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Se Canta (cant)
Lo CIRDÒC - Mediatèca occitana

Chanté sur la plupart des territoires d'Occitanie, le "Se Canta" s'affirme comme un hymne fédérateur occitan. Il comprend au moins une quinzaine de variantes, toutes différentes selon les localités où il est chanté ou a été recueilli. C'est cette appropriation, cette adaptation des paroles et de la mélodie mais aussi les thèmes universels qui le traversent qui font de ce chant un véritable hymne populaire sur l'ensemble du territoire occitan.

Les origines du "Se Canta"

La paternité de Gaston Fébus

L'hypothèse la plus répandue concernant l'origine de ce chant nous renvoie vers le XIV° siècle et le Béarn. Ce serait en effet Gaston Fébus (1331-1391), comte de Foix et vicomte de Béarn qui aurait rédigé cette chanson à l'attention de sa femme Agnès de Navarre. Connu pour son érudition, sa connaissance des divers dialectes occitans parlés à l'époque mais aussi pour son amour de la musique, Gaston Fébus aurait été délaissé par Agnès de Navarre, retournée dans le royaume de son père, de l'autre côté des Pyrénées. Il aurait alors rédigé le "Se Canta" -"Aquelas Montanhas" dans sa version originale - fou de chagrin pour implorer son retour. Cette hypothèse est communément admise même si aucune preuve dans les écrits de l'époque ne nous permet de confirmer la paternité de Gaston Fébus sur cette chanson. De même, on ne connaît pas la version d'origine de la chanson, cette dernière s'étant transmise de manière orale au cours des siècles, sûrement adaptée selon les chanteurs et les époques. Ce n'est qu'au XIX° siècle que la forme du "Se Canta" a été fixée par les collecteurs et folkloristes dans les diverses anthologies de chants qu'ils ont pu publier.  

L'hypothèse des bateliers toulousains

Joseph Canteloube, compositeur, musicologue et folkloriste est le premier en 1951, dans son "Anthologie des chants populaires français", à émettre une autre hypothèse quant à l'origine du "Se Canta".

Il y présente en effet une autre version commençant par ces vers : "Sul pont de Nanto ; I'a un auzelou" et analyse de cette manière l'origine de cette version du "Se Canta" : "Chanson très répandue en Roussillon, comté de Foix, Guyenne, Gascogne, Languedoc, Auvergne etc. Elle fut très probablement faite par des matelots toulousains transportant le pastel de Toulouse à Nantes pour le compte d'armateurs nantais. Le pastel était cultivé en Lauragais. Le bleu était obtenu sous forme de coque d'où l'expression pays de Cocagne appliquée à un pays heureux et riche. Ce bleu pastel fit au XVI° siècle la fortune du Midi de la France. Le pont dont parle la chanson est sans doute celui de Pirmil, situé à Nantes et qui portait, construite sur une arche, une hôtellerie pour les mariniers."

Là non plus, aucun élément ne nous permet d'affirmer la véracité de cette hypothèse et comme l'affirme Martine Boudet, universitaire, dans son ouvrage "Les hymnes et chants identitaires du Grand Sud - Essai sur l'emblématique inter-régionale" : "Ce pourrait être tout aussi bien être un matelot nantais qui ayant entendu le "Se Canta", l'aurait arrangé avec des paroles adaptées à Nantes. [...] Les traductions diverses venant sans doute qu'au cours des siècles, le sens originel de ce chant a été perdu et l'on a de ce fait, écrit d'autres paroles."

Les versions locales

D'autres versions locales existent et font notamment référence à la ville de Nîmes ("A la font de Nimes") ou à un pré ("Al fond de la prado"). On ne sait pas à ce jour à quelle époque ces versions ont été créées ni leur origine exacte. Pour de nombreux chercheurs et érudits, l'air de Gaston Fébus serait devenu tellement populaire qu'il aurait été repris et adapté localement, voire même mélangé à d'autres chants populaires locaux.

Dans tous les cas, on trouve dans toutes les versions du "Se Canta" les mêmes thèmes et figures : les hautes montagnes - qui font penser aux Pyrénées, frontière naturelle au sud du territoire occitan - qui apparaissent comme un obstacle à la réalisation amoureuse, le rossignol servant d'intermédiaire entre les deux amants et enfin, la relation amoureuse impossible.

La symbolique du "Se Canta"

Le thème de la séparation physique et morale des amants, la figure de l'oiseau comme intermédiaire rattachent également cette chanson à une tradition plus ancienne, celle de la fin'Amor célébrée par les troubadours au XIII° siècle. 

Pour d'autres, ce chant symbolise également l'alliance unissant de manière éphémère Occitanie, Aragon et Catalogne.

Enfin, Richard Khaïtzine dans son ouvrage "La langue des oiseaux" développe une approche plus symbolique et ésotérique de ce chant : "Cette chanson dans la manière des troubadours est un texte à clef ou codé. La clef en est livrée dès la seconde ligne puisqu'il y a un oiseau dont on nous dit "qu'il chante ce qu'il chante". Il s'agit d'une chanson rédigée en langue des oiseaux, autrement dit dans une langue à double sens. Remarquons que cet oiseau chante mystérieusement et de nuit. [...] Cette chanson nous entretient de la nuit noire de la répression. Le rossignol, autrement dit le troubadour, chante la passion des Cathares persécutés. Il ne chante pas ouvertement, mais d'une manière symbolique de façon à n'être compris que de ceux à qui s'adresse ce texte. Remarquons également qu'il chante pour la dame qui se trouve au loin, l'Eglise cathare en exil. Mais pourquoi  évoquer l'amandier qui fleurit ? Ses fleurs, nous dit-on, sont d'un blanc immaculé. L'art religieux utilisa fréquemment l'image de l'amande mystique, la vulve entourant la Vierge ou le Christ en gloire. L'amande, qui comporte une double écorce, très résistante, est bien adaptée à la représentation de la connaissance ésotérique qui ne s'acquiert qu'en usant de patience et d'efforts. Ceci est d'ailleurs conforme au sens profond de l'amande, laquelle en hébreu se dit luz terme désignant également la lumière. Nous devons donc comprendre ici que l'amandier aux fleurs blanches (alba) désigne le fidèle d'Amour, le fidèle de l'Eglise albigeoise. Si nous doutions de cette interprétation, l'occitan nous la confirmerait. En langue d'oc, amandier se dit amelhié (celui qui n'est pas noir). or de nombreux exégètes considèrent que, dans le poème médiéval Fleur et Blanchefleur, Fleur désigne l'Eglise catholique et Blanchefleur l'Eglise cathare. La suite de la chanson est bâtie sur le même processus. Les montagnes séparant l'amant de la dame représentent les obstacles rendant impossible la libre pratique de la religion cathare. Les derniers Parfaits et faidits se sont réfugiés de l'autre côté des Pyrénées. Pour sa foi, le croyant est prêt "à passer l'eau", à mourir sans crainte de se noyer. [...] Le terme occitan "negar" signifie, à la fois, noyer et renier. Ici, il s'agit donc d'un jeu de mots faisant référence à l'action d'abjurer sa foi. Enfin, si le parfait est prêt à passer l'eau, c'est que les cathares pratiquaient le baptême de Feu ou d'Esprit et non celui d'Eau."

Le "Se Canta" aujourd'hui

Si les versions, les hypothèses concernant sa création et les manières d'interpréter ce chant sont nombreuses, le "Se Canta" apparaît aujourd'hui comme un chant commun à la plupart des territoires d'occitanie, résonnant comme un véritable hymne identitaire adopté par la population des territoires occitans comme en témoignent les exemples suivants.

La généralité du Val d'Aran a adopté le "Se Canta" dans sa version "Montanhes Araneses" comme hymne officiel. Il a également été utilisé comme lors de la Cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Turin en 2006 pour représenter les vallées italiennes occitanes.

Le "Se Canta" est depuis 2010 l'hymne officiel des supporters du Toulouse Football Club, il est chanté avant chaque rencontre.

Enfin, sur Internet de nombreuses références sont faites à ce chant et concernent une très grande partie des territoires occitans. On peut par exemple trouver une version aragonaise. Le groupe de musique Los Hardidets a également répertorié 200 versions du Se Canta, pour la plupart directement consultables en ligne.

Si le "Se Canta" s'affirme comme un hymne identitaire occitan, il n'est pas le seul. En Provence, c'est la "Cansoun de la Coupo", rédigée par Frédéric Mistral qui s'est affirmé comme véritable hymne occitan. La chanson "Lo Boièr", datant du Moyen-Age est également depuis les années 1970 devenue un véritable hymne identitaire commun à plusieurs régions d'occitanie.

 

Pour aller plus loin : 

 
  • Bibliographie : 
  • Martine Boudet, Les hymnes identitaires du Grand Sud : essai sur l'emblématique inter-régionale, Puylaurens : Institut d'Estudis Occitans, 2009. Cote CIRDOC : 320.5 BOU
  • Richard Khaitzine, La langue des oiseaux : quand ésotérisme et littérature se rencontrent, Paris : Dervy, 1996.
  • Joseph Canteloube, Anthologie des chants populaires français groupés et présentés par pays ou province. Tome I, Provence, Languedoc-Roussillon, Comté de Foix, Béarn, CorseParis : Durand & Cie, 1951. Cote CIRDOC : CAB 3518-1.

 

 

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Cantes Biarnéses é Gascounes : Aquéres mountines, Roussignoulét, Dus pastous a l'oumbrétte
Despourrin, Cyprien (1698-1759). Compositeur
Gaston III (comte de Foix ; 1331-1391). Compositeur
Mesplès, Paul Eugène (1849-1924). Compositeur
Partitions et paroles de divers chants gascons et béarnais, édités par l'Escole Gastou-Fébus, association littéraire fondée en 1896.
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Bouët, Jacques (enquêteur)
Moudier, Madame (informateur)
Deux femmes et un homme chantent plusieurs chants. Ils interprètent deux versions du Se Canta, un répertoire de chants de noëls occitans et diverses chansons en français.
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Georges, Alexandre (1850-1938)
Partition d'une version béarnaise de l'Hymne occitan Se Canta arrangée pour soprano solo et choeur d'hommes et accompagnement de piano.
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Mistral, Frédéric (1830-1914)
Partitions extraites de l'édition de 1921 de La Rèino Jano, tragédie provençale en vers de Frédéric Mistral.

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L'œuvre de redressement du catalan littéraire 
Fabra, Pompeu (1868-1948)

Edition de l'article de Pompeu Fabra (Barcelone, 1868- Prades, 1948), philologue et grammairien catalan. P. Fabra joua un rôle central dans la normalisation linguistique du catalan moderne, notamment de l'Institut d'Estudis Catalans créé en 1907. Il est l'auteur des nombreux outils linguistiques catalans (grammaires, normes orthographiques, dictionnaires), notamment la Gramàtica catalana (= Grammaire catalane, Barcelona, Institut d'Estudis Catalans, 1918)  ou le Diccionari general de la llengua catalana (= Dictionnaire général de la langue catalane, Barcelona, Institut d'Estudis Catalans, 1932). Pompeu Fabra avait été sollicité par les animateurs de la revue Oc, engagés dans le chantier de normalisation linguistique de l'occitan, pour témoigner du travail effectué par les Catalans. 

Source : 

Pompeu FABRA, “L’obra de redreçament del català literari”, article paru dans Oc : setmanari de literatura - arts - ciencias - esports, VIe annada, n° 112, 7 avril 1929 (p. 3) 

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Una revista pedagogica en occitan : Practicas

La revue Practicas (sous-titre : "revista pedagogica") est une revue de pédagogie en occitan. Practicas est emblématique de l'évolution de la production pédagogique occitane dans les années 1980, marquée par la sortie d'une certaine marginalité, jusque-là essentiellement cantonnée dans les publications des organisations militantes (autour de l'IEO à partir de 1945 : Groupe Antonin Perbosc puis Section pédagogique de l'IEO) - "le temps des pionniers et premiers maîtres" dont parle l'éditorial du premier numéro de la revue Practicas (1983, voir ci-dessous). La revue Practicas témoigne donc de la structuration d'un secteur public et d'une certaine "normalisation" institutionnelle de l'enseignement de l'occitan. 

La publication de Practicas - une à deux livraisons  par an - a débutée en 1983 pour se terminer en 1989 (n° 15/16). La collection comporte 9 numéros au total d'une centaine de pages chacun. 

Editée à Béziers, son comité de rédaction était composé d'enseignants et d'universitaires (Claire Torreilles, Jean-Paul Creissac, Marie-Jeanne Verny, Patric Sauzet, Danièle Julien, André Clément...) 

Chaque numéro comprend des articles, des exercices, des choix de textes visant à aider l'enseignement de la langue et de la littérature occitanes, mais aussi l'enseignement en occitan des sciences et de l'histoire. Enfin la revue fait une large place aux expériences d'enseignement, à travers de nombreux témoignages de professeurs d'occitan. 

Extrait de l'éditorial du n° 1 (1983) : 

« Enfin Practicas existe ? Confluent de pratiques et de recherches pédagogiques isolées ou collectives, Practicas ne prétend en aucune façon imposer des modèles ou proposer des recettes. Cette revue nouvelle veut être un outil de travail et de communication, le reflet de la diversité des situations et des méthodes. Nous avons donc largement ouvert l'éventail des rubriques, non seulement parce qu'il n'y a pas une seule façon d'enseigner l'occitan, mais aussi parce qu'il y a, en occitan, et par l'occitan, plus d'un domaine à défricher. (…) Maintenant que nous croyons arriver à la fin du temps des pionniers et « premiers maîtres », nous devons sortir de la marginalité. L'espoir de voir changer nos conditions de travail et l'urgence des tâches à entreprendre nous imposent de multiplier les perspectives, de confronter largement les expériences. C'est à nous d'y contribuer, à chacun de nous. Que la précarité matérielle et institutionnelle soit encore notre lot, c'est incontestable ; les difficultés de financement que nous avons rencontrées en sont la preuve. Mais il faut avancer coûte que coûte. L'enjeu de nos efforts est peut-être une entreprise originale de réflexion autonome et exigeante sur cette école où nous voulons faire sa place à l'occitan, non par sensibilité passéiste, mais par choix mûri, volontaire, d'une école différente et d'un enseignement moderne et démocratique. » 

Pour consulter la revue :

La collection complète est consultable au CIRDOC-Mediatèca occitana [cote N 4]. Des collections - souvent incomplètes - sont également consultables à la Bibliothèque d'agglomération de Montpellier, aux Archives Départementales de l'Hérault, au Centre Régional de Documentation Occitane de Mouans-Sartoux ainsi qu'à la Bibliothèque nationale de France. 

Les premières revues pédagogiques occitanes : 

- Bulletin pédagogique de l’IEO (Toulouse, 1951-1956) 

- Cahiers Pédagogiques de l’IEO (Toulouse, 1956-1973) 

- Lo Senhal : bulletin pour l'enseignement de la langue d'Oc (Toulouse, IEO, 1971-1972) 

- Viure a l’escòla : revue de réflexion et de pratiques pédagogiques (Villegaillenc, 1976 et 1980) 

D'autres revues pédagogique, qui paraissent actuellement :

- Lenga e país d’òc, revue de réflexion et pratiques pédagogiques éditée par le CRDP de Montpellier, 1982-.

Revue de référence réalisée par des enseignants et universitaires. 

- Lo Senhal, A.D.OC (Association pour le développement de la langue occitane), Mende, paraît depuis 1991.

- Lou Prouvençau a l’escolo. revue publiée par l'association "Lou Prouvençau a l'escolo", Saint-Rémy-de-Provence, paraît depuis 1952-53. 

Uniquement pour l'enseignement du provençal. Voir le site de l'association.

Pour en savoir + sur l'histoire des revues pédagogiques occitanes, voir :

Yan LESPOUX, "Robert Lafont et la pédagogie au sein de l'IEO", publié dans Lenga et país d’òc, Scérén-CRDP Languedoc-Roussillon, n° 50-51, avril 2011 (p. 37-48).

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Pour que se développe le théâtre en Languedoc-Roussillon-Provence
Action pour le Jeune Théâtre. Section Languedoc-Roussillon Provence-Alpes
[imatge id=169]Texte de réflexion, état des lieux et propositions pour le théâtre en région, rédigé par le collectif AJT en 1978, suite à la grande marche pour le théâtre de 1977.
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Jasmin par Sainte-Beuve
CIRDOC-edicion electronica
Edition de l'article sur le poète Jasmin par le critique Charles-Augustin Sainte-Beuve, paru dans les Causeries du Lundi, t.IV, Paris, Garnier-Frères (1851).
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Dòrsier autor : Loïsa Paulin
Ensemble de coupures de presse au sujet de Louisa Paulin / Loïsa Paulin (1888-1944), poète de langue française et occitane. Contient :

1. André-Jacques BOUSSAC, “Symphonie d’automne”, article paru dans Tolosa, 30 août 1936.

2. José VINCENT, “Loïza Paulin : La Ronda dels Morts”, article paru dans La Croix, 17-18 août 1941

3. Paul GAYRAUD, “Fresca par Loïza Paulin”, article paru dans le Journal de l’Aveyron, 9 mai 1942.

4. Jules VERAN, “Loïza Paulin”, article paru dans l’Eclair, 7-8 mai 1944.

5. René ROUQUIER, “Louisa Paulin”, article paru dans L’Echo du Midi, 7 août 1947.

6. Jean ROUSSELOT, “Le Souvenir de Louisa Paulin”, article paru dans Les Nouvelles littéraires, 23 octobre 1947.

7. C. GANDILHON GENS-D’ARMES, “Rythmes et Cadences : Poèmes en français et en langue d’oc par Louisa Paulin”, article paru dans L’Auvergnat de Paris, 5 juin 1948.

8. André Billy, deux articles sur la littérature régionaliste en France et Louisa Paulin, parus dans Le Figaro littéraire, 30 avril 1949 et 14 mai 1949.

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