Auteur | Clément, Anne. Auteur, interprète Benichou, Julien. Compositeur Alranq, Perrine. Interprète Jean Hebrard. Interprète Huang, Edda. Interprète Benichou, Daphné. Interprète Zinner, Lucas. Interprète | |
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Editeur | Cie Gargamèla CIRDÒC-Mediatèca occitana | |
Date d'édition | 2009 | |
Sujet | Séries radiophoniques | |
Période évoquée | 20.. | |
Type de document | Sound document sonore | |
Langue | oci | |
Format | audio/mpeg son dématérialisé | |
Extent | 00:07:02 | |
Droits | © Cie Gargamèla © CIRDÒC-Mediatèca occitana | |
Réutilisation | Creative commons = BY - NC - ND | |
Permalien | http://www.occitanica.eu/omeka/items/show/405 | |
Mise à jour de la notice | 2017-06-12 Marion Ficat | |
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J'ouvris la porte de la maison et devant moi, une fille, dans ses vingt ans peut-être, les cheveux noirs, les yeux verts, la peau brune, grande et mince, une valise à la main, qui me demande avec un beau sourire et une douce voix :
-« Madame Jeanne Belcaire ? »
-« Oui, c'est moi ! Que voulez-vous ? »
-« Vous vous souvenez de Marie Delbas, ma mère ? »
-« Peut-être, c'est possible... »
-« Vous étiez ensemble au collège dans les années... »
-« Et que fait votre mère aujourd'hui ? »
-« Pécaire, elle est morte, la pauvre, l'an passé et elle m'avait toujours dit : si un jour tu as des problèmes, va t'en voir mon amie Jeanne Belcaire, elle t'aidera."
-« Moi ? Comment pourrais-je vous aider : je n'ai pas de travail pour une fille comme vous, je suis seule et surtout, je pense que maintenant que je suis à la retraite je veux voyager. »
- "Peut-être que vous pourriez me loger ? En échange du gîte et du couvert j'entretiendrai l'intérieur mais aussi l'extérieur, je vois que vous avez un joli jardin."
- "Je peux le faire toute seule !"
- "Madame, soyez gentille, je n'ai pas d'endroit où aller !"
Il y eut un silence : ça me faisait peine de laisser cette fille dehors.... Peut-être que c'était vrai, que sa mère était au collège avec moi. Puis, sans réfléchir plus :
- "Entrez : vous dormirez ici cette nuit et demain vous chercherez un endroit où aller !"
J'essayais de trouver sur le visage de cette jeune fille une ressemblance quelconque avec une femme que j'aurais pu connaître dans ma jeunesse : rien. Je lui montrai la salle d'eau, et l'emmenai dans la chambre d'amis.
- "Installez-vous ici et je vous appellerai pour le dîner. Maintenant, j'ai des choses à faire."
- "Pour l'enterrement de votre tonton Vincent ?"
- "Comment le savez-vous ?"
- "Tout le village en parle, ils disent que maintenant vous êtes riche !"
- "Rien n'est encore décidé ! Mais vous avez raison, l'enterrement est pour demain."
- "Je vous aiderai pour recevoir la famille"
J'ai fermé la porte et suis allée dans le salon où je me suis assise : tout ça ne semblait pas vrai ! Qui était cette fille ? Et cette Marie Delbas ? Aucun souvenir de cette fille au collège ni ailleurs. Peut-être que c'était son nom de femme mariée ? Les rêves s'en étaient allés, la réalité m'emplissait la tête et me faisait mal.
Le téléphone sonna : sur l'appareil s'affichait le nom de Maître Bardot, le notaire de l'oncle Vincent :
- "Mademoiselle Belcaire ?"
- "Bonjour Maître Bardot, comment allez-vous ?"
- "Mademoiselle, j'ai besoin de vous voir : il est temps de lire le testament de votre oncle."
- "Peut-on le faire aujourd'hui ?"
- "Tout de suite : votre oncle a demandé que le testament soit lu à la famille, c'est à dire vous et votre cousin Paul, avant l'enterrement !"
- "Ah bon ?"
- "Votre cousin Paul sera dans mon bureau à 4 heures : je vous y attendrai aussi."
- "Je viendrai, soyez sans crainte, Maître Bardot !"
Je posais le téléphone. Et maintenant, qu'allais-je faire de cette fille ? La laisser seule dans la maison avec les chats ? Non, je n'avais pas confiance : elle viendrait avec moi et m'attendrait dans la salle d'attente du notaire. Quelle histoire !
- "Mademoiselle Delbas !"
- "Mon nom est Mathilde, Mathilde Delbas."
- "Mathilde, c'est un joli nom. Mathilde vous viendrez avec moi chez le notaire ou si vous voulez je vous déposerai devant le supermarché et je reviendrai vous chercher après mon rendez-vous."
- "Je n'ai pas d'argent pour acheter quoi que ce soit au supermarché !"
- "Alors vous viendrez avec moi et m'attendrez dans la salle d'attente du notaire."
Je commençai à suer et trembler : qu'est-ce que j'avais fait d'ouvrir la porte et laissé entrer dans ma maison une fille que je n'avais jamais vu ? Peut-être que ce serait bien de lui demander ses papiers ? On peut être courageux mais sans être complètement naïf ! Ou peut-être que Mathilde était la fille que je n'avais pas pu avoir? Quand j'étais jeune, ce n'était pas possible d'être « fille-mère », la seule solution était de rester « vieille fille » comme disaient les bonshommes au Café du Printemps.
Allons ! Encore le téléphone...