Auteur | Clément, Anne. Auteur, interprète Benichou, Julien. Compositeur Alranq, Perrine. Interprète Jean Hebrard. Interprète Gaspa, Marie. Interprète Huang, Edda. Interprète Benichou, Daphné. Interprète Zinner, Lucas. Interprète | |
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Editeur | Cie Gargamèla CIRDÒC-Mediatèca occitana | |
Date d'édition | 2009 | |
Sujet | Feuilletons radiophoniques | |
Type de document | Sound document sonore | |
Langue | oci | |
Format | audio/mpeg son dématérialisé | |
Extent | 00:08:42 | |
Droits | © Cie Gargamèla © CIRDÒC-Mediatèca occitana | |
Réutilisation | Creative commons = BY - NC - ND | |
Permalien | http://www.occitanica.eu/omeka/items/show/408 | |
Mise à jour de la notice | 2017-06-12 Marion Ficat | |
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Texte de l'épisode 3 :
Qui pouvait bien appeler à cette heure ?
Sur l’écran du téléphone, on pouvait lire : Funérarium. J'avais oublié !
Mathilde était assise sur une chaise de l'autre côté du salon. Elle avait l’air complètement épuisée : bouche ouverte et yeux mi clos. Toujours jeune et belle mais il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond chez cette petite jeune fille : peut être avait-elle faim ? C'était l'heure du repas, midi et demi.
Pour le moment, je devais répondre :
- "Allo ! Mademoiselle Belcaire ?"
- "Bonjour ! C'est bien elle !"
- "Vous n'oubliez pas que la cérémonie se tiendra demain à quinze heures. "
- "Oui, je sais"
- "Nous avons besoin de quelques renseignements pour tout organiser."
- "Je vous écoute"
- "Combien de personnes avez-vous invitées – pour les chaises ? Est-ce que vous avez prévu un sermon avec un curé – pour savoir combien de temps ça durera. Vous n'avez pas encore choisi l'urne pour les cendres.... " (La femme ne s'arrêtait pas...)
- "Alors : 25 personnes, pas de curé, deux discours de 5 minutes. Pour l'urne, je la choisirai demain. Nous arriverons aux alentours de deux heures et demie. "(C'était tout, mais la femme continuait et Mathilde était en train de tourner de l'oeil : elle avait besoin de manger.)
- "Bon madame, j'ai un millier de choses à faire : au revoir. Nous reparlerons de tout ça demain. Bonne après-midi ! "
Et cric et crac, je reposai le téléphone.
- "Eh bien ! C'est pas trop tôt!"
Je me dirigeai vers la cuisine.
- "Mathilde, vous avez faim ? "
- "Oui, si vous avez un petit quelque chose à grignoter, ça me ferait plaisir. Je pense qu'il y a longtemps que je n'ai rien mangé."
Je préparai une casserole de pâtes/pesto avec un peu de parmesan. Puis nous avons mangé, ou plutôt, elle a englouti deux assiettes pleines sans prendre le temps de respirer. Je n'osais rien dire et, de toute manière, je ne savais pas ce que j'aurais pu dire : on a le droit d'avoir faim.
- "Merci Mademoiselle Belcaire, c'était bon."
- "Maintenant peut-être que ça vous ferait du bien d'aller vous reposer un peu avant d'aller chez le notaire ?"
- "Est-ce que je pourrais appeler mon ami ? Je ne lui dirai pas où je suis mais j'aimerais savoir comment il va, le pauvre. Il n'est pas loin, ça ne coûtera pas cher !"
- "Si ça vous fait plaisir, prenez le téléphone dans votre chambre : mais j'ai un forfait de deux heures : vous serez bien gentille de faire vite."
- "Merci Mademoiselle"
Elle prît le téléphone, ferma la porte de sa chambre et commença à parler, tellement doucement que je ne pouvais rien entendre. Puis elle revint poser le téléphone sur l'étagère et me dit :
- "Merci, vous êtes bien gentille".
Elle retourna dans sa chambre. J'étais sûre que ses yeux étaient humides : elle avait pleuré, pécaire, que pouvais-je faire ? Si elle ne voulait rien me dire, moi je ne pouvais rien lui demander. Une nuit et demain Mathilde devrait trouver un autre logis : je n'étais pas mère Thérésa ! J'ai travaillé un peu – tellement de papiers à remplir pour l'enterrement!
Puis j'ai enfilé un « jean », une « chemise » - il faisait trop chaud pour s'habiller comme une dame, et je suis allée frapper à la porte de la chambre :
- "Mathilde, il est l'heure de partir !"
- "J'arrive !" Elle sortit de la chambre avec une belle robe rouge, des chaussures d'été, rouges également : elle était jolie et élégante. Le trajet fut court. Et quand je suis entrée chez le notaire, j'étais fière d'être avec une si belle fille. Le notaire vint m'ouvrir la porte :
- "Bonjour Maître, je vous présente ma filleule, Mathilde !"
(Ça m'était venu comme ça : il fallait bien que je dise quelque chose ! Mathilde esquissa un petit sourire et s'assit sur un fauteuil en osier de Vallabrègues )
- "Enchanté, si vous voulez bien attendre ici Mathilde ! Peut- être que ce sera un peu long mais vous avez de quoi lire et si vous avez soif, il y a une bouteille d'eau et un verre."
- "J'ai tout mon temps, merci beaucoup. Je serai bien ici."Nous sommes entrés dans l'étude de Maître Bardot : Paul n'était pas encore arrivé. C'était un beau bureau : deux grandes fenêtres qui donnaient sur un grand jardin avec des palmiers, des cèdres du Liban, des marronniers et j'avais l'impression d'être, assise dans un grand fauteuil vert Napoleon III, dans un roman du Balzac de Rodez.
- "Je vous ai demandé de venir un peu plus tôt parce qu'il y a un petit problème. Bien sûr votre oncle vous a bien légué à peu près tout ce qu'il avait. Mais il y a une chose pas très claire : votre cousin Paul avait un fermage sur la vigne du Clapas, qui fait deux hectares. Et la volonté de votre oncle est que Paul continue de travailler cette vigne c'est à dire que vous ne pourrez pas la vendre et que vous devrez le garder comme fermier. Le loyer n'est pas très élevé."
- "Ne vous faîtes pas de mauvais sang : même s'il la lui avait donnée cette vigne, il n'y aurait pas eu de problème. Je suis seule et j'ai assez d'argent pour vivre et voyager".
- "Autre chose : comme vous n'avez pas d'enfants, quand vous partirez pour l'autre monde, le plus tard possible je vous le souhaite, tout ce que vous aurez gardé, argent, terres et maison iront à l'Eglise catholique."
- "Je n'ai rien à ajouter : la volonté d'un mort dans son testament doit être suivie."
-" Jeanne il faut que je vous dise : j'ai été surpris, je ne savais pas que vous aviez une filleule aussi jolie, ces yeux verts...."
Heureusement la porte s'ouvrit et la secrétaire fit entrer le cousin Paul. Ouf !