Poète français, aux origines bourguignonnes et lorraines. Il est considéré comme le maître du symbolisme. Son métier de professeur d’anglais lui pèse et ses exigences littéraires très ambitieuses lui causent un fort sentiment d'impuissance. En octobre 1867, il obtient une mutation à Avignon, où il retrouve ses amis félibres Mistral, Roumanille et surtout Aubanel, avec lesquels il entretiendra une correspondance régulière. En 1871, il part à Paris et c'est là, au centre de la vie littéraire, qu'il commence à se dégager de son sentiment d'impuissance. Il se met à publier en abondance, et tous les mardis, il accueille chez lui les poètes et artistes de son temps.
La correspondance de Frédéric Mistral à Stéphane Mallarmé est constituée d’une dizaine de lettres et cartes envoyées entre 1865 et 1879 qui traduisent une certaine proximité entre les deux hommes : à partir d’une date située entre 1868 et 1873 Mistral passe au tutoiement, ce qui dénote une certaine familiarité. Les échanges sont principalement d’ordre privé, voire intime : il est souvent question de la famille de Mallarmé et Mistral s’ouvre sur certains sujets sentimentaux. Plusieurs invitations de Mistral semblent montrer que les deux hommes devaient se rencontrer souvent dans le cadre privé, notamment à Maillane. Concernant la poésie, ce dernier encourage son ami à “sortir de la pénombre” et à se “laisser envahir par la nature”, on retrouve là le poète attaché au soleil et à la lumière qu’est Mistral : “le bonheur fait la lumière et la lumière fait la poésie”. Il parle aussi de sa propre démarche poétique, ce qui est finalement assez rare dans ses correspondances : “mon poème provençal plaira-t-il? Je l’ignore mais je le fais avec plaisir, avec passion, émotion même”.
Dans l’une des lettres, datée du 20 novembre 1873, Mistral répond à un “projet” de Mallarmé, dont il serait très difficile, à partir de cette seule lettre, de connaître les termes exacts. Mallarmé veut-il intégrer le Félibrige à un réseau plus large de poètes de toutes les nationalités qui se feraient les critiques et traducteurs les uns des autres? En tout cas l’idée ne séduit pas Mistral : la tâche serait trop importante, le poète deviendrait “l’employé d’une compagnie d’exploitation réciproque”, réduit “en servitude”, et cela nuirait à la poésie occitane, ce serait “la mort de toute spontanéité, de toute poésie sérieuse”. Mistral insiste au passage sur le manque d’institutions dont souffrent les poètes occitans, les lieux officiels de circulation de la langue et de la culture, parfaitement fonctionnels pour le français, ignorent complètement l’occitan et les Félibres ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour se faire connaître et apprécier du public : “pas un de nous n’a une minute de son temps à employer au service d’autre chose que de la Cause provençale”. Si Mistral reste attaché à l’idée de s’ouvrir et d’établir des liens avec les représentants d’autres cultures, il ne veut pas le faire au détriment de la sienne : les poètes occitans doivent concentrer leurs énergies sur la création poétique et la défense de la langue.
[Lettres de Frédéric Mistral à Joséphin Pélandan : 8 mars 1888 et 13 février 1897 ] : ICI
Lettre de Frédéric Mistral à Stéphane Mallarmé : ICI
Là, aux côtés de sa jeune épouse, Marie Louise Aimée Rivière, Frédéric Mistral reçoit proches et personnalités de son temps, et compose la seconde partie de son œuvre.
Portraits, sculptures, photographies constituent les riches collections de cette demeure classée aux Monuments Historiques depuis l'arrêté du 31 juillet 1930.
Les collections sont réparties en différents ensembles :
- Fonds manuscrits non administratifs postérieurs à 1790 : fonds dans lequel figure l'abondante correspondance de Mistral ainsi que des manuscrits autographes originaux, de la documentation personnelle...
- Fonds imprimés XIXe-XXIe siècles : il s'agit là de la bibliothèque personnelle des époux Mistral.
- Fonds de périodiques anciens
- Fonds iconographique
- Fonds musicaux
- Gravures, estampes et dessins
- Objets et œuvres d'art
La BMVR, Bibliothèque de Marseille à Vocation Régionale, a pour but de favoriser l’accès du public le plus large à l’écrit, à l’image, au son et aux technologies de l’information et de la communication.
Historiquement, la bibliothèque de Marseille est l'une de ces bibliothèques publiques nées des confiscations révolutionnaires. À sa fondation en 1799, elle s'installe dans l'ancien couvent des Bernardines. Outres les ouvrages confisqués, ses premières collections sont complétées à partir de 1792 par les bibliothèques des émigrés et la bibliothèque de l'Académie de Marseille.
Les collections n'ont dès lors de cesse de s'enrichir, connaissant au XIXe siècle un accroissement spectaculaire. C'est à cette même époque que débute une vaste opération d'inventaire des fonds et qu'est parallèlement créé le fonds Provence, aujourd’hui noyau du département de la Documentation régionale. Outre les fonds patrimoniaux conservés par les Fonds rares et précieux, la Documentation Régionale conserve conformément à la loi tous les documents de contenu régional, quelque soit leur domaine thématique, reçus au titre du dépôt légal imprimeur, ainsi que les document acquis, qu'ils soient d'étude ou grand public, afin de constituer une véritable mémoire locale.
La BMVR se compose aujourd'hui de 8 bibliothèques municipales, d'un service pour les collectivités, et de 9 bibliothèques associées. Au sein de ce réseau, l'Alcazar est un des Pôles associés de la BNF, et dépositaire du dépôt légal imprimeur en région PACA. Ce dernier est une précieuse source de constitution de nos collections. Elle participe à un réseau de conservation partagée, axé sur les périodiques (régionaux et non régionaux) et les fonds jeunesse, coordonné par l'Agence Régionale du Livre).
Si la plupart des bibliothèques marseillaises proposent à leurs lecteurs des ouvrages et périodiques courant relatifs à la langues et à la culture occitanes, c'est auprès de l'Alcazar que sont déposés les principaux fonds patrimoniaux.
La Bibliothèque de l'Alcazar dispose de fonds en langue d'oc et sur les langues régionales, d'un point de vue linguistique et littéraire. Ils concernent essentiellement le département Patrimoine et dans une moindre mesure, les départements Jeunesse et Musique.
Le département Patrimoine de l'Alcazar regroupe deux services :
Le Fonds ancien
Il s'agit de documents datant d'avant le 20e siècle, fonds contemporains tels que les Fonds littéraires méditerranées, divers fonds iconographiques, etc. Ces fonds sont conservés en réserve, consultables sur place, sur microformes et supports numérises.
Parmi ces fonds, il existe des monographies et des périodiques en langue provençale et occitane. Les périodiques ont été catalogués informatiquement, contrairement aux monographies qui seront progressivement traitées.
Le Fonds Provence
Il offre deux types de fonds, à partir du 20e siècle :
- un fonds conservé en magasin, consultable sur place, par tout type de public (grand public et chercheurs).
- un fonds en libre-accès, composé d'usuels à consulter sur place, et de documents empruntables.
La plus grande partie des documents conservés en magasin recouvre les domaines suivants : histoire locale, histoire des communautés et de l'immigration, géographie et guides ; langues, littérature et arts ; folklore, cultures locales, communautaires et interculturelles ; sociologie et politique. Les secteurs scientifiques et économiques sont peu représentés, à l'image de l'offre de l'édition régionale, peu représentative dans ces domaines.
Figure dans ce fonds, des ouvrages rares, dont le premier livre imprimé à Marseille en 1595, Obros et rimos prouvenssalos, écrit en provençal par Bellaud de la Bellaudière. ( à découvrir en ligne sur Occitanica : aquí, l'édition de 1884 par Burnand, de Mireille de Mistra.
Les départements Jeunesse et Musique
1. Le département Jeunesse présente quelques dizaines de documents en langue provençale, occitane et corse (dictionnaires, albums, contes).
2. Le département musique propose des musiques traditionnelles au sein des regroupements suivants : Corse, Languedoc, Provence. Par contre, des groupes utilisant le provençal, tels que Massilia Sound System, ne sont pas classés en musique traditionnelle, et donc non repérables par les nons initiés. La mention de langue n'apparaît pas à ce jour dans les notices informatiques.
La revue l'Aiòli, fondée en janvier 1891 par Frédéric Mistral, a fait l'objet d'une importante campagne de numérisation.
Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, tome XV, par Albanès (1-1656). Supplément, tome XLII par H. Barré (1657-1671).
Catalogue en ligne des Bibliothèques de Marseille.
CCFr Manuscrits
CCFr Manuscrits PALME : Répertoire national des manuscrits littéraires français du XXe siècle
Enluminures
Sudoc PS
CDrap : Répertoire d'articles de périodiques dépouillés par des bibliothèques
Ainsi, l'Académie s'efforce-t-elle, depuis 1726, de transmettre un message de culture scientifique, littéraire et artistique. Elle reste profondément attachée à sa mission : défendre la langue française et promouvoir le rayonnement de l'image de Marseille et de la Provence.
À ce titre, l'Académie de Marseille conserve une précieuse bibliothèque, riche de nombreux ouvrages anciens, pour partie datant du XVIIIe siècle, ainsi que des archives.
Poète languedocien originaire de Castelnaudary, journaliste, historien albigéiste, fédéraliste. La première partie de son œuvre est écrite en français puis, vers 1875, encouragé par Mistral et Achille Mir, il commence à publier en occitan. Mistral le complimente alors beaucoup sur sa poésie. Il est, avec Louis-Xavier de Ricard, un des "félibres rouges", républicain et anticlérical. Ils fondent en 1876 l'almanach La Lauseta, dont ne paraîtront que quatre numéros entre 1877 et 1885. En 1881, il est proclamé majoral du Félibrige (Maintenance du Languedoc) et bénéficie de l’appui de Frédéric Mistral.
Dans la lettre du 6 décembre 1875, Mistral félicite Fourès pour ses œuvres et son entrée dans le Félibrige. Toutefois, il l’encourage à adopter une graphie et un style plus occitans, c’est à dire moins proches du français. Il lui conseille donc de s’inspirer des troubadours pour sa graphie et de puiser davantage l’inspiration dans son pays pour le style. Dans la mission qu’il s’est donnée pour la langue occitane à travers le Félibrige, Mistral s’attache à rester toujours au plus proche de ce qui se fait en matière de création occitane, à entrer en contact avec toutes les personnes susceptibles d’apporter leur pierre à l’édifice et à les guider dans ce sens.
Dans la lettre du 10 mars 1882, Mistral presse Fourès de ne pas l’apparenter publiquement aux Républicains. Ce passage pointe l'ambiguïté qui touche l’orientation politique de Mistral : après une jeunesse républicaine déçue, il semble abandonner tout véritable engagement politique et il se rapproche de la tendance idéologique du Félibrige imposée par un Roumanille blanc. Son unique engagement va à la “Cause provençale”.
Le 17 janvier 1883 Fourès demande l’appui de Mistral pour un acte de solidarité en faveur de l’Alsace-Lorraine victime d’inondations. Il veut prouver à la capitale l’attachement des félibres à la patrie et contrer les accusations de séparatisme dont ils font l’objet : il veut les solliciter pour publier un fascicule de vers occitans, vendu au bénéfice des sinistrés. C’est un Républicain, politiquement engagé, et il ne veut pas prendre le risque que ses idéaux fédéralistes soient mal interprétés.
Mistral lui répond le 19 du même mois, d’abord par le paiement de sa contribution, mais aussi par un conseil : il doit bien réfléchir à son projet de soutien à l’Alsace-Lorraine qui pourrait ne pas marcher aussi bien qu’il l’espère. Sur la question du séparatisme, Mistral estime que les accusations ne doivent pas inquiéter les Félibres qui prouvent suffisamment leur attachement à la France. Ces remarques semblent traduire la désillusion de Mistral sur le plan politique : hors d’un contexte politique, des accusations de séparatisme ne représentent pas une menace réelle à la crédibilité du Félibrige. On perçoit un décalage entre les préoccupations de Fourès, politiques, et celles de Mistral, devenues presque exclusivement poétiques et culturelles.
Statue de Frédéric Mistral
Provence-Alpes-Côte d'Azur
Bouches-du-Rhône
Arles (13200)
Place du Forum
La statue fut inaugurée le 30 mai 1909, place du Forum, à l'occasion des commémorations du cinquantenaire de Mirèio en Arles et en présence de Frédéric Mistral. La veille était inauguré le Museon Arlaten, musée ethnographique dont le projet fut porté par le félibre de Maillane. La réalisation de cette statue fit l'objet d'une souscription nationale et internationale, à laquelle participèrent les plus hautes personnalités intellectuelles, culturelles et politiques de l'époque, ainsi que, et à sa demande, les amis du poète.
Mistral semble en effet avoir éprouvé vis-à-vis de cette attention de son vivant, une certaine gêne dont il s'ouvrit dans sa correspondance à J.Chevalier : "D'autro part, em tant de gènt, e de brávi gènt, que vendran à-n-Arles, pèr me touca la man, sènte que lou fais vai m'aclapa e mandariéu tout au diable, se m'èro permès... (Letttre du 13/04/1909), mentionnée dans l'ouvrage BOSQUI, Mireille, Mistral, Palais du Roure (Avignon); Equinoxe, 1994. P.93).
Durant trois jours en ce mois de mai 1909, Arles fête Mistral et son oeuvre. Le 30 mai au matin, en présence de nombreux officiels, Jules Charles-Roux président du Comité de patronage, le prince Cantacuzène de Roumanie ou le Consul de Suède à Marseille, Mistral découvre la statue qui lui est dédiée, dont l'attitude fera dire à l'auteur "Manco la valiso !" / "Il manque la valise", comparant la pose à celle d'un voyageur en attente. Le même jour, il reçoit des mains de M.Dujardin-Beaumetz, représentant le gouvernement en place, le ruban de Commandeur de la Légion d'Honneur.
Cette statue, en bronze, manqua être fondue sous l'occupation allemande en 1943. Les versions divergent concernant les événements qui conduisirent à la préservation de la statue, due pour certains à l'intervention d'un ferrailleur local, pour d'autres, à l'intervention de trois félibres menés par Paul Ricard. L'industriel, occitaniste, accompagné de Georges Reboul et Raymond Latil aurait alors procédé au démontèlement de la statue, qui fut ensuite stockée et cachée jusqu'à la fin de la guerre. Elle fut finalement réinstallée sur son socle le 3 juillet 1948, en présence de la reine d'Arles, Maryse d'Orgeas. Une dernière version enfin, indique que, manquante, la tête fut recrée à partir du modèle de plâtre laissé par Théodore Rivière. La figure du co-fondateur du Félibrige, acteur de la sauvegarde et de la renaissance de la langue et des traditions, notamment provençales, est d'ailleurs aujourd'hui encore associée à la Fête annuelle des gardians, au début du mois de mai. Un bouquet de salardelle est alors déposé aux pieds de la statue.
Début XXe siècle
Inauguration le 30 mai 1909
Théodore Rivière (1857-1912) – sculpteur, auteur de la statue
Claude-André Férigoule (1863-1946) – sculpteur, auteur du socle
Le monument est le fait de deux artistes, Théodore Rivière, auteur de la statue, et Charles Férigoule, à qui nous devons le socle, et plus particulièrement le médaillon de plâtre à l'effigie de Mireille, personnage emblèmatique de l'ouvrage éponyme de Frédéric Mistral.
Une première version en plâtre date de 1902, semble avoir été à l'origine créée par Théodore Rivière en vue d'orner une cheminée.
Un bronze du même sculpteur, Théodore Rivière, peut-être modèle de la statue d'Arles, se trouve actuellement dans les collections du Palais du Roure (Avignon).
Sculpture
Bronze – statue
Plâtre – médaillon
Statue : 2,5m de haut environ.
Statue : 2,5m de haut environ. Socle : 2m environ de haut.
La statue se présente de pied. Le poète de Maillane porte sur son chef un chapeau et sur le bras gauche son manteau. La main droite est appuyée sur la canne de l'auteur.
Le socle s'articule face par face, en divers enseignements concernant l'oeuvre et la vie de l'auteur commémoré. La face principale porte les mots "Canto uno chato de Prouvènço" / "Je chante une jeune fille de Provence". Le côté droit donne lieu à la liste des personnalités présentes lors de l'inauguration du 30 mai 1909, ainsi que les noms des membres du Comité de patronage ayant porté la démarche de souscription. Au côté gauche, figure une liste des titres des principales œuvres de Frédéric Mistral. La dernière face présente pour sa part le médaillon de la main de Férigoule représentant Mireille.
Notons enfin la grille de fer forgé qui encadre la statue, dont le motif reprend celui des tridents des gardians.
Inscription à l'Inventaire des Monuments historiques depuis le 23/07/2009.
Instituteur et poète audois. Il fonde plusieurs écoles félibréennes. Il est membre de l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse. En 1900 il est élu majoral du Félibrige. En 1927, il fonde le Collègi d’Occitanìa. Il dirige plusieurs revues dont Lo Gai Saber, et il élabore avec Antonin Perbosc une graphie inspirée des troubadours qui servira de base à la “graphie classique” de l’occitan. Il entretient une correspondance amicale avec Frédéric Mistral entre les années 1890 et 1910, dans laquelle Mistral le complimente sur sa poésie et commente, parfois en les lui reprochant, ses choix orthographiques.
La lettre du 31 mars 1895 est un compliment de Mistral pour Lou Terradou. Il en salue le lyrisme et l’authenticité : “i’a qu’un fiéu de la terro pèr ama coum’acò e pèr canta la terro maire”. Il semble avoir une véritable et profonde admiration pour les œuvres d’Estieu, ses critiques sont élogieuses et passionnées, il emploie fréquemment dans sa correspondance le terme d’“artiste” pour désigner son ami et rapproche son art de celui d’un orfèvre.
Par ailleurs, Mistral lui envoie des quantités de petites cartes jouant sur le nom d’Estieu qui en occitan veut dire été et semble rendre exactement l’image qu’il se fait de son ami.
En revanche, Mistral admire beaucoup moins ses choix orthographiques : d’un côté Estieu ne respecte manifestement pas toujours la graphie des troubadours qu’il a pourtant élue comme modèle, de l’autre il conserve des lettres qui, selon Mistral, sont encombrantes pour la lecture. Cette question revient souvent dans la correspondance.
Dans l’ensemble, ce que Mistral reproche à Estieu, c’est moins le choix du modèle que la cohérence globale de la graphie qu’il a élaborée avec Antonin Perbosc. Mistral, qui déplore une francisation de la graphie occitane, incite les écrivains à s’appuyer sur celle des troubadours pour la réformer en tenant compte des particularismes dialectaux, mais en l’harmonisant tout de même suffisamment pour éviter les foisonnements graphiques. Cependant ses propres choix graphiques ne sont pas exempts de tout reproche, et laissent transparaître quelques incohérences ainsi qu’une certaine subjectivité.
Peut-être par jeu, une petite carte datée du 4 juin 1898 est écrite en graphie “classique”.
Une autre thématique qui doit avoir intéressé Estieu est développée dans cette abondante correspondance. Elle concerne la légende d’Esclarmonde : le 7 juillet 1911 Mistral retranscrit pour son ami un échange dans lequel il refuse le titre de vice-président du “Comité parisien du monument d’Esclarmonde de Foix”, au motif qu’il ne croit plus à l’histoire de cette “militante cathare” divulguée par Napoléon Peyrat. On déduit de la formulation qu’il emploie qu’il y a cru à une époque, mais ses propres recherches ne lui dévoilent que de trop rares et brèves mentions pour justifier le symbole. Mistral a bâti sa poésie et sa Cause provençale sur un certain nombre de mythes historiques et de projets politiques qui, de déceptions en remises en question, sont passés du statut de convictions à celui d’illusions à ses yeux mais n’ont pas diminué son attachement à la poésie ni à la Cause. Ils en ont peut-être simplement modifié l’essence.