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Lé Gril. - 1896, n°08 (Abril)
Visner, Gabriel (1846-1909)
Lé Gril. - 1896 - N° 08
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Lé Gril. - 1896, n°07 (Abril)
Visner, Gabriel (1846-1909)
Lé Gril. - 1896 - N° 07
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Lé Gril. - 1896, n°06 (Mars)
Visner, Gabriel (1846-1909)
Lé Gril. - 1896 - N° 06
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Lé Gril. - 1896, n°05 (Mars)
Visner, Gabriel (1846-1909)
Lé Gril. - 1896 - N° 05
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Lé Gril. - 1896, n°04 (Fébriè)
Visner, Gabriel (1846-1909)
Lé Gril. - 1896 - N° 04
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Lé Gril. - 1896, n°03 (Fébriè)
Visner, Gabriel (1846-1909)
Lé Gril. - 1896 - N° 03
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Lé Gril. - 1896, n°02 (Janbiè)
Visner, Gabriel (1846-1909)
Lé Gril. - 1896 - N° 02
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La requeste faicte et baillée par les dames de la Ville de Tolose (1555)
CIRDOC - Institut occitan de cultura

Résumé

La Requeste faicte et baillée par les dames de Toulouse est une des œuvres les plus curieuses de l’imprimé occitan du XVIe siècle, connue par un seul exemplaire conservé. L’ouvrage contient vingt-et-une courtes pièces poétiques en occitan et en français, qui s’inscrivent dans la longue « querelle des femmes » qui anima la première moitié du XVIe siècle en France

Titre original complet

La Requeste faicte & baillée par les Dames de la Ville de Tolose. Aux messieurs maistres & mainteneurs de la gaye scie[n]ce de Rhethorique, au moys de May,...

La Requeste faicte et baillée par les Dames de la Ville de Tolose. Aux messieurs maistres et mainteneurs de la gaye science de Rhethorique, au moys de May, Auquel moys par lesdits seigneurs se adjugent les Fleurs D’or et d’Argent, aux mieux disans, tendent affin qu’elles feussent receues a gaigner ledit Pris. Avec plusieurs sortes de Rithmes en divers lengaiges et sur divers propos, par lesdites Dames de Tolose composées. Ensemble une Epistre en Rithme aussi par icelles faicte et envoyée aux Dames de Paris. Le premier jour de May.

Exemplaires conservés

Le seul exemplaire connu est conservé par la Bibliothèque municipale de Toulouse et provient d’une collection privée (Jean Faure, Toulouse). Il y aurait eu 2 éditions antérieures de l’ouvrage dont celle de 1555 est la seul rescapée (François Pic).

Manuscrit

« La requeste faicte et baillée par les dames de la ville de Tolose aux messieurs maistres et mainteneurs de la gaye science de rhethorique... Imprimé à Tolose, par J. Colomies, 1555 »
Copie manuscrite du XIXe siècle des trois premières pages du recueil  [fol. 166 (17) au fol. 168 (21)]
BU Arsenal Droit lettres Toulouse, Ms 216, fol. 166 (SICD)
 
Ressource numérique
http://www.purl.org/occitanica/4305
images 303-305

Possesseurs

1828 - Payne (vente Londres)
1850 - Potier (libraire)
1850 - Tibulle Desbarreaux-Bernard (Toulouse) [ex libris n°2743]
1945 - B. Galanti (bibliophile)
1997 - Patrick Sourget (libraire Chartres)
2002 - Jean Faure (Toulouse)
2004 - Bibliothèque municipale de Toulouse [Res. D XVI 1205 (3)]

Note de contenu

Le texte de La Requeste met en scène la demande de participation des dames de Toulouse au concours annuel de poésie organisé par le Collège de Rhétorique de la ville (la requête est donnée en première position), en même temps qu’un florilège de pièces censées témoigner de leurs talents.
Au delà du ton « féministe » de quelques textes, les autres relèvent de la satire comique dans lesquels les « dames » signent portraits et contre-portraits des défauts et vices féminins, devenus clichés dans une abondante littérature misogyne de la première moitié du XVIe siècle (controverse connue sus le nom de « Querelle des femmes »).
Le recueil compte 9 pièces en français et 12 en occitan (10 en « lengaige Tolosain », une en « gavatch » et une en « gascon ») : orchestrent l’« effet de polyphonie d’une école poétique en deux idiomes » (Courouau, Gardy).
 
L’ouvrage s’inscrit dans un corpus occitan toulousain dans lequel on relève Las Nomparelhas receptas… et Las Ordonansas et Coustumas del Libre Blanc, œuvres « d’une écriture tout à la fois conforme à l’efflorescence littéraire renaissante française et qui s’en différencie cependant. Les voix féminines, le contrepoint linguistique, sont pour les auteurs autant d’effets de miroir inversé, d’éléments de carnavalisation » (Escudé).

La question des auteur(e)s

La Requeste est une œuvre collective réunissant les pièces  signées de 16 noms féminins (Gabrielle Brunete, Marguerite de bon vouloir, Catherine Fontaine, Françoise Marrie, Glaude Ligoune, Esclarmonde Espinette, Magdaleine princesse, Marie de hault pris, Mondina de Lenvege, Johana Perla, Dona Prouzina Belvengua, Anthonia I., Guillaume Finoy, Andieta Pechayre, Bernarde deu Pin) ou de l’ensemble de leur groupe (les dames de Toulouse) et d’un seul auteur masculin Pierre Trassebot. La Requeste alimentera l’idée mythique d’une « Pléiade toulousaine féminine » construite par Alexandre Du Mège, qui sera réfutée en 1853 par Jean-Baptiste Noulet.

De la controverse des sexes à la controverse des langues

Les objectifs ludiques et polémiques de la guerre des sexes sont doublées par la question linguistique de ce recueil plurilingue : l’occitan domine numériquement, tout en démontrant sa variété face au monolithisme du français. Le dernier poème, le plus long du recueil, prend des accents de manifeste linguistique. Il met en scène les dames toulousaines prenant la parole collectivement pour rédiger une « Epistre en lengaige Tolosain, faicte et composée par les Dames de Tolose, responcive à celle que les Dames de Paris leur avoyent envoyée » dans laquelle elles affirment leur droit à s’exprimer « en nostre bel lengatge » tandis qu’elles moquent l’accent des Parisiennes « car en parlan, semble que machetz Fresas » (car en parlant, il semble que vous mâchiez des fèves) = à l’heure où l’occitan se perd dans les élites, la fiction de l’écriture féminine leur permet d’exprimer sous forme de canular leur nostalgie pour une langue qui n’était pas moins capable que le français d’exprimer les beautés de la poésie.

Édition originale

La Requeste faicte & baillée par les Dames de la Ville de Tolose. Aux messieurs maistres & mainteneurs de la gaye science de Rhethorique, au moys de May,...
Tolosa : Jac. Colomies, 1555, 16 f. (sig. A1-B8) ; 8
[Res. D XVI 1205 (3)]

Le seul exemplaire connu est relié avec :

Las Ordenansas & Coustumas del Libre Blanc, observadas de tota ancianetat, compausadas per las sabias femnas de Tolosa. Et registradas en forma deguda per lor secretary.
Tolosa : Jac. Colomies, 1555, 16 f. (sig. A1-B8) ; 8
[Res. D XVI 1205 (1)]
 
Las nompareilhas Receptas, per fa las Femnas tindentas, rizentas, plasentas, polidas, & bellas. Et aussi per las fa pla cantar, & caminar honestament, & per compas,... Ensemble une Requesta de l'Actor a lencontra de lasditas Femnas.
Tolose : Guyon Boudeville, 1555, 8 f. (sig. A1-B4) ; 4
[Res. D XVI 1205 (2)].

Publication d’extraits commentés

Jean-Baptiste Noulet, De la Prétendue pléiade toulousaine, ou Réfutation de ce qui a été récemment imaginé dans le but d'établir l'existence d'une société littéraire de dames, à Toulouse, au XVIe siècle, Toulouse : impr. de J.-M. Douladoure, 1853.

Édition critique moderne avec traduction et bibliographie

La requeste faicte et baillée par les dames de la ville de Tolose (1555) : textes français et occitans / éd. critique établie par Jean-François Courouau et Philippe Gardy. Toulouse : Presses universitaires du Mirail, 2003.

Postérité

La Requeste et ses œuvres-sœurs constituent les seules oeuvres de création littéraire en occitan de la première moitié du XVIe siècle. Á la fois œuvre en miroir, et œuvre carnavalesque, La Requeste ouvre toutefois le possible d’une renaissance occitane en démontrant que la langue des Toulousains, que les élites abandonnent au même moment, est autant capable d’expression poétique que le français. Toulouse sera un des principaux foyer de cette renaissance avec Pey de Garros puis avec Godolin, stoppée pour un temps par la parenthèse ligueuse.  
La Requeste est « une pierre d’importance dans la compréhension du monde humaniste à Toulouse.
Longtemps introuvable, la Requeste pourra sans nul doute reprendre une place majeure dans l’architecture des tensions de langue, de comportement, d’idées, qui ont fait de Toulouse au milieu du XVIe siècle un lieu capital de l’Europe moderne ». (Pierre Escudé).

Bibliographie

Alexandre Du Mège, « Le Palais de Bernuy ou le Collège Royal de Toulouse », Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, III, 1836-1837, p. 10-15.
 
Jean-Baptiste Noulet, De la Prétendue pléiade toulousaine, ou Réfutation de ce qui a été récemment imaginé dans le but d'établir l'existence d'une société littéraire de dames, à Toulouse, au XVIe siècle, Toulouse : impr. de J.-M. Douladoure, 1853. (Extrait des Mémoires de l'Académie impériale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse).

François Pic, « Ourdenansas et coustumas del Libre Blanc, Nompareilhas receptas..., Requeste faicte et baillée par les Dames de la Ville de Tolose : les tribulations de trois textes toulousains du XVIe siècle ou un cas notoire d'inaccessibilité de la littérature occitane moderne » dans : Études romanes dédiées à la mémoire de Jacques Boisgontier, Montpellier, extrait de la Revue des Langues Romanes, 2000 p. 117-145.

Pierre Escudé, « Redécouverte d’un texte majeur de la Renaissance toulousaine », Annales du Midi, 2004, 116, p. 4000-402,
En ligne
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/anami_0003-4398_2004_num_116_247_2865_t1_0400_0000_2


Ressource numérique
http://numerique.bibliotheque.toulouse.fr/ark:/74899/B315556101_RD16_001205_003

 


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Le registre « Potentia » des états de Provence, témoignage de près de trois siècles d'emploi administratif de l'occitan
CIRDOC - Institut occitan de cultura

Résumé

Le Livre des états de Provence, surnommé Potentia en raison de la potence qui orne sa reliure depuis le XVIe siècle, est un registre d’une cinquantaine de pièces des XIVe, XVe et XVIe siècles reliées à l’activité des états généraux de Provence, forme ancienne des parlements modernes et constituées par les provençaux eux-mêmes, figurant une sorte d’autoadministration de la Provence dans sa langue vulgaire et donc en occitan. Durant cette période, la Provence n’appartient pas encore directement au royaume de France, ce ne sera le cas qu’à partir de 1481, et c’est cette spécificité qui constitue l’un des intérêts principaux du recueil. Il s’agit également de l’une des sources les plus importantes d’autogestion locale pour l’époque et ce pour l’ensemble du territoire national. L'abondance de documentation y est telle que son étude relève à la fois de l’histoire politique, militaire, économique, fiscale, du droit et des institutions.
Le recueil est également un témoignage précieux du type d’utilisation dont l’occitan pouvait être l’objet chez les scribes et les juristes lettrés de cette période.

Autres version du titre :

< livre « Potentia » des États de Provence

Exemplaire conservé

1 exemplaire manuscrit connu :

- Archives départementales des Bouches-du-Rhône (Marseille), cote B 49

Note d’étude

Le registre Potentia est une ressource privilégiée de l’utilisation de l’occitan au sein des catégories sociales lettrées provençales des XIV, XV et XVIe siècles. Durant cette période le français n’y est ni la langue de communication courante, ni la langue administrative, ne commençant à s’imposer que vers la fin du XVe siècle en partie suite au rattachement direct de la Provence au territoire français en 1481. C’est ainsi le témoignage de presque trois siècles d’utilisation administrative de l’occitan qui est inscrit dans ce recueil. Ce témoignage est laissé par les états, non pas généraux ou provinciaux (puisque le territoire n’appartient alors pas pleinement à la France mais à des princes français : les rois de Naples, issus de la « seconde maison d’Anjou » ), mais de Provence.

Ce recueil renseigne ainsi sur l’histoire politique et militaire de la Provence à partir de 1390 et ce jusqu’en 1435 environ, date à laquelle la levée et l’organisation des troupes échappent en grande partie au contrôle des états, témoignant d’une diminution de l’influence de l'institution au profit du souverain.

L’histoire fiscale et administrative du territoire peut également être étudiée au travers de ce recueil, il est évidemment question de l’impôt et de la manière dont celui-ci est prélevé entre 1394 et 1523. Cependant, si ce sont bien les états qui consentent à l’impôt c’est le souverain qui exerce en pratique cette fonction. Il n’est donc pas rare de constater des décalages entre les sommes et tributs théoriquement levés et les sommes et tributs levés en pratique. Ces décalages peuvent d’autant plus se faire ressentir que la question de l’équité et de l’égalité devant l’impôt est souvent le sujet des discussions au sein des états. Cependant, si ces thématiques ne sont pas propres aux états de Provence, leur récurrence signifie très probablement l’insistance et les difficultés des gens du pays à faire respecter leurs ordonnances. Ces difficultés ont également joué de manière certaine un rôle important dans le processus de genèse de l’État moderne qui s’imposera peu de temps après l’abandon des états.

De plus, bien que l'administration du territoire soit ici exercée par des gens « du cru » on ne retrouve pas de manière exacte au sein du registre un occitan tel qu’il pouvait être parlé à l’époque. Ceci s’explique par le fait que le recueil est avant tout rédigé par des scribes ou des notaires lettrés ayant reçu une formation latine. Ainsi, si le recueil témoigne de l’usage de l’occitan administratif de l’époque un certain nombre de formes orales est parfois ignoré (comme cela était souvent le cas dans le langage employé pour les juristes) et la langue écrite s’apparente parfois plus à du latin qu’à de l’occitan : des mots comme redoubtables ou debte sont présents au sein du recueil et notent des lettres pourtant amuïes dans la prononciation et toujours utilisées en latin, témoignant de la notation d’un lexique sous l’influence du latin.

Le registre témoigne donc de l’histoire de la Provence pendant près de trois siècles, d’une époque où un parlement local s’exprimant en langue vulgaire participait à l’administration du territoire et qui verra son influence diminuer petit à petit au profit du souverain et cheminant avec logique vers une protestation en sus de l’ordonnance de Villers-Cotterêts (ou édit de Villers-Cotterêts) en 1539 qui imposera l’usage exclusif du français dans l’administration et la justice.

Editions et traductions

Éditions :

- Gouiran, Gérard. Hébert Michel. Le livre Potentia des états de Provence (1391-1523). Paris : Comité des travaux historiques et scientifiques, 1997, XCII-535 p. [Cote CIRDÒC CAC 6855] [Accessible sur Gallica]

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Incunables occitans : les premiers livres imprimés en occitan (XVe siècle)
CIRDOC - Institut occitan de cultura

On désigne par « incunable » - du latin incunabula, « le berceau », « le commencement » - les premiers livres imprimés au cours du XVe siècle. Ces premiers livres, dont le plus célèbre est la Bible latine à quarante-deux lignes que Gutenberg imprima à l'aide de caractères mobiles vers 1450 à Mayence, ne ressemblent pas encore aux livres modernes qui apparaîtront, selon les régions, entre le début et le milieu du XVIe siècle. Les incunables conservent encore beaucoup de caractéristiques des manuscrits reliés (codex) du Moyen Âge, sans page de titre, avec une mise en page compacte, sans chapitre et comportant de nombreuses abréviations. Certains étaient même encore enluminés. Mais la caractéristique la plus  marquante de ces « premiers imprimés » est l'utilisation de caractères gothiques. 
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Bien que l’espace occitan voie dès 1475 l’installation des premiers ateliers d’imprimerie à Albi, puis l'année suivante à Toulouse, c’est sur des presses italiennes, à Turin, que fut fabriqué en 1492 le premier livre imprimé en occitan : Lo Compendion de l’Abaco, œuvre du niçois Francés Pelós.  

L'occitan parmi les langues des incunables

L'Incunabula Short Title Catalogue (ISTC), base de données internationale qui recense plus de 30’000 éditions de livres imprimés antérieurs à 1501, révèle que la langue majoritaire des premiers imprimés est le latin. Vient ensuite l’italien avec près de 2’500 titres et le français avec près de 1800 titres. La péninsule ibérique, qui connaît plus tardivement l’arrivée de l'imprimerie, est représentée par 437 éditions recensées en espagnol (castillan) et 138 en catalan. L’ISTC ne recense pour les langues vernaculaires de France, hormis le français, un incunable en breton, le Catholicon de Jehan Lagadeuc, dictionnaire trilingue breton-français-latin destiné à l'instruction « des petits clercs pauvres de Bretagne ou encore des illettrés en latin ». 
Avec trois éditions connues, le corpus des incunables occitans est très faible au regard du corpus francophone, ou même catalonophone et révèle déjà l’état très dégradé du rapport de force entre l’occitan et le français dans la production et la diffusion écrite des savoirs au sortir du Moyen Âge, au large bénéfice du français. Pour autant, la langue occitane, héritière d’une scripta littéraire, scientifique et administrative importante et prestigieuse au Moyen  Âge, demeure encore, à l'orée de l'époque moderne, une langue d’écriture et de diffusion savante. La plupart des autres langues vernaculaires de l’actuel territoire français, voire de l’Europe occidentale, n’ayant aucune édition ancienne.

Les incunables « occitans »

  • Frances PELLOS, [Compendion de lo abaco] : Complida es la opera, ordenada... per noble Frances Pellos,... Impresso in Thaurino..., per meistro Nicolo Benedeti he meistro Jacobino Suigo de Sancto Germano, nel anno 1492, ad di 28 de septembrio.

C’est assez tardivement, dans les toutes dernières années du XVe siècle, qu'apparaissent les premiers incunables en occitan.

Le premier est Lo Compendion de l'Abaco, œuvre d'un « citoyen niçois » (« citadin es de Nisa », f. 80v), Francés Pellos, et imprimé à Turin en 1492. Ce traité de mathématique est issu du milieu du négoce niçois. L'ouvrage est d’un usage pratique, son but est d'apporter les rudiments mathématiques nécessaires au bon exercice du commerce maritime.
C'est sans doute parce qu'il est à destination du monde du commerce maritime qu'il est rédigé et imprimé dans la langue d'usage des marchands et non en latin, langue de la majorité des incunables.
Lo Compendion de l'Abaco, qui figure parmi les premiers traités de calcul imprimés, témoigne de la place qu'occupe la langue occitane dans les échanges commerciaux dans la région niçoise (Nice est décrite « cap de Terra Nova en Provensa » par l'auteur, f. 80v.) à l'aube de la Renaissance.
Les exemplaires conservés sont assez rares, nous en connaissons 7 référencés dans les catalogues de bibliothèques publiques ou universitaires en France et à l'étranger.

En savoir + sur le Compendion de l'Abaco : voir l'article dans l'Enciclopedia d'Occitanica. 
Les deux autres incunables occitans connus concernent le domaine religieux. 
  • Lucchino (Lucain) Bernezzo, Tratat del Rosari de l’intemerada Verge Maria segunt la determination de diverses Dotors, [Nice, 1493] [perdu, aucun exemplaire connu].
  •  Guy de Roye, Lo Doctrinal de la sapiensa en lo lenguatge de Tholosa [Toulouse : Heinrich Mayer, circa 1494]
Le premier, le Tratat del Rosari de l’intemerada Verge Maria segunt la determination de diverses Dotors, serait l'œuvre du frère dominicain Luchino Bernezzo, imprimé à Nice en 1492 ou 1493.  
L'ouvrage semble définitivement perdu, il est connu par une seule mention du XVIIe siècle.

En savoir + sur le Tratat del Rosari de l'intemerada Verge Maria : voir l'article dans l'Enciclopedia d'Occitanica. 

[imatge id=21619]
Le second, Lo Doctrinal de la sapiensa en lo lenguatge de Tholosa, sorti des presses toulousaines d’Henri Mayer en 1494, est une traduction occitane du Doctrinal de sapience ou Doctrinal aux simples gens, œuvre d’explication de la doctrine chrétienne rédigée au milieu du XIVe siècle, et attribuée à Guy de Roye.
Le choix linguistique s’explique ici par la fonction didactique du livre, qui est à destination des prêtres ou des lecteurs ne lisant ni le latin, ni le français.
Lo Doctrinal de sapiensa connaît une seconde édition, toujours  à Toulouse, par l’imprimeur Jean Grandjean (1460-1519), une autre en 1504. Ce dernier, considéré comme le premier imprimeur toulousain, s’installa rue de la Porterie et avait racheté en 1494 l’atelier de Henri Mayer, d’origine allemande.
Cet incunable est à rapprocher du corpus des impressions religieuses toulousaines en occitan du début du XVIe siècle, toutes les traductions de textes à visée didactique. 

En savoir + sur Lo Doctrinal de la sapiensa en lo lenguatge de Tholosa : voir l'article dans l'Enciclopedia d'Occitanica.
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