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Cet article, paru dans la Revue des Deux Mondes en 1859 constitue à la fois une étude critique et comparée des premières œuvres de la renaissance d'oc et un témoignage de leur réception critique à l'époque même de leur émergence.
Saint-René Taillandier, qui signa également la préface de Li Margarideto, y dresse un panorama des grandes œuvres fondatrices du mouvement en étudiant Li Margarideto et Li Prouvençalo de Joseph Roumanille, Li Novè de Théodore Aubanel et Mirèio de Frédéric Mistral, qui venait de paraître.
Los Fors et Costumas de Bearn, A Pau, Per Isaac Desbaratz, Imprimeur & Marchand Liberaire deús Estatz de la Prouvince de Bearn. M. DCC. XV., [2 bl.]-144 p. ; in-4, exemplaire sur parchemin. Relié avec Stil de la justicy deu pais de Bearn (1716) et Ordonnances feites per Henric II (1716)., CR-A 8099
Je cherche une vieille chanson en occitan mettant en scène trois fileuses, que le prince vient chercher à la fin du chant.
Il existe bien dans le répertoire traditionnel occitan une chanson faisant référence à trois fileuses et qui semble correspondre à ce que vous recherchez. Vous la trouverez dans de nombreux recueils de chants sous le titre Las tres filairas ou Las Filairas en dialecte languedocien (graphie classique) mais aussi sous le nom Lei Fielairas ou encore Las Fialairas, Las Hialairas selon les dialectes et graphies des auteurs.
En voici les paroles telles qu’elles ont été recueillies par Emmanuel Soleville dans son ouvrage Chants Populaires du Bas-Quercy, publié en 1889 :
Graphie de l'auteur | Graphie classique |
Abal, à la ribièro | Aval, a la ribièra |
I a ‘no ritcho maisoun | I a una richa maison |
Dedins soun tres filairos | Dedins son tres filairas |
Que filoun tout lou joun | Que filan tot lo jorn |
L’uno s’apèlo Jano, | L'una s'apèla Joana, |
E l’autro Marioun ; | E l'autra Marion ; |
L’autro s’apèlo Clèro | L'autra s'apèla Clara |
Esclairo netz e joun | Esclaira nuèch e jorn |
Sa maire la penjeno | Sa maire la penchena |
D’un penje d’argentoun, | D’un penche d’argenton, |
E soun paire la cofo | E son paire la còfa |
D’uno auno de galoun | D'una auna de galon |
Lou fil del rei passabo ; | Lo filh del rei passava ; |
La troubado à la fount | L'a trobada a la font |
-Digas bèlo filairo | - Digas bèla filaira |
Aco’s bous Janetoun ? | Aquò es vos Joaneton ? |
-Nani ma sur ainado s’apèlo d’aquel noun | -Nani ma sòrre ainada s'apèla d’aquel nom |
Se cercas uno amigo | Se cercas una amiga |
Dintras dins la maisoun | Dintras dins la maison |
Cette chanson, recueillie par Emmanuel Solleville dans son ouvrage, est considérée comme un chant de travail. L’auteur nous explique qu’il était entonné par les fileurs et fileuses lors des veillées, des groupes de chanteurs se répondant en chantant un couplet chacun leur tour. Emmanuel Solleville considère que ce chant est de modalité grégorienne, datant a minima du XVIe siècle.
En ce qui concerne la portée symbolique de ce chant, Gérard Teulière a fourni en 1990 dans son article Lei Fielairas : de la chanson au mythe (DANS Tenso : Bulletin of the societe Guilhem IX, Volume 5, Spring 1990, Number 2, p119-132.) une analyse complète de ce chant qui intègre de nombreux symboles et références mythologiques : l’eau rattachée à la féminité, l’archétype de la maison qui renvoie à la production de matières premières mais incarne aussi un endroit magique. La figure de la fileuse détient également une forte charge symbolique, pouvant ici s’apparenter aux Trois Parques, figures de la mythologie romaine qui tissent, déroulent et tranchent le fil de la vie des hommes.
Enfin, vous pouvez retrouver de nombreuses interprétations de cette chanson sur quelques disques dont voici la liste.
La Baìo est le rite festif le plus emblématique et important des vallées occitanes d'Italie. La commune de Castelmagno a également sa Baìo. De nombreuses informations sur le site castelmagno-oc.com : http://www.castelmagno-oc.com/eventi/baia_storia.htm
Calandreta [kalɑ̃'dretɔ] est le nom donné par ses fondateurs à la première école associative et immersive occitane qui ouvre à Pau le 5 janvier 1980. Dans le même temps, un projet similaire mené à Béziers, sans concertation avec le premier, aboutit à la création d’une autre école en septembre de la même année. Le terme Calandreta est adopté à Béziers, fédérant les deux établissements : la Calandreta Paulina (« paloise ») et la Calandreta l’Ametlièr (« l’amandier ») sont nées.1
Utilisé sur tout l’espace occitan méditerranéen, des Alpes aux Pyrénées, le terme ”calandra” ou “calandreta” (sous sa forme diminutive) désigne en occitan une espèce particulière d’alouette : les alouettes calandre (Melanocorypha calandra) et calandrelle (Calandrella brachydactyla). Par extension, le terme peut désigner aussi l'alouette de manière générique.
Le mot « calandre », outre le mâle de la « calandra », désigne par ailleurs un apprenti. 2
Comme l’indique l’emploi du suffixe diminitutif “-on” (au féminin “-ona”), que l’on retrouve par exemple dans « pichon », le calandron est un oisillon, le petit de la calandra ; en plus d’un élève de Calandreta, le terme est aussi employé pour désigner un poupon. 3
Le calandrin est, quant à lui, une jeune alouette. C’est aussi le nom donné aux futurs regents lors de leur année de formation à l’établissement d’enseignement supérieur occitan Aprene (“apprendre”).
Dans un tout autre registre, le calandrin est par ailleurs le nom occitan du caladrius ou caladre, créature légendaire décrite dans maints bestiaires médiévaux sous les traits d’un oiseau, souvent blanc, au chant mélodieux et aux pouvoirs guérisseurs et divinatoires. Ainsi apprend-on dans Aiso son las naturas d'alcus auzels e d'alcunas bestias, imitation anonyme du XIIIe siècle, en occitan, du Bestiaire d'amour de Richard de Fournival :
« S’òm pòrta un calandrin davant un òme qu’es malaut et qu’òm lo gete sus son lièch, se lo Calandrin agacha l’òme a la fàcia, aquò’s signe qu’es per garir mas se virala coa, aquò’s s senhal de mòrt. »4
[« Si l’on porte un calandrin devant un homme qui est malade et qu’on le jette sur son lit, si le calandrin regarde l’homme en face, c’est signe qu’il va guérir mais s’il tourne la queue, c’est signal de mort. »]
1. cf. BACCOU, Patrice. L'aventure des Calandretas. In Confederacion occitana de las escòlas laicas Calandretas. Calandreta : 30 ans de creacions pedagogicas. Montpelhièr : La Poesia : Confederacion occitana de las escòlas laïcas Calandretas, 2010. 366p. ISBN : 978-2-914243-14-8. pp.358-362↑
2. MISTRAL, Frédéric, Lou tresor dóu Felibrige, ou Dictionnaire provençal-français embrassant les divers dialectes de la langue d'oc moderne. Aix-en-Provence : J. Remondet-Aubin ; Avignon : Roumanille ; Paris : H. Champion, [1878-1886]. 2 vol. (1196, 1165 p.). ISBN : 2-86673-113-1.↑
3. Ibid.↑
4. Chansonnier dit La Vallière. BnF, ms français 22543. Transcription et traduction française : Yves Rouquette pour l'exposition De la natura de quauquas bèstias illustrée par des œuvres originales de Pierre François (collections CIRDÒC).↑
5. Lou Cèu de Pau, Lous Mandragòts, LABARRÈRE, André. Chants du Béarn. Pau : Lou Cèu de Pau, 1984. 137 p.↑
Né le 6 mars 1798 dans une famille pauvre de l'agenais, Jacques Boé (de son vrai nom) reçoit malgré tout une instruction et témoigne d'une véritable culture littéraire de son temps.Très jeune, il s'installe comme coiffeur à Agen. Cette période, suivant la Révolution, voit l'essor social d'un petit peuple ouvrier des villes à côté de la figure toujours importante des paysans des campagnes.
Son commerce rapidement florissant lui laisse le temps de se consacrer à sa passion pour l'écriture. Il choisir de s'exprimer en occitan, la langue du peuple :
« O ma lengo, tout me zou dit.
Plantarey uno estelo a toun froun encrumit » (graphie de l'auteur)
« Ô ma lenga tot m'o ditz.
Plantarai una estela a ton front encrumit. »
« Oh ma langue, tout me le dit.
Je placerai une étoile à ton front obscurci ».
(Épître à Charles Nodier « Des cranto de Paris »).
S'il n'appartient pas à proprement parler au milieu ouvrier, il vit en ville et le fréquente. On ne peut le qualifier de poète engagé, mais dans ses écrits, il se fait le témoin de son époque, défendant un style réaliste (qui n'empêche pas l'humour) et traitant de thématiques diverses telles que l'amour, les évolutions technologiques de son temps, et défendant des valeurs humanistes : la liberté, la charité...
Ses poèmes, s'ils furent imprimés dans divers recueils, sont avant tout destinés à être déclamés, voire chantés ! Grand orateur, Jasmin se produit devant un public de plus en plus nombreux : il entame très tôt un tour de France des régions (on dirait aujourd'hui une tournée !), se rendant d'un bout à l'autre de l'Occitanie pour présenter son œuvre à un public qui, tout en connaissant la langue, ne sait pas la lire. Ses apparitions se transforment peu à peu en véritables spectacles : il se produira ainsi à Toulouse accompagné de 20 musiciens et de plus de 380 figurants !
L'argent récolté lors de ses spectacles (plus d'un million et demi en 12 000 représentations) est reversé à des œuvres de bienfaisance.
Charles Nodier, académicien français, le découvre et lui ouvre les portes des salons parisiens. Il y rencontre tour à tour Lamartine, Ampère, Chateaubriand et sera même reçu par le roi Louis-Philippe en 1842.
Récompensé de prix littéraires par le Félibrige, l'Académie d'Agen, et, aussi surprenant que cela puisse paraître, par l'Académie Française, il est même fait chevalier de la Légion d'Honneur en 1845. Cependant, on peut supposer que l'intérêt qu'il suscite dans le monde parisien n'est pas dénué d'une certaine condescendance et demeure lié à l'exotisme que renvoie son image de « gascon » avec toutes les connotations positives comme péjoratives que cela suppose.
Après cette période de gloire, sa statue trône toujours à Agen, sa ville natale et Jasmin a laissé son nom à une rue parisienne ainsi qu'une station de métro !