On désigne par « incunable » - du latin incunabula, « le berceau », « le commencement » - les premiers livres imprimés au cours du XVe siècle. Ces premiers livres, dont le plus célèbre est la Bible latine à quarante-deux lignes que Gutenberg imprima à l'aide de caractères mobiles vers 1450 à Mayence, ne ressemblent pas encore aux livres modernes qui apparaîtront, selon les régions, entre le début et le milieu du XVIe siècle. Les incunables conservent encore beaucoup de caractéristiques des manuscrits reliés (codex) du Moyen Âge, sans page de titre, avec une mise en page compacte, sans chapitre et comportant de nombreuses abréviations. Certains étaient même encore enluminés. Mais la caractéristique la plus marquante de ces « premiers imprimés » est l'utilisation de caractères gothiques.
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Bien que l’espace occitan voie dès 1475 l’installation des premiers ateliers d’imprimerie à Albi, puis l'année suivante à Toulouse, c’est sur des presses italiennes, à Turin, que fut fabriqué en 1492 le premier livre imprimé en occitan : Lo Compendion de l’Abaco, œuvre du niçois Francés Pelós.
L'Incunabula Short Title Catalogue (ISTC), base de données internationale qui recense plus de 30’000 éditions de livres imprimés antérieurs à 1501, révèle que la langue majoritaire des premiers imprimés est le latin. Vient ensuite l’italien avec près de 2’500 titres et le français avec près de 1800 titres. La péninsule ibérique, qui connaît plus tardivement l’arrivée de l'imprimerie, est représentée par 437 éditions recensées en espagnol (castillan) et 138 en catalan. L’ISTC ne recense pour les langues vernaculaires de France, hormis le français, un incunable en breton, le Catholicon de Jehan Lagadeuc, dictionnaire trilingue breton-français-latin destiné à l'instruction « des petits clercs pauvres de Bretagne ou encore des illettrés en latin ».
Avec trois éditions connues, le corpus des incunables occitans est très faible au regard du corpus francophone, ou même catalonophone et révèle déjà l’état très dégradé du rapport de force entre l’occitan et le français dans la production et la diffusion écrite des savoirs au sortir du Moyen Âge, au large bénéfice du français. Pour autant, la langue occitane, héritière d’une scripta littéraire, scientifique et administrative importante et prestigieuse au Moyen Âge, demeure encore, à l'orée de l'époque moderne, une langue d’écriture et de diffusion savante. La plupart des autres langues vernaculaires de l’actuel territoire français, voire de l’Europe occidentale, n’ayant aucune édition ancienne.
C’est assez tardivement, dans les toutes dernières années du XVe siècle, qu'apparaissent les premiers incunables en occitan.
On désigne par le terme de « chansonnier » (cançonièr en occitan) des recueils manuscrits de « chansons », poésies des troubadours d’expression occitane, compilés et rédigés entre le milieu du XIIIe et le milieu du XIVe siècle.
Les chansonniers occitans - parfois appelés « chansonniers provençaux » selon la tradition philologique du XIXe siècle - forment des recueils de la lyrique occitane des XIIe et XIIIe siècles, ordonnés par un créateur, qui est parfois un troubadour, mais dans la très grande majorité des cas un « collectionneur » ou « compilateur » selon un projet anthologique : le plus souvent par genre (cansos, sirventes, tensos et partimens, etc.) et, à l’intérieur de chaque genre, par troubadour ainsi élevés au rang d’ « auteur », que le compilateur peut présenter par une biographie (vida) et une explication de son poème (razo).
Un chansonnier n’est pas à proprement parler un recueil fidèle de l’art des troubadours mais « constitue une délimitation, voire une organisation particulière du corpus de la poésie lyrique des troubadours, pourvue d’un sens historique et culturel même par rapport à l’ensemble de la tradition1».
Pour autant, les 40 chansonniers occitans conservés, auxquels il faut ajouter les copies et les citations de troubadours dans d’autres œuvres (manuscrits dits « de la tradition indirecte »), constituent le conservatoire de la lyrique occitane des XIIe et XIIIe siècle, ayant transmis 2542 poèmes attribués à 460 troubadours connus auxquels il convient d’ajouter les œuvres anonymes. Le nombre de ces dernières n’est à ce jour pas déterminé, les sources variant d’environ 250 à quelques dizaines.
< chansonniers provençaux
< chansonniers limousins
La tradition philologique du XIXe siècle fit de « provençal » l’adjectif désignant le domaine de l’ancien occitan dans son ensemble, reprenant l’appellation italienne qui, dès le Moyen Âge la désignait par proensal (provenzale), en référence à la provincia romana (Gaule meridionale). Les termes de « provençal » et « ancien provençal » sont aujourd’hui abandonnés au profit de « occitan » afin de ne pas créer d’ambiguïté avec la région de la Provence historique ou actuelle et avec le dialecte occitan provençal.
Une appellation plus ancienne et moins répandue qualifie également ces chansonniers de « limousins » principalement à cause du nombre important de troubadours issus de cette région. Elle fut néanmoins assez rapidement délaissée.
Les chansonniers occitans forment le plus important corpus littéraire médiéval du domaine occitan avec 40 manuscrits (chansonniers originaux complets ou fragmentaires, et copies de chansonniers perdus), et plus d’une centaine si l’on compte les copies de chansonniers.[imatge id=21645]
Ce corpus présente des documents très divers, souvent sur parchemin (34 sur 40), de formats et de contenus très différents, allant du chansonnier précieux, de grand format, très soigné et miniaturé, contenant un grand nombre de poésies présentées selon une organisation rigoureuse, à des chansonniers de formats plus petits, moins précieux et moins volumineux.
Les chansonniers les plus soignés peuvent contenir des miniatures, souvent des initiales historiées (représentations d’un personnage dans les initiales les plus importantes du texte) contenant le portrait stéréotypé de chaque troubadour représenté d’après sa vida. Ils sont pour la plupart parés d’attributs qui les situent socialement : en arme ou à cheval, en costume noble, clérical ou populaire. On remarque une majorité de troubadours nobles (chansonniers A, I, H et K).
Le chansonnier R suggère une image plus facétieuse de la poésie des troubadours avec ses initiales qui se terminent en tête grotesques de jongleur, d’oiseaux et de chimères.
[imatge id=21646] Quelques chansonniers contiennent également des notations mélodiques. Ces chansons ont pour principal sujet l’amour, exprimé avec magnificence dans le genre de la canso. Cette louange poétique de la femme aimée est magnifiée par le troubadour par sa capacité à « trouver » une ingénieuse combinaison entre mots et musique. De cette poésie chantée, seuls 4 chansonniers ont conservé une notation musicale de la mélodie (1/10e seulement des textes de troubadours comportent une mélodie) : R, BnF fr. 22543 ; G, Milan, Bibl. Ambr., R 71 sup. ; W, BnF fr. 844 ; X, BnF fr. 20050. Dans les chansonniers musicaux, seule la mélodie de la première strophe est notée.
L’ensemble des mélodies des chansonniers a fait l’objet de deux grandes éditions scientifiques. D’abord par Ismael Fernández de la Cuesta et Robert Lafont dans Las cançons dels trobadors édité par l’Institut d’Estudis Occitans en 1979 puis par Hendrik Van der Werf dans The Extant Troubadour Melodies édité par Rochester en 1984.
L’ensemble du corpus des chansons avec notation mélodique a fait l’objet d’un travail de recherche, d’interprétation et d’enregistrement par le Troubadour Art Ensemble dirigé par Gérard Zuchetto. Ce travail, La Tròba, a été publié entre 2006 à 2011.
Si les chansonniers occitans ont permis de conserver et transmettre la poésie lyrique des XIIe et XIIIe siècles, influençant la poésie lyrique européenne dans son ensemble et devenant à partir du XVIe siècle (Jean de Nostredame) et surtout du XIXe siècle (Rochegude, Raynouard, Bartsch, Meyer, Jeanroy, etc.) un objet d’étude international, les chansonniers ne reflètent en réalité la lyrique occitane des troubadours qu’avec un certain décalage. [imatge id=11274]
D’abord parce que l’entreprise de compilation a fixé par écrit une poésie qui était chantée et vivante. Elle est le fait d’un compilateur collectionneur de chansons de troubadours, et non des troubadours eux-mêmes à quelques exceptions près. Laura Kendrick a par exemple noté que les poésies du premier des troubadours Guilhem IX duc d’Aquitaine, sans doute jugées trop grivoises, ne sont jamais placées en tête voire ne figurent pas du tout dans les plus anciens chansonniers : « Le rôle des compilateurs des XIIIe et XIVe siècles a été de recadrer d’une manière plus valorisante les images que les troubadours des premières générations ont données d’eux-mêmes et de leur art ». Ainsi, comme le note Jean-Baptiste Camps « chaque chansonnier se veut une redéfinition, voire une recréation, du corpus de la littérature occitane, et porte en lui des traces assez fortes d’un projet. »
Ensuite les chansonniers sont produits avec un décalage chronologique, dans une période comprise entre 1250 et 1350 tandis que les troubadours sont actifs des années 1200 aux années 1300 environ. La lyrique des troubadours est ainsi compilée et mise à l’écrit dans un contexte de déclin, puis de disparition, les chansonniers devenant des livres-conservatoires comme le note Jean-Baptiste Camps : « Pour la plupart rédigés aux dernières heures de gloire de la lyrique occitane, ils fixent et donnent une forme achevée, une interprétation, à ce qui était une tradition vivante, chamarrée, et souvent bien peu sage. Ils en font un objet de connaissance, tandis que cette lyrique devient peu à peu une littérature pour spécialistes, pour érudits. »
Le dernier décalage est lui géographique. En effet, une grande partie des chansonniers conservés est le fruit de la migration des troubadours à la recherche d’un nouveau patronage : Marcabru partira pour la cour de Barcelone, Peire Vidal en Espagne, d’autre en France du Nord. C’est ensuite l’Italie qui au cours du XIIIe siècle recueillera de nombreux troubadours. Raimbaut de Vaqueyras est ainsi le premier à franchir les Alpes, aux alentours de 1191, et à se fixer auprès de Boniface de Montferrat. Nombre l’imiteront, probablement en grande partie en raison de la croisade contre les Albigeois. Parmi les chansonniers modernes plus de la moitié sont ainsi produits en Italie du Nord. François Zufferey a pu noter que ces décalages brouillent considérablement notre perception de la lyrique des troubadours, comme par exemple la koinè, unité linguistique des textes occitans médiévaux quelle que soit l’origine de leur auteur. Celle-ci pourrait ainsi être davantage issue du fait du compilateur.
Selon Laura Kendrick cette théorie pourrait d’ailleurs être prolongée. Pour elle, ces quelques exemples suggèrent que les compilateurs de la poésie des troubadours ont pu prendre modèle sur certaines compilations de textes bibliques classiques pour leur mise en page ainsi que leur appareil visuel.
La bibliographie contemporaine des chansonniers occitans médiévaux est établie à partir de deux types de sources. D’une part les manuscrits témoins, qui ne contiennent que les textes lyriques des troubadours, et d’autre part les manuscrits qui citent ces textes comme celui du Breviari d’amour par exemple.
Aussi il fut nécessaire depuis les débuts de l’étude de ce corpus de classer ces manuscrits anciens afin de constituer des ensembles les plus cohérents possible. La première personne a effectuer un travail de ce type est le romaniste Paul Meyer dans Les derniers troubadours de Provence publié en 1871, il y propose un système de classement basé sur le lieu de dépôt des chansonniers mais ce système ne sera pas suivi par ses confrères. C’est en fait l’allemand Karl Bartsch dans son Grundriss zur Geschichte der provenzalischen Literatur publié en 1872 qui pose les jalons de classement contemporain des chansonniers provençaux. Ce premier travail sera plusieurs fois amélioré en suite des progrès de la recherche sur la matière médiévale occitane. D’abord par Alfred Jeanroy dans sa Bibliographie sommaire des chansonniers provençaux parue en 1916, puis par Alfred Pillet et Heny Carstens dans Bibliographie der troubadours en 1933, peu après par Clovis Brunel dans sa Bibliographie des manuscrits littéraires en ancien provençal parue en 1935 et enfin par François Zufferey dans sa Bibliographie des poètes provençaux des XIVe et XVe siècles paru en 1981.
Le corpus défini, l’emploi de sigles a été adopté afin de définir chaque manuscrit spécifiquement. Ceci afin de pallier à l’absence d'appellation sur chaque manuscrit. Nombre d’entre eux ne possédant pas de titre ou n’étant que fragmentaire. Ainsi Karl Bartsch distingue d’abord les manuscrits en fonction de la nature de leur matériau de fabrication, appliquant des appellations par lettre latine majuscule (exemple : manuscrit A) se réfèrent aux manuscrits en parchemin tandis que les appellations par lettre latine minuscule (exemple : manuscrit a) se réfèrent aux manuscrits en papier. Cette proposition de dénomination sera par la suite étoffée par chaque bibliographe et aujourd’hui encore les modifications basées sur ce système sont possible. Néanmoins, il convient de distinguer :
- ces appellations, propres aux romanistes, pouvant parfois être reprises par les établissements de conservation (exemple le chansonnier K de la BNF)
- les appellations employées par les établissements de conservation et qui reprennent parfois les lettres de l’alphabet.
En 1935, Clovis Brunel répertorie par une étude minutieuse 376 manuscrits dans sa Bibliographie des manuscrits littéraires en ancien provençal distinguant ainsi 95 chansonniers, aujourd’hui le classement de François Zufferey recense 40 chansonniers occitans, ceci par la mise à l’écart des copies multiples de certaines pièces, des chansonniers français et catalans et par une définition plus stricte du chansonnier comme émanation de la lyrique des troubadours.
Cette liste a été établie par François Zufferey dans ses Recherches linguistiques sur les chansonniers provençaux.
Chansonniers en parchemin :
A = Fin du XIIIe siècle, Vénétie (copistes probablement auvergnats)
Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, vat. lat. 5232 -> Voir le manuscrit en ligne
B = Fin du XIIIe siècle, Haute-Auvergne
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 1592 -> Voir le manuscrit en ligne
C = XIVe siècle, région de Narbonne
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 856 -> Voir le manuscrit en ligne
D = 1254, Vénétie
Modène, Biblioteca Estense, α . R. 4. 4 -> Télécharger le .pdf du manuscrit
E = XIVe siècle, région comprise entre Béziers et Montpellier
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 1749 -> Voir le manuscrit en ligne
F = Vénétie
Rome, Biblioteca Chigiana, Chigi L. IV. 106
G = Origine possible : Lombardie
Milan, Biblioteca Ambrosiana, R 71 sup. -> Voir le manuscrit en ligne (accès payant, 5€ pour 24 heures d’accès)
H = Vénétie
Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, vat.lat. 3207
I = Début du XIVe siècle, Vénétie
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 854 -> Voir le manuscrit en ligne
J = Réalisé à la fin du XIIIe siècle ou au XIVe siècle, probablement à Nimes
Florence, Biblioteca Nazionale Centrale, Conv. Sopp. F. IV. 776
K = Début du XIVe siècle, Vénétie
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 12473 -> Voir le manuscrit en ligne
L = origine possible : Lombardie
Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, vat. lat. 3206
M = origine possible : Lombardie
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 12474 -> Voir le manuscrit en ligne
N = Origine possible : Mantoue
New York, Pierpont Morgan Library, 819 -> Voir le manuscrit en ligne
O = Vénétie (copistes italiens et Jacques Teissier, de Tarascon)
Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, vat. lat. 3208
P = 1310, Vénétie ou Toscane
Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, XLI. 42
Q = Lombardie, peut-être Pavie ou Crémone
Florence, Biblioteca Riccardiana, 2909
R = Début du XIVe siècle, origine possible : Toulouse
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 22543 -> Voir le manuscrit en ligne
S = Origines possibles : Vénétie ou Toscane
Oxford, Bodleian Library , Douce 269
T = XVe siècle, Vénétie
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 15211 -> Voir le manuscrit en ligne
U = Origines possibles : Vénétie ou Toscane
Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, XLI. 43
V = 1268, réalisé en Catalogne ou par des copistes catalans
Venise, Biblioteca Nazionale Marciana, fr. App. cod. XI
Y = XIVe siècle, réalisé par un copiste italien dans le Nord de la France
Copenhague, Bibliothèque Royale, Thott 1087
Z = XIVe siècle, réalisé en Catalogne ou par des copistes catalans, sur un modèle italien
Barcelone, Biblioteca de Catalunya, 146 -> Voir le manuscrit en ligne
Fragments :
A’ = Fin du XIIIe siècle, Vénétie (copistes probablement auvergnats)
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 12474 (fol. 269) [= fol. 71] -> Voir le feuillet en ligne
Ravenne, Biblioteca Classensa, 165 [= fol. 88]
K’ = Début du XIVe, Vénétie
Udine, Biblioteca Arcivescovile, Cod. frag. I, 265
K’’ = Début du XIVe, Vénétie
Paris, Bibliothèque Nationale de France, naf. 23789 -> Voir le manuscrit en ligne
m = Vénétie
La Haye, Bibliothèque Royale, 135 F 28 [= cah. III]
Milan, Biblioteca della Facoltà di Giurisprudenza [= cah. VI]
p = XIIIe ou XIVe siècle, Languedoc oriental ou Provence
Perpignan, Bibliothèque Municipale, 128 -> Voir le manuscrit en ligne
r = Lombardie
Florence, Biblioteca Riccardiana, 294
s = Lombardie
Sienne, Archivio di Stato, C 60 (int. 4)
x = Vénétie
Rome, Biblioteca Nazionale Centrale, Vitt. Em. 1119
y = Vénétie
Sondrio, Archivio di Stato, Romegialli [me, Coll. Paolo Gaffuri]
z = Vénétie
Bologne, Archivio di Stato
Chansonniers en papier :
c = XVe siècle, origines possibles : Vénétie ou Toscane
Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, XC inf. 26
f = Début du XIVe siècle, Provence, probablement Arles
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 12472 -> Voir le manuscrit en ligne
Copies (en papier) de chansonniers perdus :
a = Manuscrit du XIVe siècle perdu, copie du début du XVIe siècle, faite à Florence par Jacques Teissier, de Tarascon
“chansonnier de Bernart Amoros” reconstitué à l’aide des sources suivantes :
Florence, Biblioteca Riccardiana, 2814 (fol. 1-132)
Modène, Biblioteca Estense, γ. N. 8. 4. 11, 12, 13 -> Télécharger le .pdf du manuscrit
Florence, Biblioteca Nazionale Centrale, Pal. 1198
b = Manuscrit du XIIIe siècle perdu, copie du XVIe siècle, faite par le copiste Barbieri
chansonnier de Miquel de la Tor reconstitué à l’aide des sources suivantes :
Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, Barb. lat. 4087 (fol. 9-53)
Barbieri, Giovanni Maria. Dell'Origine della poesia rimata opera di Giammaria Barbieri... Pubblicata ora per la prima volta e con annotazioni illustrata dal cav. ab. Girolamo Tiraboschi. Modène : Presso la Societa tipografica, 1790
Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, Barb. lat. 3965
d = XVIe siècle, origine possible : Vénétie
Berlin, Staatsbibliothek, Phillipps 1910
e = XVIe siècle, origine possible : Lombardie, sur un modèle languedocien occidental
Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 7182
1. Stefano Asperti, « Répertoires et attributions : une réflexion sur le système de classification des textes dans le domaine de la poésie des troubadours », dans Contacts de langues, de civilisation et intertextualité. IIIe Congrès international de l’association d’études occitanes, t. II, Montpellier, 1992, p. 592↑
Pour le Félibrige naissant les journaux et revues vont constituer un moyen privilégié de propagation de normes d’écriture, d’une pensée de l’unité de la langue malgré la diversité des dialectes régionaux, de la valeur esthétique et littéraire de l’expression d’oc, de revendications pour la reconnaissance officielle face à une politique “d’éradication des patois” à son apogée sous la IIIe République.
Proche culturellement et linguistiquement de la Provence, c’est Nîmes qui est la première tête de pont de la renaissance félibréenne en Languedoc-Roussillon, et voit paraître dès 1876 un journal hebdomadaire, Dominique qui devient La Cigalo d’or en 1877. Il s’impose comme une des plus importantes revues littéraires occitanes et fait connaître les textes de grandes plumes de la fin du XIXe siècle, comme Théodore Aubanel, le “Musset provençal”, qui y publie pour la première fois les sensuelles Fiho d'Avignoun, qui lui valent une condamnation de l'Église.
Fleurissent également dans toute la région des revues d’intérêt plus local, organes de défense et illustration de chaque “petite patrie” de la grande Occitanie rêvée et chantée par les écrivains de la renaissance occitane. Ces revues qui mêlent littérature, arts et traditions populaires sont aussi les organes d’information des activités du mouvement félibréen, elles sont publiées par des “escolos” (écoles) locales. Pour la région de Montpellier, c’est La Campana de Magalouna, qui publie 437 numéros entre 1892 et 1933. Béziers prend naturellement son animal totémique pour emblème avec Lou Camel créé en 1904 tandis que Narbonne aura de 1911 à 1949 sa Cigalo Narbouneso.
Le Roussillon catalanophone connaît quant à lui la double influence de la Renaixença et de l’activité félibréenne. C’est d’ailleurs dans le plus pur schéma félibréen, que “l’escola del Canigó” (école du Canigou) fonde la revue Montanyes Regalades : revista tradicionalista del rosselló à partir de 1915 en opposition à la Revue catalane, déjà engagée dans le modernisme catalan parti de Barcelone.
Journal risoulhè è artistiqué, bado cado quinzéno
Lou Camel est un journal bimensuel publié à Béziers de 1904 à 1906 puis de 1922 à 1927. Le journal est publié en occitan, son premier directeur est Laurent Hot, les principaux collaborateurs sont René Fournier, Jean Laurès, Pierre-J. Bédard, Melchior Barthes, Félix Niel.
Emile Barthe (1874-1939), félibre majoral, en devient directeur en 1922 et installe son siège chez lui au Café des félibres sur les allées Paul Riquet.
Lou Camel est le journal humoristique, littéraire et artistique des félibres biterrois. Il contient des chroniques, feuilletons, pièces, actualités, brèves et extraits des œuvres d’auteurs biterrois. Il contient des publicités. Tiré à 300 exemplaires à sa parution, il atteint 3000 au bout de 2 ans.
Journal poupulàri que parei lou 1è e lou 15 de toutes lous meses
Journal bimensuel publié à Montpellier de 1892 à 1933, soit 437 numéros, (avec plusieurs interruptions) par François Dezeuze (1871-1949, dit l’Escoutaïre) et Edouard Marsal (1845-1929). La Campana de Magalouna est un journal populaire, Lou Souc de Nadau est le titre de son supplément de Noël.
Chaque numéro, entièrement rédigé en occitan, contient une chronique, des poèmes, des textes sur l’histoire littéraire de la région, des chansons, des devinettes ainsi que des publicités.
Max Rouquette y publiera son premier texte à l’âge de 19 ans, en 1927, Lou paure ome e la Crous sous le pseudonyme de Max Cantagril.
Revisto artistico, literario e risouliero
Revue mensuelle publiée à Narbonne de 1911 à 1949 par l’école félibréenne “La Cigalo Narbouneso”. Fondée par Paul Albarel (1873-1929), ses principaux contributeurs sont Charles Pelissier, Etienne Barraillé, Jules Azema.
Journau dóu Gai-Sabé espelissént lou dimenche, publica pèr li felibre de l’escolo de Nimes
Journal hebdomadaire publié à Nîmes en 1876, Louis Roumieux (1829-1894) en est le rédacteur en chef. La publication, suspendue pendant plusieurs mois en raison de démêlés avec la censure, reprend en avril 1877 sous un autre nom : La Cigalo d'or. Le journal disparaît en septembre 1877, au bout de 52 numéros, pour des raisons financières. Alcide Blavet et Albert Arnavielle avec le concours de Louis Roumieux remontent La Cigalo d'or en avril 1889. Elle devient alors l'organe officiel des Maintenances de Languedoc et d'Aquitaine et est publiée à Montpellier.
C'est dans la Cigalo d'or que Li Fiho d'Avignoun de Théodore Aubanel parait pour la première fois. De nombreux félibres de renom y collaborèrent. Il contient de la poésie, des contes, pièces de théâtre, des proverbes, des billets d'humour, des chansons, des fables, etc. Des débats émaillent certains numéros entre les partisans de la terminaison provençale en « o » et les partisans de la terminaison languedocienne en « a ». Les principaux contributeurs sont : Louis Roumieux, Albert Arnavielle, Alcide Blavet, Antonin Glaize, Théodore Aubanel.
revista tradicionalista del rosselló
Perpinya, 1915-1923
Publication en catalan et en français de l’Escola del Canigó (école felibréenne)
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Félibre toulousain, Marius Bacquié-Fonade (1854-1910) est principalement connu pour avoir créé l'association des Toulousains de Toulouse et avoir posé les bases du Musée du Vieux Toulouse. Il est également membre-fondateur de l'Escolo Moundino et rédacteur en chef de la revue La Terro d'Oc (1894-1933). Il devient majoral du Félibrige en 1905.
Il rentre d'abord en contact avec Joseph Roumanille qui lui conseille de constituer une bibliothèque sur son fonds régional. C'est dans le cadre de ces travaux que Bacquié-Fonade s'intéresse à l'œuvre d'Auguste Fourès, décédé quelques temps plus tôt, et dont il juge les écrits remarquables. C'est ainsi qu'en 1895, Bacquié-Fonade écrit pour la première fois à Frédéric Mistral à propos de la mise en place d'un monument dédié à la mémoire d'Auguste Fourès. La correspondance sera dans un premiers temps assez tendue entre les deux hommes, aux tempéraments et aux inspirations distinctes, mais peu à peu une véritable complicité, puis une sincère amitié, apparait au sein de leurs échanges.
Ces vidéoguides d'animation ont été réalisés en 2014 dans le cadre du projet e-Anem, financé par le FEDER en Languedoc-Roussillon.
Les « journaux de tranchées » représentent un type de publication lié à l'évolution de la guerre de 1914-1918. Ils apparaissent dès que le front se stabilise et que commence une guerre de tranchées, conçus par des soldats et des officiers au front.
Enterrés dans les tranchées, des soldats rédigent, de manière manuscrite d'abord, puis sous forme de petites feuilles ronéotypées ou imprimées, des journaux destinés à distraire leurs camarades. Ils jouent un rôle essentiel pour le moral des troupes, comblant l'absence de nouvelles et aidant, à grand renfort d'humour, à vaincre l'ennui, voire le désespoir.
Le premier d'entre eux, l'Écho de l'Argonne, naît en octobre 1914. Les journaux de tranchée prolifèrent sur le front français. Le Petit Colonial, L’Écho de l’Argonne, Le Poilu et L’Écho des marmites sont les premiers à être créés, suivis par beaucoup d'autres. Leur périodicité est bien souvent incertaine. On recense pourtant plus de 450 titres souvent tirés à un très faible nombre d'exemplaires, à l'exception de quelques-uns comme Le Crapouillot, imprimé à Paris à plus de 1500 exemplaires, et qui connaîtra une exceptionnelle longévité.Ecò dóu Bousquetoun. Escolo dóu Boumbardamen. [S.l.] : [s.n.], 1915-1919.
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Buletin de l'Escolo dóu Boumbardamen. Escolo dóu Boumbardamen. [S.l.] : [s.n.], 1916.
Voir la fiche de présentation et les numéros disponibles en ligne
À la différence des journaux de tranchées, ces titres sont élaborés à l'arrière, et pour ce qui concerne l'espace occitanophone, bien loin du front. Pour autant, ils sont parfois en contact direct et permanent avec les combattants, soit par la correspondance, soit parce que leur rédacteur, comme Pierre Azéma pour Lou Gal de Montpellier, a fait l'expérience du feu avant d'être réformé suite à une grave blessure.
Ils peuvent aussi être un trait d’union entre les combattants comme dans le cas de la Gazeto Loubetenco où le rédacteur Joseph Loubet qui se définit comme un greffier “grafié de tóuti” se charge de recueillir les nouvelles qu’il reçoit du front et de les faire circuler auprès de ses lecteurs-correspondants.
Pour les uns comme pour les autres, il fallait pour parvenir à la publication surmonter à la fois les conditions matérielles imposées par la réalité des combats et la surveillance accrue de la censure qui apportait son visa sur tout échange de correspondance avec le front.
La Gazeto Loubetenco. [Paris] : [J. Loubet], 1915-1917
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Lou delubre : Santo Ventùri ! [Le Mont de la Victoire] : buletin di felibre de la grando guerro. Aix-en-Provence : [s.n.], 1915-1916
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Lou Gal. Mount-Peliè : [s.n.], 1915-1920
Voir la fiche de présentation et les numéros disponibles en ligne
Cacalaca. Alès : [s.n.], 1916-1936.
Voir la fiche de présentation et les numéros disponibles en ligne
Lou Secrèt. Le Cailar (Gard) : [s.n.], 1918-1919.
Voir la fiche de présentation et les numéros disponibles en ligne
L’Escolo de l’Uba-Luen [de l’Extrême-Nord]. [S.l.] : [s.n.], [s.d.].
Aucun exemplaire connu à ce jour, identifié grâce grâce aux informations contenues dans Lou Libre d’or de Santo Estello (p.63) et Noto de guerro de Marius Jouveau.
L’occitan est présent dans la presse et les revues françaises publiés au cours de la première guerre mondiale. On en trouve la trace dans les publications qui paraissent sur le front et qui sont nées avec la guerre, mais aussi dans celles qui paraissent à l’arrière et qui sont pour la plupart des revues régionales ou régionalistes.
Hurle Obus : Échos des terribles torriaux, organe des tranchées du 12e territorial infanterie. [S.n.] : [s.l.], 1916-1917.
Journal de tranchées publié de 1916 à 1917 qui contient une chronique rédigée entièrement en picard. Aurait été publié dans cette rubrique le poème en occitan de Camille Dupetit intitulé Fausse alerte.
Consulter les numéros disponibles en ligne
Poil et Plume, Gazette inoffensive et intermittente: poil des rudes lapins, plume des joyeux coqs du 81me Régiment d'Infanterie. [S.l.] : [s.n.], 1916.
Dès sa parution au mois de mars 1916, le journal porte en exergue sur ses trois premiers numéros “Vivo lou Clapas!” expression contestée et remplacée par la suite par “Vivo lou Miejour” (“Vive le Midi”) pour satisfaire aux réclamations de l’ensemble des soldats méridionaux. Le journal publiait toute sortes d’articles : échos, rubriques de bons mots dont certains rédigés en occitan. Imprimé à Cavaillon, son tirage variait entre 2000 et 3000 exemplaires.
La Vie poilusienne : Journal du 142e régiment d’infanterie. [S.l.] : [s.n.], 1916-1917.
Ce journal fondé par Pierre Causse (1883-1951) félibre montpellierain, vigneron et poète connu sous le nom de Caussou de l’Oulivié ou du félibre de l’Oulivié voit son premier numéro paraître en mai 1916 dans les tranchées à droite de la ferme de Beauséjour, imprimé sur 4 pages, tiré à 1200 exemplaires. La Vie poilusienne qui s’adressait au 142e régiment constitué de soldats du Midi, publiait vers et proses en langue d’oc. Le journal imprimé à Montpellier à partir du numéro 6 connaîtra neuf numéros.
L'Écho du boqueteau
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Le Rayon. Supplément du Poilu Saint-Emilionnais. Bulletin religieux. Bordeaux : [s.n.], 1917-1919.
Fondé par l’abbé Daniel Bergey (1881-1950) mobilisé au 18e régiment d’infanterie, ce journal imprimé à Bordeaux est le 2ème supplément du Poilu Saint-Emilionnais. Ce n’était pas seulement l’organe du 18e R.I. mais celui des combattants de toute une commune et de leur famille ; le journal recevait des nouvelles de tous les poilus de Saint-Emilion disséminés sur le front. Il publie des articles et des poèmes en langue d’oc (béarnais) et en basque s’adressant plus particulièrement aux soldats du 18e R.I. Fondé en 1915, le journal disparaîtra en 1919 avec ses suppléments.
Le Petit Var. Toulon : [s.n.], 1880-1944.
Le Petit Var est un quotidien républicain socialiste. A l’image d’une grande partie de la presse méridionale, il prend fait et cause pour les soldats du XVe corps contre l’accusation de lâcheté lancée par le sénateur Gervais. “On s’expliquera plus tard” écrit Le Petit Var, le 26 août 1914 et tenant promesse, il publie une campagne pour une réparation morale durant tout le mois de juillet 1919. Le journal publie également de manière irrégulière des dessins humoristiques rédigés en occitan dont l’auteur reste aujourd’hui inconnu.
Revue Méridionale. Carcassonne : [s.n.], 1889-1915.
Fondée à Carcassonne par Achille Rouquet en 1886, originellement sous le nom de Revue de l'Aude, la Revue Méridionale est une revue régionaliste qui publie les textes des grands écrivains du Midi : Achille Mir, Frédéric Mistral, Roumanille, Gaston Jourdanne, Auguste Fourès. Elle fait une large place à l’occitan et publie aussi des auteurs parisiens connus comme Mallarmé. En 1915, la revue en est à sa 30ème année quand elle publie le “Clam de guerra occitan” [Cri de guerre occitan] de Prosper Estieu daté du 27 août 1914. Les années de guerre seront marquées par la publication de correspondances de guerre, de nouvelles du front et de poèmes patriotiques. La revue cessera de paraître en 1916.
Le Feu. Aix-en-Provence : [s.n.], 1905-[1943?]. (NS 1917)
Organe du régionalisme méditerranéen, la revue Le Feu est publiée deux fois par mois à Aix-en-Provence par Emile Sicard et Joseph d’Arbaud. Après avoir cessé de paraître lors de la déclaration de guerre Le Feu, reparaît dans une nouvelle série en janvier 1917. Affichant son attachement à Mistral, à la renaissance provençale et à la fraternité des pays d’Oc, la revue revendique la renaissance des provinces et défend la cause régionaliste. Bien qu’écrite en majorité en français la revue consacre plusieurs articles aux auteurs occitans.
L'enquête menée de 1790 à 1794 par l'abbé Henri Grégoire (1750-1831), député de l'Assemblée constituante puis de la Convention nationale n'est pas une enquête administrative de statistique officielle, même si elle est soutenue par les institutions révolutionnaires. L’abbé Grégoire mène un projet à visée politique et dont le but est clairement un « inventaire avant disparition » (Merle, 2010). Le questionnement sur les « patois » s'accompagnait d'ailleurs de nombreuses demandes relatives aux mœurs et à la moralité du peuple. Pour autant, l’entreprise de l’abbé Grégoire est bien la première enquête s’intéressant à la sociologie linguistique de la France, avec un questionnaire comportant quarante-trois rubriques. L'enquête Grégoire sollicitait les sociétés patriotiques des Amis de la Constitution et non les administrations.
Elle donna lieu au Rapport sur la nécessité d’anéantir les patois et d’universaliser l’usage de la langue française, présenté par l’abbé Grégoire au nom du Comité d’Instruction publique devant la Convention nationale le 16 prairial an II.
Les matériaux et documents produits pour l’enquête (réponses à la circulaire de l’abbé Grégoire, envoi d’imprimés en langues de France) sont répartis entre deux fonds documentaires :
- Bibliothèque de la Société de Port-Royal - Fonds de l’abbé Henri Grégoire >> fiche de fonds
- Bibliothèque nationale de France, NAF 2798 >> fiche de fonds
Voir tous les documents sur l’enquête Grégoire disponibles sur occitanica
L'Enquête impériale sur les patois, menée entre 1807 et 1812, est la première enquête de linguistique officielle, organisée par le bureau de la Statistique du ministère de l'Intérieur. Elle a été conduite par le savant Charles-Etienne Coquebert de Montbret et son fils Eugène, grands érudits et spécialistes des langues. La méthode de l'enquête est très différente de celle de l'enquête de l’abbé Henri Grégoire qui poursuivait un but politique plus que sociolinguistique ou scientifique, celui de prouver « la nécessité » et de trouver « les moyens d'anéantir les patois et d'universaliser l'usage de la langue française ». L’enquête impériale met en place une méthode proche de la dialectologie moderne en demandant, commune par commune via l’administration départementale, la traduction systématique d’un même texte, la Parabole de l'enfant prodigue. Interrompue en 1812, elle est resté inachevée.
Une partie des traductions de la Parabole de l’enfant prodigue en langues de France recueillies au cours de l’Enquête impériale a été publiée par Eugène Coquebert de Montbret dans les Mélanges sur les langues, dialectes et patois : renfermant, entre autres, une collection de versions de la Parabole de l'enfant prodigue en cent idiomes ou patois différens, presque tous de France… Paris : Delaunay, 1831.
Les archives de l’enquête ont été dispersées, une partie semble perdue. La documentation sauvegardée se trouve pour une bonne partie au sein du fonds Charles-Etienne et Eugène Coquebert de Montbret à la Bibliothèque municipale de Rouen, à la Bibliothèque nationale de France, aux Archives nationales et dans plusieurs Archives départementales.
- Bibliothèque Municipale de Rouen, Fonds Coquebert de Montbret … >> fiche de fonds
- Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, « Notes et documents sur les patois de la France » : NAF 5910-5914 >> Fiche de fonds
- Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Collection Coquebert de Montbret (volumes « Linguistique ») : NAF 20080-20081 >> Fiche de fonds
- Archives Nationales, F/17/1209 : “Enquête sur les patois”
Voir tous les documents sur l’Enquête impériale sur les patois disponibles sur occitanica
Victor Duruy, ministre de l’Instruction publique sous le Second Empire de 1863 à 1869, lance en 1864 une enquête statistique destinée à mieux connaître la situation de l’enseignement primaire en France. L’enquête de 1864 se démarque des enquêtes précédentes par le degré de précision du questionnaire, destiné à dresser un tableau très précis de la situation de l’enseignement primaire en France. Par la circulaire du 28 mai 1864, le ministre Duruy adresse aux préfets un questionnaire qui devait être renseigné par les inspecteurs primaires, les inspecteurs d’académie et les recteurs, devant y ajouter un rapport d’ensemble concernant leurs circonscriptions scolaires.
Pour la première et la seule fois dans l’histoire de la statistique scolaire en France, le questionnaire comprend une rubrique sur les “idiomes et patois en usage” :
“ Existe-t-il des écoles où l’enseignement est encore donné en patois exclusivement ou en partie ? Nombre des écoles où l’enseignement est donné en totalité en patois ? En partie seulement ? Combien d’enfants savent le parler sans pouvoir l’écrire ? Quelles sont les causes qui s’opposent à une prompte réforme de cet état de choses ? Quels sont les moyens à employer pour le faire cesser. Joindre au rapport un fragment du patois ou de l’idiome avec la traduction littérale.” (circulaire du 28 mai 1864, publiée dans : Bulletin administratif du ministère de l’Instruction publique, nouvelle série, t. I, Paris, 1864).
Les directives données en font une enquête statistique particulièrement précise et développée et surtout, en intégrant dans un questionnaire précis sur les usages linguistiques dans les écoles et parmi les enfants, l’enquête Duruy produit jusqu’à l’enquête INSEE “Étude de l’histoire familiale” de 1999, la seule matière documentaire permettant une connaissance statistique assez précise de la situation sociolinguistique à l’échelle de la France.
Archives Nationales F/17/3160 : Instruction publique : “Statistique. États divers.” Ce dossier donne le résumé par département des réponses données à l’enquête du Ministère de l’Instruction publique de 1864. Les réponses à l’enquête du Ministère de l’Instruction publique de 1864 semblent ne pas avoir été conservées.
En 1873, Charles de Tourtoulon et Octavien Bringuier, deux philologues félibres de l’école de Montpellier entreprennent une mission pour la Société pour l'étude des langues romanes, soutenue par le ministère de l’Instruction publique (arrêtés ministériels du 2 mai et du 11 juin 1873) en vue de déterminer la limite entre la langue française et la langue occitane ou domaine d’oïl et domaine d’oc. La mission Tourtoulon-Bringuier est la première grande enquête linguistique nationale fondée sur une enquête de terrain armée d’une méthodologie scientifique : les études sont menées sur les lieux mêmes, par les mêmes personnes, afin que le même esprit préside à l'ensemble des recherches, et aussi pour que les nuances phonétiques, si difficiles à noter exactement, le soient par les mêmes personnes. Ils mettent au point un alphabet phonétique et des critères linguistiques déterminés par avance.
L’Enquête Tourtoulon-Bringuier est menée au cours de deux missions : la première de l’embouchure de la Gironde jusqu’en Creuse, puis une seconde de la Creuse jusqu’en Allier. Seule la documentation de la première enquête est connue et accessible. Elle concerne 150 communes d’enquête et environ 500 personnes interrogées.
Les résultats de l’enquête Tourtoulon-Bringuier, publiés en 1876 dans un rapport au Ministre de l’Instruction publique intitulé “Étude sur la limite géographique de la langue d'oc et de la langue d'oïl” amèneront à repenser la conception des frontières linguistiques de façon non linéaires mais forcément approximatives.
L’école philologique de Paris dirigée par Gaston Paris et Paul Meyer lancent une contre-enquête dans le département de la Creuse, menée par Antoine Thomas (40 communes du sud de la Creuse).
La mission Tourtoulon-Bringuier, menée sous l’égide de la Société pour l’étude des langues romanes, qui s’oppose à l’école philologique de Paris, et dont les membres étaient proches, voire actifs dans la renaissance occitane félibréenne, se démarque également dans ses motivations idéologiques, comme l’a noté Guylaine Brun-Trigaud : “Son but officiel consistant à déterminer la limite oc-oïl pour toute la France, mais on peut penser qu’il s’agissait par ce biais d’évaluer le territoire que pourraient légitimement revendiquer les félibres, qui, depuis 1854, prônaient un retour de la langue et de la culture occitanes, autour de la personnalité de Mistral” (“Les enquêtes dialectologiques sur les parlers du Croissant : corpus et témoins”, Langue française. Vol. 93, n°1, 1992. En ligne)
Étude sur la limite géographique de la langue d'oc et de la langue d'oïl Premier rapport à M. le Ministre de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts. Extrait des Archives des Missions scientifiques et littéraires, troisième série - tome troisième, Paris, Imprimerie Nationale, 1876. >> En ligne
Archives nationales F/17/2943 : Ministère de l’Instruction publique : Octavien Bringuier - Dossier sur la mission en France ayant pour but d’étudier la limite entre les parlers d’oc et les parlers d’oïl.
Filmées lors des stages de danse traditionnelle centrés autour des bourrées du Massif Central, organisés par l'association héraultaise Saltarèla, à Campuac (12) en 1984, 1996, 1998 et 2000, ces images amateurs ont été recueillies dans le cadre du programme Patrimoine oral du Massif Central : http://www.patrimoine-oral-massif-central.fr/
Sept acteurs culturels du secteur des langues, musiques et Danses Traditionnelles du Massif Central ont mis en place un projet de valorisation des richesses culturelles du Massif Central par les musiques traditionnelles. Ce projet sur 5 ans, intitulé Langues, musiques et danses traditionnelles en Massif Central, permet de renforcer le travail de collectage et de soutien à la création à un niveau inter-régional (Auvergne, Bourgogne, Languedoc Roussillon et Limousin).
Deux projets patrimoniaux (Valorisation des archives de l’oralité et Identité chorégraphique et patrimoniale du Massif Central) s’articulent avec les pratiques artistiques et l’action culturelle afin que les sources issues du travail de collectage alimentent les pratiques artistiques et que celles-ci se réinventent tout en s’appuyant sur des connaissances.
De nombreuses actions se développent autour de ces trois volets : collectages, numérisation, création d’outils de communication, résidences de création, structuration du secteur, exposition, édition d’un ouvrage somme, réalisation d’un film grand public….
Il s’agit de fédérer un maximum de personnes (artistes, acteurs culturels, habitants de territoires, élus…) autour de la notion d’identité portée par ce patrimoine vivant et riche que sont les musiques et danses du Massif Central.
Le projet « Langues, musiques et danses traditionnelles en Massif Central » est cofinancé par l’Union Européenne.
L’Europe s’engage dans le Massif central avec le fonds européen de développement régional.
Opération soutenue par l’Etat (FNADT) et les Régions Auvergne, Bourgogne, Languedoc-Roussillon et Limousin.