Auteur | Clément, Anne. Auteur, interprète Benichou, Julien. Compositeur Vidal, Alain. Interprète Huang, Edda. Interprète Benichou, Daphné. Interprète Zinner, Lucas. Interprète François, Isabelle. Interprète Alranq, Perrine. Interprète Capron, Michel. Interprète Duplan, Josette. Interprète | |
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Editeur | Compagnie Gargamèla-Théâtre CIRDÒC-Mediatèca occitana | |
Date d'édition | 2016 | |
Sujet | Feuilletons radiophoniques | |
Type de document | Sound document sonore | |
Langue | oci | |
Format | audio/mpeg son dématérialisé | |
Extent | 00:08:18 | |
Droits | © CIRDOC © Compagnie Gargamèla-Théâtre | |
Réutilisation | Creative commons = BY - NC - ND | |
Permalien | http://www.occitanica.eu/omeka/items/show/16519 | |
Création de la notice | 2017-06-29 Marion Ficat | |
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Je prends l’enveloppe, le tampon est américain. Je pose la lettre sur la table du salon.
Pour commencer il faut que j’ouvre les fenêtres, les volets pour laisser entrer l’air du mois de Juin dans la maison. Je fais le tour de la maison, ça ne sent pas la rose après un an de fermeture.
Il est midi. Je sors pour aller acheter quelque chose à manger. Quand j’entre dans l’épicerie c’est la révolution :
- Jeanne tu es rentrée ? Tout le monde croyait que t’étais envolée pour ne plus jamais revenir ! Mais que tu es belle ! Elégante ! Où as-tu trouvé ces jeans ? Et ce tee-shirt ? Tout le monde a fantasmé : il y en a qui ont dit que tu étais mariée, d’autres que tu avais décidé de vivre en Amérique avec Mathilde... De toutes façons ça nous fait plaisir de te revoir et surtout si jolie ! Sûr que le bonheur est arrivé dans ta vie. Et un jour il faudra nous dire la vérité ! Et la petite, je ne sais plus comment elle s’appelle, qu’est-ce que tu en as fait ? Tu l’as vendue ?
- Elle arrivera bientôt. Moi aussi je suis heureuse d’être rentrée et de vous voir. J’ai faim donc je voudrais...
- Est-ce qu’ils mangent comme nous de l’autre côté?
- Pas toujours. Donc du pain, du jambon, de la salade...
Mon panier plein je rentre à la maison. Ce n’est pas très agréable de manger tout seule quand on n’y est plus habituée. Le téléphone sonne :
- Allo Jeanne, comment vas-tu ? Et le toit il n’est pas au milieu du jardin ?
- Et toi Rémy que fais-tu? J’espère que tu es malheureux tout seul dans ta belle maison sans ta Jeanne!
- Et toi est-ce que tu es malheureuse sans ton Rémy?
- Je ne sais pas encore, je viens d’arriver et je vais manger un peu. Les gens sont heureux de me voir.
- Bon c’est l’heure de partir à l’université car j’ai du travail ! Sept heures. Je t‘appellerai quand tu auras mangé. Bises !
- Bises !
Je rentre dans la cuisine, rien n’a changé... Le temps de brancher l’électricité, d’allumer le frigo. Ensuite je mange, je trouve une bouteille de vin, je bois un coup. C’est bon le vin pour ma tête et surtout mon cœur pour chasser le « blues ».
Et maintenant la lettre avec le café. Je savais bien qu’elle m’écrirait un jour. Mais je ne suis pas sûre que ce soit le bon moment.
Quelqu’un frappe à la porte. C’est le René, l’amoureux de mes 20 ans qui m’a laissée pour une autre. Il a un bouquet de roses rouges dans la main.
- Bonjour ma belle américaine ! On m’a dit que tu étais revenue au village. Je croyais ne plus jamais te revoir.
Il me donne les fleurs.
- Ces fleurs pour te dire tout mon amour, à toi qui resteras toujours la fleur de ma jeunesse !
- Entre René. Tu veux du café ?
- Avec plaisir !
- Assieds-toi. Je vais le réchauffer.
- Est-ce qu’on t’a dit la nouvelle?
Je ne réponds pas. Maintenant je sers le café.
- Alors on ne t’a rien dit?
Silence.
- Maintenant tu sais je suis riche. Ma tante est morte et m’a tout laissé. Comme pour toi avec ton oncle Vincent. Trop d’argent pour un homme tout seul. Alors si tu voulais, on pourrait vivre ensemble. Avec Rosetta nous n’avons pas eu d’enfant.
- René, l’an dernier je te l’ai déjà dit : toi et moi ça fait 40 ans que c’est fini. Tu ne te souviens plus de ce que tu m’as fait à 20 ans ? Et maintenant en plus je suis fiancée. Bientôt il y aura un mariage au village. Tu seras invité. Et maintenant j’ai des choses à faire et je suis fatiguée. Bois ton café et dehors !
René se lève et commence à pleurer.
- Je t’ai aimé toute ma vie. Quand la Rosetta était malade chaque matin je priais pour la voir partir au cimetière. Pour vivre avec toi ! Les femmes vous êtes toutes les mêmes : vous ne comprenez rien à l’amour. Est-ce que tu te souviens que quand tu n’avais pas un sou je t’ai prêté 1000 francs pour enterrer ta mère ?
- Sors de chez moi ! Je ne veux plus parler du passé et ce qui est fait est fait !
J’ai ouvert la porte, j’ai jeté les roses au milieu de la rue.
- Ton chien, le petit Poubelle, c’est moi qui l’ai tué. Adieu la vieille fille !
Eh bien ! joli retour ! Et maintenant la lettre de Mathilde :
Ma chère Jeanne,
J’ai rêvé de toi chaque jour depuis neuf mois : je savais bien que j’avais été méchante de m’en aller sans te dire au revoir. Après tout l’amour que tu m’avais donné! J’ai besoin de toi. Dans deux mois le petit arrive et je ne veux pas le faire dans ce pays. J’ai peur ! Et quand je pense à ma mère et à la grand- mère de mon enfant c’est toi que je vois. Est-ce que je peux venir chez toi pour accoucher ? Fred mon homme viendra me rejoindre dans deux mois. Maintenant il ne peut pas. Appelle moi quand tu pourras. Ne me laisse pas seule. Je t’aime.
Ta fille Mathilde.
En PS il y a le numéro: 410 687 90 87.De toute façon je n’ai pas le choix : il me faut appeler !