Le carnaval constituait autrefois un événement très populaire, notamment dans les villages de l'Hérault. Les divertissement organisés lors de ces réjouissances étaient variés, proposant défilés de chars, fanfares, concours et diverses danses.
Parmi celles-ci, figure le branle des Soufflets (Bofets de la plaine de l'Hérault), parfois aussi connu sous le nom de buffatière (Montagne Noire), ou Bufali (Carcassès). Elle est le plus souvent dansée le Mercredi des Cendres, jour de la dissolution des corps selon l'Evangile, ce qui explique la présence de farine, cendres, ou confettis dans de nombreuses interprétations de la Danse des soufflets. (cf. La fête en Languedoc de Daniel Fabre et Charles Camberoque. Privat, 1977).
Les danseurs, vêtus de chemises et de bonnets de nuit féminins, sont armés de soufflets de cuisine, tandis qu'en tête de cortège, le meneur de la danse, parfois juché sur un âne, porte la plupart du temps un soufflet de forgeron, plus imposant.
Débutant par des farandoles le long des rues, le branle des Soufflets se pratique généralement sur une place, au son du tambourin et du hautbois. Le corps plié en deux, les participants soufflent de leur instrument le bas du dos de leur prédécesseur. Ils se redressent alors et placent leur soufflet de leur main droite, à hauteur de visage, avant se placer l'un à la suite de l'autre de façon à former un rang. Ils entament alors la chanson des soufflets. (cf. Les danses Populaires, les Farandoles, les Rondes, les Jeux Chorégraphiques et les Ballets du Languedoc Méditerranéen de Jean Baumel. Toulouse, 1958).
Nous vous proposons ici les paroles et les pas rapportées par Jean BAUMEL dans son ouvrage (op.cit. P.98-106.) D'une région à l'autre et selon les versions, ce modèle est susceptible d'évoluer. Nous reproduisons ici le texte tel qu'il a été proposé par l'auteur ainsi que sa traduction en français. Vous trouverez également ci-après en gras, une version proposant une orthographe corrigée du texte original.
« E, Jan dansaba san culota/ E, Janetoun san coutilloun »
« Et Jean dansait sans culotte/ et Jeannette sans cotillon (jupon) ».
E Joan dançava sens culòta/ E Joaneton sens cotilhon.
Se penchant alternativement de droite à gauche, et de gauche à droite, ils interprètent alors le refrain :
« E bufa ie au cuou/ Que n'a bien besoun »
« Et soufflez-lui au derrière/ Il en a bien besoin ».
E bufa li al cuol/ Que n'a ben de besonh.
La danse est ensuite complétée par des pas français en avant et en arrière ou des pas de polka selon les versions, sur le refrain suivant :
« Jamaï, gagnan bimboya/ Tant que faren autan./A toutas aquellas fillas/ Ie cau un galan/ Lou pe, lou pe, lou pe. (bis)
« Jamais, ils ne feront fortune/ S'ils continuent à agir ainsi./ A toutes ces filles/ Il leur faut un galant/ Le pied, le pied, le pied. »(les danseurs tapent du pied).
Jamai ganhan « bimboya »/ Tant que faràn aital/ A totas aquelas filhas/ Los cal un galant/ lo pè, lo pè, lo pè. (bis).
« La man, la man, la man ».
« La main, la main, la main ».
La man, la man, la man.
Les danseurs élèvent le soufflet de bas en haut :
« A toutas aquellas fillas/ Ie cau un galan ».
« A toutes ces filles/ Il leur faut un galant. »
A totas aquelas filhas/ Los cal un galant.
Les participants font ensuite une ronde avant de se remettre en ligne :
« Toujours me parloun de mas caousses/ Jamaï me las petassoun ».
« Toujours ils me parlent de mes chausses/ Mais jamais, ils ne me les réparent. »
Totjorn me parlan de mas cauças/ Jamai me las pedaçan.
Les jeunes hommes terminent leur danse face à face, le corps penché :
« E bufa ie au cuou/ Que n'a bien besoun »
« Et soufflez-lui au derrière/ Il en a bien besoin ».
E bufa li al cuol/ Que n'a ben de besonh.
Avant de quitter la place, le dos penché, remuant les genoux de l'intérieur vers l'extérieur, en jouant du soufflet.
François Dezeuze, dans son ouvrage Saveurs et Gaïtés du Terroir Montpelliérain (Montpellier, 1935, p235.) précise que la danse reprenait parfois après le repas, faisant intervenir pour moitié des porteurs de bougies allumées, pour l'autre des danseurs munis de soufflets, cherchant durant le branle à éteindre ces flammes.
Notons qu'il existe en fait de nombreuses variantes de cette danse, n'ayant le plus souvent en commun que le seul costume (blanc) et l'intérêt pour le séant des partenaires. Ainsi à Portiragnes, les soufflets étaient préalablement remplis de farine, tandis qu'à Bessan, la danse était réalisée par des enfants. (Baumel, op.cit.). Toutes visent également à purifier les des corps avant l'entrée dans la période du Carême.
Pièce de théâtre d'un auteur anonyme présentée dans l'ouvrage Seconde partie du triomphe de Beziers au jour de l'Ascension contenant la Colere ou furieuse indignation de Pepesuc & le discours funebre de son ambassadeur sur la discontinuation des ancienes coustumes ou sont adjoustées les plus rares pieces qui ont esté representées au susdit jour jusques à present imprimé par Jean Martel en 1644.
Le jour de l'Ascension, fête des Caritats à Béziers, donnait lieu à de nombreuses réjouissances dont faisait partie la représentation de pièces de théâtres écrites par des auteurs locaux, la pièce présentée dans ce document a été rédigée et jouée pour cette occasion.
Au tout début de la décennie 1970, Jacques Bouët, alors étudiant en maîtrise d’ethnologie à l’Université Paul-Valéry de Montpellier, et devenu ensuite un ethnomusicologue spécialiste des musiques roumaines, fait une série d’enquêtes orales dans le nord de l’Hérault sur les massifs du Caroux et de l’Espinouse. Les enregistrements ont été donnés par l’ethnologue à l’Office départemental d’action culturelle (ODAC) qui avait constitué une importante phonothèque d’intérêt ethnographique. Le fonds de la phonothèque de l’ODAC a depuis été versé aux Archives départementales de l’Hérault (1771 W 64-66).
Jacques Bouët (1945-2018) a été un ethnomusicoloque et enseignant-chercheur spécialiste de langue et civilisation roumaines. C’est dans le cadre de ses études d'ethnologie à l’Université de Montpellier au tout début des années 1970 que Jacques Bouët réalise une série d'entretiens enregistrés sur bandes magnétiques avec des habitants des massifs du Caroux et de l'Espinouse (Hérault).
Durant un été Jacques Bouët est allé à la rencontre des familles et habitants des villages et a recueilli récits de vie, contes et chansons aussi bien en occitan qu'en français. Ces entretiens ont servi de matériaux à la rédaction d’un mémoire de maîtrise, Faits relevant de l'ethnomusicologie dans la région du Caroux et de l'Espinouse (Faculté des Lettres et Sciences humaines de Montpellier, juin 1970) dans lequel il livre quelques informations sur le cadre de cette enquête :
« Les plateaux du Caroux et de l'Espinouse, bordés au sud par la vallée du Jaur et de l'Orb, forment une région géographique et culturelle assez homogène. Mais, du seul point de vue dialectal, cette région se rattache à un ensemble constitué par les départements de l'Hérault et de l'Aude et de l'est de la Haute-Garonne et de l'Ariège. D'autre part l'on y trouve des éléments culturels archaïques provenant tant du Massif Central que de la plaine languedocienne : c'est le cas par exemple, pour nous limiter au domaine de la musique, des bourrées montagnardes dont le centre de diffusion semble être le Massif Central, et de la danse des treilles venue du Bas-Languedoc. En fait l'homogénéité culturelle de cette région tient avant tout au fait que sa population est constituée de “montagnards” ; à ce point de vue, la mentalité des autochtones s'apparente plus à celle des populations du Massif Central et des Cévennes qu'à celle des “gens de la plaine”. Il serait difficile de trouver des caractéristiques plus profondes différenciant actuellement la région étudiée des régions de montagne voisine. Des différences plus profondes que de simple variantes ne sont plus guère perceptibles en France qu’entre de vastes ensembles régionaux, les cultures régionales étant prises depuis longtemps dans un processus d'homogénéisation. C'est encore une raison qui nous a fait apparaître la recherche à tout prix de faits idiosyncrasiques de la région étudiée comme vaine, et pour laquelle nous avons préféré nous limiter à faire ressortir le caractère archaïque pas toujours évident de certains faits observés.Les enregistrements et le mémoire de maîtrise avait été remis par Jacques Bouët à l’Office départemental d’action culturelle (ODAC) de l’Hérault qui avait créé en 1985 une phonothèque pour la sauvegarde du patrimoine oral du département, sous la responsabilité de l’ethnologue Pierre Laurence.
L’ensemble des fonds de l’ODAC ont été versés aux Archives départementales de l’Hérault en 2002.
Voir la notice du fonds ODAC - Phonothèque sur le site des Archives départementales de l’Hérault.
Fonds clos
Le Dossier « Enquête Jacques Bouët sur le Caroux et l’Espinouse » contient une série de 25 entretiens et collectages sonores réalisés dans les massifs du Caroux et de l'Espinouse vers 1969-1970.
Les enregistrements portent essentiellement sur la culture populaire, musiques, chants et danses traditionnels, vie populaire d'autrefois, récits de vie.
1970
Occitan (languedocien)
Français
05:36:18, soit 25 entretiens avec des habitants du Caroux et de l'Espinouse répartis sur 3 bandes magnétiques
Enregistrements sonores
Le mémoire de maîtrise qui est issu de cette enquête est consultable au CORDAE-La Talvera à Cordes-sur-Ciel (voir sur le catalogue du CORDAE)
1771 W 64-66
Inventaire complet disponible sur le site des Archives départementales de l'Hérault
Accéder à la notice du dossier Jacques Bouët (Fonds ODAC - Phonothèque)
Fonds numérisé et en partie disponible sur Occitanica dans le cadre du programme « Patrimoine culturel et identité territoriale - Musiques et danses traditionnelles en Massif Central »
Voir les enregistrements disponibles sur Occitanica
BOUET, Jacques. Faits relevant de l'ethnomusicologie dans la région du Caroux et de l'Espinouse. Mémoire de maîtrise. Ethnologie. Montpellier : Faculté des Lettres et Sciences humaines, juin 1970, 74 p.
CONTRI, Fabrice. Jacques Bouët (1945-2018). Cahiers d'ethnomusicologie. [en ligne]. 2018. [Consulté le 3 février 2020]. Vol. 31, pp. 297-300. Disponible à l'adresse : https://journals.openedition.org/ethnomusicologie/3098
Fonds consultable sur place, aux Archives départementales de l'Hérault