[ca 1910] : date approximative.
Ce recueil de chansons est le premier fascicule de Cant de Prouvènço e li declamacioun. Il réunit plusieurs chansons provençales de félibres, dont plusieurs écrites par Frédéric Mistral.
- En premier lieu on trouve la « Cansoun de la coupo », également appelée « La Coupo Santo », chantée sur un noël de Nicolas Sabolly. Elle célèbre la coupe en argent offerte en 1867 par les félibres catalans aux félibres provençaux. Ce présent vient en remerciement de l'accueil réservé par les provençaux au poète catalan Victor Balaguer, exilé politique. Ce chant, qui devint rapidement l'hymne du Félibrige est depuis devenu celui des provençaux. (Frédéric Mistral : Essai de discographie... / Etabi par Annie Zerby-Cros.-- Béziers : CIRDÒC, 2004)
- Magali, la deuxième chanson, est une aubade présente dans le chant III de Mireille. Frédéric Mistral s'est servi d'une chanson populaire pour mettre en musique son texte.
Cette chanson a permis au poète de se faire connaître dans la société lettrée parisienne. En effet, c'est en entendant le chant de Magali qu'Adolphe Dumas un provençal d'origine, bien implanté dans le monde littéraire parisien, découvre Mireille et fait part de son émerveillement dans la Gazette de France. C'est par l'intermédiaire de Dumas que Mistral rencontre Alphonse de Lamartine à Paris en 1858, quelques mois avant la publication de Mireille. (Frédéric Mistral et Déodat de Séverac : le Félibrige et la musique / Jean-Bernard Cahours d'Aspry, pp. 71-72)
- La troisième chanson de Mistral de ce recueil, Cansoun dou cinquantenàri, a été créée par Mistral pour le cinquantenaire du Félibrige, qui s'est déroulé le 23 mai 1904 à Font-Ségugne. (Histoire du Félibrige. 2, 1876-1914 / René Jouveau.-- Aix-en-Provence : R. Jouveau, 1970).
Il est question de La Cansoun dis Àvi dans une lettre de Pierre Devoluy adressée à Frédéric Mistral datant du 29 mars 1906. L'expéditeur y fait part de ses impressions enthousiastes sur la chanson que Mistral vient de lui envoyer. Devoluy demande à Mistral s'il possède un air pour la chanter et pour qu'il la publie dès le prochain numéro du journal Prouvènço ! (Cf. Correspondance Frédéric Mistral - Pierre Devoluy : 1895-1913 / publ. et annotée par Charles Rostaing, 1984, p.687-688).
Pierre Devoluy est à l'époque rédacteur en chef du mensuel Prouvènço ! Auriflour de la causo felibrenco. La Cansoun dis Àvi sera effectivement publiée dans le n°16 du 7 avril 1906, signée par Frédéric Mistral, à Maillane le 27 mars 1906. La chanson y est précédée d'une petite introduction indiquant : « Èr : mescladis de E ièu quand la veirai
Ié dirai...
e de Eisabèu
Ti boutèu
Soun plen de sarriho... »
Ce numéro de Prouvènço ! est conservé à la médiathèque du CIRDÒC (cote magasin AF).
Frédéric Mistral (premier plan à droite), en compagnie de Pierre Devoluy (second plan à droite), capoulié du Félibrige, et de Marius Jouveau (au centre, de profil) devant la porte des Arènes de Béziers, au milieu de la foule lors des fêtes de la Santo Estello de Béziers le 25 mai 1902.
Ils sont accompagnés par Fernand Pigot, Marc Varenne et Émile Barthe.
Texte figurant dans la chambre de Frédéric Mistral, placé dans un cadre de bois contenant une photo du porche de Saint-Trophime d’Arles, celui-là même où se déroule la scène du poème – « davalavo, en beissant lis iue, / Dis escalié de Sant-Trefume » - et sur laquelle a été peinte à la gouache une jeune Arlésienne. Un carré de papier blanc, placé au bas de cette photographie, reprend les premières strophes de La Communioun di Sant. Cette présence de l’Arlésienne au plus près de l’auteur, confère à la pièce un caractère particulier, encore accentué par les histoires qui entourent la rédaction même du poème. (cf. Frédéric Mistral, Lis Isclo d’or. Edition critique établie par Jean Boutière, Paris, 1970).
Mistral aurait ainsi imaginé l’histoire de la Communioun di Sant à la Toussaint 1857. Assistant à la sortie des Vêpres devant la cathédrale Saint-Trophime d’Arles, il aurait alors aperçu une jeune fille, Arlésienne modeste qui « Davalavo, en beissant lis iue ». Marquée par cette « vision », c’est à la terrasse d’un café que Mistral aurait rédigé ses premières lignes sans attendre, lignes qui donneront six mois plus tard la Communioun Di Sant, texte dans lequel le poète Roumanille voyait une « histoire édifiante et la récompense de la beauté, c’est-à-dire de la vertu » (Jean-Paul Clébert, Mistral ou l’Empire du Soleil, Paris, 1983).