes.  Après la mort d'Aphrodise, une famille de potiers de Béziers recueillit son chameau et lui fournit le gîte et le couvert. Lorsque Aphrodise fut reconnu comme saint, la municipalité de Béziers décida de prendre à sa charge l'entretien du chameau. Un fief destiné à l'entretien du chameau fut créé. A la mort du chameau, le fief fut affecté à la charité publique et servait à financer la fabrication de petits pains donnés aux pauvres après avoir été bénis par l'évêque de Béziers.  

Histoire et légendes autour de la pratique au fil du temps

Si le Camel de Béziers est bien inscrit dans les coutumes locales et semble avoir des origines ancestrales, il fut détruit et interdit à de nombreuses reprises.

L'effigie du chameau fut brulée durant les guerres de religion puis rapidement reconstruite. En 1793, avec la Révolution Française, elle fut également détruite en place publique avec tous les titres féodaux et son fief fut supprimé. En 1848, le camel fraîchement construit fut de nouveau démoli et tout aussi rapidement reconstruit par la population locale, très attachée à son animal totémique. 

La tête du Camel qui défile aujourd'hui dans les rues de Béziers semble dater du XVII° siècle et la structure de son corps est, elle, beaucoup plus récente mais inspirée des anciennes représentations de l'effigie du Camel. Traditionnellement doté d'une seule bosse, l'armature du Camel se vit en rajouter une deuxième lors de sa réfection dans les années 1970. Face au mécontentement des Biterrois, la seconde bosse fut retirée afin de rendre à l'animal son apparence légendaire.

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Chansons des Treilles, à l'occasion de l'exposition et de l'inauguration du Titan / Junior Sans
Sans, Junior
Chanson des Treilles composée par Junior Sans en avril 1892, pour l'inauguration de la statue du Titan d'Antonin Injalbert au Plateau des poètes à Béziers.

Dans un manuscrit autographe (CIRDOC Mi B-4 TJS-III p.257-263) Junior Sans présente ainsi cette chanson :
« Chanson faite à la grange de Peitavi-Saint-Julien en avril 1892.
La semaine dernière, je trouvais, en fouillant mes vieux papiers une autre Chanson des Treilles que mon pauvre père avait composé et fait imprimer en 1825, à l'occasion du sacre de Charles X, qui fut sacré à Reims, le 29 mai. Une autre Chanson des Treilles, par un vieux troubadour, qui n'était autre que Bourguet le médecin, et pour la même occasion du Sacre.
Ce Bourguet mourut en 1835, le lendemain [du jour] où je venais de faire une chanson sur le choléra. J'étais loin de penser que la chanson achevée, il allait mourir du choléra le lendemain. Cela est la pure vérité ». 

Il précise que pour cette inauguration :
« la Musico royale de Barcelonne (sic) vint rendre sa visite à notre musique la Lyre Biterroise qui était allée à Barcelonne (sic) quelques mois auparavant ».

Il ajoute :
« Ces deux vieilles Chansons des Treilles, après les avoir lues, je les portai chez mon ami et confrère en félibrige Frédéric Donnadieu, qui a de nombreux manuscrits du Docteur Bourguet et qui se propose d'écrire sur ses travaux phonétiques. Moi, je l'ai bien connu car c'était mon médecin quand j'étais tout jeune, et puis, entre chansonniers, ils se connaissaient avec mon père Julien ». 

« Cansou facho à la granjó de Peitavi-Sant-Julian, avril 1892.
La semano passado trouvèri en fourfoulhant mous vièlhs papiés uno autro Cansou de la Trelhos que moun paure paire avio coumposado e facho emprima en 1825, a l'oucasion del sacre de Charles X, que sièguet sacrat à Rheims, lou 29 de mai - Uno autro Cansou de las Treilhos, per un vièlh troubadou, que n'èro autre que Bourguet lou medeci, e per la mème oucasieu del Sacre.
Aquel Bourguet mouriguèt en 1835, lou lendema que venió de faire uno Cansou sul Coulera. Ero lènt de pensa que la Cansou acabado, mouririó del Colera lou lendema. Acò's la puro veritat ».

« Aquelos dos vielhos Cansos de las Treilhos, après las aveire legidos, las pourteri acò de moun amic e counfraire en felibrige Frederic Donnadieu, qu'a fosso manuscrits del douctou Bourguet e que se prepauso d'escrieure sus sous trabalhs fonétics.
Ieu l'ai pla counescut, car èro moun medeci quand èri jouvenet, et pèi, entre cansouniès se couneissiòu ambé moun paire Julian ».
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Scènes languedociennes : Le Chevalet
Vernazobres, Célestin-Zacharie-Marie (1853-1919). Auteur.
Partition de la Danse du Chevalet (suite pour orchestre) transcrite pour piano par C.Z. Vernazobres en hommage aux Mézois et Montpelliérains.
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Collectage : Discussion autour du patois et de la culture orale
Bouët, Jacques (enquêteur)
Escandre, Monsieur (informateur)
Escandre, Madame (informateur)
Discussion enregistrée auprès de M. et Mme Escandre, entourés d'autres personnes. Les témoins tentent de se rappeler de vieilles chansons avant de discuter avec l'enquêteur de son travail et de la différence entre le patois parlé et écrit. A la suite de la discussion, une informatrice entonne deux chants de noël.
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Partitions et paroles d'Un joubé Pastré soumeilhabo
Les paroles et partitions ici présentées proviennent du deuxième recueil de Noëls patois anciens et populaires, édité en 1902. Cette chanson pan-occitane, présente différentes versions, attestées notamment en Auvergne, dans le Velay ou encore dans le Tarn (Un ser lo pastre somelhava. Recueilli auprès d'André Marty et de Denis Teyssier, Tarn. Cf. Nadals d'Occitània. p58. CORDAE/La Talvera. . 2008.)
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Scènes languedociennes : La marche du chameau
Vernazobres, Célestin-Zacharie-Marie (1853-1919)
Partition de la Marche du chameau (suite pour orchestre) transcrite pour piano par C.Z. Vernazobres en hommage aux Biterrois.
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Collectage : Chansons et vie rurale à Prémian
Bouët, Jacques (enquêteur)

Discussion avec une femme âgée sur les chansons et la vie rurale dans le village de Prémian. Le témoin chante ou fredonne quelques chants traditionnels et des chansons populaires. L'entretien commence et s'achève avec des airs musicaux joués à l'accordéon.

Sommaire

 00:00:00 à 00:02:37 - Air d'accordéon : Ah ! Le petit vin blanc 00:02:37 à 00:05:07 - Air d'accorédon : Los esclops
00:05:07 à 00:07:34 - Cantique en occitan
00:07:34 à 00:08:44 - Chant : Pastres, pastretas
00:08:44 à 00:09:34 - Discussion autour de la traduction ancienne des chants de noël en patois
00:09:34 à 00:10:03 - Chant : Lous pastres descendon, descendon cargats
00:10:03 à 00:11:52 - Remarques sur l'apprentissage du français et du patois à l'ecole
00:11:52 à 00:13:35 - Discussion sur les études
00:13:35 à 00:14:53 - Réflexion sur les propriétaires terriens et la richesse aujourd'hui - L'abandon des terres
00:14:53 à 00:16:38 - Discussion sur le marché de l'emploi et les avantages du métier d'instituteur
00:16:38 à 00:16:54 - Explications sur la danse du quadrille 00:16:54 à 00:17:15 - Chant : Per plan dançar, viva la limosina 00:17:15 à 00:17:29 - Chant : Polka
00:17:29 à 00:19:15 - Chant : Charleston, Chacun son truc (Maurice Chevalier)
00:19:15 à 00:20:16 - La jeunesse durant la guerre de 1914-1918 00:20:16 à 00:20:49 - Le Graïle
00:20:49 à 00:22:10 - Récit de la moisson
00:22:10 à 00:23:36 - Chant : Los Segaires
00:23:36 à 00:24:06 - Discussion autour des conditions de travail des moissonneurs
00:24:06 à 00:25:18 - Explications autour des chansons du 14 juillet 00:25:18 à 00:28:07 - Discussion autour des conditions de vie hier et aujourd'hui, dans les villes et les campagnes
00:28:07 à 00:30:48 - Air d'accordéon
00:30:48 à 00:31:28 - Air d'accordéon : Pòrc Gras
00:31:28 à 00:32:56 - Air d'accordéon

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Biographie d'Aimat Serre
Lo CIRDOC-Mediathèque occitane, Béziers.

Né le 22 février 1922 à La Capelle-Masmolène dans le Gard, Aimat Serre s'est engagé toute sa vie dans les mouvements de défense et de valorisation de la langue d'oc, ainsi que dans le milieu éducatif. Homme aux multiples talents, il fut ainsi tour à tour instituteur puis professeur (Histoire, Géographie, Occitan), écrivain, traducteur mais aussi militant.

L'enfance

Aimat Serre voit le jour dans le Gard du début du XXe siècle, dans un petit village de l'Uzège. Ses parents cumulent les emplois. Son père, Edouard Sèrra est ainsi mineur (mine d'argile) et paysan, tandis que sa mère travaille à la fois comme chevrière et couturière.

Des années plus tard, devenu adulte, Aimat Serre racontera ses souvenirs d'enfance dans un livre, Bogres d'Ases (1974). Rédigé à la première personne et en occitan, cet ouvrage dépasse toutefois la seule ambition autobiographique. Endossant les habits de l'historien et de l'ethnologue, Aimat Serre nous plonge dans le quotidien des campagnes occitanes des années 1930. Nous y découvrons "[...] un monde constamment agressé, un type d'existence dans les marges, une société toute proche, voisine dans le temps, contemporaine encore, souvent présente en chacun des lecteurs à son insu ; une vie parallèle à l'officielle, dans son ombre épaisse, avec sa langue, ses comportements, sa vergogne face à l'école, aux médias, à l'administration. » pour reprendre les mots de l'auteur lui-même, commentant son ouvrage (Bogres d'ases, Avant-propos.). L'auteur y dresse le portrait d'un des « hussards noirs » de la République, enseignant tant le français que le mépris de la langue d'oc, ce « patois » que l'auteur avait appris dans le cercle familial.

Bien que marqué par l'attitude de son instituteur, Aimat Serre s'engagera lui-même dans la voie de l'enseignement et dans le militantisme occitan.

 

Militant et pédagogue.

Elève de l'Ecole Normale de Nîmes, puis étudiant en Faculté de Lettres à Montpellier, Aimat Serre fut instituteur puis professeur d'Histoire-Géographie et d'Occitan. Il a consacré une grande partie de son activité à la défense de l'éducation en français comme en occitan. Animateur de la calandreta de Nîmes qui porte aujourd'hui son nom, il y diffusa les principes de la méthode Freinet. Aimat Serre a également été un acteur-clé du mouvement en faveur de l'enseignement de l'occitan au plus grand nombre : dans les calandretas, les écoles, collèges et lycées publics, mais également dans le cadre d'ateliers adultes.

Homme engagé, Aimat Serre participa aux grands moments de la revendication occitane. Nous le retrouvons ainsi dans le Larzac lors des manifestations du début des années 1970. Il fut surtout un élément déterminant dans la création du Cercle Occitan de Nîmes, de la MARPOC (Maison pour l'Animation et la Recherche Populaire Occitane) et dans celle de l'Université d'Eté occitane.

Doté d'une bonne plume, il contribua par ses articles parus dans divers journaux occitans (Jorn, Oc) et français (Éducateur, La Voix Domitienne...) à faire (re)connaître et apprécier la langue d'oc. Ses chroniques sur Radio-France Nîmes eurent à cet égard un franc succès. Portant un regard d'ethnologue et de sociologue sur son époque, Aimat Serre a ouvert une voie nouvelle et complémentaire aux travaux sur la langue et la littérature de ses contemporains.

 

L'écrivain

Bogres d'Ases son premier ouvrage fut un succès critique et d'édition (paru en 1974 et 1988, il fut à chaque fois rapidement épuisé). Suivirent différents articles, mais également deux ouvrages, dont Mòts de Jòcs et Les rues de Nîmes.

Mòts de Jòcs parait en 1984 . Ouvrage anonyme (de Nîmes, premier des jeux de mots de l'ouvrage), il propose une trentaine de jeux de mots en occitan, témoigne des qualités de plume d' Aimat Serre, et donne un bref apperçu de l'humour de l'homme.

Les Rues de Nîmes est le fruit d'un long travail de recherche. Pédagogue, Aimat Serre nous invite à découvrir l'histoire de la Rome française, à travers le nom et l'histoire de ses rues, du Moyen Âge à nos jours, et y démontrer à travers les noms la profonde occitanité de sa ville..

Il participa également à la rédaction d'ouvrages scientifiques mais aussi éducatifs (Poëtpoëta lo jardinièr. Nîmes, 1990) fut traducteur en occitan de Ieu, Bancel, oficièr d'empèri de Jòrdi Gros (Toulouse, 1989), ou encore narrateur aux côtés de son ami Robert Lafont (Omenatge a Bigot. Nîmes, 1969).

Son décès en 1993, donna lieu à de nombreux articles (cf. En savoir plus). Ses amis, Jorgì Peladan, Robert Lafont, Jordi Gros... ainsi que d'anciens élèves, prirent pour l'occasion leur plume afin de rendre hommage à l'homme, à l'auteur et au militant.

 

En savoir plus :

La creacion occitana : Lemosin e Perigòrd, Lengadòc, Miègjorn-Pirenèus e Val d'Aran : catalògue. Toulouse, 1990, p77-78.(COTE CIRDOC: CAC 3346).

Revues :

Occitans! n° 57, septembre-octobre 1993, p.20.(COTE CIRDOC: KII-1).

L'Occitan, n°107, novembre-décembre 1993, p.7. (COTE CIRDOC: H-4).

Aquò d'Aquí, n°78, 1993, p.12. (COTE CIRDOC: BI-2).

Lo Gai Saber, n°452, 1993, p.301.(COTE CIRDOC: S6).

La Voix Domitienne, n°20, 1993, p.4-5. (COTE CIRDOC: 0-2).

Ouvrages d'Aimat Serre :

SERRE, Aimé, Bogres d'ases,Toulouse, 1988. (COTE CIRDOC:  R.LAN SER b). 

SERRE, Aimé, Les rues de Nîmes, Montpellier, 1989. (COTE CIRDOC: CAC 2988).

SERRE, Aimé, Mòts de jòcs, Nîmes, 1984. (COTE CIRDOC:CBB 429-12 ). 

SERRE, Aimé, Poëtpoëta lo jardinièr, Nîmes, 1990. (COTE CIRDOC: CAM 83-5 ).

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