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Les rames traditionnelles
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Sommaire

Les rames traditionnelles désignent une course de vitesse en barque dans laquelle deux équipes s’affrontent en deux manches sur une distance de 300 mètres. Le jeu est pratiqué dans les départements des Bouches-du-Rhône (13), Hérault (34), Pyrénées-Orientales (66), Alpes-Maritimes (06), Var (83), Rhône (69), Haut-Rhin (68), Bas-Rhin (67), Haute-Savoie (74), Nord de Loire (42), Aisne (02), Somme (80), Oise (60).

1/ La pratique des rames traditionnelles aujourd'hui

Règles du jeu

Les équipes se composent chacune de six rameurs et d’un barreur. Dans le cas d’équipages mixtes, ils se composent de trois rameuses et trois rameurs, plus un barreur ou une barreuse. Les équipages se distinguent cependant en fonction de l’âge des membres : les équipages dits séniors composés de six rameurs et d’un barreur ou d’une barreuse, et des équipages constitués de personnes de plus de 50 ans dits Tamalou.

Les épreuves se déroulent en deux manches, sous forme de duels, sur un parcours de 300 mètres.

L'aire de pratique

La rame traditionnelle se pratique quasiment dans toute la France, sur toute étendue d’eau.

Le matériel

La barque est une embarcation longue de 7,20 à 7,30 mètres pour 2,20 mètres de large. Originellement appelée “yole de ness“, c’est une barque exclusivement en bois très lourde. Elle comporte trois bancs fixes, une barre fixe et six rames en bois. Le bateau est également équipé d’une rame de rechange.

Il existe encore un fabricant de barques de rames traditionnelles à Sète, Mr Venturi, un ébéniste menuisier. A Sète toujours, existe également un fabricant de coques.

2/ Apprentissage et transmission

Les compétitions de rames traditionnelles ont été créées afin de revitaliser les traditions de la pêche traditionnelle. Ce sport serait en effet issu d’habitudes de pêcheurs qui, à la fin de leur journée de travail, rentraient au port en faisant la course pour être les premiers à vendre leur poisson. Il s’agissait à l’époque d’embarcations à rames, d’où la pratique sportive actuelle.

Il existe une école de rame à Cros de Cagnes, dans les Alpes Maritimes, dans laquelle les inscriptions se font à partir de 10 ans. A Sète, une autre école de rame travaille beaucoup avec les écoles, également avec des enfants âgés minimum de 10 ans. Hormis ces deux groupes, aucun autre club n’accueille les enfants.

3/ Historique

La pratique de la rame est ancienne et connue de tous les peuples proches de l’eau. L'origine de la Rame traditionnelle remonte à l'époque où les pêcheurs, une fois le travail accompli, organisaient des courses pour rentrer au port afin d'y vendre le fruit de leur pêche.

4/ Sauvegarde

La rame traditionnelle fait partie de la Fédération française de Joutes et de Sauvetage Nautique (FFJSN) depuis environ 15 ans. C’est un sport de compétition mais qui se pratique aussi en tant que loisir sportif, alors accessible dès l’âge de 10 ans.

Les courses de rame traditionnelle sont parfois associées aux fêtes locales. Elles permettent ainsi de relier avec l’histoire de la cité, son patrimoine gastronomique ou littéraire et de promouvoir des activités pédagogiques ou présentation médiatiques qui en assurent une meilleure connaissance.

Tambornet : jeu de balle au tambourin
Karine Michel (anthropologue).

Cette fiche a été réalisée à partir du carnet hypothèses Restituer l'inventaire du PCI. Usages, contextes et enjeux dans le domaine de la fête et du jeu créé et développé par l'Idemec (Institut d'ethnologie méditerranéenne européenne et comparative) en partenariat avec la phonothèque de la MMSH. L'inventaire du patrimoine culturel immatériel (PCI) est conduit en France sous l'égide du Ministère de la Culture.

Sommaire

Le jeu de balle au Tambourin ou Tambornet en occitan est un sport de balle collectif pratiqué traditionnellement dans le Languedoc et à 95 % dans le département de l'Hérault. Son récent développement et son institutionnalisation ont largement élargi son périmètre de géographique. Le Tambornet est aujourd'hui joué dans l'Aude (11), l'Hérault (34), le Nord (59), l'Oise (60), la Haute-Savoie (74), les Bouches-du Rhône (13), le Gard (30) et la Corrèze (19). Aujourd’hui le jeu en salle remporte le plus de succès à l’étranger, il serait pratiqué en Allemagne, Angletterre, Autriche, Brésil, Cuba, Espagne, Ecosse, Irlande, Italie, Japon, Hongrie, Norvège et Pays-Bas. La première coupe du monde en extérieur a été organisée à Gignac (34) en 2012 et a vu les équipes françaises l’emporter sur les italiens.

1/ La pratique du Jeu de Balle au Tambourin aujourd'hui

Partie de Balle au Tambourin : engagement. © Célia Delanoy
Partie de Balle au Tambourin : engagement. © Célia Delanoy

Règles du jeu

En 2014, le jeu de Balle au Tambourin consiste toujours en l'affrontement de deux équipes sur un terrain. Chaque équipe est composée de cinq joueurs sur le terrain ayant chacun une zone à défendre et deux remplaçants. Deux de ces joueurs, appelés des fonds, se positionnent au fond du terrain et ont pour tâche l'engagement de la balle et son renvoi le plus loin possible dans la partie du terrain adverse. Ils construisent l'échange grâce à des balles hautes dites balles en cloche. Un autre joueur appelé batteur met la balle en jeu à l'aide du tambourin ou du battoir. L'usage des deux instruments est aujourd'hui autorisé mais une tendance à revenir au battoir obligatoire semble aujourd'hui se dégager.

Le joueur situé au centre de la partie du terrain dédiée à son équipe se nomme le tiers. Attaquant, il a un rôle de défense en renvoyant les balles trop courtes pour les fonds. Il est donc très mobile et polyvalent et doit faire preuve de stratégie et de capacité d'analyse du jeu.

Les deux derniers joueurs, les cordeurs ou finisseurs évoluent au plus près de la corde, la ligne médiane séparant le terrain, dite ligne basse. Très mobiles et rapides, leur rôle est de terminer le point dès qu'ils ont la balle ; ils doivent essentiellement contrer les adversaires et intercepter la balle.

Originellement pratiqué uniquement en extérieur ce sport est depuis 1978 également pratiqué en intérieur. L'équipe est alors réduite à trois joueurs et deux remplaçants. Le terrain étant plus petit, les deux fonds disparaissent et l'engagement se fait uniquement au tambourin.

La partie de Tambornet se fait en 13 jeux gagnants, chacun constitué de quatre points : 15, 30, 45 et jeu. A 45/45 il y a un point intermédiaire dit avantage pour gagner le jeu. Le retour à l'égalité n'est possible qu'une seconde fois ; la troisième donne lieu à une balle décisive. Tous les trois jeux, les équipes changent de côté de terrain. Chaque équipe engage la balle à tour de rôle un jeu durant.

Les balles peuvent être lancées à la volée ou avec un rebond. Le point est gagné lorsque l'équipe adverse ne peut attraper une balle tombée dans les limites du terrain. Cependant, certaines fautes font perdre le point à une équipe : lorsque deux joueurs d'une équipe touchent la même balle, lorsque la balle sort du terrain, lorsque la balle rebondit deux fois et lorsqu'un joueur pénètre dans le camp adverse.

L'aire de pratique

A l’origine, le jeu se déroulait essentiellement sur les places publiques, en aire urbaine la plupart du temps. Dans les années 1970-1980, de nombreuses places de villes et de villages ont été transformées en parkings (comme par exemple la place des Arceaux de Montpellier) entraînant ainsi la création de véritables terrains spécifiques à la pratique de ce sport.

Depuis 1990 c’est la pratique en salle qui gagne du terrain. Le terrain extérieur est un rectangle de terre battue, de bitume ou de revêtement synthétique mesurant 80 mètres de long et 18 à 20 mètres de large pour les hommes, 70 mètres de long et 18 à 20 mètres de large pour les femmes et des tailles réduites pour les plus jeunes. Une ligne médiane au centre du terrain délimite les aires de jeu de chaque équipe. Le terrain en salle mesure, lui, 34 mètres de long sur 16 mètres de large, une zone neutre de 2 mètres de part et d’autre de la ligne médiane a été instituée, uniquement lors de la mise en jeu.

Le matériel

Le matériel a lui aussi évolué dans le temps, les premiers tambourins en arceaux de bois et peau de porc puis de chèvre remplacés par de la peau de mulet après 1954 sont aujourd’hui constitués d’un cercle de plastique de 28 cm de diamètre (26 cm pour les enfants) sur lequel ets tendue une toile synthétique. La balle de jeu est elle aujourd’hui toujours en caoutchouc (65 mm de diamètre pour 59 grammes) mais a récemment été remplacée par des balles de tennis dépressurisées pour la pratique en salle.

Le battoir, tambourin avec un manche flexible n’est utilisé qu’en plein air pour les balles d’engagement. En, Italie, le battoir est parfois remplacé par la mandoline de forme ovoïdale. Jusqu’en 1955 le matériel devait être acheté en Italie mais en 1983 des bénévoles français décident de créér la fabrique associative LOUJOC à Balaruc-les-Bains (34). En 2005, elle est absorbée par la Fédération Française de Balle au Tambourin.Rebaptisée France Tambourin elle déménage en 2007 à Gignac (34).

2/ Apprentissage et transmission

La Fédération Française de jeu de balle au Tambourin mène de nombreuses actions pour assurer la transmission de ce sport et développer sa pratique, notamment en organisant des séances d’initiation auprès des scolaires mais aussi avec la constitution d’une exposition autour des objets et des pratiques liées au Tambornet et à son histoire, au siège de la fédération, à Gignac (34).

La Fédération a également mis en place le prêt gratuit de matériel pour toutes les personnes souhaitant promouvoir la pratique de ce sport. Chaque année, un stage de perfectionnement est également organisé en direction des jeunes joueurs (Benjamins et Minimes) durant les vacances de Pâques. Des intervenants agréés par la Fédération mettent également en place des actions scolaires pour faire découvrir ce jeu.

3/ Historique

Né au XIXème siècle dans le département de l'Hérault, le jeu de balle au Tambourin est le descendant des jeux de longue paume antiques. Son ancêtre le plus récent serait le jeu de ballon joué avec un cylindre en bois, le brassard, utilisé pour se protéger la main.

C'est en 1861 que les premiers tambourins furent fabriqués par les tonneliers de Mèze (34) avec un cercle en bois sur lequel était tendue une peau de chèvre parcheminée. Plus légers, plus maniables et efficaces que les brassards, ils furent essayés puis adoptés par les pratiquants du jeu de Ballon. Ces tambourins avaient tendance à se détendre par temps humide ; des feux furent donc allumés au bord des terrains pour chauffer et retendre les peaux.

C'est aussi à ce moment que se développe la fabrication des battoirs, cercles plus petits fixés sur un manche flexible de micocoulier d'environ 1 mètre qui augmentent la puissance de tir des balles d'engagement. A l'époque, l'engagement avec le battoir devient obligatoire. En parallèle, les balles en caoutchouc viennent remplacer les balles en vessie gonflée d'air.

Hormis ces nouveaux équipements, le jeu de balle au tambourin reste similaire au jeu de Ballon avec brassard. Le jeu de balle au tambourin est pratiqué en plein air, sur les places de village qui sont les seuls endroits de l'aire urbaine à offrir un espace suffisant pour la pratique du jeu. Jusqu'en 1900 ce jeu voit principalement les équipes s'affronter lors des fêtes de village.

Il faut attendre 1909 pour que les premiers concours officiels soient organisés à Pézenas et Bessan. Le concours de Montpellier est créé en 1921. Ces concours rassemblent les équipes constituées dans le département de l'Hérault. En l'absence de règles précises établies, les modalités du jeu sont négociées, les règles utilisées par la ville organisatrice du concours étant généralement adoptée.

Les premiers clubs sont officiellement déclarés après la Première Guerre Mondiale et la première fédération du Jeu de Balle au Tambourin est créée en 1923 par des personnalités de la bourgeoisie montpelliéraine, proches du félibrige. En sont d'ailleurs membres dès sa création les félibres André Pagès, Hyppolite Arnaud et Adrien Fédières. [Ils ont d'ailleurs rédigé des chants et poèmes consacrés à ce sport ==> vérifier dans les collections et mettre en ligne]

Dès 1922 le journal L'Eclair fonde premier championnat de Tambornet du Languedoc qui oppose les gagnants des concours de Pézenas et de Montpellier. La même année, un concours est organisé à Marseille devant le siège du journal. La fédération du Jeu de Balle au Tambourin organise également un championnat de France qui affronte 143 équipes issues d'une zone allant de Narbonne à Marseille. Mais cette première fédération et les championnats ne résistent pas à la crise et à la désaffection qui secoue la pratique du Tambornet dans les années 1930 dûe principalement à l'absence d'un règlement unique et le manque d'une fédération solide pouvant réglementer sa pratique et assurer sa diffusion. Dès 1931 les championnats de France et du Languedoc disparaissent, seul le concours de Pézenas perdurera jusqu'en 1937.

C'est Max Rouquette, écrivain occitan et membre fondateur de l'Institut d'Etudes Occitanes qui sera l'artisan du renouveau du Tambornet. Pratiquant ce sport depuis son plus jeune âge et contrarié de voir d'autres sports gagner du terrain en territoire occitan au détriment des sports traditionnels – avec au premier plan le Tambornet – il décida de tout mettre en oeuvre pour assurer la renaissance et la popularisation du Jeu de Tambourin. Ce dernier crée en 1938 la Fédération Française du Jeu de Tambourin qui se chargera de mener une véritable propagande pour valoriser la pratique de ce sport. Ces actions de valorisation passent par la publication d'articles dans la presse locale, l'organisation de grands concours, l'établissement de règlements, le rapprochement avec les ligues de Tamburello italiennes et enfin, la reconnaissance du tambornet comme sport par les autorités centrales françaises.

Dès 1949, la fédération créée la Coupe du Languedoc qui deviendra Coupe de France, officialisée en Championnat de France en 1952. Il faudra attendre 1954 pour que les règles officielles soient élaborées. Cette année-là Max Rouquette découvre la pratique en Italie du Tamburello, jeu très similaire dans sa pratique au Tambornet. Les fédérations des deux pays entrent alors en contact et décident d'unifier et de codifier les règles du jeu ; la France adopte alors les règles et instruments italiens : tambourins en peau de mulet avec poignées en cuir, jeu « ouvert » dans lequel les règles des chasses et de la close propres au jeu de Ballon - et encore pratiquées dans les différentes versions locales du jeu - n'existent plus. En 1955 est organisée la première rencontre France-Italie qui devient alors annuelle. En 1988 la Fédération Internationale de Balle au tambourin est créée, avec son siège en Italie. Elle organise depuis 1990 des compétitions à l’échelle européenne.

4/ Sauvegarde

Aujourd’hui la sauvegarde de ce jeu traditionnel semble assuré par la seule action des fédérations et ligues officielles mais est aussi de ce fait complètement dépendante de leur survie et de leur existence.

Afin d’assurer la reconnaissance officielle de ce sport et une meilleure connaissance auprès du public La Ligue de Tambourin Languedoc-Roussillon a établi un annuaire des clubs de la région, a établi un partenariat avec les Calandretas (écoles associatives bilingues franco-occitanes) pour diffuser la pratique de ce sport auprès des plus jeunes. La Ligue de Balle Tambourin participe activement à l’actualité sportive de la Région en étant présente sur les salons et diverses manifestations : Salon et assises du sport, Festival des Sports Traditionnels organisé par le Comité Régional Olympique et Sportif, Salon Sport et Santé, Foire de Promaude Total Festum.

Plus récemment, les institutions liées à la pratique du jeu de balle au tambourin ont établi un partenariat avec le Comité Régional Handisport et la Ligue de Sport adapté pour que le tambourin puisse être joué par le plus grand nombre.

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I troubaïre catalan
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L’ode I troubaïre catalan de Frédéric Mistral, scelle en 1861 l’amitié entre les Catalans et les Provençaux. Le poème, symbole de ralliement autour de l’idéal commun de l’union des langues latines, sera publié à plusieurs reprises et marquera durablement la fraternité occitano-catalane.
En 1861, Damase Calvet en mission en France participe aux fêtes de la Tarasque et fait la connaissance de Mistral, Roumanille et Aubanel qu’il informe du rétablissement récent des jeux Floraux de Catalogne (1859). À la suite de cette rencontre Frédéric Mistral adresse aux Jeux Floraux de Barcelone l'ode I troubaïre catalan datée d'août 1861 et dédiée à Damase Calvet de Figuères. Le poème sera publié dans l’Armana prouvençau en 1862 et dans Lis Isclo d’Or en 1875. C’est une allégorie des liens historiques entre la Catalogne et la Provence exaltant la fraternité des deux peuples.

Ci-dessous les trois dernières strophes du poème.

Dis Aup i Pirenèu, e la man dins la man,
Troubaire, aubouren dounc lou vièi parla rouman !
Aco's lou signe de famiho,
Aco's lou sacramen qu'is àvi joun li fiéu,
L'ome à la terro ! Aco's loù fiéu
Que tèn lou nis dins la ramiho.

Intrepide gardian de noste parla gènt,
Garden-lou franc e pur e clar coume l'argènt,
Car tout un pople aqui s'abéuro ;
Car, de mourre-bourdoun qu'un pople toumbe esclau, Se tèn sa lengo, tèn la clau
Que di cadeno lou deliéuro.

Fraire de Catalougno, à Diéu sias ! - Nous an di
Que fasias peralin reviéure e resplendi
Un di rampau de nosto lengo :
Fraire, que lou bon Diéu escampe si blasin
Sus lis óulivo e li rasin
De vòsti champ, colo e valengo !

Mistral y invite Calvet à présenter « ces vers cordiaux de l’amant de Mireille » (aquèsti vers courau Dóu calignaire de Mirèio).
Un grand nombre de poètes catalans, Balaguer, Quintana, Calvet et Briz, répondront à cet appel et adresseront des remerciements en vers à Mistral.

Les liens d'amitié avec la Catalogne se poursuivront par l'accueil en Provence de l'écrivain Victor Balaguer, proscrit politique en 1866. Une plaque sera inaugurée sur la maison du félibre Jean Brunet son hôte, en souvenir de son accueil.
Les poètes catalans émus et reconnaissants de la place faite par les félibres à la littérature catalane et à l’accueil réservé à Balaguer, lancèrent une souscription pour offrir un cadeau : une Coupe d’argent ciselé symbole de fraternité, de poésie et d’amour.
L’œuvre réalisée par le sculpteur Fulconis est une vasque supportée par un palmier autour duquel sont groupées deux figurines représentant la Catalogne et la Provence qui se donnent le bras. L'Armana prouvençau de l'année 1868 en donne la description suivante :

Veici coume es la coupo : es uno conco de formo antico, supourtado pèr un paumiè. I’a, contro lou paumié, dretcho e se regardant, dos gènti figurino que represènton coumo sorre la Catalougno e la Prouvènço. La Prouvènço a lou bras dre autour dóu còu de soun amigo, pèr ie marca soun amistanço ; la Catalougno met la man dretcho sus soun cor e sèmblo dire gramaci. … Au pèd de chasco figurino, vestido latinamen e lou sen nus, i’a, dins un escussoun, lis armarié que la designon. A l’entour de la conco en deforo, escri sus uno veto envertouiado emé de lausié, se legisson li mot sieguènt :

Record ofert per patricis catalans als felibres provenzals per la hospitalitat donada al poeta catala Victor Balaguer. 1867.

E sus lou pedestau soun finamen gravado aquéstis àutris iscripcioun :

Morta diuhen qu’es,
Mes jo la crech viva.
V. Balaguer

Ah ! se me sabien entèndre !
Ah ! se me voulien segui !
F. Mistral

En août 1867, pour la réception de cette coupe, Mistral composera le chant de "la Coupo" qui deviendra l'hymne du Félibrige.
Au mois de mai 1868, les félibres seront invités aux Jeux Floraux de Barcelone et au mois de septembre, les Catalans rendront visite à leurs frères de Provence. Ils seront reçus à Nîmes, Beaucaire, Saint Rémy de Provence, et Maillane. À l’occasion du banquet à Saint Rémy, au pied des monuments romains, Mistral déclamera l’ode "I troubaïre catalan".

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Académie de Marseille
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1 / Les origines de l'Académie de Marseille

L' Académie de Marseille fut fondée par lettres patentes en août 1726. Fille adoptive de l'Académie française, elle eut le maréchal de Villars, Gouverneur de Provence, comme premier Protecteur. Composée de vingt membres, elle en accueillit trente lors de sa transformation en Académie des Belles Lettres, Sciences et Arts en 1766. Espace de culture littéraire et de rayonnement scientifique, la Compagnie obtint de Louis XVI, la direction de l'observatoire de la Marine.

Supprimée à la Révolution (le 21 août 1793), elle reprend vie dès 1799, tout d'abord Lycée des Sciences et des Arts, puis en 1802 : Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts. Depuis cette date, quarante membres sont répartis en trois classes (Sciences 18, Lettres 12, Beaux-Arts 10). Elle élit aussi dix académiciens libres (non résidants), vingt associés (membres de l'Institut de France), quarante correspondants et des membres à titre étranger.

Pluridisciplinaire, l'Académie participe depuis treize ans à la Conférence nationale des Académies, association qui rassemble, sous l'égide de l'Institut de France, vingt-huit académies de province, la plupart antérieures à la Révolution. Elle est membre de la jeune Académie de la Méditerranée qui a tenu à Marseille en juillet 2000 sa séance de rentrée solennelle. Au cours de l'année de grandes conférences publiques sont organisées.

La Compagnie n'a jamais cessé de publier : Recueils, Mémoires et Documents, plus récemment Dictionnaire des Marseillais et du Parler marseillais et de distribuer des prix annuels.

Ainsi, l'Académie s'efforce-t-elle, depuis 1726, de transmettre un message de culture scientifique, littéraire et artistique. Elle reste profondément attachée à sa mission : défendre la langue française et promouvoir le rayonnement de l'image de Marseille et de la Provence.

À ce titre, l'Académie de Marseille conserve une précieuse bibliothèque, riche de nombreux ouvrages anciens, pour partie datant du XVIIIe siècle, ainsi que des archives.

 

2/ La Bibliothèque de l'Académie de Marseille

Débutée dès 1726, cette bibliothèque recèle de nombreux livres rares et précieux, des brochures inédites et des ouvrages retraçant l'histoire de la pensée et des sciences. Parmi les ouvrages conservés dans la bibliothèque de l'Académie de Marseille, figurent les Mémoires, revues et brochures éditées par cette société savante depuis sa fondation. Notons par ailleurs l'existence d'un important fonds ancien, constitué de près de 10'000 documents, datant pour certains du XVIIIe siècle.

Les Sciences, arts et belles-lettres, sujets d'intervention et de réflexion de l'Académie, côtoient dans la bibliothèque, les ouvrages relatifs à l'histoire de la Provence. Récits de voyages, poésies, livres de médecine, atlas...


Les collections occitanes de l'Académie de Marseille :

Mémoire de Marseille et de la Provence, ayant compté dans ses rangs des membres prestigieux dont le poète occitan Frédéric Mistral (1830-1914), la Bibliothèque conserve également de précieuses archives, pour partie relative à l'histoire et à la langue occitanes.
 

3/ Patrimoine occitan numérisé

Fonds de correspondance entre Frédéric Mistral et Ludovic Legré conservé par l'Académie des Sciences Lettres et Arts de Marseille, sur Occitanica.

Les Mémoires publiés par l'Académie sont quant à eux présents sur Gallica.

 

4/ Instruments de recherche

La bibliothèque et les archives de l'Académie de Marseille ont fait l'objet de l'établissement de près de 4500 notices, enregistrées dans la base de données e-corpus à découvrir ICI.
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Le Mas du Juge
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Le Mas du Juge, demeure familiale de la famille Mistral sur la route de Maillane à Saint-Rémy-de-Provence, vit naître et grandir tant Frédéric Mistral, le 8 septembre 1830, que son œuvre majeure, Mirèio.

Source: http://gallica.bnf.fr/

Nom de l'édifice :

Le Mas du Juge. Egalement connu sous les noms de Mas de Clément et Mas-Crema (de cremat : brûlé en occitan, un incendie ayant potentiellement ravagé le bâtiment, ou du fait de sa proximité avec le Clos-Cremat, comme indiqué dans les Mémoires et récits de Mistral). L'étymologie de cette appellation pourrait être à rechercher dans les anciens propriétaires du bâtiment, dont les avis divergent toutefois selon les sources. Ancienne viguerie du Procureur de Monaco (cf. Site internet des actuels propriétaires), cette demeure dâtée du XVIIIe siècle, est également attribuée à la dame Perriat, fille d'un juge de Saint-Rémy, achat lui-même réalisé auprès d'une "dame Baltrat épouse Tourel". (cf. Mistral ou l'empire du soleil, p.39).

Autres appellations :

 

Localisation :

Sur la route entre Maillane et Saint-Rémy-de-Provence.

Fonction d'origine de l'édifice :

Demeure de notables au XVIIIe siècle, elle devient ensuite le cœur d'une propriété agricole pour les "ménadiers" de la famille Mistral à compter du rachat de l'ensemble par Antoine Mistral en 1803, et jusqu'à la vente de celle-ci par Frédéric Mistral Neveu.

Fonction actuelle de l'édifice :

Propriété de particuliers depuis, la bâtisse accueille toutefois le public lors de visites commentées autour de la vie et de l'œuvre de Frédéric Mistral (découverte des lieux et documents à l'appui) ainsi que de nombreux événements culturels (concerts, spectacles, conférences). Découvrir le détail des propositions.  

Datation :

XVIIIe siècle

Importance pour la culture occitane :

Le Mas du Juge est historiquement lié à la figure de Frédéric Mistral,poète provençal, fondateur du Félibrige et du Museon Arlaten, prix Nobel de littérature en 1904. Entrée dans sa famille en 1803 lors de l'achat de cette bastide provençale par Antoine Mistral, elle fut par la suite léguée aux aînés de la famille et revint à ce titre en 1827 à François Mistral, père du poète occitan. Le mas du Juge accueille la naissance (1830) et les jeunes années de Frédéric Mistral. Sa licence de droit obtenue à Aix-en-Provence en 1851, le futur auteur des Isclo d'Or s'installe sur les terres familiales d'où il entame son entreprise de rénovation de la langue et de la culture occitanes : "Et là même, - à cette heure, j'avais mes vingt et un ans, - le pied sur le seuil du Mas paternel, les yeux vers les Alpilles, en moi et de moi-même, je pris la résolution : premièrement, de relever, de raviver en Provence le sentiment de race que je voyais s'annihiler sous l'éducation fausse et antinaturelle de toutes les écoles; secondement, de provoquer cette résurrection par la restauration de la langue naturelle et historique du pays, à laquelle les écoles font toutes une guerre à mort : troisièmement, de rendre la vogue au provençal par l'influx et la flamme de la divine poésie." (Memoires et récits, édition de 2008, Arles, Actes Sud, p.159). C'est entre ses murs qu'il entreprend d'ailleurs de rédiger la première de ses oeuvres majeures, Mirièio. Le 4 septembre 1855, le décès de François Mistral, et les litiges relatifs à la succession, conduisent Frédéric et sa mère, Délaïde, seconde épouse du patriarche, à quitter la propriété définitivement. L'épisode, douloureux pour le poète, est relaté dans ses Memòri e racontes : "une semaine après, au retour du service, le partage se fit.[...] Et au Mas paternel, qui n'était pas dans mon lot, il fallut dire adieu". (Ibid, p.247). Celle-ci revient alors, selon la tradition provençale, au fils aîné Louis Mistral, et après lui à son fils Théophile Mistral. A la mort de celui-ci, Frédéric Mistral, petit-neveu de l'illustre aïeul hérite du Mas du Juge, la vendant plus tard hors du cercle familial.

Eléments remarquables :

La propriété se composait du temps des Mistral d'un ensemble de 25 ha de terrain, ainsi que d'un corps de ferme. "La bastidasso ount nasguère, en fàci dis Aupiho, toucant lou Claus-Créma, se ié disié lou Mas dóu Juge : un tenemen de quatre couble, emé soun pastre, sa servènto [...]" / "La vieille bastide où je naquis, en face des Alpilles, touchant le Clos-Créma, avait nom le Mas du Juge, un tènement de quatre paires de bêtes de labour, avec son premier charretier, ses valets de charrue, son pâtre, sa servante [...]". (cf. Sur les pas de Frédéric Mistral p.11) De forme longitudinale, la demeure est entourée d'un vaste jardin. Prélude à l'arrivée au mas, une allée de platanes, et sur le côté du chemin, un muret aujourd'hui gravé d'un portrait de Frédéric Mistral. Sur l'un des murs latéraux du mas, figure également une plaque portant l'inscription suivante "Dins aqueste Mas dou Juge Frederi Mistral es nascu lou 8 de setèmbre 1830 i'a viscu sa bello jouinesso. Escri si proumièris obro e pièi "Mirèio" lou quittant, en setèmbre 1855, qu'après la mort de soun segne paire Francés Mistral, de qu'au a escri : "C'est lui qui m'a rendu poète". Lauso aubourado lou 18 de mai 1959, jour de la Santo-Estello à Maiano. Pèr li siven de soun rèire-nebout e fihou, prouprietàri dou mas Mireien." Dans ce Mas du Juge, Frédéric Mistral est né le 8 septembre 1830 et y a vécu sa belle jeunesse. Il y écrivit sa première oeuvre et puis "Mirèio", ne le quittant, en septembre 1855, qu'après la mort de son père François Mistral, du quel il a écrit : "C'est lui qui m'a rendu poète". Pierre érigée le 18 mars 1959, jour de la Saint-Estelle à Maillane, par son grand-neveu et fils, propriétaire du mas Mireien."

Statut de protection :

La maison elle-même n'a pas fait l'objet d'une procédure d'inscription ou de classement aux Monuments historiques. Le Jardin du mas toutefois, a fait l'objet d'une campagne d'inventaire en 1994.

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La médiathèque intercommunale du Piémont oloronais
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A l'origine bibliothèque municipale, la médiathèque intercommunale d'Oloron couvre aujourd'hui par sa documentation locale, le territoire de la ville et de ses environs (vallées avoisinantes, Aspe, Ossau et Barétous), et concerne d'une façon générale, le Béarn et son département, ainsi que dans une moindre mesure, la région.

Voir les fonds de la Médiathèque intercommunale du Piémont oloronais
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Félicie Brouillet, conteuse du Périgord
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Félicie Brouillet, née en 1907, à Augignac (Dordogne), à quelques kilomètres de Nontron fut des années 1930 jusqu'à sa disparition en 1982 une vedette de la radio régionale.

Toujours bien présente dans la mémoire collective, L'Oreilho-­dé-­Lèbré comme elle se faisait appeler, n'a eu de cesse toute sa vie durant de collecter et transmettre la langue, les traditions et histoires de son terroir.

Toute son enfance, elle se nourrit des croyances et histoires populaires qu'elle entendait raconter dans la maison familiale.

Dès les années 1930 elle participe aux opérations de recherche et de collectage menés dans la région nontronnaise par le prêtre Georges Rocal qui l'amène à mener un travail personnel sur la langue et les éléments culturels de son environnement.

Elle commence ainsi à rédiger quelques articles en occitan dans les revues locales avant de publier en 1937 Légendes, contes et récits de la veillée en Périgord, ouvrage aussitôt épuisé, qui ne fit l'objet d'une réédition qu'en 1990.

S'ensuit  un travail de collectage incessant et la constitution de son personnage de l'Oreilho­-dé­Lèbré, vieille nontronnaise contant ses histoires et commentant l'actualité, qui rencontre rapidement un grand succès auprès du public.

Les histoires de Félicie Brouillet ont été enregistrées et ont donné lieu à l'édition de plusieurs disques, vous pourrez aujourd'hui les trouver à l'achat d'occasion ou encore au prêt dans quelques rares bibliothèques ; il ne nous a pour le moment été possible d'en localiser qu'à la BnF (Félicie Brouillet dite l'ORELHO DÉ-LÈBRÉ et Félicie Brouillet avec ses amis du groupe folklorique RIEGUTAIN) et à la bibliothèque de Périgueux (Ses bonnes histoires du Périgord).

Robert Dagnas, avec son émission Chez Nous, diffusée dans les années 1970 sur les ondes de Radio Limoges a également très régulièrement fait intervenir Félicie Brouillet. Les archives de ces émissions de radio ont été déposées par Françoise Etay à l'IEO Limousin. Numérisées, elles sont disponible à l'écoute sur La Biaça, le site internet de la mémoire occitane en limousin.

Vous pourrez trouver les émissions Chez Nous dans lesquelles intervient Félicie Brouillet mais également des collectages réalisés auprès de la conteuse par Robert Dagnas en suivant ces liens :

Emissions radiophoniques Chez Nous avec la participation de la conteuse


 Collectages / Enregistrements intégralement conscacrés à Félicie Brouillet


Le numéro 4 de l'année 2012 du périodique Lo Bornat dau Perigord a  été consacré à Félicie Brouillet en 2012, à l'occasion de la félibrée de Piégut-Pluviers. Vous pourrez y trouver quelques informations complémentaires sur la conteuse.

 

Guilhem de Peiteus : prince des troubadours
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Guilhem de Peiteus : prince des troubadours


Le comte Guilhem de Peiteus, qui fut aussi Guilhem IX duc d'Aquitaine, a vécu à la fin du XIe siècle. Il est l'un des plus grands seigneurs de l'Europe médiévale, maître d’un immense domaine qui s’étend de la Gascogne aux marches de l’Auvergne, et de l'Anjou aux Pyrénées. Mais ce ne sont ni ses actions politiques ni ses hauts-faits d'armes qui font de Guilhem un des princes les plus brillants du Moyen Âge. Sa légende est artistique, initiant par ses chansons d'un genre nouveau deux siècles de création brillante en langue occitane, âge d'or littéraire célébré de Dante à Aragon en passant par Ezra Pound. Guilhem de Peiteus est le plus ancien troubadour dont on ait la trace. À l'image des jongleurs-musiciens du Moyen Âge, il chante et divertit, mais ajoute à ses compositions la finesse esthétique et l'audace intellectuelle d'un grand seigneur lettré. Guilhem a laissé l'image d'un seigneur libertin, excommunié deux fois, qui installa sa maîtresse la vicomtesse de Châtellerault à sa cour. Il chante une nouvelle conception du désir, de l'amour et de la femme aimée. Certaines de ses poésies sont très crues voire obscènes, destinées à un auditoire d'hommes, où la femme est une proie érotique. Mais Guilhem chante tout autant l'amour chevaleresque posant les fondements de tout l'art du 'trobar'. En quelques années, cette nouvelle façon de chanter l'amour en occitan fait de nombreux émules. Si nous connaissons seulement onze chansons de Guilhem, elles ne s'illustrent pas seulement comme l’œuvre d'un initiateur, il est déjà un des poètes les plus accomplis de l'art du trobar. Ses chansons contiennent déjà tous les ferments de la révolution artistique qui saisit les cours d'Occitanie pour près de deux-cents ans : « Companho, farai un vers [pauc] convinen et aura-i mais de foudatz no-i a de sen et er totz masclatz d'amor et de joi e de joven. » « Compagnons, je ferai un vers peu convenable et il y aura plus de folie que de bon sens et il sera tout mêlé d'amour, de joie et de jeunesse ! »
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BORRÈIA
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De la danse traditionnelle à la chorégraphie contemporaine.

Danse emblématique des Auvergnats émigrés à Paris, la bourrée fait partie de ces danses traditionnelles dont la pratique n’a jamais cessé et qui a su évoluer au gré de l'influence de nouveaux contextes culturels.
Quelques mythes entourent son apparition : danse celte pour certains, empruntée aux grecs pour d’autres, aucun élément pouvant définir avec  précision son origine ne nous est parvenu à ce jour. Si le terme bourrée apparaît pour la première fois dans les traités de danse du XVIIe siècle, il désigne alors un pas issu du répertoire savant. La bourrée est ensuite décrite comme une danse populaire emblématique de Massif Central, notamment dans les textes de Mme de Sévigné (1676) et de Jean Fléchier (1665).  

 
Mais c'est l'importante émigration d'Auvergnats vers Paris à l'époque industrielle qui fit de la bourrée un élément emblématique de l'identité auvergnate par la constitution des amicales et l’invention du bal musette. La bourrée reste la danse de prédilection du bal, mais elle évolue au contact des autres danses de couple.
Dans le même temps se constituent dans sa région d'origine les premiers groupes folkloriques qui fixent et transmettent ce phénomène chorégraphique, participant d’une autre manière à sa sauvegarde. C’est à l’émergence du mouvement folk et des campagnes de collectage menées dans les années 1970  que la bourrée doit son salut et sa persistance.     
                                                                       
                                                   
 
Aujourd’hui, si sa pratique a largement reculé et le lien entre générations s’est un peu plus creusé, la bourrée reste vivante et constitue un patrimoine vivant séculaire. Depuis quelques années elle fait son entrée sur les scènes artistiques grâce à des chorégraphes qui puisent leur inspiration dans le répertoire traditionnel. Ce fut notamment le cas de Dominique Bagouet qui créa en 1976 la pièce Ribatz, Ribatz ! sur une suite de morceaux traditionnels en s’inspirant des danses présentes dans les bals et fêtes de village.     

 
 Plus récemment, les initiatives autour de la bourrée se sont multipliées avec de nombreuses créations contemporaines et urbaines.  Sidi Graoui avec sa création Le labyrinthe des Origines explore et décortique le phénomène bourrée en l’ancrant dans sa propre pratique chorégraphique contemporaine. Jean-Christophe Bleton, dans De Bouts croise la danse traditionnelle et les arts du cirque. La pièce Mets ta veste rouge est quant à elle le fruit d’une rencontre entre danseurs issus des milieux contemporains, hip-hop, flamenco et traditionnels qui réactualisent la bourrée en l’inscrivant dans le paysage dansé actuel.

 
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Les Fors de Béarn
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La loi occitane des rois de Navarre

   L’occitan fut dans les différents « pays » qui ont la langue en partage largement utilisé pour les actes politiques et administratifs en concurrence avec le latin. Si la fameuse Ordonnance de Villers-Cotterêts édictée par François Ier en 1539 scelle le monopole du français administratif dans une grande partie de l'espace occitan – à l'exception des actes notariés, actes privés, qui demeurent longtemps rédigés dans la langue des contractants – le cas du Béarn et de la Basse-Navarre, territoires indépendants au début du XVIe siècle, va permettre le rayonnement d'un occitan langue d'État jusqu'à la Révolution française. Parmi le corpus de textes occitans produits pour les souverains du Béarn qui portent le titre de 'Roi de Navarre', la traduction des Psaumes de David viratz en rythme gascon réalisée par le poète Pey de Garros, et dédiée à la reine Jeanne d'Albret, représente un acte de grande portée politique dans le contexte des Guerres de religion. Mais les souverains de Béarn-Navarre vont également produire une loi fondamentale de leur royaume, en occitan gascon, le « For general ».

   Depuis le Moyen Âge, les Pyrénées sont des pays de « fors » - du latin 'forum', la place publique où l'on rend la justice et par extension la coutume selon laquelle les jugements étaient rendus – recueils de droits et libertés spécifiques accordés aux communautés. Le plus ancien for semble être celui d'Oloron, accordé vers 1080 en vue d'attirer des habitants dans une place stratégique pour la reconquête de l'Espagne par les seigneurs chrétiens. Les Fors de Béarn représentent jusqu'au XVIe siècle un ensemble législatif complexe, sans cesse repris et remanié, différent d'une juridiction à l'autre. Morlàas, Aspe, Ossau, Barétous, Oloron, etc. ont leurs propres fors.

   C'est le roi Henri II d'Albret (1503-1555), réussissant à extraire la Basse-Navarre des prétentions espagnoles et gagnant une véritable indépendance pour son royaume, qui lance une politique de modernisation de l'administration de son État. Il fait compiler et réviser les différents « fors et coutumes » du Béarn pour la rédaction d'un « For général », loi fondamentale qui régit la vie politique mais aussi économique et sociale des Béarnais.

Le For général, rédigé en gascon, langue de l’État pyrénéen, est promulgué le 27 novembre 1552. Immédiatement imprimé – c'est d'ailleurs le premier livre imprimé à Pau – et largement diffusé, le For est confirmé en 1620 lors de l'annexion définitive du Béarn à la couronne de France, et maintiendra la personnalité historique et linguistique de la province jusqu'à la Révolution française.




Editions du CIRDOC - Institut occitan de cultura

Los Fors et Costumas de Bearn, A Pau, Per Isaac Desbaratz, Imprimeur & Marchand Liberaire deús Estatz de la Prouvince de Bearn. M. DCC. XV., [2 bl.]-144 p. ; in-4, exemplaire sur parchemin. Relié avec Stil de la justicy deu pais de Bearn (1716) et Ordonnances feites per Henric II (1716)., CR-A 8099

Ressources numériques

Des fors disponibles en ligne
Les fors et costumes de 1602
Les fors et costumes de 1682
Les fors et coutumes de 1715

Un témoignage de l'évolution du droit en Béarn en 1633
Compilation d'auguns priuiledgis...,

Des fonds documentaires où trouver des Fors
Le fonds local de la Médiathèque intercommunale du Piémont oloronais
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