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Coutumes et chansons du Carnaval en Béarn / J.-B.Laborde
Laborde, Jean-Baptiste (1878-1963)

Réunis en 1914 en un seul ouvrage paru sous le titre de Carnaval en Béarn : coutumes et chansons (Pau, E.Marrimpouey), ces textes furent présentés une première fois dans la revue Reclams de Biarn e Gascougne (n°2-4, février-avril 1914).

L'auteur, Jean-Baptiste Laborde (1878-1963), prêtre et historien béarnais, y fait état des coutumes et chansons relevées en Béarn lors des commémorations de carnaval passées et de son temps. 

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Lo viatge de Joana - Saison 1 / Épisode 10
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Benichou, Daphné. Interprète
Alranq, Perrine. Interprète
Vidal, Alain. Interprète
Zinner, Lucas. Interprète
Huang, Edda. Interprète

Texte de l'épisode 10 : 

La nuit fut courte et le réveil plus que difficile avec le décalage horaire. La pauvre Jeanne buvait son thé sans savoir où elle était : heureusement elle voyait de l'autre côté de la rue,dans le jardin où se promenaient les écureuils, un drapeau planté qui n'était pas un drapeaufrançais, ni un drapeau occitan mais celui du plus grand pays du monde occidental, les Etats-Unis d'Amérique.

- « Bon dieu, c'est étrange, est-ce qu'ici ils plantent les drapeaux dans les jardins parce qu'ils font des fruits ? »

- « Non, c'est un moyen de dire de quel côté on est : les républicains avec le drapeau US ont une pancarte où on peut lire « Support our troups » et, si tu regarde dans l'autre jardin, tu peux voir qu'ils sont démocrates parce qu'ils ont une pancarte où il y a écrit : « War is not an answer », « Obama president ».

- « Comme ça chacun sait ce que vote vote son voisin ! C'est plus simple, pas d'embrouille  ! »

- « Jeanne, nous aurons le temps de discuter dans la voiture, va t'habiller. Dépêche-toi. Je commence à 11 heures : c'est une leçon sur la trobairitz La comtessa de Dia ».

On était encore dans la chaleur de l'été, j'avais mis une robe jaune et rouge. on partit et je me retournai : Mathilde avait mis sa tête à la fenêtre, mais je ne pense pas qu'elle me voyait.

Elle semblait être ailleurs. C'était la première fois que je la laissais pour une journée entière. Je lui avais laissé 100 dollars, si elle voulait s'acheter quelque chose, on ne sait jamais !

Rémy était heureux ; il sifflait le « Se Canta ».

- « Madame est vêtue comme un drapeau occitan, pour un cours de langue romane c'est une bonne idée : ça fait folklorique. Il y en a qui ont le drapeau dans le jardin et d'autres qui le mettent sur eux ! »

- «  Toi, tu es habillé comme un professeur : à chacun son métier. »

Rémy me prit la main :

- « Ça me fait plaisir d'être avec toi! »

- « Moi aussi mais je suis inquiète d'avoir laissé Mathilde seule ! »

- « Mathilde est majeure, elle peut vivre sans une mère à ses côtés. »

Nous étions sur une autoroute, puis nous avons tourné vers UMBC c'est à dire : University of Maryland Baltimore County. Une université publique.

Moi qui avais passé toute ma vie dans la poste de mon village, je me sentais comme une enfant à côté de ces grands buildings avec des étudiants qui courraient partout, de toutes les couleurs et surtout qui ne parlaient que l'anglais. Pas tous : j'entendais parler espagnol aussi. A chaque fois que Rémy rencontrait quelqu'un qu'il connaissait il me présentait : « Jeanne Belcaire, une amie d'enfance venue du midi de la France et qui parle la langue occitane que j'enseigne dans mes cours. »

Je ne comprenais pas tout mais j'essayais de faire celle qui... en faisant beaucoup de sourires et de Hello !

Peut-être que dans peu de temps j'oserai dire : How are you ?

Nous étions enfin arrivés dans la classe où les étudiants de Rémy nous attendaient.

- « Today we will leave la Contessa de Dia and speak occitan. Jeanne does not understand a word of English. She came especially from her country to meet you and as you are all very polite you must talk with her. »

Tout le monde commença à rire. C'était trop difficile pour eux de maîtriser la langue occitane. Donc Rémy fit les traductions de l'anglais à l'occitan et de l'occitan à l'anglais. Mais il y en avait qui essayaient de me comprendre et disaient que c'était plus simple que le français parce que c'était proche de l'espagnol.

Les questions tournaient autour de la langue, du vin, des taureaux :

-« Do people still speak occitan in the street ? »

-« Do you drink wine every day ? »

- « Do you like to see bullfights ? »

Puis Rémy me demanda de chanter une chanson : je choisis la chansin de Claire d'Anduze « en greu esmai ». Peut-être qu'une chanson de « Moussu T e lei Jovents » comme « Lo gabian » aurait été plus belle pour ces jeunes, mais je ne connaissais pas les paroles.

Après le repas il y avait encore un cours.

Je me régalais : Mathilde était loin. J'étais tellement heureuse d'être avec tous ces jeunes et Rémy semblait se régaler aussi.

En rentrant à la maison il me dit :

 - « C'est la première fois que je fais ça et c'est un plaisir. Dommage que la retraite est si proche.... nous aurions pu faire tant de choses ensemble ».

- « Quand t'arrêtera-tu ? »

- «  L'année prochaine et je ne sais pas ce que je vais faire... Allons au supermarché près de la maison : Giant. » 

- « Je veux du poisson, de la salade verte, du roquefort et du sorbet. C'est moi qui régale aujourd'hui ! »

- « Ma Dame, c'est comme vous voulez ! »

Quand je payais avec la carte Visa la caissière me demanda :

- « Cash ? »

- « Que veut-elle dire ? »

- « Le supermarché est comme une banque. Si tu veux cette dame peut te donner de l'argent. »

- « No, thank you ! »

- « Hourra ! Tu commence à parler ! »

Nous arrivâmes à la maison, c'était le soir mais la maison était complètement obscure, pas une lumière.

- « Que se passe-t'il, Mathilde n'est pas rentrée ? »

- «  Ne te fais pas de mauvais sang : elle est allée se promener, s'il s'était passé quoi que ce soit elle m'aurait appelé sur mon portable ! »

Rémy ouvrit la porte d'entrée, nous avons porté les courses dans la cuisine. Sur la table il y avait une lettre.

Je commençai à frissonner : la tête de Mathilde à la fenêtre ce matin si lointaine !

Je m'assis, maintenant c'était le moment de lire :

« Jeanne,

 Je sais que tu pleureras ce soir, mais tu ne seras pas seule : Rémy sera à côté de toi. Merci pour tout. Je n'ai pas voulu te le dire mais j'ai rencontré un amoureux par Internet, et il est venu me chercher depuis Philadelphie. Si tout se passe bien avec lui je te rapellerai et quand nous viendrons en France ce sera chez toi. Je veux être libre de choisir ma vie et être indépendante. Il y avait trop d'amour entre nous : tout l'amour que tu n'as pas eu dans ta vie sans mari et sans enfant, tout l'amour que je n'ai jamais eu avec ma famille. Ça me faisait peur.

Adieu et peut être à un jour, je ne sais pas quand. 

Ta fille qui t'aime 

Mathilde

P.S. : Merci à Rémy pour son hospitalité »

C'était la fin d'un rêve. Tout tournait autour de moi.

Je pleurai et nous avons parlé toute la nuit avec Rémy : quand on est vieux, un avenir est-il possible ? Quand on est jeune peut-on être heureux tout seul ?

Et maintenant que faire : rester, rentrer à la maison... ou changer complètement de vie ?

FIN

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L'Hérault dans les années 1950 : Villeneuve-lès-Béziers / Michel Cans
Cans, Michel
Film noir et blanc muet réalisé par Michel Cans à Villeneuve-lès-Béziers dans les années 1950, lors d'un défilé masqué. Fait partie de la collection "Les villages de l'Hérault dans les années 1950".

Conservation des films de Michel Cans au CIRDÒC :

Le CIRDÒC conserve à Béziers l'ensemble des films tournés par Michel Cans dans une soixantaine de villages de l'Hérault dans les années 1950. Les bobines 16 mm d'origine ont été transférées d'abord sur VHS et ont été ensuite numérisées entre 2010 et 2011.

 

L’ensemble du fonds et des droits qui y sont attachés ont été cédés par le réalisateur au CIDO entre 1989 et 1991. Le CIDO en a ensuite fait don au CIRDOC en 2000.

Contenu des films de Michel Cans conservés au CIRDÒC :

Occitanica va vous permettre progressivement d'accéder à l'ensemble de ce fonds audiovisuel en ligne. Ces documents illustrant la vie des villages de l'ouest héraultais ont acquis avec les années un intérêt patrimonial, mais aussi sentimental pour les habitants de l'Hérault. Ces archives brutes sont des films non montés et muets, tournés la plupart du temps en noir et blanc.

 

On peut y voir par exemple la Fête-Dieu à Cesseras, le carnaval à Laurens ou Boujan, la danse des treilles à Montblanc, la fête à Nissan, des Agathoises portant la coiffe, etc.

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Lo viatge de Joana - Saison 1 / Épisode 9
Clément, Anne. Auteur, interprète

Benichou, Julien. Compositeur
Benichou, Daphné. Interprète


Zinner, Lucas. Interprète
Huang, Edda. Interprète
Alranq, Perrine. Interprète
Vidal, Alain. Interprète

Texte de l'épisode 9 : 

Après l'autoroute, nous sommes entrés dans la ville. Rémy était heureux de faire le guide. Pour commencer le quartier de la mer avec le gigantesque aquarium.

Baltimore au bord de la baie du Cheasepeake, est un peu le pendant de Marseille sur le bord de la mer Méditerranée : deux villes qui étaient à une époque deux grands ports.

Évidemment, il y en a une avec ses gratte-ciels américains qui est plus grande que l'autre avec la Bonne Mère. En se promenant sur l'ancien port de Baltimore Fellspoint, on pense au vieux port de Marseille ! Mais ici pas de bouillabaisse : que des crabes : c'est l'animal totémique de la ville !

Nous avons fait un petit tour dans le centre ville avec ses très grandes avenues et les sirènes des voitures de police qui n'arrêtaient pas de hurler. Et Rémy dit :

« J'ai besoin d'aller dans une épicerie italienne si je veux vous faire un peu de bonne cuisine. On y trouvera tout ce qu'il faut. »

« Mais c'est trop tard ! Les boutiques doivent être fermées, il est onze heures du soir ! »

« Tu n'es plus en France, petite, ici tu peux trouver tout ce que tu veux quand tu le veux ! »

« The new world ! »

Nous avons garé la voiture et sommes entrés dans la « Sicilienne ».

Mathilde était ébahie de voir tout ce qu'il y avait sur les rayonnages de la boutique : olives, tomates, huile d'olive, pâtes, parmesan, comme dans un village de Toscane.

Tout d'un coup Rémy cria :

 « Attention ! Tout le monde au fond de la boutique».

Un bruit de fusillade dans la rue où il n'y avait plus de voitures. On entendit des cris, une balle transperça la vitrine, on vit deux hommes qui courraient. Dans la boutique pas un mot. Puis le silence dehors et pour finir la sirène des voitures de police.

Mathilde pleurait :

« Mais que se passe-t-il ? C'est la première fois de ma vie que j'ai aussi peur. C'est un mauvais rêve : je veux rentrer à Montpellier. Jeanne partons ! Ce new world ne me plaît pas ! »

Elle ressemblait à une enfant et j'avais envie de rire à m'exploser les côtes : c'était mieux qu'au cinéma ! Rémy était sérieux et pas très content de cette aventure. Sa voix était celle d'un professeur :

« Baltimore est une ville où les fusils sont rois : 300 personnes sont tuées chaque année par balles. Ne te fais pas de mauvais sang petite, nous allons à Catonsville, c'est une ville calme. Ça fait trente cinq ans que je vis dans ce pays et c'est la première fois que je me trouve au milieu d'une telle affaire ! »

« Il nous faut terminer les courses ! Mathilde, quand on racontera ça au village, personne ne nous croira ! »

« J'aimerais goûter une pizza américaine ! »

C'était un peu comme un bizutage ! Quelle chance !

Nous sommes arrivés à Catonsville : il était minuit passé.

Une jolie maison avec un étage, au milieu d'un jardin, toute en bois:

« Elle est ancienne, elle a été bâtie en 1920 ».

Nous sommes entrés dans la maison :

« Allez poser vos valises. En haut de l'escalier à droite Mathilde et de l'autre côté Jeanne ! Je commence à préparer le dîner. »

« Je peux prendre une douche ? »

« Bien sûr petite ! Tant que tu veux ! ».

Je montai dans la chambre. Elle était petite mais jolie : un lit, une table, une armoire. Je me sentais timide et un peu nigaude. J'essayai de me faire jolie, pecaire, qu'à mon âge ce n'est pas simple.

Rémy était dans la cuisine : une cuisine américaine moderne qui n'avait rien à voir avec la mienne au village.

Je ne savais pas que faire pour l'aider.

« Je suis heureuse d'être ici, merci de nous recevoir. »

« C'est un plaisir pour moi. Depuis la mort de Lise je me sens seul comme un vieux. Heureusement qu'il y a l'université et les collègues. »

« Est-ce que tu rentreras quand tu seras à la retraite ? »

« Pour quoi faire ? Je ne connais plus personne au pays et je pense que changer de mode de vie doit être difficile à mon âge ! »

« Mais peut-être que tu pourrais venir plus souvent : il y a toujours la maison de ta mère ? »

« C'est ma soeur qui l'a prise pour sa retraite. »

« Maintenant j'ai deux maisons. J'ai fait un bel héritage ! »

« Un héritage ? Comment ? Tu te moques de moi ?! Ta famille n'avait pas un sou ! »

« Mon oncle Vincent m'a tout laissé. C'est pour ça que je suis ici : j'ai de l'argent ! »

« Et cette Mathilde, où l'as tu trouvée ? Jeanne aurait eu une fille sans rien dire à personne ? Tu me feras toujours rire ! »

« Si je te racontais comment ça s'est passé tu me croirais pas ! »

« Essaie, on verra bien ! »

« Le jour de la mort de l'oncle Vincent, quelqu'un a sonné à ma porte et... c'était Mathilde ! Depuis elle est restée avec moi et je suis heureuse. Je n'ai pas pu résister à son sourire et au plaisir d'avoir enfin une fille, mon vieux rêve... »

« Il faudra lui trouver un travail... »

« Non... une école de diététique... je paierai pour elle ! »

« J'ai faim ! Est-ce que nous pouvons manger ? »

« Ne t'en fais pas ma fille, pour commencer nous allons boire un peu de vin de l'Hérault, un Faugères ! Et demain vous viendrez avec moi au cours de langue romane... »

« Vous ferez comme vous voudrez, mais demain, je veux rester seule à la maison pour dormir et découvrir Catonsville. »

« Quelle idée ! Comme tu veux ! Tu es grande et tu sais ce que tu fais ! Mais ça ne me plaît pas trop te laisser seule, même si Catonsville n'est pas Baltimore ! »

« Hourra ! Santé ! ».

Voir l'épisode 10

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Bernard Manciet lit un extrait de son roman Lo gojat de noveme
Manciet, Bernard (1923-2005)

Enregistrement inédit de Bernard Manciet lisant l'incipit du Gojat de Noveme, réalisé chez l'auteur, à Trensacq dans les Landes, par Serge Javaloyès, directeur de la revue et des éditions Reclams.

Ce roman, paru la première fois en 1964 (Toulouse, Institut d'estudis occitans) et plusieurs fois réédité (Reclams, 1995 et 2003), est une des œuvres majeures de la littérature occitane du XXe siècle.

"Lo gojat de noveme est le nom que donne Bernard, le narrateur à cet étranger qui vient chaque année au Barrail pour quelques jours puis reprend son chemin vers on ne sait quel destin. Une année, il ne réapparaît pas. Commence alors une longue attente d'une famille écrasée par la misère et l'isolement. Il reviendra pourtant, le jeune homme de novembre, mais rien ne sera plus comme avant. Bernard devra continuer à vivre dans ce monde à l'agonie malgré la tuberculose qui l'étouffe ; vivre jusqu'au bout du souffle, pour dire le secret qui déchire son âme d'homme." Présentation de l'éditeur, Lo Gojat de Noveme, Editions Reclams, Collection "Obras", 2003. 

Bernard Manciet, Bernat Manciet en occitan (Sabres, 1923 – Mont-de-Marsan, 2005), écrivain d'expression gasconne et française, est une figure majeure de la littérature occitane du XXe siècle.

Traduction française de l'incipit de Lo gojat de noveme (Edicions Reclams, Pau, 2003).

"Une fois que le marchand de sangsues était revenu de l'étang d'Aureilhan, passaient encore les gens de Labrit de retour de la foire de septembre, avec leurs bâches blanches. Puis c'étaient les palombes, et nous criions: "Ohé...uu..." sur la lande. Et puis le mauvais temps. Au bourg, quand s'étaient éteintes les lampes à acétylène des baraques, les soirs de Saint-Martin, et éteint le fromage rond du poste d'essence - on entendait quelques temps encore le marchant d'appeaux, la nuit, sur notre chemin -, nous étions dans l'hiver. Les gitans faisaient du feu, un soir, deux soirs, quand ils se trouvaient à passer. Quant aux autres pauvres diables, les gens du Cirque ou les colporteurs de la montagne, ceux-là ne viendraient se chauffer chez nous qu'un moment : depuis le chemin on voyait rougeoyer notre foyer."

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Lo viatge de Joana - Saison 1 / Épisode 8
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Alranq, Perrine. Interprète
Vidal, Alain. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète
Huang, Edda. Interprète

Zinner, Lucas. Interprète

Texte de l'épisode 8 : 

Nous étions entrés dans l'aéroport de Philadelphie. Nous n'avions plus qu'à attendre les valises. Nous attendions dans une grande salle les bagages qui devaient arriver sur un tapis roulant. Une voix s'écria dans un haut-parleur :

« Ladies and gentlemen welcome to the United States. The FDA, Food and Drugs administration prohibits the importation of fresh food into the country. Our dogs are here to smell your luggage ».

Il ne manquait plus que ça ! Deux chiens allaient d'un sac à l'autre et il y en avait un qui commençait à aboyer devant le sac d'une famille : une femme en uniforme courut et ouvrit le sac : peuchère les gens avaient gardé un sandwich SNCF! Il fut vite jeté dans une poubelle. La famille, le père, la mère et les deux enfants avec un accent de Marseille se serraient les uns contre les autres, honteux et effrayés, peut-être qu'ils avaient peur d'être emprisonnés à Guantanamo !

Je vis arriver ma valise rouge suivie de celle de Mathilde. Chacune prit la sienne et les chiens ne sentirent rien, après avoir fait le tour de la valise ils s'en allèrent : ouf !

Maintenant la douane et tout le tremblement : ils prirent des photographies des mains, des yeux, puis il nous fallut remplir des papiers avec l'adresse de Rémy, le téléphone etc... Heureusement Matilda comprenait tout ce qui était demandé sur les papiers.

« Do you have something to declare ? No fresh food in your luggage ? »

Et les fromages de chèvre ? Tout allait bien : ils avaient échappé au nez du chien !

Il nous fallait aller porte 19B pour prendre l'avion pour Baltimore. Couloirs sans fin, escalators et puis personne qui parlait français ! C'était la musique d'un autre monde !

Dehors c'était la nuit et le voyage était court : 45 minutes, montée/descente.

« Ladies and gentlemen, please fasten your seat belts. We are leaving Philadelphia for Baltimore BWI. »

L'avion était petit, on aurait dit un bus et le café c’était de l'eau. Les voyageurs n'avaient qu'un porte-documents. Peut-être que c'étaient des hommes et des femmes qui travaillaient à Philadelphie et qui rentraient le soir à Baltimore, comme ceux qui travaillent à Montpellier et qui rentrent le soir au village.

« Je commence à en avoir marre. Je suis fatiguée. Ici il est 8 heures. Il doit être 2 heures du matin au village. Nous avons fermé la maison à 6 heures du matin c'est à dire à minuit ici ! »

« Ne t'en fais pas. Rémy nous attendra avec un bon souper ! »

« On m'a dit que dans ce pays les gens ne boivent pas de vin. C'est vrai ? »

« Je ne sais pas mais Rémy, il a toujours aimé boire un coup. Et quand il est venu pour enterrer sa mère la dernière fois que je l'ai vu, ça fait dix ans, il n'a pas bu que de l'eau ! Ça je peux te l'affirmer ! »

« Ce qui m'étonne c'est que dans ce pays il y a plus de peaux noires que de peaux blanches »

« J'ai lu dans Wikipedia sur Internet que Baltimore, durant la guerre de Sécession était une ville sudiste et que maintenant il y a plus de 70% de noirs. »

« Mais c'est une ville démocrate et pas républicaine comme le Sud. »

« Eh bien tant mieux ! C'est comme le midi de la France à une époque ! »

« Tais-toi : il est toujours à gauche ! »

« On verra bien ! »

« Ladies and gentlemen welcome to Baltimore, Maryland. Please stay in your seats until fastenseat belt lights are off. United Airlines hopes you had a pleasant flight and looks forward flying with you again soon. »

Encore des couloirs, des escaliers mécaniques, la salle avec tapis roulant pour récupérer les valises, avec les fromages de chèvre des Cévennes... Une dernière porte, un escalier et en haut, un homme, les cheveux blancs, la peau brune de son père venu de Barcelone pendant «la retirada» en 1936, un peu timide mais avec un sourire généreux et plein de douceur. Tout d'un coup la peur me prit, je ne pouvais plus respirer, il était si agréable et moi je me sentais si vieille et laide à 60 ans comme à 20 ans . Le temps ne fait rien à l'affaire !

Il descendit l'escalier :

«La valise est trop lourde Jeanne ? Le voyage est un peu long peut-être quand on n’a pas l'habitude. Tu n'es pas malade au moins ? La grippe H1N1 n'est pas venue avec toi jusqu'à Baltimore ? «

Puis il me prit dans ses bras et me serra fort, ma peur s'en alla :

« Tu as eu une bonne idée de venir. Où es ta filleule ? »

« Ici ! »

Il l’embrassa. Nous étions tous trois au milieu de la salle d'attente de l'aéroport et j'étais tellement heureuse! Je ne savais rien de l'avenir mais le présent me plaisait et ça me suffisait pour l’heure.

« Ma voiture est devant. Avant d'aller à Catonsville, on va faire un tour dans la ville. De toute manière c'est sur le chemin. »

« Vive Baltimore ! » La voiture était une Toyota Prius très jolie et nous sommes partis. J'étais dans un autre monde pour le meilleur et pour le pire et mon coeur palpitait de bonheur !

Voir l'épisode 9

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École du tambourin suivie des airs populaires de la Provence par Mèste Sicard
Sicard, Marius. Auteur
Méthode de Galoubet-Tambourin avec une série d'exercices pratiques
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Lo viatge de Joana - Saison 1 / Épisode 7
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Alranq, Perrine. Interprète
Vidal, Alain. Interprète
Hébrard, Jean. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète
Hommeau, Jean-François. Interprète
Vidal, Alain. Interprète
Huang, Edda. Interprète
Zinner, Lucas. Interprète

Texte de l'épisode 7 : 

Et maintenant nous étions dans l'avion. Dessous il y avait les champs, les villages et aussi les villes et autour de l’avion d'Airbus Industrie A319, les nuages blancs qui s'étiraient comme des tableaux de Michel-Ange : c'était la première fois que j'étais dans le ciel ! Mon coeur battait la chamade ! Mathilde semblait être aux anges et, du hublot, elle regardait la terre s'éloigner. Quel plaisir d'être avec cette petite, ce n’était peut-être qu’un rêve ! Tout le bonheur de la terre m'était tombé dessus et je n'avais rien demandé : j'avais l'amour d'une fille jolie et sans attaches et l'argent du tonton mort. Le malheur des autres faisait mon bonheur !

Dans l'avion il y avait un tas de retraités : ils étaient tous ensemble, les uns derrière les autres à l'entrée de la classe « économique ». Ils parlaient très fort et faisaient du bruit : ils riaient, chantaient « C'est un fameux trois mats fin comme un oiseau, hisse et ho Santiago » !

C'était un voyage organisé : « L'automne en Floride, Miami Beach en bordure de mer ».

Nos sièges étaient sur le côté droit, au milieu après les ailes. Deux sièges derrière il y avait un couple : le type très grand et maigre comme un «estockefish», 45 ans, les cheveux teints en blond, une bouche fine qui semblait aller d'une oreille à l'autre. La femme, grande aussi, les cheveux rouges, bien en chair et tout sourire. Sur le siège de l'autre côté de l'allée, était assis un homme de trente ans, mal habillé, les cheveux sales, le menton mal rasé, la bouche amère. Ils parlaient tous avec un accent très pointu. Leurs voix étaient d'un autre monde : j'avais l'impression d'entendre un film policier. Dans ma tête, tournait la chansonnette de l'école de mon village : « parisien, tête de chien, parigot, tête de veau » !

Les hôtesses nous servirent le dîner et pour commencer, l'apéritif. Pour fêter ce grand jour de départ, nous avons bu du champagne. Puis, nous avons mangé, ça n'était pas mauvais pour une « classe économique ». Les parisiens, eux, n'arrêtaient pas d'appeler l'hôtesse pour demander du whisky. Après le café j'ai commencé à dormir, un petit somme était bienvenu car nous étions levées depuis l’aube. Les retraités continuaient à parler et à rire.

Tout à coup le type crasseux commença à crier :

« Eh les vieux fermez-là, moi je suis Bécon les Bruyères et j'ai la haine. Tas de vieux clous ! »

Un grand silence tomba et tout le monde se retourna pour voir qui criait :

« J'veux m'saoûler – à boire l'hôtesse ! - tournez-vous les vieux, j'veux pus voir vos faces de clowns sinon j'réponds plus de rien. »

Le grand blond commençait à éclater de rire en criant :

« Va-z y Bécon les Bruyères, fais leur voir qui tu es ! »

L'autre se redressa et continua :

« Vous avez peur vieux bouts ? Nous on est jeune ! On fait l'amour et vous vous n'avez plus qu'à faire le mort ! A boire ! Et plus vite que ça ! » 

« Wisky à gogo sur l'Atlantique ! À nos femelles qui nous attendent à Philadelphie ! »

Les gens (les vieux et les autres) se cachaient dans les sièges. La pauvre hôtesse ne savait plus que faire, et quand la pauvre femme passa dans l'allée, le type lui donna une grande tape sur le cul !

« Olé ! L'Amérique est à nous ! »

Quand quelque chose comme ça arrive en bas, sur la terre, ce n'est pas agréable mais enfin on peut toujours se dire qu'on peut arrêter la machine, ouvrir la porte et sortir. Mais tout en haut, dans le ciel au-dessus de la mer, que faire ?

Mathilde me prit la main :

« Jeanne, ils sont idiots et ivres ! Tu n'as pas peur ? »

Maintenant les types dansaient en chantant et en criant :

« R'gardez les vieux, nous on danse et on chante ! Eh! La femme ! Viens avec nous ! »

Mais la femme rousse ne voulait pas se lever pour danser.

« A boire ! A boire ! »

Mais les hôtesses ne venaient plus. Et tout à coup le capitaine de l'avion est arrivé avec son habit bleu et doré et son chapeau. Il n'était pas seul : de l'autre côté il y avait un autre homme, un stewart.

« Asseyez-vous Messieurs. Nous ne sommes pas dans un dancing et nous vous prions de rester tranquilles. »

« Eh capitaine ! On a payé ! On fait c'qu'on veut non ? » 

« Si vous voulez repartir à Paris par le prochain avion, libre à vous... »

« Eh ! Tu vas pas nous faire peur avec ton uniforme ?! »

« Vous voulez être attachés à votre fauteuil pour la fin du voyage ? »

Le capitaine sortit les menottes de sa poche et tout changea.

« Capitaine, vous avez gagné, on s'tait ! »

« Les hôtesses ne vous donneront plus à boire et nous vous retrouverons à Philadelphie. Outrages à passagers... »

Tout d'un coup le silence fut roi avec le bourdonnement de l'avion. La peur de la police avait fait son effet. La vie continua dans la « classe économique », mais les retraités étaient moins bruyants. Les deux parisiens se turent sans dire un mot de plus et commencèrent à ronfler, bouche ouverte : le whisky faisait son travail ! Il y avait encore 5 heures avant l’atterrissage. Mathilde, fatiguée, dormait comme une enfant. Je choisis de regarder un film : Harry Potter à l'école des sorciers, en français. Ça me plut beaucoup. Puis je suis restée les yeux ouverts rêveuse : peut-être que j'étais idiote d'essayer de revoir Rémi après 35 ans ! Mais de toute manière c'était une bonne occasion pour voyager avec ma petite Mathilde. On verrait bien, le déluge ne me faisait pas peur.

L'avion commença sa descente pour l'atterrissage : et les fromages de chèvre de ma soeur que j'avais cachés dans un tupperware, est-ce qu'ils les trouveraient dans la valise à la douane ?

Voir l'épisode 8

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Lo viatge de Joana - Saison 1 / Épisode 6
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Alranq, Perrine. Interprète
Vidal, Alain. Interprète
Hébrard, Jean. Interprète
Huang, Edda. Interprète
Zinner, Lucas. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète

Texte de l'épisode 6 : 

Le lendemain c’était le jour de l'automne. Les vendanges étaient terminées. J'allais voir le notaire. Je lui dis que je voulais vendre les vignes qui n'étaient pas louées quand je reviendrai. Si quelqu'un cherchait... Il me dit :

« Avec la crise les seules terres qui se vendent sont celles où l'on peut construire des maisons pour les retraités et les touristes. Mais on ne sait jamais : un riche américain pour faire un vin spécial... »

Pour le moment, l'argent de l'oncle suffirait pour faire la fête avec Mathilde : il y en avait assez. Je ne voulais le dire à personne, mais, sur le papier personne n’entendra : 500 000 euros !

De toute manière il me fallait écrire un mail à Rémy à Baltimore avant d'acheter les billets d'avion. Heureusement, Mathilde – qui était très heureuse de partir avec moi – parlait anglais et fut d'une grande aide : Rémy était professeur à UMBC- University of Maryland Baltimore County Campus. Sa maison était à Catonsville dans le comté, pas dans la ville de Baltimore. Enfin, nous avons trouvé son numéro de téléphone.

J'avais honte, mais il me fallait l'appeler : il n'y avait pas d'autre choix pour partir. Je ne l'avais pas vu depuis 10 ans. La dernière fois il était venu pour l'enterrement de sa mère (encore, ça ne finira donc jamais ! Mais cette fois là c'était dans le cimetière, l'enterrement, pas dans le Vire, les pieds dans l'eau avec l'urne !). Et l'heure pour appeler ? Comment savoir quand il travaillait ? Avec le décalage horaire ce n'était pas facile : six heures de moins.

« Je pense que le mieux c'est de l'appeler le matin : j'ai vu sur la carte que l'université est proche de sa maison qui est sur Hill View numéro 875. »

« C'est à la campagne ? »

« Non mais ça doit être une maison avec un jardin comme on peut en voir à la TV. »

« Il nous faudra louer une voiture, autrement nous serons bloquées loin de la ville ! Je veux voir du monde ! »

« Donc nous appellerons à deux heures de l’après midi : il sera huit heures du matin pour lui ».

Avant d'aller nous coucher nous avons fait un tour sur les sites de « voyages économiques ».

Pour Baltimore, ça n'était pas simple et très long :

Montpellier/Paris puis Paris/Philadelphie et, pour terminer Philadelphie/Baltimore. Et en plus ça coûtait 1700 euros, c'était le moins cher.

Nous avions la nuit pour réfléchir. C'était la première fois de ma vie depuis que j'avais quitté la maison de ma mère que je pouvais dire « bonne nuit » à quelqu'un dans ma maison en ayant des projets de vie avec cette personne. Peut-être que Mathilde, jolie comme elle l'était, trouverait bientôt un homme et me laisserait tomber comme un vieux crouton : mais aujourd'hui c'était la vie « d'ici et maintenant » comme ils disent les intellos, qui m'intéressait.

Le lendemain matin nous avons parlé des papiers : les passeports. Nous avons appelé la préfecture : pour moi tout allait bien. Mathilde, elle, avait un passeport biométrique tout neuf : j'étais très surprise que cette petite ait ça.

« Le jour de ma majorité j'ai voulu être libre de me laisser l'occasion de partir quand ça serait possible et de laisser ce vieux monde. »

« Mais tu sais Mathilde que ce n'est qu’un voyage de trois mois que nous allons faire. Puis nous reviendrons. »

« On verra bien : je pense que tout est possible à mon âge ! J'ai toute la vie devant moi et je veux la déguster . »

Bon : je n'avais rien à dire.

C’était deux heures : « Allo Rémy. C'est Jeanne. Jeanne Belcaire ! »

« Ah ! Jeanne, ça fait plaisir d'entendre ta voix et surtout ton accent. Et la langue occitane, ici ce n'est pas simple de trouver quelqu'un pour la parler. Quel bon vent ?... »

« Rémy, je voudrais venir te voir à Baltimore. Je suis retraitée et j'ai envie de voyager. Et j'aimerais beaucoup te revoir. Tu es un ami pour moi depuis toujours. »

« Jeanne, ça me ferait plaisir aussi. Mais je travaille et tu seras seule à la maison. Tu t'ennuieras toute la journée et en plus tu ne parle pas la langue d'ici. »

« Rémy : je ne suis pas seule ! »

« Comment ? Tu as un homme ? Enfin ?! Et moi qui croyais... »

« Non : ma filleule est venue vivre avec moi ! »

« Quelle filleule ? Je ne la connais pas ! »

« C'est la fille d'une amie de collège, Lucienne. Sa mère est morte et aujourd'hui elle est venue vivre avec moi. »

« Et elle ne travaille pas ? »

« Elle voudrait apprendre la diététique. Elle commencera l'an prochain »

« Bon ! Etrange ! Tout ceci me fait plaisir. Je vous attends : prenez les billets et je viendrai vous chercher à l'aéroport BWI Baltimore. J'attends les horaires. Je te fais la bise : à bientôt ! » « Je te fais aussi la bise et je t'appellerai vite ! »

Mathilde dansait sur la terrasse tellement heureuse ! Puis, elle vint me faire un bisou. Et nous avons valsé toutes les deux en chantant « la mazurka sous les pins »

« Comment connais-tu cette chanson ? »

« Une institutrice nous a appris quelques mots d'occitan et des chansons aussi ! »

Une heure après nous avions pris les billets électroniques : le premier octobre nous serions à Catonsville Maryland.

Voir l'épisode 7

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Lo Lòto : recueil de mots et expressions pour animer un loto en occitan
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)

Le petit recueil de mots et expressions ci-joint ne prétend pas à l'exhaustivité. Il est le fruit de travaux de collectage entrepris par différents enquêteurs des années 1940 à nos jours, synthétisés ici par le CIRDÒC. Vous pouvez vous-même y contribuer en laissant un message de commentaire ci-dessous.

L'ensemble des mots et expressions occitans des lotos constitue un répertoire en perpétuelle création, à variation géographique et historique. L'appel des numéros est souvent accompagné d'épithètes en occitan qui animent les phases de jeu. La signification de ces expressions est liée à la symbolique du numéro, à la sonorité de son énoncé, ou à son graphisme.

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