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Gustave de Galard et les estampes occitanes
Escarpit, David (1980-....)

Gustave de Galard et les estampes occitanes

Éléments biographiques


Le comte Philippe-Gustave de Galard (L'Isle-Bouzon, actuellement Gers, 1779 - Bordeaux, 1841) est issu d'une ancienne famille de la noblesse gasconne de Lomagne. Troisième fils du marquis Joseph de Galard et de Marie Suzanne Vignes-Sainte-Croix - issue d'une vieille famille bordelaise - il est destiné comme fils de gentilhomme à la carrière des armes, et envoyé à l'école militaire de Sorèze.
Né dans un milieu royaliste profondément catholique, il se voit obligé, pendant la Révolution, de vivre une vie de clandestinité. Son père est guillotiné en 1793, ses biens de famille confisqués, sa mère arrêtée tandis que son frère aîné sert dans l'armée des Princes, l'armée contre-révolutionnaire des nobles émigrés.
Galard émigre et restera hors de France pendant neuf ans. Il passe successivement en Espagne, puis dans l'île antillaise de Saint-Thomas, alors sous gouvernement danois.. Selon son biographe Labat, il semble qu’il se soit alors vu contraint de pratiquer la peinture comme ouvrier, avant de se lancer dans la peinture artistique. Galard vit quelques temps encore aux États-Unis, à Philadelphie, puis en Angleterre et en Suisse, avant de rentrer en Europe lors de l’amnistie des émigrés en 1802.
Il s’installe à Bordeaux, dans le quartier élégant des Quinconces, au numéro 9 de la rue de Condé. Il s’y établit définitivement comme artiste-peintre et graveur, avant de s’initier en 1815 à la lithographie, technique moins onéreuse que la peinture à l’huile, qui lui permet de réaliser des oeuvres destinées à un public plus populaire. Ses talents de portraitiste lui confèrent une certaine renommée locale.
Gustave de Galard est surtout connu pour son œuvre de peintre des mœurs et de la vie populaire bordelaise, popularisée par l’édition de ses œuvres en gravure et lithographie. Entre 1818 et 1835, il publie une série de recueils de gravures et de lithographies sur la vie quotidienne et le patrimoine architectural de la région bordelaise, souvent accompagnés de textes descriptifs d’Edmond Géraud, fondateur de la revue la Ruche d’Aquitaine.
En 1838 il commence à être exposé au Salon, à Paris. En 1895-96, Gustave Labat, un érudit bordelais, édite chez Féret à Bordeaux le catalogue de ses œuvres, même s’il semble qu’un grand nombre encore à ce jour n’ait pas été répertorié et se trouve dans des collections privées.

Galard et l’occitan


Par ses séries de gravures et lithographies sur la vie populaire bordelaise et la présence de la langue locale dans ses œuvres, Gustave de Galard mérite de figurer parmi les personnalités de la pré-renaissance occitane (fin XVIIIe-milieu du XIXe siècle). Galard fait en effet partie de ce Romantisme des pays d'oc qui se situe à la croisée des chemins entre la révélation par leurs œuvres d’une pratique de la langue occitane très prégnante dans la vie et l’identité locale, et la redécouverte savante de l’histoire et des grands écrits occitans du Moyen Âge (troubadours, « geste » de la croisade contre les Albigeois, etc.).

À Bordeaux, Galard était l’exact contemporain de Jean-Antoine Verdié dit Mèste Verdié (1779-1820), écrivain, poète et chansonnier gascon de Bordeaux, véritable figure tutélaire de la culture populaire bordelaise. Galard a vécu à Bordeaux en même temps que Verdié triomphait avec ses farces en occitan et francitan. La preuve du lien qui unit les deux hommes est donnée par le premier biographe de Galard, Gustave Labat qui, en 1898, cite plusieurs vers de Verdié avant de préciser ceci : « L’aimable et bonne Mme de Sermenson, qui connaissait meste Verdié sur le bout des doigts, s’amusait à nous réciter ces vers quand nous allions, en compagnie du peintre Eugène Claveau, passer la journée avec elle dans sa ravissante propriété de Bouliac, sur le point culminant du coteau, près de la vieille église romane, et elle ajoutait : “Vous riez, n’est-ce pas ? Eh bien ! vous auriez pleuré de les entendre dire par Gustave de Galard, tant il y mettait de sentiment et d’expression”. » 1

Galard, gascon de naissance, n’était donc pas insensible à la production occitane du Bordeaux de son temps et semblait donc bon connaisseur des œuvres de Verdié. Nous savons en outre que Galard eut au moins une connaissance commune avec Verdié, il s’agit du polygraphe et écrivain bordelais Edmond Géraud (1775-1831). Poète exclusivement francophone d’inspiration romantique, tourné vers l’esthétique des ruines, des épopées du passé, Géraud, ainsi que le souligne Philippe Gardy, manifeste une sensibilité pour l’Occitanie médiévale que l’on redécouvrait précisément à son époque.
Galard introduisit de l’occitan à plusieurs reprises dans ses œuvres, sous la forme de petites légendes directement placées sous les gravures, indiquant ce qu’est en train de dire le personnage représenté, et devant donc être distinguées des commentaires, en vis-à-vis, de Géraud. Nous en trouvons une dans son premier recueil de 1818-19, Recueil des divers costumes des habitants de Bordeaux et des environs, dessinées d’après nature... où la planche n° 4 montre un jeune laitier en costume béarnais qui annonce Layt ! (lait). Dans L'Album bordelais ou Caprices (1823), la planche 19 montre une marchande de sardines qui proclame « Daoüs Rouyans, daoüs Rouyans tout bioüs ! » (des sardines, des sardines vivantes), tandis que la 20 représente une vendeuse de paille de maïs des environs de Macau, au nord de Bordeaux, qui annonce « Qui baoü dé la paillé dé blat d’Espagne ? » (qui veut de la paille de maïs ?). Dans l’Album départemental, ou Bordeaux et ses environs, réalisé avec le lithographe bordelais Légé, la planche 12 montre une marchande de vin qui proclame : « Aquet n’es pas baptisat !! » (celui-là, il n’est pas « baptisé », ainsi qu’on désigne le vin frauduleusement coupé d’eau), tandis que la 15 montre une dispute de femmes du peuple, l’une jetant du sable dans les yeux de l’autre en lui criant : « Baqui per tu !! » (voilà pour toi). Philippe Gardy a consacré un chapitre de son ouvrage sur Verdié à l’étude des correspondances entre les oeuvres respectives de Verdié et Galard2

 Galard peut être considéré comme le versant pictural de l'œuvre de Verdié, avec son inscription dans la réalité locale et son goût pour la représentation de personnages et de scènes populaires dont certaines font directement écho à des scènes de Verdié. Mais, comme Verdié, il possède également des liens avec les milieux savants qui, à cette même époque, commencent à penser l'histoire des pays d'oc.

1↑1     LABAT, Gustave, 1898. Gustave de Galard, sa vie, son oeuvre     (1779-1841), supplément. Bordeaux, Féret ; Paris,     Libraires associés, pp.9-10.

2↑GARDY, Philippe, 1990. Donner     sa langue au diable. Vie, mort et transfiguration d’Antoine     Verdié, Bordelais, suivi d’un Essai de bibliographie des oeuvres     gasconnes et françaises d’Antoine Verdié par François PIC.     Montpellier,     S.F.A.I.E.O. ; Église-Neuve-d’Issac, FÉDÉROP
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Ponteses / Yves Rouquette
Caucat, Domenge
Ponteses, Poèmas-Cronicas, Escòla Occitana d’estiu, Forra-borra, Vilanuèva d’Òlt, 1976, Cobèrta illustrada Raf Segura

Ponteses, cal entendre los del Pont de Camarés, es Ives Roqueta qu’o precisa en incipit a son libre : « Disèm ben « Gens de Dublin » en francés – e degun non se trufa. Aquestes, son monde del Pont = Ponteses. » Es un quasèrn imprimit amb de mejans modèstes en novembre de 1976 pel Ceucle Occitan de Vilanuèva d’Òlt e tirat a 150 exemplaris a compte d’autor. Jos titolat, Poèmas – Cronicas, recampa un pichon quarantenat de poèmas que la màger part son de retraches, pichons moments de vida, agach pas totjorn caritadós, ponchut, que pòrta una societat -que l’autor enfant se plaça mai sovent al dintre- sul vesin.

Coma totjorn a cò d’Ives Roqueta lo poèta es aquí per emparaular los silencis e metre de mots que dison los umils, « los de la plèba », e los pus pichons venon per el bèlses o per lo mens dignes d’interés emai dins sa decas o flaquesas prigondas sens que jamai se permeta de los jutjar.

Es dins la caninor del Rogièr del sud Avairon, coma lo títol o pòrta, que se debanan aquelas istorietas d’una poesia de bon legir, pas brica formala que s’encamina cap a la pròsa que las vestirà dins la seguida del trabalh d’escritura de l’autor amb lo diptic de l’Ordinari del monde coma abotiment. Apevasons d’una part màger de l’òbra d’Ives Roqueta, d’unes d’aqueles tèxtes seràn enregistrats per lor autor, represes dins Cadun los seus o dins L’escritura, publica o pas o tornar meses sus l’escritòri dins un esperlongament d’aquel libròt.

Pauretats, mestieròts, alcoolisme, desirança, sexualitat, foliá, avortament, fe, mòrt, son aquí tèmas de son inspiracion dins l’exploracion d’un cada jorn, d‘un temps que passa e qu’acaba de desboselar un monde rural que s’avalís.

Es dins aqueste lòc de La Sèrra que Maria Roanet e Ives causiràn d’acabar lor vida e « es en linhas d’aqueles païsatges, qu’escriguèt sos darrièrs poèmas. »
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Lo poèta es una vaca d'Ives Roqueta
Caucat, Domenge
      Segond libre de pròsa d’Ives Roqueta mas d’edicion anteriora al primièr La Paciéncia, Lo poèta es una vaca es un raconte d’inspiracion autobiografica qu’a per cadre Lo Pont (Pont de Camarés), lòc d’origina de l’autor. Son los sovenirs d’enfança d’Ives Roqueta contats a travèrs una amistat amb un païsan de l’endrech, Estòqui –lo primièr que s’adreicèt a el en occitan- que va venir son modèl. Libre iniciatic doncas, bastit d'aqueles encontres o encontres mancats entre lo jove e lo vièlh, del primièr sojorn, dins lo temps de la guèrra, al retorn de l'autor qualques annadas aprèp.

Lo poèta es una vaca es un dels tèxtes que ditz lo mièlhs l’enrasigament d’Ives Roqueta dins aquel Rogièr del Sud Avairon, dins aqueles païsatges pintrats menimosament que causirà puèi per i acabar sa vida. Es sa fascinacion per lo trabalh de la tèrra, la vispror e la dificultat de l’èsser dichas sens complasença dins una lenga tota en finesa, incisiva e bèdra a l’encòp, d’una expressivitat poderosa. Es tanben l’amor dolentós comol de tendresa per un mond qu’es coma lo grand còs d’arbre d’Estòqui, gigant tombat al mitan del camin, un temps d’enfança que s’enfugís. Enfin es una introspeccion sus lo prètzfach d’escritura que campa l’autor cap-e-tot e per sempre mai, pòrta-paraula autoproclamat, « escriveire public », poèta-vaca al mitan d’un pòble qu’aima amb passion.

Lo títol, qualque pauc curiós, ven d’un manlèu a un poèta olandés Geritt Achterberg a qual –còsta Joan Bodon- es dedicat l’obratge. Lo poèma revirat per Frederic Jacques Temple es donat al dintre del libre mas es Maria Roanet que ne liura la clau en quatrena de cobèrta :
« Dins sos uòlhs (la vaca) i a lo païsatge concau en espèra e dins sa boca lo margalh de totara, d’una orada mai jove. An la granda paciéncia dels glacièrs. Ives Roqueta, vaca o poèta. Reviscòla los mòrts e los vius. »

Dins una entrevista amb Domenja Blanchard, Ives Roqueta disiá : «Estimi pas necessari de saupre la vida d’un escrivan per explicar son òbra, l’òbra es de préner coma es. » Se faguèt tanben l’aparaire d’una escritura occitana sortida de la ruralitat. Seriá donc legitim de s’interrogar sus çò que pòt semblar a travèrs aquel libre coma un renegament, una traïson. Es Robèrt Lafont que nos esclaira en parlant de
« souvenirs d’enfance, se situant sur le tracé d’une prose roergate où il nie Mouly et rencontre Boudou. […] il récuse l’embellissement suspect, la complaisance régionaliste. »

Ives Roqueta defugís tanben la construccion classica d’un roman autobiografic, lo legeire escapa als « primièrs còps » e al roman parental, a una cronologia pesugassa, per seguir l’autor sonque ont a causit de lo menar, valent a dire : « trevar los naut-pelencs d’aquelas memòrias d’òmes que sabon tot sens aver res legit que lo libre del temps que fa. »

Lo poèta es una vaca foguèt saludat a sa parucion en 1967, dins lo primièr butletin del Pen-Club, dins un article non signat mas que devèm –çò disiá Ives- a Max Roqueta coma « un grand petit livre », un libre de memòrias transfiguradas noiridas d’enfança, un eveniment, una consacracion de son autor, « le poète par qui l’ineffable passe à travers le langage » .

Sorsas principalas

- « Lo poèta es una vaca », Bulletin du PEN club de langue d’oc, N°1, decembre 1967
- Christian Anatole, Robert Lafont, Nouvelle histoire de la littérature occitane, PUF, 1971
- Ives Roqueta, De còr e d’òc, enregistrament de Domenja Blanchard, 2 discs, Beaumont sus Lèze, 2007
- Université Montpellier 3, departament d’occitan, Mille ans de littérature d’Oc, biografia d’Ives Roqueta en linha 
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L’enterrament a Sabres (Bernard Manciet)
Oeuvre phare dans le parcours littéraire du Landais Bernard Manciet, L’Enterrement à Sabres déroule, par le prisme d’un long poème, tout le savoir faire de l’écrivain : une langue étonnamment disséquée (le fameux gascon « noir »), un surréalisme kaléidoscopique qui affleure dans les recoins et un pays raconté depuis ses entrailles. Edité en 1989, l’ouvrage fera l’objet de deux rééditions, en 1996 puis en 2010 dans la collection de poche Poésie/Gallimard.
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Lo mal de la terra / Yves Rouquette
Caucat, Domenge
Lo mal de la tèrra es per Robèrt Lafont « una nostalgia tormentanta de la condicion populara. Mas lo mal es mai prigond, noirit d’una experiéncia crestiana de la dolor del monde e tanplan d’un occitanisme a la Bodon que ressentís la mòrt del país d’òc coma una mòrt de l’òme. »

Es lo temps 1957-1958 de la guèrra d’Argèria e per Ives Roqueta de las interrogacions, de la començança d’una experiéncia religiosa dins un fogal de caritat de Marta Robin a Sant Bonet de Galaura. Aviá interromput sos estudis de letras classicas dins son refús de renegar los seus en cambiant de classa sociala : « Me caliá escampar tot aquò (sas originas) per devenir un grand òme, valent a dire un grand ase. »

E Lafont de contunhar : « Biograficament, es "lo mal de viure". Lo mal de la tèrra recampa los tèmas de la misèria umana a l’entorn de la confidéncia d’una crisi vitala e del tèma de la Passion del Crist. Lo poèta "tòca aquí lo fons". »

Lo mal de la tèrra que conten dètz-e-sèt poèmas se dobrís sus lo tèxt eponim, cortet, dins l’afirmacion d’aquel mal que ne patís l’autor per seguir sus una Òda a la Santa Cara del Crist que Roqueta vei coma la cara del monde modèrne. Lo ton del libre es donat. Mea culpa fach al nom d’una umanitat que lo poèta es al còr, camins de vida autobiografics de las paurs d’enfança al gost de mòrt a la pèrda dels sòmis del jovent, o a una quista de l’amor que dona d’èr al Libre dels grands jorns de Bodon. Maucòr e mal d’amor. Desesper que s’enlusís un brieu dins una Òda a Nòstra Dòna la vièlha e a son umble escalpraire sempre ligat per l’autor a un anar-venir entre absurditat de la vida e interrogacion de sa fe.

Roqueta rejonh alara a travèrs los poèmas seguents, entre realitat e simbòls, una natura que fa resson a sa vulnerabiliat e a son angoissa dins un immens e dolorós tendrum : « Lo mal de la tèrra » qu’es tanben per Joan Larzac son fraire prèire : « lo mal del Cèl. »

Un libre fòrt e ponhent, aquel que dins l’òbra d’Ives Roqueta ditz benlèu lo mai impudicament la fragilitat e la sensibilitat de son autor.
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Gascon « negue » (negre)

On désigne par l’appellation “parlar negue” (parler noir)  ou “parlar gròs” (parler gros) un ensemble de variantes dialectales de l’ouest du domaine gascon, principalement dans les Landes, la Gironde et la région de Bayonne. Il se caractérise par un certains nombre de traits phonologiques propres, mais non exclusifs à ces parlers, comme la réalisation [ɘ] de -a- et de -e- atones. [imatge id=21647]

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L'escriveire public (Yves Rouquette)
Caucat, Domenge

Edicion originala Institut Estudis Occitans, « Messatges», Tolosa, 1958.

Es per aquel recuèlh d’un dotzenat de poèmas qu’Ives Roqueta dintra en poesia en 1958 e s’impausa coma un autor que compta dins una declaracion d’apartenéncia e d’intencion de se far la paraula del monde que parlan pas e d’i tornar sa dignitat.

Poèmas d’amor, lirics e enfuocats, d’amistats –amb una guinhada barroquisanta cap a l’univèrs de Pèire Francés, l’amic Pèiròt- o evocacion del país per « dire lo campèstre dels òmes, en images de lenga » dins « una fam de mots jamai assadolada ».1

Roqueta a 22 ans amb al còr aquela panta d’èsser la votz de son pòble, de se’n noirir per ne faire la matèria primièira de son òbra. « La joinessa del poèta exigís qu’abranda aquela panta, que denóncia, qu’acusa, qu’anóncia un país abitable .» Es çò que fa dins una lenga escrincelada, dirècta que se sap faire violenta, posant volontàriament dins l’expression sociala, lo natural de la paraula viva. Amb Ives Roqueta, lo poèta occitan es una votz collectiva, votz populara, votz contemporanèa e immemoriala : tre son primièr recuèlh, se definís e definís lo poèta coma trabalhador d’utilitat publica.

Vaquí çò que ne dirà mai tard : « L’escritura pòt pas èsser ni presa, ni exercici de poder. Es un trabalh coma un autre. Lo bonur seriá que foguèsse "trabalh d’utilitat collectiva", servicis qu’òm se rend entre egals… »

Tres partidas plaçadas caduna jos los auspicis de tres poètas franceses famoses qu’inspirèron l’autor : Paul Éluard, Guillaume Apollinaire e René Guy Cadou a qual, segon R. Lafont : « los poèmas d’amor e d’evocacion del país devon fòrça sens denegar lo segond Eluard. »

Ives Roqueta, a travèrs aquelas influéncias, capita d’alargar son caminament poetic personal tot fasent ausir una votz singulara. Se fa lo poèta de la paraula, sens s’alunhar completament de sos mèstres Josèp Sebastian Pons o Max Roqueta – a qual es dedicat lo libre- quora pintra « lo caratge de la tèrra » dins sos mormolhs mai secrets, dins lo bruch dels arbres o de l’aiga, « dins lo pantais del cade ».

Dins un estudi sus l’òbra, Maria Joana Verny vei dins lo poèma eponim L’escriveire public un rebat del poèma de Max La lenga s’es perduda : « Diferisson pasmens per sa fin, los dos poèmas : Max ne demòra a l’impossibilitat de parlar " ieu demòre mut e nus per lo camin ", alara qu’Ives, dins l’ardor de sa jovença, se quilha en quilhar " una taula / contra lo vam dels sèrres " e es aquí que se proclama " escriveire public " ».2

Lo poèta s’inscriu d’ara enlà al mitan de son pòble, dins aquel « revirament messianic »3, que comença ja segon Lafont, « de definir " lo mal de la tèrra " ». Es lo títol del recuèlh seguent qu’esperlongarà « los damnes de la tèrra » qu’acaba aqueste.

Lafont tot respièchant l’estetica d’Ives Roqueta se permetiá dins Òc, a la sortida del libre, qualques criticas sus la fòrma mas mancava pas de saludar « un libre fòrça important que pòrta lo ton de la vida vidanta », una poesia que se fa « l’ensag de la vertat. »

Del poèma al poèta, se pòt pas que partejar la conclusion de Maria Joana Verny : « Roqueta escriveire public… òc-ben, lo títol d’aquela òbra de joinessa es ben aquel que se poiriá donar a l’ensemble de l’òbra per rendre compte d’aquela volontat capuda de donar una votz a aqueles que n’an pas. »

Aquela votz de contaire, rocalhosa e universala, d’un que marquèt son temps nos demòra per sempre mai => https://occitanica.eu/exhibits/show/las-voses-de-la-modernitat---/ives-roqueta--l-escriv--ire-pu

1     Joan Eygun, Prefaci, dins Pas     que la fam / La faim, seule -     1958-2004, Letras d'òc, 2005.     « ua hami de mots jamei     arregolada »   
2     Maria-Joana     Verny,     « Ives Roqueta, escriveire public », Revue     des langues romanes, Tome     CXXI N°2 | 2017, 407-434.   
3     Ibid

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Jorn
Jorn est une revue trimestrielle publiée de 1980 à 1986 sous la direction de Roselyne Roche. Revue littéraire de création et de critique, les quatorze numéros publiés ont largement contribué au renouveau de l'écriture littéraire en occitan.
La publication est née de la rencontre des écrivains Jean-Paul Creissac, Jean-Marie Auzias et Bernard Lesfargues, les principaux collaborateurs seront Philyppe Gardy, Roland Pécout, Jean-Yves Casanova, Françoise Joana, Marie-Jeanne Verny.
Revue de création, chaque numéro présente un choix de textes : poèmes, extraits de romans, nouvelles, chroniques. C'est aussi un lieu d'échanges, d'analyse et de critique.

Parallèlement à la revue, Jorn publie, en co-édition avec les éditions Fédérop, plusieurs ouvrages  parmi lesquels Lo paisatge endemic de Philippe Gardy, Elena de Bernard Manciet, ou encore Médée de Max Rouquette. 

En 1995, alors que la revue a cessé de paraître, les trois écrivains, Jean-Paul Creissac, Jean-Claude Forêt et Philippe Gardy, prennent la suite de Roselyne Roche à la direction des éditions Jorn. Dans la continuité du projet initial, ils vont publier les plus grands noms de la poésie occitane contemporaine : Max Rouquette, Bernard Manciet, Robert Lafont, Bernard Lesfargues... tout en défrichant de nouveaux territoires en diffusant de nouvelles voix et des talents méconnus.
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Grand Prix des lettres occitanes
Le Grand Prix des Lettres Occitanes a été créé à l’initiative de l’Institut d’Etudes Occitanes en 1950 pour récompenser une œuvre en langue d’oc. Il est décerné tous les cinq ans. Son premier lauréat en a été Robert Lafont pour son roman Vida de Joan Larsinhac, le 2 avril 1950 à la faculté de Lettres de Montpellier. Parmi les membres fondateurs du prix se trouvent Louis Alibert et Pierre Azema. En 1955 le prix est décerné au poète Robert Allan (1927-1998) pour son recueil Li cants dau deluvi.
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Occitania
Occitania constitue un document irremplaçable quant à la compréhension de l'occitanisme contemporain. Ce journal fondé en 1934 autour de Charles Camproux se pose d'emblée en précurseur. Il présente la première tentative d'occitanisme politique, la thèse défendue est celle du fédéralisme.
Ses fondateurs  sont issus de trois groupes, celui des Amis de l'ancien Araire (journal marseillais), celui des étudiants languedociens (Nouveau Languedoc de Montpellier et Etudiants Ramondencs de Toulouse) et celui des étudiants catalans. On y retrouve Georges Reboul, Fernand Gaulhet, Max Rouquette, Roger Barthe, Marcel Carrières, Léon Cordes...
Dès le premier numéro les jeunes occitanistes se placent dans une perspective de lutte, le journal se présente dans une Crida « Lo titol de nostra fuelha me sembla mai eloquent e dinamic qu'un gros libre de doctrina. Occitania ! Es un nom tradicional e jove. Auvernha, Catalonha, Gasconha, Lemosin, Lengadoc e Provenca s'i miralhan e s'identifican amb el. L'ofrissem a la vida - e a la lucha - aprep tant de segles de dol e de som. Volgan, nostras generacions, ne far lo crit de l'intransigéncia e de la victoria ! ».  (Le titre de notre feuille me semble plus éloquent et dynamique qu'un gros livre de doctrine. Occitanie ! C'est un nom traditionnel et jeune. Auvergne, Catalogne, Gascogne, Limousin et Provence s'y mirent et s'y identifient. Nous l'offrons à la vie et à lutte après tant de siècles de deuil et de sommeil. Que nos générations veuillent en faire le cri de  l'intransigence et de la victoire !).
Occitania paraît mensuellement de 1934 à 1939, soit 50 numéros. La revue Terra d'Oc lui succède pendant la guerre de 1940 à 1945. En 1946 est créé un autre journal se réclamant d'Occitania, L'Ase negre, qui reprendra en 1948 le titre d'Occitania.
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