Explorer les documents (52 total)

fecas.jpg
Pourquoi chante-t-on «  fume la pipe sans tabac  » dans "Carnaval es arribat" ?
CIRDÒC-Mediatèca occitana

Votre question : Pourquoi chante-t-on «  fume la pipe sans tabac  » dans la chanson Carnaval es arribat 

Notre réponse : La chanson Carnaval es arribat, constitue dans la tradition occitane relative à cette fête, une chanson incontournable, interprétée tout aussi bien au commencement des festivités que dans l'épilogue de celles-ci alors que le bonhomme Carnaval est porté au bûcher.

 

Voici les premières paroles de cette farandole, telle que transmise dans l'ouvrage Lo resson de la pèira de Jean-Michel Lhubac, Josiane Ubaud et Marie-José Fages-Lhubac (Saint-Jouin-de-Milly : Modal, 2006), dans lesquelles apparaît la formule "Fume la pipe sans tabac".

 

Cançon 29 "La Pipa ou Carnaval es arribat ou Los Acabaires".

"Carnaval es arribat, / Carnaval est arrivé,

Fuma la pipa, fuma la pipa, / Fume la pipe, fume la pipe,

Carnaval es arribat, / Carnaval est arrivé,

Fuma la pipa sens tabac. / Fume la pipe sans tabac.

 

Repic / Refrain

I anarem totes, i anarem totes, / On y ira tous, on y ira tous,

I menarem nòstres enfants, / on y amènera nos enfants,

E la jornada serà pagada / Et la journée sera payée

Coma se trabalhaviam. (bis) / Comme si l'on avait travaillé."

 

  Le même ouvrage nous renseigne par ailleurs sur l'origine de cette expression qui peut sembler contradictoire : "Fumer la pipe sans tabac". Il faut en fait aller chercher l'une des significations de la "pipe", terme qui en français comme en occitan désigne également une grande futaille, ("Grande futaille, de capacité variable selon les régions" Trésor informatisé de la langue française), c'est-à-dire un récipient sphérique destiné à contenir divers liquides, mais de préférence des liquides alcoolisés, vins ou eaux-de-vie le plus souvent.

 

  Le Trésor du Félibrige, le dictionnaire somme réalisé au XIXe siècle par Frédéric Mistral donne également les différents sens de la pipa : " Pipo : (rom. Pipa, tube, pipeau, cat. Esp. Port. it. Pipa), s.m. Pipe, calumet, v.brulo-taba, cachimbau, galifo, tubanto; feuillette, grande futaille contenant 6 hectolitres en Béarn, v. Bouto, pipan [...]".

 

"La pipe sans tabac" nous renvoie donc à la futaille et avec elle, à la question de la boisson. Lo resson de la pèira explique ainsi que "Fumer la pipe sans tabac, c'est donc boire" (ibid. p103).

 

L'ouvrage Carnaval en Béarn. Coutumes et chansons de J.-B. Laborde, (disponible sur Occitanica ici) propose d'ailleurs en page 9, une des nombreuses variantes de Carnaval es arribat (on trouve d'une région à l'autre et selon les époques, des nuances plus ou moins fortes de cette chanson traditionnelle). Dans cette dernière, dont le premier couplet est repris ci-dessous, la question de l'alcool est présentée de façon plus explicite.


Ne saber mai : 
- Sur le carnaval en ligne : Aquí
- Lo resson de la pèira. 

« Carnaval est arrivé / carnaval es arribat

Carnaval est arrivé / Carnaval qu'es arribat,

Verse à boire, verse à boire, / Botelha, botelha.

Carnaval est arrivé, / Carnaval qu'es arribat,

Verse à boire, jeune homme / Botelha, gojat."

 

Les différentes chansons accompagnant Carnaval, est tel est le cas de Carnaval es arribat, possèdent en effet souvent un important paratexte, et multiplient les allusions plus ou moins explicites, notamment relatives à l'alcool mais aussi sexuelles. Effectivement, avant de devenir un moment de fête ouvert à tous et tout particulièrement aux plus jeunes, Carnaval fut durant des siècle un temps à part de l'année. Une période de licence et de remise en cause de l'ordre établi avant que ne commence la dure période des restrictions du Carême, très éloignée dans ces manifestations du monde de l'enfance.

P8a.jpg
Gargantua
CIRDÒC-Mediatèca occitana

Gargantua est ce héros gigantesque et légendaire, parcourant la France au fil des chroniques, et dont s'inspira Rabelais pour créer le personnage de ses récits littéraires (La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel, jadis composée par M. Alcofribas abstracteur de quintessence. Livre plein de Pantagruélisme, 1534).

1/ La légende raconte que...

Ce personnage mythique possède des caractéristiques le rendant facilement identifiable, et qui le rapprochent d’une autre figure « d’homme sauvage », Joan de l’Ors. Ces géants ont un appétit redoutable, et une barbe fournie. Gargantua se remarque également par sa maladresse et son tempérament nomade. La légende veut qu’il ait parcouru la campagne, transformant les paysages sur son passage, au gré de ses repas (et de ses déjections), de dépôts laissés par ses bottes, de cailloux lancés par jeu… Il lui arrive même de tarir des rivières lorsqu’il a soif ! Cet appétit incroyable illustrerait l'appétit de vivre marquant la période qui suit les difficultés de la peste et de la guerre de Cent Ans (fin du XVe siècle - début de XVIe siècle). Maladroit mais jamais intentionnellement méchant, Gargantua est un héros populaire, un ripailleur dont les aventures, parfois scatologiques, font rire le grand public de l'époque. Les récits légendaires sur sa naissance rapportent qu’il serait né de personnes de tailles inférieures à la moyenne, et qu’a contrario il aurait eu une très forte croissance. Rabelais quant à lui affirme que son personnage de Gargantua serait né un 3 février (et d’autres auteurs le pensent aussi), en sortant de l’oreille gauche de sa mère. Cette date de naissance, et son caractère absurde, le rapproche de carnaval dont les récits de Gargantua partagent déjà la fonction cathartique.

2/ Historique des pratiques, focus sur Langogne.

Si la ville s’attribue Gargantua comme héros fondateur, en s’appuyant certainement sur les propos de Felix Viallet, cela est dû en partie à un épisode légendaire qui s’y serait déroulé. Fait assez rare, le sang de Gargantua y aurait coulé, des suites d’une blessure au doigt, colorant ainsi les terres environnantes. Mais il ne faut pas oublier que la ville de Langogne, à la fin du XVe siècle est un carrefour commercial, possédant une foire réputée et attractive. Elle reçoit ainsi cette littérature de colportage dont Gargantua est l'un des « best-seller ». Il faut toutefois attendre le XIXe siècle pour voir apparaître la tête géante de Gargantua dont les cartes postales anciennes de Langogne perpétuent le souvenir. Celle-ci est exhibée dans le cadre du cortège de chars fleuris qui défilent dans la ville. Monumentale, elle mesure environ trois mètres cinquante. Elle est également articulée, ses yeux et sa bouche semblent s'animer et convier les habitants à la fête. Mais n’oublions pas que Gargantua n’est pas le héros d’une région en particulier, tant les récits de colportage lui font parcourir et transformer les paysages de France.

3/ Les pratiques actuelles autour de Gargantua.

Bien qu’elle soit issue d’une littérature principalement orale, la légende de Gargantua continue encore à vivre aujourd'hui. C’est par exemple le cas en Lozère, dans la ville de Langogne (« le pays de Gargantua »), où le géant est fêté depuis 1884. Et si les sorties de « Gargantua » du 1er août ont été suspendues aux alentours de 1978, sa tête est ressortie une première fois en l‘an 2000 et reprend depuis part aux processions des chars carnavalesques. On remarque aussi à Langogne la création récente de la confrérie du Manouls Langonais de Gargantua, qui met en lumière cette spécialité culinaire d'abats de mouton et de veau (les manouls), mais aussi la confiserie appelée « la Gargantille ». Et depuis le 7 avril 2000, Langogne détient le record du monde de la saucisse la plus longue : 23 160 m exactement, une nouvelle fois en hommage à Gargantua.

4/ La transmission d’hier et d’aujourd’hui.

Les premiers récits de littérature orale sur la figure de Gargantua et des géants en général se constituent en France à partir du Moyen- Âge, pour enfin connaître un vrai succès au XVIe siècle. Le nombre de chroniques orales augmente, ainsi que celui des ouvrages écrits, à la suite de Rabelais. En 1675, paraissent ainsi Les Chroniques du Roy Gargantua, cousin du très redouté Gallimassue et en 1715, est publiée la Vie du fameux Gargantua, fils de Briarée et de Gargantine. Aujourd’hui, la légende de Gargantua se perpétue différemment, en accord avec les modalités actuelles de partage des connaissances. On trouve ainsi des sites internet qui lui sont dédiés, et il existe même sur Facebook un #Gargantua.

Vignette_Bengenço_petit.JPG
Bengenço de Bacchus, countro l'émmagrit Carémé sur la mort de soun amic Carmantran
Mengaud, Lucien (1805-1877). Auteur présumé

La Bengenço de Bacchus, countro l'émmagrit Carémé, sur la mort de soun amic Carmantran1 est un jugement de carnaval en vers publié en 1842. Si aucune mention d'auteur ne figure sur le document, sa paternité est attribuée à Lucien Mengaud en raison de la présence d'une note manuscrite sur un exemplaire du recueil de poèmes La Crouts du même Lucien Mengaud issu des collections de la Bibliothèque municipale de Toulouse.

Le texte met en scène le bûcher de Carmantran (Caramentran), personnage emblématique de la fête de carnaval en Occitanie. Il est construit autour de l'opposition des valeurs d'opulence et d'excès portées lors de la fête de Carnaval par Carmantran, associé ici à la divinité romaine Bacchus, contre la rigueur et le jeûne suivis lors de la période de Carême (Carémé).


1. (Vengeance de Bacchus, contre l'amaigri Carême, sur la mort de son ami Carmantran)

FRB315556101_Res-B-XIX-234_0001.jpg
Bastardeou des tres-coucuts : cansou pel Carnabal de 1850

Le Bastardeou des tres-coucuts est une chanson de carnaval anonyme publiée en 1850 à Toulouse. 

Elle est construite sur un registre burlesque autour du « cocu », le mari trompé, et des désagréments que lui cause sa femme au quotidien.











Édition et traduction des premier, troisième et quatrième couplets ainsi que du refrain :


  Occitan : graphie originale Occitan : graphie classique Français
Titre Bastardeou des tres-coucuts : cansou pel Carnabal de 1850 Bastardèu dels tres-cocuts : cançon pel Carnaval de 1850 Bastardeou des trois-cocus : chanson pour le Carnaval de 1850
Couplet 1 Del sale Bastardéou,
Propre coumo un estable,
Mai negre que le diable,
Fasquen le tabléou :
Le grand pincél,
Per tant que sio capable,
Le randra pas bél.
Del sale Bastardèu,
Pròpre coma un estable,
Mai negre que le diable,
Fasquèm le tablèu :
Lo grand pincèl,
Per tant que siá capable,
Lo rendrà pas bèl.
Du sale Bastardéou,
Propre comme une étable,
Plus noir que le diable,
Faisons le tableau :
Le grand pinceau,
Pour autant qu'il en soit capable,
Ne le rendra pas beau.
Refrain Tant que you biourrey fennoto,
Tant que you biourrey, serey l'home battut,
Et le Bastardéou coucut !!
Tant que ieu viurai femnòta,
Tant que ieu viurai, serai l'òme batut,
E lo Bastardèu cocut !!
Tant que je vivrai petite femme,
Tant que je vivrai, je serai l'homme battu,
Et le Bastardéou cocu !!
Couplet 3 Jamay n'a goubernat
Al miey de sa famillo,
Car sa fenno l'estrillo
Et le ten renat ;
Jusqu'al toumbél
(bis)
Sera jouts sa guenillo
Menat pel bridél.
Jamai n'a governat
Al mièlh de sa familha,
Car sa femna l'estrilha
E le te renat ;
Jusqu'al tombèl (bis)
Serà jos sa guenilha
Menat pel bridèl.
Jamais il n'a gouverné
au milieu de sa famille,
car sa femme le bat
Et le tient par les rênes ;
Jusqu'au tombeau (bis)
Il sera sous ses jupons
Mené par la bribe.
Couplet 4 Sappiats que sa mouillé
N'a pas la faço bélo,
Sa maysso d'escarcélo
Es sans rastelié ;
A soun quasuet (bis)

Dirion qu'es la femélo
D'un biel parrouquet.
Sapiatz que sa molhèr
N'a pas la faça bèla,
Sa maissa d'escarcela
Es sans rastelièr ;
A son caquet (bis)
Dirián qu'es la femèla
D'un vièlh parroquet.
Sachez que sa femme
N'a pas la face belle,
Sa machoire toute maigre
Est toute édentée ;
À son caquet (bis)
On dirait que c'est la femelle
D'un vieux perroquet.
pieddeborne copie.jpg
Histoire locale, chansons et récits de la filature et des mines - Enquêtes Pays de Cèze / Valérie Pasturel
Pasturel, Valérie
Enregistrement traité dans le cadre du programme Patrimoine oral - Massif central.
Entretien avec une habitante des Mages née en 1920. Elle évoque beaucoup de souvenirs de jeunesse (jeux, formulettes, berceuses, devinettes, carnaval, bals, fêtes de conscrits) mais apporte également beaucoup d'informations détaillées sur les activités d'autrefois aux Mages : sériciculture, mines de charbon, moulin à huile...
256px-St-Vincent-d\'Olargues_eglise copie.jpg
Chants traditionnels recueillis à Saint-Vincent d'Olargues. 2 / Jacques Bouët
Bouët, Jacques
Enregistrement traité dans le cadre du programme Patrimoine Oral du Massif Central.
Une femme interprète plusieurs chansons en occitan et français dont une variante de La lauseta e lo pepisson. La discussion se termine sur un air et des pas de danse.
RIMG0048.jpg
Adieu pauvre Carnaval / Teatre de la Carrièra
Teatre de la Carrièra

Chant de carnaval présent dans toute l'occitanie.

 

Paroles de la chanson : 


Tu es laide, tu es grosse. Tu as une paire de joues comme les fesses d'un gros cochon.

- Tu es toujours en train de boire, de manger, de faire la farandole, j'en ai assez de toi.

- Et moi je préfère vivre seule que mal accompagnée, Grand couillon !

- C'est trop fort, moi je suis Carême

- Et moi Carnaval.


Refrain : 

Au revoir, au revoir,

Au revoir pauvre Carnaval


Carnaval, tu es un ivrogne

Qui nous coûte cher

Mais tu as une belle gueule

Et ton ventre est sans pareil


Tu as chié dans tes culottes

Ça a coulé dans tes chaussettes !

Si tu n'avais pas eu la coulante

Ça ne serait pas tombé si bas !


Tu t'en vas et moi je reste

Pour manger la soupe à l'ail

Pour manger la soupe à l'huile

Pour manger la soupe à l'ail !


Dis-moi pourquoi il te chasse

Ce laid Carême

Pourquoi ici laisser ta place

Pourquoi pas rester toute l'année


Maintenant que nous avons tout terminé

Nous ferons la fête

Ou fumons la pipe

Maintenant que nous avons tout terminé

Nous ferons la fête dans le pré

Nous fumons la pipe sans tabac

 

RIMG0048.jpg
Non podria anar plus mau / Teatre de la Carrièra
Teatre de la Carriera

Autour de 1978


Chant issu d'un petit opuscule Les chansons du Carrateyron regroupant 5 chansons en provençal composées par des étudiants aixois entre 1518 et 1530 dont le ton général est hostile au monde de la justice, du clergé et des commerçants.

 

Traduction des paroles de la chanson :

 

Refrain :

Ça ne pourrait aller plus mal

Nyga nyga nyga

Ça ne pourrait aller plus mal

Et nyga nyga nau


Ecoutez tous la balade

Bien hargneusement composée

Que nous allons vous dire

Car si elle n'est pas bien chantée

Egrenée

Entrainante

Nous vous dirons la vérité

Silence écoutez un peu


Encore une fois nous chantons

Pour vous dire

Sans rire

La chanson de malgovern

Ça empire toujours

Par saint pire

Dieu y regarde

Autant l'été que l'hiver

De carême et de carnaval.



RIMG0048.jpg
Lei bofets / Teatre de la Carrièra
Teatre de la Carrièra

Chant collecté en Provence

 

Traduction des paroles de la chanson : 


Refrain :

Les soufflets sont cassés

Ils sont cassés ma mignonne

Les soufflets sont cassés

Cassés, rapiecés


Nous sommes une bande de jeunes

Nous avons un grand feu qui nous brule

Nous avons imaginé pour le faire passer

De prendre des soufflets et au cul te souffler


Ne croyez pas que nous sommes coureurs de jupons

Non, nous sommes renommés comme souffleurs

Celui qui veut faire souffler, n'a qu'à s'avancer

Le canon est planté, le jeu va commencer


Nous avons un instrument composé de deux pièces

Qui quand il est bien placé ne blesse jamais

C'est un morceau de peau entre deux grelots

Quand nous n'avons pas le sou, ça nous réjouit


Si par hasard, le soufflet peut vous plaire

Vous pouvez approcher de tous côtés

Vous pouvez venir souvent, nous vous donnerons du vent

Plus doux que le mistral qui fait serrer le trou

RIMG0048.jpg
La samba des cocus / Teatre de la Carrièra
Teatre de la Carrièra
sur 6