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Auteur : Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)
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Sujet : Guerre mondiale (1914-1918)
Type : Lexique / Date : 2013

Le petit recueil de mots et expressions ci-joint ne prétend pas à l'exhaustivité. Il est le fruit de travaux de collectage entrepris par différents enquêteurs des années 1940 à nos jours, synthétisés ici par le CIRDÒC. Vous pouvez vous-même y contribuer en laissant un message de commentaire ci-dessous.

L'ensemble des mots et expressions occitans des lotos constitue un répertoire en perpétuelle création, à variation géographique et historique. L'appel des numéros est souvent accompagné d'épithètes en occitan qui animent les phases de jeu. La signification de ces expressions est liée à la symbolique du numéro, à la sonorité de son énoncé, ou à son graphisme.

Mise en ligne : 11/01/2012
Type : Dossier virtuel / Date : 2013

À l’occasion des commémorations du 70e anniversaire de la mort de Jean Moulin, le CIRDOC-Mediatèca occitana, situé sur la même place que sa maison natale, avait proposé un éclairage sur un aspect méconnu de la jeunesse du grand héros de la Résistance à partir d’une sélection de documents conservés dans ses collections.

Les origines provençales de Jean Moulin

Hérité de sa famille d’origine provençale, en particulier de son père Émile-Antoine Moulin - familier de Frédéric Mistral et poète de langue d'oc - Jean Moulin demeura toute sa vie durant attaché à la Provence dont il maîtrisait la langue. 

« Tous nos ancêtres immédiats provenaient d’une bande de terre de basse Provence, de part et d’autre de la Durance » Laure Moulin, sœur de Jean Moulin1

MOULIN, Laure. Jean Moulin. Paris, presses de la Cité, 1969.

[imatge id = 21384] Le père de Jean Moulin, Antoine-Émile Moulin (1857-1938), dit « Antonin » Moulin, est originaire de Saint-Andiol, village des Bouches-du-Rhône, tout comme sa mère, Blanche Pègue

Antoine est le fils d’une vieille famille de tisserands républicains, Blanche est fille de paysan. Après des études de Lettres, Antoine Moulin est nommé professeur à Bédarieux puis au Collège de Béziers.
Dans le Béziers florissant des dernières années du XIXe siècle, le jeune professeur devient un membre actif des milieux républicains, dreyfusards, laïques et francs-maçons. Antonin Moulin fut à l'initiative du monument au maire Casimir Péret, déporté pour son opposition au coup d'Etat de 1851 et mort lors d'une tentative d'évasion du bagne de Cayenne.
Il est assez loin des acteurs locaux de la Renaissance d'oc, plus conservateurs, qui mènent au même moment, sur l’exemple provençal de Frédéric Mistral et du Félibrige, des actions en faveur de la langue d'oc. 

Sans participer activement aux mouvements de défense et promotion de la langue d’oc à Béziers, Antonin Moulin entretient un attachement familial et intime à sa langue maternelle, l’occitan provençal de son Saint-Andiol natal. Il fréquente Frédéric Mistral à qui il rend visite à plusieurs reprises à Maillane. Mistral lui fera rencontrer Alphonse Daudet. 
Les Moulin, mère et père, conservèrent toute leur vie des attaches avec Saint-Andiol où résident une grande partie de leurs familles. Les vacances, comme les grands événements de la vie familiale se déroulent tous à Saint-Andiol. Dans son livre de mémoires, Laure Moulin, sœur aînée de Jean, retranscrit ses impressions de voyage vers Saint-Andiol et évoque leur pratique de la langue familiale. 

« Quand tout se passait bien, nous prenions le petit train à Barbentane et là nous entrions dans un autre monde. Nous n’entendions plus parler que le provençal, ce qui nous réjouissait, surtout nos parents dont c’était la langue maternelle. Mon frère et moi, élevés en Languedoc, si nous le comprenions très bien, nous le parlions mal. »

Jean Moulin conservera un attachement à la Provence de son enfance et de ses origines, ce dont témoigne le choix de son nom d’artiste - « Romanin » - souvenir d’une excursion familiale au célèbre château éponyme près des Baux-de-Provence et qui signifie « romarin » en langue d'oc. Jean Moulin ne cultiva pas la langue d’oc comme son père. le document le plus émouvant, puisqu'il s'agit d'un personnage si important et célèbre de l'Histoire, est le poème que compose son père à sa naissance : A moun fieu Jan / O moun Janet, moun cago-nis... 
Il existe peu de documents faisant état d'une pratique de l'occitan chez Jean Moulin, elle restait occasionnelle, mais réelle. Sur des cartes de voeux apparaissent parfois des formules en langue d'oc, ou au détour de sa correspondance personnelle, quelques mentions de conversations achevées dans la langue familiale  nous renseignent sur un Jean Moulin occasionnellement occitanophone.

Documents : 

1/ Texte du poème en provençal écrit par Antonin Moulin pour son fils Jean, âgé de trois mois. (texte extrait de Laure MOULIN, op. cit. et mis en forme pour une exposition)

2/ 
- Lettre d'Antoine Moulin à Roger Barthe (1911-1981), écrivain occitan et félibre biterrois, membre du parti radical comme Antonin Moulin  - 17 juillet 1934
- Dédicace en occitan d'Antonin Moulin à  Emile Barthe pour le féliciter de son titre de Majoral du Félibrige
(CIRDOC-Fonds Barthe)

3/ Poème-dédicade d'Antonin Moulin à Frédéric Mistral publié dans La Santo Estello, journal paru à l'occasion des fêtes félibréennes de la Sainte-Estelle à Béziers (24 et 25 mai 1902)

Mise en ligne : 21/06/2013
Type : Exposition virtuelle / Date : 2016
ACCÉDER À L'EXPOSITION 

Gaston III comte de Foix et Vicomte de Béarn est entré dans la légende sous le nom et la graphie occitane de Febus.
Dans le contexte tumultueux de la Guerre de Cent Ans (1337-1453) qui oppose royaumes de France et d'Angleterre, il marque son temps par son sens aigu de la politique et son amour des arts et des lettres. Si l'on retient surtout les faits d'armes de ce stratège militaire, le faste de sa cour et les débordements de son caractère, Fébus eut également un rôle prépondérant sur le développement de la langue et de la culture occitanes au XIVe siècle.
Fin connaisseur de l'occitan dans sa variante béarnaise comme de l'occitan littéraire forgé par les troubadours, il fait de sa langue maternelle un outil politique lui permettant d'asseoir son pouvoir sur l'ensemble de la population de ses domaines. La langue occitane est également pour lui un agent de développement culturel, notamment dans le domaine scientifique.

 

Mise en ligne : 12/02/2016
Type : Article / Date : 2016-04-27
Votre question : Que sait-on sur le parler occitan du hameau d'Arbouno ([N]Arbona) en Val Grana ?

Vignette d'illustration : Arbouno encore habité, source : http://www.saperepopolare.com

Notre réponse :
Arbouno (Arbona en occitan graphie normalisée, parfois Narbona) est un hameau de montagne inoccupé depuis les années 1960, situé dans la commune de Castelmagno (Chastelmanh en occitan), en Val Grana, au centre des « Vallées occitanes d’Italie ». Castelmagno est emblématique de l’évolution de la civilisation montagnarde alpine, marquée par un important mouvement de dépeuplement au cours de la seconde moitié du XXe siècle au profit des régions industrielles de Turin et de Rhône-Alpes en France.
Arbouno fait d’ailleurs l’objet d’un travail de recherche et de valorisation patrimoniale autour du projet éco-muséal « Una casa per Narbona » (voir liens ci-dessous). Sur la même commune de Castelmagno, à Valliera, un autre village abandonné par ses habitants au cours du XXe siècle, fait aujourd'hui l’objet d’un projet de développement économique, culturel et écologique dont l’étude est consultable en ligne (consulter l'étude sur le projet de Valliera).

L’occitan parlé à Arbouno : que sait-on ?

Sur le plan linguistique, le village d’Arbouno est connu des linguistes pour le parler de ses habitants, qui aurait eu des spécificités locales, et dont la forme se rapprocherait de l’ancien occitan (occitan du Moyen Âge). Sans que l'on en connaisse les raisons, il semblerait qu'Arbouno ait pu être peuplé par des immigrants au Moyen Âge, et que les formes de leur parler occitan d'origine se soit maintenu du fait de l'isolement et de la relative autonomie de la communauté. 
Les particularités linguistiques et phonétiques de l'occitan parlé à Arbouno et ses similitudes avec le parler de deux vallées des Pyrénées ariégeoises (La vallée de Bethmale et la vallée de Bellongue) ont été étudiées et ont fait l'objet de deux publications, toutes deux accessibles en consultation sur place au CIRDOC ou disponibles via nos services de documentation à distance (plus d’infos et contacts sur www.locirdoc.fr) :
- LOMBARDO, Renato, « Appunti sulle peculiarità del dialetto occitano di l'Arboùna », Novel temp, n° 18, 1982, p. 26-34.
- BRONZAT, Franco, « Un fenomene de conservacion fonetica en qualque endreit de las Alpas e dals Pireneus e son enterpretacion grafica », Actes du IV Congrès International de l'AIEO, 1993, pp. 685-700.

En savoir plus sur Arbouno et sa région : Quelques ressources et documents :

Projets et actualités culturelles :

- Le projet « Una Casa per Narbona » (actualité du projet de recherche et valorisation, nombreuses photos du site) : http://unacasapernarbona.tumblr.com 
- Projet agrotouristique « Des Martin » (revivification d’un bourg de montagne sur la commune de Castelmagno) : http://www.desmartin.it
- Association de promotion de la culture occitane de Castelmagno : Centro Occitano di Cultura « Detto Dalmastro » : http://www.lavousdechastelmanh.it/centrocc/centroc.htm
- Castelmagno occitan : site d’information et de promotion « Castelmagno / Chastelmanh, país occitan » : http://www.castelmagno-oc.com
- Site officiel de la commune de Castelmagno : http://www.comune.castelmagno.cn.it 
- Une vidéo pour découvrir « Castelmagno / Chastelmanh, terre d’oc » : voir la vidéo sur youtube 

Histoire de Castelmagno et de sa région :

L’historien de Castelmagno est un certain Bernardino Galaverna, prêtre qui officiait dans la commune dans les années 1890-1900. Ses publications sont particulièrement riches sur les rites et traditions festives de Castelmagno.
- GALAVERNA Bernardino, Cenni storico-tradizionali intorno a S. Magno Martire Tebeo ed al Paese e Santuario di Castelmagno, Cuneo, Fratelli Isoardi, 1894.
- GALAVERNA Bernardino, Le Quarantore nella parrocchia di S. Ambrogio in Castelmagno ..., Cuneo, Tip. F.lli Isoardi, 1907
Revue d'histoire et de culture locales :
La Vous de Chastelmanh, revue d’histoire et de culture locales de Castelmagno : Fondée par Gianni De Matteis, ce bulletin est publié régulièrement depuis 1970 par le Centro Occitano di cultura « Detto Dalmastro ». Gratuit et tiré à 1200 exemplaires, il est le lien et le porte-parole de la petite communauté de Chastelmanh, il contient des articles sur l’histoire et sur la culture occitanes.
Le CIRDOC conserve une collection de ce bulletin (de 1979 à 2009), disponible en consultation sur place.
Les numéros publiés depuis 2002 sont disponibles en ligne sur le site du Centro Occitano di cultura « Detto Dalmastro » : consulter la revue en ligne.  

Patrimoine culturel immatériel : La Baìo di Castelmagno

La Baìo est le rite festif le plus emblématique et important des vallées occitanes d'Italie. La commune de Castelmagno a également sa Baìo. De nombreuses informations sur le site castelmagno-oc.com : http://www.castelmagno-oc.com/eventi/baia_storia.htm

Mise en ligne : 27/04/2016
Type : Article

Calandreta [kalɑ̃'dretɔ] est le nom donné par ses fondateurs à la première école associative et immersive occitane qui ouvre à Pau le 5 janvier 1980. Dans le même temps, un projet similaire mené à Béziers, sans concertation avec le premier, aboutit à la création d’une autre école en septembre de la même année. Le terme Calandreta est adopté à Béziers, fédérant les deux établissements : la Calandreta Paulina (« paloise ») et la Calandreta l’Ametlièr (« l’amandier ») sont nées.1 

Qu'est-ce qu'une « calandreta »

Utilisé sur tout l’espace occitan méditerranéen, des Alpes aux Pyrénées, le terme ”calandra” ou “calandreta” (sous sa forme diminutive) désigne en occitan une espèce particulière d’alouette : les alouettes calandre (Melanocorypha calandra) et calandrelle (Calandrella brachydactyla). Par extension, le terme peut désigner aussi l'alouette de manière générique. 

Le mot « calandre », outre le mâle de la « calandra », désigne par ailleurs un apprenti. 2

« Calandrons » et « calandrins »

Comme l’indique l’emploi du suffixe diminitutif “-on” (au féminin “-ona”), que l’on retrouve par exemple dans « pichon », le calandron est un oisillon, le petit de la calandra ; en plus d’un élève de Calandreta, le terme est aussi employé pour désigner un poupon. 3

Le calandrin est, quant à lui, une jeune alouette. C’est aussi le nom donné aux futurs regents lors de leur année de formation à l’établissement d’enseignement supérieur occitan Aprene (“apprendre”). 

Dans un tout autre registre, le calandrin est par ailleurs le nom occitan du caladrius ou caladre, créature légendaire décrite dans maints bestiaires médiévaux sous les traits d’un oiseau, souvent blanc, au chant mélodieux et aux pouvoirs guérisseurs et divinatoires. Ainsi apprend-on dans Aiso son las naturas d'alcus auzels e d'alcunas bestias, imitation anonyme du XIIIe siècle, en occitan, du Bestiaire d'amour de Richard de Fournival :

« S’òm pòrta un calandrin davant un òme qu’es malaut et qu’òm lo gete sus son lièch, se lo Calandrin agacha l’òme a la fàcia, aquò’s signe qu’es per garir mas se virala coa, aquò’s s senhal de mòrt. »4

[« Si l’on porte un calandrin devant un homme qui est malade et qu’on le jette sur son lit, si le calandrin regarde l’homme en face, c’est signe qu’il va guérir mais s’il tourne la queue, c’est signal de mort. »]

Noms de famille

En occitan, l’alouette porte différents noms d’oiseau. 
On emploie pour désigner les membres de cette famille des Alaudidés (familha dels Alaudidats) les termes génériques lausa, alausa, alauda ou lauseta et les variantes alauseta, laudeta...
Mais ces termes peuvent aussi caractériser particulièrement l'alouette des champs (Alauda arvensis).
L'alouette calandre (Melanocorypha calandra) porte aussi le nom de gratisset (n.m.) ou de torrolha (n.f.).
Le cochevis huppé (Galerida cristata) est appelée la cauquilhada, la capurlada.
L’alouette lulu (Lullula arborea) est nommée, quant à elle, lo cotoliu,  la cotolina ou la bedoïda.
Enfin, l'alouette hausse-col (Eremophilia alpestris) a pour nom occitan la calandra mejancièra.

En chansons

À l’instar de la “gentille alouette” de la comptine française, la calandreta figure en bonne place dans le répertoire musical occitan avec le chant traditionnel de la vallée d’Ossau Au verdurèr (« Dans le jardin ») repris et adapté par le groupe Nadau sous le titre Pengabelòt :

Au verdurèr je me n’entrè
Tres arrosetas m’i trobè
Aussau ! Mas amoretas
Aussau ! Jo me n’i vau !
Tres arrosetas m’i trobè
Que las copé, que las ligué
A mas amors las enviarè
Mes qui serà lo messatgèr ?
La calandreta o l’espervèr ?
La calandreta ei cap-leugèr
E l’esparvèr qu’ei mensongèr.
Jo medisheta i anirè !

Dans le jardin je suis entré
Trois petites roses j’y ai trouvées
Ossau ! Mes amourettes
Ossau ! Je viens à vous !
Trois petites roses j’y ai trouvées
Je les ai coupées, je les ai liées
À mes amours je les enverrai
Mais qui sera le messager ?
L’alouette ou l’épervier ?
L’alouette est tête-en-l’air
Et l’épervier est menteur
Je m’en irai moi-même !

Le chanteur gascon Marcel Amont a quant à lui consacré une comptine à la calandreta et aux écoles qui en portent le nom.

(...) Mainadets, qu’avetz tot sabut
Sus l’emplumat e lo pelut
L’esgarrapiaire e lo cornut
Cercam en aqueste coplet
Qui vaden tots los poquets :
Canhòts, porins, anherets
(...)
E que hè la calandreta ?
Calandreta, calandreta
Ausereta valenteta
Pones beròis calandrons
Per Pau, Ortès, Auloron (...)
 (...) Les enfants, vous avez tout su
Sur l’emplumé et le poilu
Le griffu et le cornu.
Cherchons dans ce couplet
Comment naissent tous les petits :
Chiots, poulains, agnelets 
(...)
Et que fait la calandrette ?
Calandrette, calandrette
Petit oiseau vaillant
Tu ponds de jolis « calandrons »
À Pau, Orthez, Oloron (...)5

Et ailleurs ?

Si les écoles associatives occitanes ont choisi un oiseau pour emblème, leurs homologues bretonnes se sont placées sous le signe de la terre en jetant leur dévolu sur le nom de Diwan, qui signifie « germer ». Les Basques de la fédération d'écoles « Seaska » et les Catalans des écoles « Bressolas » ont quant à eux opté pour la symbolique du « berceau ».

 


1. cf. BACCOU, Patrice. L'aventure des Calandretas. In Confederacion occitana de las escòlas laicas Calandretas. Calandreta : 30 ans de creacions pedagogicas. Montpelhièr : La Poesia : Confederacion occitana de las escòlas laïcas Calandretas, 2010. 366p. ISBN : 978-2-914243-14-8. pp.358-362

2. MISTRAL, Frédéric, Lou tresor dóu Felibrige, ou Dictionnaire provençal-français embrassant les divers dialectes de la langue d'oc moderne. Aix-en-Provence : J. Remondet-Aubin ; Avignon : Roumanille ; Paris : H. Champion, [1878-1886]. 2 vol. (1196, 1165 p.). ISBN : 2-86673-113-1.

3. Ibid.

4. Chansonnier dit La Vallière. BnF, ms français 22543. Transcription et traduction française : Yves Rouquette pour l'exposition De la natura de quauquas bèstias illustrée par des œuvres originales de Pierre François (collections CIRDÒC).

5. Lou Cèu de Pau, Lous Mandragòts, LABARRÈRE, André. Chants du Béarn. Pau : Lou Cèu de Pau, 1984. 137 p.


 

Mise en ligne : 28/10/2015
Type : Carte postale / Date : 2017

Votre question : 

J'ai entendu de nombreuses interprétations du chant Lo Boièr et j'aimerais avoir plus de renseignements sur son histoire et sa signification.


Notre réponse :

Le chant Lo Boièr fait partie de ces grands classiques du répertoire traditionnel occitan, présent dans l’ensemble des Pays d’Oc et ayant acquis le statut de chant identitaire.

S’il est connu, c’est surtout pour la mystique qu’on lui attache : tour à tour chant cathare, complainte du peuple occitan face à la barbarie de la Croisade contre les Albigeois, chant de la paysannerie médiévale attachée à sa terre…

De nombreuses interprétations de ce chant existent mais les véritables études sont assez rares par rapport au grand nombre de versions du Boièr.

Eliane Gauzit et Marie-Claire Viguier ont toutes deux étudié l’ensemble des versions connues de ce chant et ont tenté de remonter à ses origines.

Le Boièr est-il vraiment le chant cathare que l’on décrit ?

Traces et témoignages : du chant de métier à l’appel patriote.

Lo Boièr appartient indéniablement au folklore français et occitan, au fonds traditionnel de chansons, par l’abondance de ses versions, variantes, emprunts à d’autres chants ayant évolué au cours du temps.

Il n’a pas été possible pour le moment de trouver des traces ou occurrences du Boièr dans les écrits médiévaux. Les premiers témoignages que nous ayions remontent au XVIIIe siècle et nous indiquent que le chant est connu par une large frange de population.

La première fixation à l’écrit qui nous soit parvenue remonte à 1749 dans un manuscrit en francoprovençal (mentionné par Philibert Le Duc (1815-1884) dans Chansons et lettres patoises bressanes, bugeysiennes et dombistes). Nous savons aussi par des témoignages que cette chanson était présente durant la Révolution Française : Auguste Fourès (1848-1891), atteste en effet que le chant était entonné au sein des sociétés républicaines du Lauragais comme appel patriotique. Il était interprété par les membres de la garde nationale mobile de l’Aude comme chant de ralliement lors de la guerre de 1870 puis en 1907 en signe de deuil à Béziers lors de la Révolte des Vignerons.

C’est à partir du XIXe siècle que l’on a d’autres attestations de ce chant dans les recueils des folkloristes français. Lo Boièr figure dans presque tous les recueils publiés à cette époque-là, attestant de sa présence sur tout le territoire français, avec un plus grand nombre d’occurrences dans les territoires occitans.

En tout, Patrice Coirault (1875-1959) - qui a élaboré un catalogue de toutes les chansons traditionnelles recueillies par les folkloristes et des sources écrites anciennes - recense des versions de ce chant réparties dans 51 recueils de chants différents.

Les folkloristes classent
Lo Boièr dans les chants de travail, y voyant un appel aux bœufs, ou encore dans les chants satiriques, dépeignant la femme mal mariée au bouvier croulant sous son dur labeur.

La plupart des folkloristes ont recueilli une forme classique de ce chant, bâtie sur le modèle de l’homme qui rentre chez lui et trouve sa femme malade ou saoule, un motif littéraire qui peut rappeler une autre chanson-type : Marguerite elle est malade (ou La femme malade).

Le thème de l’enterrement à la cave qui est présent dans les deux chansons-types est un thème récurrent dans les airs bachiques, que l’on retrouve notamment dans Les Chevaliers de la Table Ronde.

La plupart des enregistrements sonores recueillis au cours du XXe siècle, nous laissent eux entendre des interprétations du Boièr avec un rythme accentué, apparenté à un chant de marche, plutôt joyeux et loin de la complainte ou du chant mystique cathare.

Le symbolisme mystique et cathare, une fabrication de Napoléon Peyrat ?

Pourtant, aujourd’hui, l’interprétation la plus répandue de ce chant est celle de la complainte cathare, le schéma narratif du Boièr correspondant au rituel cathare. On peut effectivement voir dans les paroles le récit d’un rituel cathare : la paysanne meurt en Endura, demande du vin pour sa tombe, pour recevoir le consolament d’un bonshommes itinérant.

C’est Napoléon Peyrat (1809-1881) qui fait le premier cette interprétation mystique dans son Histoire des Albigeois1.  Ce discours est ensuite repris par Louis-Xavier de Ricard (1843-1911) et Auguste Fourès (1848-1891), qui continuent à forger la mystique cathare du chant et à en faire un symbole identitaire occitan.

Avant Napoléon Peyrat, le chant semble vu comme un simple chant de labour, qui aurait évolué avec l’intégration de couplets de chants bachiques ou de mal mariée mais aucune référence claire ni interprétation à une quelconque mystique cathare. Il semble que Napoléon Peyrat, en l’interprétant comme un tableau des malheurs de la paysannerie occitane durant la Croisade contre les Albigeois ait contribué à faire encore évoluer Lo Boièr et son retentissement dans la mémoire collective, transformant ce chant traditionnel en objet de perpétuation du mythe cathare.

Un refrain, des voyelles, un mystère

Outre sa signification, et son interprétation mystique, la chanson du Boièr a déclenché de très nombreuses polémiques à propos de son refrain, et plus particulièrement la suite de voyelles A.E.I.O.U. qu’il contient. Or, cette suite de voyelles ne figure pas dans toutes les versions collectées au XIXe siècle, elles ont par contre été systématiquement intégrées dans les recueils de chants et versions écrites au XXe siècle, notamment dans les recueils de chants pour les scolaires et appris tel quel par toute une génération d’écoliers.

Cet emploi d’une suite de voyelles dans une chanson traditionnelle n’est pas une exception, on la retrouve dans de nombreux chants énumératifs sur tout le pourtour méditerranéen.

Pour autant, les théories sur la signification de ces voyelles abondent : message codé utilisé par les cathares pour avertir d’un danger, monogramme de la devise des Rois d’Aragon ou encore des Habsbourg (Austria Est Imperare Orbi Universum)... Depuis l’Antiquité on attribue à ces voyelles une portée mystique importante qui n’a cessé d’évoluer au cours des siècles et n’a pas manqué de nourrir les interprétations de cette chanson.

Certaines versions collectées contiennent en lieu et place d’ “A.E.I.O.U.” un simple appel au bœuf. Pour Marie-Claire Viguier, cette suite de voyelles peut également faire référence au briolage, technique de vocalise propre aux bouviers.

Aucun document ne nous permet de savoir depuis quand ces voyelles figurent dans le refrain de la chanson, si elles existent depuis les origines lointaines du Boièr ou si elles ont été rajoutées par la suite.

Ainsi, Lo Boièr, revendiqué aujourd’hui comme un chant de célébration de l’identité occitane appartient indéniablement au répertoire traditionnel des territoires occitans, transmis oralement depuis des générations et fixé à l’écrit dès le XVIIIe siècle. Chant de labour, chant patriotique, chant cathare, il semble avoir traversé les siècles, évoluant dans l’inconscient collectif selon les époques, événements, mouvements de pensées et inspiration, chargé de nombreuses transformations, emprunts et adaptations, permettant de multiples interprétations.

 

1) Peyrat Napoléon, Histoire des Albigeois : les Albigeois et l’Inquisition, T. III, Paris : Bibliothèque Internationale, 1870.
Consultable en ligne sur le site de la Bayerische Staatsbibliothek de Munich : http://reader.digitale-sammlungen.de/en/fs1/object/display/bsb11006148_00392.html?contextType=scan&zoom=0.5
[Consulté le 03/08/2017]

Mise en ligne : 03/08/2017
Type : Texte electronique

Carnaval arrive et avec lui cette nouvelle Seleccion des bibliothécaires du CIRDOC !
Avis à tous les curieux de la fête, de l'intrigue, de la musique, de la danse etc.
Vous trouverez ici des conseils de lecture pour vous aider à mieux comprendre l'évolution et le déroulement de ce moment de transition et de réveil entre hiver et printemps.

Mise en ligne : 01/02/2018
Type : Article / Date : 2017

Votre question  :

Je souhaiterais savoir s’il y a (s’il y a eu) des événements particuliers dans l'Hérault, des fêtes, des célébrations autour de Pâques ?

Notre réponse :

Il semblerait que les traditions liées à Pâques dans le département de l'Hérault ne diffèrent pas vraiment de celles des départements limitrophes.
En effet, nous y retrouvons les chasses aux œufs, l'omelette, le pique-nique entre amis ou en famille et des cérémonies religieuses. Ces traditions de Pâques viennent clore la période du Carême, après la bénédiction des Rameaux, le dimanche précédent (on trouve ici plus souvent comme essence de bois utilisée celles de buis, de laurier ou d'olivier), et clôturent la Semaine Sainte. Celle-ci n’est pas rythmée dans l'Hérault par des processions comme cela peut être le cas dans les Pyrénées-Orientales par exemple.

Dans Manuel de folklore français contemporain. Tome premier. III, Les cérémonies périodiques cycliques et saisonnières. 1, Carnaval, Carême, Pâques d'Arnold Van Gennep, publié en 1947, nous est donnée une explication de la coutume d'offrir des œufs aux enfants par l'accumulation des œufs pendant les 40 jours du Carême. On trouve dans le même ouvrage la description de jeux avec ces œufs mais aucun en Languedoc ou dans l'Hérault plus précisément. Les œufs ayant été gardés pendant 40 jours, il fallait trouver un bon moyen de les consommer dans un temps réduit. Les confier aux enfants semblait une bonne solution mais aussi la confection d’une, ou plusieurs, omelette(s).

Ainsi, dans Le Folklore des pays d'oc : la tradition occitane de Jean Poueigh publié aux éditions Payot en 1952, il est clairement dit qu'il est de tradition de faire l'omelette pour Pâques. Selon lui, cette omelette peut être préparée nature, aux fines herbes ou encore avec « des rouelles de saucissons coupées en petits dés ».

À titre d’anecdote, on trouve dans Répertoire du patrimoine en Haut-Languedoc, publié par le Centre de recherches du patrimoine de Rieumontagné en 2007, l'évocation d'un événement qui aurait eu lieu en l'église de Moulin-Mage, dans le massif du Caroux, pendant les vêpres de Pâques 1919. Ce jour-là, les cloches sont actionnées avec tellement de force que la tribune s'effondre. Pas de mort, uniquement quelques blessés légers à déplorer et les pantalons déchirés des paroissiens...
Mise en ligne : 24/03/2017