La Cansò de santa Fides, ou Chanson de sainte Foy, constitue l'un des plus anciens textes occitans connus. Datant de la seconde moitié du XIème siècle, elle rapporte la vie et le martyr de sainte Foy de Conques, sous forme de quarante couplets de laisses monorimes. Une composition malheureusement parvenue jusqu'à nous sans notation musicale et à laquelle l'artiste Brice Duisit entend redonner sa fonction première, celle d'être chantée pour un public.
C’est l’histoire de cette recréation musicale que conte le film documentaire de Mathias Leclerc, qui sera présenté le 19 mai à Saint-Guilhem-le-Désert, à l'occasion du festival Les marteaux de Gellone, organisé par le Centre International de Musiques Médiévales (CIMM).
Pendant près d’une année, le réalisateur a filmé les temps de résidence artistique de Brice Duisit au CIMM, les éclairages de l’historienne Geneviève Brunel-Lobrichon, mais aussi les interviews menées par les étudiants du master Musicologie de l’université Paul-Valéry Montpellier 3.
Le résultat de ces enquêtes est ce « journal de création », document précieux qui donne à entendre la réflexion menée par Brice Duisit autour de la recherche instrumentale, l’intention, le sens et l'interprétation du jongleur médiéval. Le film raconte la dimension historique et artistique de cette recherche, qui n’a de cesse d’explorer les indices laissés par le texte quant aux formes de transmission de l’histoire du martyr de sainte Foy d’Agen... Du travail sur la langue et sa rythmique, jusqu’à la prouesse technique de l’archéo-luthier Olivier Ferraud qui, à partir des bas-reliefs du tympan de l’église de Moissac, a conçu cette vielle romane qui permit à Brice Duisit de donner corps et forme à son interprétation, une clé de voûte soutient l’ensemble de la démarche : « le son porte le sens ». C’est cette clé qui guide la quête de l’artiste, et qui est développée dans le beau film de Mathias Leclerc.
La projection sera précédée d'une rencontre avec Brice Duisit et Olivier Ferraud.
Des couacs et des poètes est un film documentaire de Jacob Redman.
Au cours d’un périple à vélo qui les mène du Narbonnais au Carcassonnais, du sud de la montagne Noire jusqu’aux limites du Biterrois et de la Haute-Vallée de l’Aude, les membres de l’équipe J.A.S.E (Jacob, Ana, Shoshana et Evelyne) sillonnent les vignes et la garrigue à la rencontre des membres de la Fanfare du Minervois.
Pourquoi ? Parce que ça fait bientôt vingt ans qu’elle existe, parce qu’elle a ce quelque chose de pas pareil*, qu’elle est une somme de singularités qui en fait un complexe aromatique terrible. Parce que c’est un véritable couteau suisse avec lequel on peut jouer pour des festivals bien établis comme de tout petits villages, organiser des fêtes, faire des repas pour cent personnes, refaire la toiture chez un fanfaron, partir en vacances à la plage… Bref, une capacité extraordinaire à s’inventer des moments de partage et de rassemblement, à donner du bonheur palpable à ceux qui la suivent ou la découvrent depuis deux décennies en Minervois, ce petit territoire rural à cheval sur l’Aude et l’Hérault.
Au-delà du partage de l’histoire d’une bande de copains, la fanfare est cinégénique par essence : par son énergie, ses couleurs, sa personnalité forte. Voyez aussi les costumes, des tenues de « pas pareils », dans un esprit de grand chic, ou, en tout cas, une tentative de grand chic. Et puis un répertoire original : des créations et des arrangements maison, qui puisent dans ses racines occitanes et regardent loin devant vers les musiques populaires du monde entier, joués avec décalage et bonne humeur. La Fanfare du Minervois est comme son vin : c’est charnel, enraciné mais avec des arômes de fruits exotiques… Un véritable manteau de chaleur offert à ceux qui ont le bonheur de croiser sa route.
*En italique = paroles de fanfarons
Originaire du Rouergue, l’écrivain Joan Bodon compte parmi les grands noms du renouveau littéraire occitan. Exclusivement en occitan (sa langue maternelle), ses romans, contes et poèmes rendent à la culture populaire occitane sa dimension universelle. Ainsi, son oeuvre, profondément atemporelle et humaniste, dévoile plusieurs niveaux de lecture, dans une langue claire, écrite pour le plus grand nombre.
En 2016, le CIRDOC-Mediatèca occitana devenu CIRDOC - Institut occitan de cultura en 2019 propose une exposition sur cet auteur incontournable de la littérature occitane, à partir de celle réalisée en 1993 par Yves Rouquette, Patrick Divaret et Patrice Baccou pour le Musée de Saint-Laurent-d'Olt avec le soutien de la Mission départementale de la Culture d'Aveyron, du Conseil général de l'Aveyron et du Centre International de Documentation Occitane (CIDO).
La poésie de Pey de Garros, est une poésie bucolique écrite dans une langue populaire riche, vigoureuse et naturelle. C’est une des premières œuvres occitanes du XVIe siècle qui revendique sa filiation avec les écrits des troubadours et « tente de poser l’existence d’une langue et d’une nation gasconne ».
Poesias gasconas de Pey de Garros Laytorès dedicadas a magniphic e poderos princep le Princep de Navarra son seño
Albi BM - Rochegude 2436
Paris BnF - 16- YE- 1797
Paris BnF - RES- YE- 863
Paris B Mazarine - 4° 10917 O [Res]
Toulouse BU Arsenal - Resp 35293
Versailles BM - Goujet 23 4°
Londres BL - 241.l.14
La poésie de revendication s’affiche aux premières pages de l’ouvrage dans l’avis au lecteur où l’auteur expose sa défense de la langue gasconne, seul passage en français de l’ouvrage.
Pey de Garros, publie les Poesias gasconas en 1567, après ses Psaumes de David viratz en rhythme gascon publiés à Toulouse deux ans plus tôt. Bien que peu lue, l’œuvre de Garros renouvela profondément la littérature d'Oc au XVIe siècle. Garros est le premier auteur qui, de façon totalement novatrice, assume dans l'expression littéraire les particularités dialectales du gascon dans l'ensemble occitan. Il marque - comme le relève Robert Lafont - dans le devenir occitan, la naissance du gascon écrit. Utilisant dans son œuvre une graphie personnelle qui se situe en rupture avec les anciennes traditions d'écriture des archives, il veut ainsi faire entrer sa langue dans la modernité à l'instar des autres langues européennes. Le but de Garros est de rendre sa dignité à la langue gasconne, lien d'une nation encore à naître.
Non seulement il refuse d'écrire en français, « lengatge hardat » (langage fardé) pour adopter « la lenga de la noiritut » (langue de la nourrice), opposant ainsi le naturel à l'artifice, mais, par son choix des genres poétiques, il se distingue volontairement de la Pléiade française.
Les églogues de Pey de Garros ; suivies du Chant nuptial : texte de 1567 avec une traduction, des notes et un glossaire par André Berry,.... Toulouse : É. Privat, 1953. (CAC 801)
Eglògas : poësias gasconas / Pey de Garros Éd. bilingue établie par Jean Penent. - [Toulouse] : Letras d'òc, 2012, Texte original accompagné d'une adaptation en orthographe moderne (gascon), d'une adaptation en occitan languedocien et d'une traduction française. - Bibliogr. p. 269-275 (CAC 9421)
L’œuvre de Pey de Garros occupe une place éminente et fait de lui un des promoteurs de la renaissance provençale. Il est un des premiers promoteurs de la tradition d’écriture occitane qui s’inspire du modèle antique de Virgile et de sujets bucoliques. Après lui cette voie sera suivie par Larade et Goudelin au XVIIe siècle, l’abbé Favre et Claude Peyrot au XVIIIe siècle et se prolongera jusqu’aux Chansons pastorales de Despourin au XIXe siècle.
Colloque sur Pey de Garros et la situation culturelle de l'Aquitaine méridionale au XVIème siècle : Auch Lectoure, 15, 16, 17 avril 1965 Institut d'Etudes Occitanes. [Toulouse] : Institut d'Etudes Occitanes, 1968
Pey de Garros : ca 1525-1583 : actes du Colloque de Lectoure, 28, 29 et 30 mai 1981 réunis par Jean Penent ; Centre d'étude de la littérature occitane. - Béziers : Centre International de Documentation Occitane, 1988.
François Pic, « Bibliographie de l’oeuvre imprimée de Pey de Garros » dans : Pey de Garros : ca 1525-1583, Béziers : Centre International de Documentation Occitane, 1988, p. 71-88.
Jean-Yves Casanova, « Entre Gascogne et France : l'idéologie de Pey de Garros dans les Poesias Gasconas de 1567 et l'ethnotypisme linguistique du Faeneste », Albineana, Cahiers d'Aubigné, 1995, 6, p. 289-306.
L'œuvre de Pey de Garros : poète gascon du XVIe siècle André Berry ; éd. établie par Philippe Gardy et Guy Latry. Talence : Presses universitaires de Bordeaux, 1998.
Lo Doctrinal de la sapiensa fait partie avec le Traité du Rosaire des deux seuls incunables connus en langue d’oc qui concernent le domaine religieux.
L’exemplaire présenté ici est celui de la Réserve des livres rares de la Bibliothèque nationale de France, il est sorti des presses toulousaines d’Henri Mayer en 1494.
Lo Doctrinal de la sapiensa est un texte d’instruction religieuse à destination des prêtres et des laïcs.
Il « se présente comme un catalogue de connaissances religieuses exposées dans une langue particulièrement claire et dans un ordre rigoureux… C’est à la fois un abrégé de la foi, un traité de morale, un guide pour les curés et un livre de dévotion… Le titre du Doctrinal fait référence à la religion populaire, du moins à celle du laïc et des prêtres les moins instruits »
(Frédéric Duval, Lectures française de la fin du Moyen âge, p. 97-100).
Le choix linguistique s’explique ici par la fonction didactique du livre, qui est à destination des prêtres ou des lecteurs ne lisant ni le latin, ni le français.
Lo Doctrinal de sapiensa est une traduction du Doctrinal aux simples gens ou Doctrinal de sapience, rédigé avant 1370 et attribué à Guy de Roye, archevêque de Sens et de Reims. Ce dernier ouvrage n’étant lui-même que la traduction française d’un texte latin composé en 1388 intitulé Doctrinale sapientiœ.
Il existerait une autre édition faite à Rodez après 1530 par les soins du cardinal d’Armagnac, d’après l’abbé Vayssier (J.B Noulet, « Un texte roman de la légende religieuse, l’ange et l’ermite », Revue des langues romanes, t. XVIII, 1880, p. 261-262).