Frédéric Mistral (premier plan à droite), en compagnie de Pierre Devoluy (second plan à droite), capoulié du Félibrige, et de Marius Jouveau (au centre, de profil) devant la porte des Arènes de Béziers, au milieu de la foule lors des fêtes de la Santo Estello de Béziers le 25 mai 1902.
Ils sont accompagnés par Fernand Pigot, Marc Varenne et Émile Barthe.
Texte figurant dans la chambre de Frédéric Mistral, placé dans un cadre de bois contenant une photo du porche de Saint-Trophime d’Arles, celui-là même où se déroule la scène du poème – « davalavo, en beissant lis iue, / Dis escalié de Sant-Trefume » - et sur laquelle a été peinte à la gouache une jeune Arlésienne. Un carré de papier blanc, placé au bas de cette photographie, reprend les premières strophes de La Communioun di Sant. Cette présence de l’Arlésienne au plus près de l’auteur, confère à la pièce un caractère particulier, encore accentué par les histoires qui entourent la rédaction même du poème. (cf. Frédéric Mistral, Lis Isclo d’or. Edition critique établie par Jean Boutière, Paris, 1970).
Mistral aurait ainsi imaginé l’histoire de la Communioun di Sant à la Toussaint 1857. Assistant à la sortie des Vêpres devant la cathédrale Saint-Trophime d’Arles, il aurait alors aperçu une jeune fille, Arlésienne modeste qui « Davalavo, en beissant lis iue ». Marquée par cette « vision », c’est à la terrasse d’un café que Mistral aurait rédigé ses premières lignes sans attendre, lignes qui donneront six mois plus tard la Communioun Di Sant, texte dans lequel le poète Roumanille voyait une « histoire édifiante et la récompense de la beauté, c’est-à-dire de la vertu » (Jean-Paul Clébert, Mistral ou l’Empire du Soleil, Paris, 1983).
C'est le 17 mai 1903 que Frédéric Mistral institue la première "Festo Vierginenco" à Arles. Il s'agit d'un rassemblement annuel où les jeunes filles d'Arles d'environ 15 ans et leur costume sont mis à l'honneur.
Le costume provençal est à l'époque en voie de disparition, la mode parisienne a pris le dessus et est alors synonyme d'élégance. Pour inciter les provençales à se distinguer, à réveiller leur « âme provençale », Mistral a l'idée de créer une grande fête populaire où le costume traditionnel serait montré triomphant, acclamé par la foule.
La première cérémonie décore 28 jeunes filles devant Mistral, le prince Roland Bonaparte et sa fille. (Le costume en Provence / J. Charles-Roux, 1909)
En 1904, elles viennent plus nombreuses des alentours d'Arles. Au théâtre antique, elles sont 370 à prendre le costume et à promettre de ne plus le laisser. Jules Charles-Roux parle d'une grande affluence du public venant de toute la Provence pour les acclamer.
Elles défilent en cortège (à cheval pour les Camarguaises), accompagnées de la cantate de Frédéric Mistral créée pour l'occasion. Chaque jeune fille reçoit alors des mains de Frédéric Mistral une broche en argent ornée d'un buste d'Arlésienne et un diplôme dessiné par Léo Lelée. La dernière « Fèsto Vierginenco » présidée par Mistral se déroule le 15 juin 1913. Depuis, cette fête existe toujours mais se déroule aux Saintes-Maries-de-la-Mer, le dernier dimanche de juillet.
Pour en savoir plus :
- "Fêtes Vierginencos" de 1904 dans le Figaro du 2 avril 1904
- J. Charles-Roux, Le costume en Provence avec un sonnet de Frédéric Mistral (Paris, 1909).
- Gérard Baudin, Frédéric Mistral : illustre et méconnu, (Paris, 2010).
- René Jouveau, Histoire du Félibrige. 2, 1876-1914, (Aix-en-Provence, 1970).
- Claude Karkel, Sur les pas de Frédéric Mistral : escapades provençales, (2009).
- Gérard Baudin, Moussu Frederi, ou Clichés d'un poète, (Marseille, 1987).
En juillet 1978, l’Action Jeune Théâtre (AJT) profite du Festival d’Avignon pour proposer une journée d’action en faveur du « jeune théâtre », c’est-à-dire le théâtre indépendant et populaire qui s’est développé, singulièrement dans l’espace occitan, dans le sillage de mai 1968.
L’AJT avait été créée un an plus tôt mais trouve son origine dans la convergence des réflexions, revendications et créations de plusieurs compagnies du Languedoc et de la Provence (Teatre de la Carrièra, Nouvelle Compagnie d’Avignon - Théâtre des Carmes, Centre Dramatique Occitan de Toulon, Théâtre de La Rampe de Montpellier, etc.)
En juillet 1973, André Benedetto et le Théâtre des Carmes avaient créé les conditions de cette convergence avec les Rescontres occitans organisés en plein Festival d’Avignon.
Dès sa création en 1977, L’AJT Languedoc-Roussillon-Provence-Alpes regroupe 37 compagnies et organise le 17 novembre 1977 une « Grande marche du Théâtre Régional » à Montpellier autour des deux mots d’ordre, l’un social - « Vivre et travailler au pays » - et l’autre théâtral - « Les théâtres en Occitanie vivront ».
Du 10 au 24 juillet 1973, en plein XXVIIe Festival d’Avignon, la Nouvelle Compagnie d’Avignon d’André Benedetto, à l’origine du Festival Off dès 1966-1967, met à disposition le théâtre des Carmes pour des « Rescontres occitans ».
Cette année-là deux pièces de la compagnie sont programmées officiellement au Festival d’Avignon, La Madone des ordures et Pourquoi et comment on a fait un assassin de Gaston D.
André Benedetto met le théâtre des Carmes à la disposition du Teatre de la Carrièra qui joue La Guerre du vin, monte une librairie éphémère spécialisée dans la littérature et les problèmes occitans, distribue dans la rue un journal militant, Esclarmonda et organise le soir du 14 juillet un « bal des ethnies » en opposition au bal « national ».
Écrivains, acteurs, artistes, metteurs en scène, intellectuels et militants occitans se rassemblent autour de ces Rescontres occitans d’Avignon, qui marquent un moment de convergence des acteurs culturels occitans qui se structureront en 1977 autour de deux collectifs, l’Action Jeune Théâtre (AJT) et l’Accion Culturala Occitana (ACO).
Cette photographie de Frances Ashley issue des Archives du Théâtre des Carmes - André Benedetto d’Avignon montre la vente d'Esclarmonda, journal militant édité à l’occasion des Rescontres occitans de 1973 au Festival d’Avignon.