Explorer les documents (7 total)

vignette_P19a.jpg
Vidéoguide : Le mystère Albucasis (langue et sous-titres en occitan)

Ce vidéoguide d'animation a été réalisé en 2014 dans le cadre du projet e-Anem, financé par le FEDER en Languedoc-Roussillon.

Version occitane sous-titrée en occitan.


La médecine et la chirurgie sont encore balbutiantes au Moyen Âge lorsque Albucasis, médecin d'Al-Andalus, débute la rédaction de son grand-œuvre : Al-Tasrif (nom complet : Kitab al-Tasrif li man 'ajaza 'ani at-T'aleef). Cet ouvrage somme du savoir médical et chirurgical de son temps bénéficie des recherches d'Albucasis dans ce dernier domaine. Il constitue durant des siècles une source de référence dans le milieu médical et universitaire au-delà des frontières de la péninsule ibérique alors sous domination araba. 

Les collections de la bibliothèque interuniversitaire de Montpellier à la longue tradition universitaire et médicale, conservent ainsi deux manuscrits du dernier tome d'Al-Tasrif dédié à la Chirurgie : les manuscrits H89, traduction en latin de l'original, et le manuscrit H95 qui en présente la traduction occitane. Ce dernier, seul exemplaire connu dans cette langue de l'ouvrage d'Albucasis, est un document précieux pour l'histoire et la linguistique occitanes.

generique_febuslight.jpg
Gaston Fébus : un prince occitan
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)
ACCÉDER À L'EXPOSITION 

Gaston III comte de Foix et Vicomte de Béarn est entré dans la légende sous le nom et la graphie occitane de Febus.
Dans le contexte tumultueux de la Guerre de Cent Ans (1337-1453) qui oppose royaumes de France et d'Angleterre, il marque son temps par son sens aigu de la politique et son amour des arts et des lettres. Si l'on retient surtout les faits d'armes de ce stratège militaire, le faste de sa cour et les débordements de son caractère, Fébus eut également un rôle prépondérant sur le développement de la langue et de la culture occitanes au XIVe siècle.
Fin connaisseur de l'occitan dans sa variante béarnaise comme de l'occitan littéraire forgé par les troubadours, il fait de sa langue maternelle un outil politique lui permettant d'asseoir son pouvoir sur l'ensemble de la population de ses domaines. La langue occitane est également pour lui un agent de développement culturel, notamment dans le domaine scientifique.

 

vignette.jpg
Gaston Fébus, prince occitan / Claudine Pailhès
Pailhès, Claudine (1952-....)
Gaston III comte de Foix et Vicomte de Béarn est entré dans la légende sous le nom et la graphie occitane de Febus. 

Dans le contexte tumultueux de la Guerre de Cent Ans (1337-1453) qui oppose royaumes de France et d'Angleterre, il marque son temps par son sens aigu de la politique et son amour des arts et des lettres. Si l'on retient surtout les faits d'armes de ce stratège militaire, le faste de sa cour et les débordements de son caractère, Fébus eut également un rôle prépondérant sur le développement de la langue et de la culture occitanes au XIVe siècle.

Fin connaisseur de l'occitan dans sa variante béarnaise comme de l'occitan littéraire forgé par les troubadours, il fait de sa langue maternelle un outil politique lui permettant d'asseoir son pouvoir sur l'ensemble de la population de ses domaines. La langue occitane est également pour lui un agent de développement culturel, notamment dans le domaine scientifique.

Ce sont tous ces aspects du personnage de Gaston Fébus qu'a présenté Claudine Pailhès, conservatrice générale du Patrimoine, directrice des Archives départementales de l'Ariège et spécialiste de Gaston Fébus, dans sa conférence donnée au CIRDÒC le 16/10/2015 à l'occasion du colloque "La Guerre de Cent ans, en pays de langue d'oc (XIVe-XVe siècles)" organisé par l'association Histoires et Cultures en Languedoc.

BNF_Fr616_Gaston_Phebus.jpg
Eyraud, Noémie
Gaston III (1331-1391) comte de Foix et vicomte de Béarn accède au pouvoir en 1343 à la mort de son père, Gaston II. Il est encore trop jeune pour gouverner, sa mère Aliénor de Comminges occupe donc la fonction de régente. Ses terres s’étendent autour de Foix pour le comté et de Tarbes, Pau et Mont-de-Marsan pour la vicomté. Elles côtoient celles du roi de France Philippe VI de Valois, du roi d’Angleterre Edouard III et de la couronne d’Aragon, dans le contexte de la Guerre de Cent ans (1337-1453). L’habileté stratégique et politique de Gaston épargne à son peuple les massacres de la guerre.

Le comte veut conserver la souveraineté sur son territoire. Il justifie son autorité et son autonomie d’abord en se déclarant seul souverain de Foix et de Béarn mais aussi en affirmant les spécificités locales, maintenant ainsi à distance l’organisation politique, administrative, sociale et linguistique du royaume de France.

Deux des principes fondamentaux de son administration sont donc d’une part la conservation des traditions juridiques déjà en place mais aussi l’usage de la langue occitane dans l’exercice de son pouvoir. La vie sociale du Béarn dépend depuis des siècles des Fors de Béarn, textes de droits et privilèges reconnus à la population, rédigés en occitan et qui avaient une véritable valeur législative.

En ce qui concerne la langue, on parle majoritairement gascon sur l’ensemble du domaine mais aussi languedocien sur une partie du comté de Foix. Pour se faire comprendre dans tout le domaine, Gaston Fébus dont la langue maternelle est le béarnais, s’exprime en occitan, qui est donc la langue parlée au quotidien et à la cour, langue de l’administration et du pouvoir. Une documentation officielle conséquente rédigée en occitan est parvenue jusqu’à notre époque. Cependant, Gaston est un aristocrate lettré et cultivé : il maîtrise tout aussi bien le français et le latin.

Les arts à la cour

Le faste de sa cour est à la hauteur de sa noblesse : les arts y ont une place d’honneur.

Les musiciens et jongleurs qui circulent en Europe viennent à la cour de Gaston, faisant de celle-ci un centre de diffusion des nouveaux courants polyphoniques : l’Ars Nova et l’Ars Subtilior. Les derniers troubadours y sont volontiers accueillis : Gaston apprécie beaucoup leur lyrique et il est possible qu’il se soit lui-même essayé à la composition. On lui attribue deux chansons, bien que la paternité ne soit pas attestée. La première est une canso : « Canso de mossen Gasto comte de Foix per la qual gazaynet la joya a tholoza ». La seconde attribution qu’on lui prête, populaire et un peu hasardeuse, est le Se canta (aussi connu sous le nom d’Aquelas Montanhas). Les lettres et les sciences trouvent leur place dans la bibliothèque de Gaston Fébus, qui contient notamment une traduction de la Chirurgie d’Abulcasis, oeuvre fondamentale de médecine d’origine arabe, et une traduction en occitan du De proprietatibus rerum (l’Elucidari en occitan) de Barthélémy l’Anglais, ouvrage encyclopédique sur les choses (éléments de la Création). On y trouve aussi les deux livres que l’on doit à Gaston lui-même, qu’il n’a pas écrits en occitan mais en français. Le Livre des Oraisons est un livre de prières très personnel, et le Livre de chasse, oeuvre remarquable et remarquée, est restée une référence en matière de vènerie.

Le mythe Gaston Fébus

On lui doit en partie le mythe forgé autour de son propre personnage. Gaston Fébus avait le don de mettre en valeur sa personnalité, mais d’autres après lui ont entretenu ce mythe. Sa postérité a été aidée par les Chroniques de France, d’Angleterre et des pays voisins de Jean Froissart. Le nom de Gaston Fébus est resté associé à la noblesse savante, grâce notamment à son Livre de Chasse qui était encore une référence dans la discipline des siècles après son écriture.
Au XIXe siècle, après l’avènement d’un intérêt croissant pour le Moyen Âge et les troubadours, la volonté d’ancrer la renaissance occitane dans une perspective historique prestigieuse amena des félibres béarnais à se réapproprier la figure mythique de Gaston Fébus.


vignette_P19a.jpg
Vidéoguide : Le mystère Albucasis (en langue occitane sous-titrée français)

Ce vidéoguide d'animation a été réalisé en 2014 dans le cadre du projet e-Anem, financé par le FEDER en Languedoc-Roussillon.

Version occitane sous-titrée en français.


La médecine et la chirurgie sont encore balbutiantes au Moyen Âge lorsque Albucasis, médecin d'Al-Andalus, débute la rédaction de son grand-œuvre : Al-Tasrif (nom complet : Kitab al-Tasrif li man 'ajaza 'ani at-T'aleef). Cet ouvrage somme du savoir médical et chirurgical de son temps bénéficie des recherches d'Albucasis dans ce dernier domaine. Il constitue durant des siècles une source de référence dans le milieu médical et universitaire au-delà des frontières de la péninsule ibérique alors sous domination araba. 

Les collections de la bibliothèque interuniversitaire de Montpellier à la longue tradition universitaire et médicale, conservent ainsi deux manuscrits du dernier tome d'Al-Tasrif dédié à la Chirurgie : les manuscrits H89, traduction en latin de l'original, et le manuscrit H95 qui en présente la traduction occitane. Ce dernier, seul exemplaire connu dans cette langue de l'ouvrage d'Albucasis, est un document précieux pour l'histoire et la linguistique occitanes.

vignette_Albucasim.jpg
La Cirurgia, médecine et occitan au XIVe siècle
CIRDOC - Institut occitan de cultura

Résumé

Au Moyen Âge la médecine et la chirurgie sont encore balbutiantes lorsque Abu Al-Qasim (v. 940-v. 1013), Albucasis en occident, débute la rédaction de son grand-œuvre, Al-Tasrif (nom complet : Kitab al-Tasrif li man 'ajaza 'ani at-T'aleef). Cet ouvrage, somme du savoir médical et chirurgical de son temps, bénéficie des recherches et expériences menées par le médecin d'Al-Andalus. Al-Tasrif va constituer durant des siècles une source de référence dans le milieu médical et universitaire, bien au-delà des frontières de la péninsule ibérique.

Page frontispice contenant les armes ainsi que la devise de Gaston Fébus en bas de page. <br> Extrait du ms. H 95, feuillet 1 de la Bibliothèque de la faculté de médecine de Montpellier

Les collections de la Bibliothèque interuniversitaire de Montpellier, ville à la longue tradition universitaire et médicale, conservent deux exemplaires de l'ouvrage, l'un dans sa version latine (le manuscrit H89), le second en occitan (le manuscrit H95), unique manuscrit de l'ouvrage d'Albucasis connu dans cette langue.

Le manuscrit H95 riche de 215 planches illustrées représentant quelques-uns des instruments chirurgicaux de l'époque, est un document précieux pour l'histoire et la linguistique occitanes. Sa paternité demeure pourtant source de questionnements. La commande de cet ouvrage serait attribuée à Gaston III de Foix-Béarn, plus connu sous le nom de Gaston Fébus ; à son père, Gaston II de Foix-Béarn ou bien à sa mère durant la quasi regence qu'elle administra après la mort de son mari. Ces hypothèses s'appuient sur les différentes marques produites sur le document et les inventaires de leurs héritiers.

Autres versions du titre :

< La Chirurgie d'Albucasis
< La Cyrurgia
< La Cirurgia
< L'Albucasis

Présentation du contenu

Manuscrit en parchemin de 70 feuillets à 2 colonnes, précédés et suivis de 3 feuillets de garde en papier moderne.

Daté de la seconde moitié du XIVe siècle, le manuscrit présente au bas de sa première page, un écusson aux armes de Foix et de Béarn, ainsi qu'une banderole portant le cri de guerre du comte Gaston III de Foix-Béarn (1343-1391).

Description complète : notice Calames http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=D01040719

Accéder au document numérisé : http://occitanica.eu/omeka/items/show/11898

Histoire du manuscrit et possesseurs successifs

Les origines du manuscrit H95, unique exemplaire connu d'Al-Tasrif en occitan, aujourd'hui conservé par la Bibliothèque interuniversitaire de Montpellier, demeurent sujettes à caution.
La liste suivante, qui indique l'histoire du manuscrit sur la base des études les plus récentes, est donc susceptible d'évoluer.

1/ Les vicomtes de Foix-Béarn, Gaston II et Gaston III

Divers éléments concourent à attribuer la paternité du manuscrit H95 aux vicomtes de Béarn : Gaston II (1308-1343) ou plus probablement son fils Gaston III (1343-1391), plus connu sous le nom de Gaston Fébus.

Daté de la seconde moitié du XIVe siècle, le manuscrit présente au bas de sa première page un écusson aux armes de Foix et de Béarn ainsi qu'une banderole portant le cri de guerre du comte Gaston III de Foix-Béarn (1343-1391).

Les collections de la Bibliothèque Sainte-Geneviève conservent par ailleurs un exemplaire de l'Elucidari (Ms. 1029), traduction occitane du De proprietatibus rerum de Barthélémy l’Anglais, qui semble le fait du même mécène que le manuscrit H95 de Montpellier. Or, l’exemplaire de l'Elucidari présente en prologue quelques vers qui indiquent que l'entreprise de traduction avait été lancée pour un jeune comte de Foix nommé Gaston, ce qui suggère une commande de la Chirurgie par la même famille.

Fébus et un écuyer (en bas à droite) portent devant le trône de Dieu le haume au cimier du comte de Foix. <br> Extrait du ms. 1029 de la Bibliothèque Sainte-Geneviève de Paris, feuillet 1

2/ La famille d'Albret

Les archives départementales des Pyrénées-Atlantiques conservent différents inventaires mobiliers de la famille d'Albret, vicomtes de Béarn à partir du XVe siècle, attestant la présence dans leurs collections de différentes traductions en occitan des œuvres d'Albucasis.

Enfin l'étude des inventaires mobiliers de la famille d'Albret, lointains héritiers de Gaston Fébus, révèle une présence tant de l'Elucidari que de la Chirurgie dans les bibliothèques béarnaises. Des manuscrits entrés bien avant le règne des Albret sur la vicomté. L'inventaire de 1533, du temps d'Henri II d'Albret, porte ainsi sous le numéro 14 la mention suivante : "Autre livre commensant : Les paroles de "Albucassin, en mauvais langaige"; ou selon les indications données plus loin à l'article 18 de l'inventaire établi par le maître d'hôtel Jehannot de Laborde, « en langage du midi de la France ». Telle est en tout cas la déduction faite par Charles Rahlenbeck en 1882, lors de la publication de l'inventaire de Pau. Poursuivant son analyse du document, il note la présence à l'article 15, d'un ouvrage intitulé "Le palays de Sagesse, escript en parchemin", dans lequel il pense identifier « l'Elucidari de las proprietatz de totas res naturals », compilation encyclopédique débutant par une pièce allégorique dont voici les premiers vers : "Comensa le palaytz de Savieza, fayt a istancia del noble princep Guasto, compte de Foysh."

3/ La Bibliothèque interuniversitaire de Montpellier

Le manuscrit H95 a tout naturellement trouvé sa place dans les collections de la Bibliothèque interuniversitaire de Montpellier, riche d'une longue tradition universitaire et scientifique. La capitale héraultaise constitue en effet avec la Sorbonne l'une des plus anciennes universités de l'Hexagone, sa fondation remontant au début du XIIIe siècle. La médecine figure au titre de ses enseignements, les traces de sa pratique étant d'ailleurs ici plus précoces encore. Elle est en effet attestée dès 1137 à Montpellier.

Si Rahlenbeck voit dans l'exemplaire occitan de la Chirurgie présent dans les collections de la famille de Navarre, le manuscrit H95 aujourd'hui conservé à Montpellier, le parcours exact des deux ouvrages, Chirurgie comme Elucidari, entre le XVIe siècle et leur lieu de conservation actuel n'est pas à ce jour connu. Leur trace se perd ainsi au début du XVIIe siècle. Poursuivant son analyse des inventaires de la famille de Navarre, Rahlenbeck souligne ainsi que durant les premiers mois de l'année 1621, alors que la vicomté de Béarn est définitivement rattachée au royaume de France et que Louis XIII règne sur le royaume depuis Paris, l'ancienne cour des rois de Navarre et notamment leur bibliothèque, font l'objet d'une série de pillages.

Note de contenu

Le manuscrit comporte sur le premier feuillet les armes et la devise de Gaston Fébus « Febus avant » . Il reprend le dernier volume de l'ouvrage original et se divise en trois livres abordant chacun une thématique selon le plan suivant :
- la cautérisation
- les opérations de taille
- fractures et luxations

Note d'étude

Scène de diagnostic et d'échange soigneur/soigné, un des apports fondamentaux d'Albucasis à la médecine. <br> Extrait du ms. H 95, feuillet 95recto, Montpellier, Bibliothèque de la faculté de médecine.

1/ L'auteur et le contexte de rédaction

L’auteur du traité Abū al-Qāsim Khalaf ibn Abbās al-Zahrāwī, est né aux alentours de 936 après Jésus-Christ (940 pour certaines sources), Albucasis vit dans la banlieue de la capitale cordouane d'Al-Andalus, dans la ville d'El Zahra et officie en tant que médecin et chirurgien à la cour califale. Cordoue est alors une capitale rayonnante. Bien que placée à l'extrémité ouest du monde musulman et qu'ayant pris progressivement son indépendance vis-à-vis des califes de Bagdad ; Al-Andalus demeure au cœur d'un important réseau de relations avec les Orients arabes. À compter du Xe siècle, Cordoue est ainsi un centre de confluence des savoirs grâce au soutien porté par les souverains Omeyyades en faveur des arts, sciences et lettres. Leur règne représente dans ces différents domaines un véritable âge d'or. Sous Abd-ar-Rahman III (891-961), la ville voit émerger une nouvelle tradition médicale et accueille l'une des grandes écoles de médecine de ce temps, face aux capitales arabes de Bagdad, d'Ispahan, du Caire...

C'est dans ce contexte, alors qu'il officie à la cour d'Al-Hakam II, qu'Albucasis rédige l'un des ouvrages scientifiques médiévaux majeurs de son époque, le Kitab Al-Tasrif li man 'ajaza 'ani at-T'aleef, aussi connu sous le nom d'Al-Tasrif. Véritable encyclopédie médicale en 30 volumes et 1500 pages, l'ouvrage rassemble l'ensemble des connaissances de l'époque sur la question, ainsi que les récentes découvertes chirurgicales faites par Albucasis suite à ses recherches et travaux de dissection. Afin d'illustrer son propos, il insère dans son traité de chirurgie des schémas explicatifs décrivant notamment les instruments inventés par ses soins, ce qui constitue pour l'époque une démarche innovante. Le traité offre également une place plus importante au rapport soigneur/soigné préfigurant davantage une sorte de phase assez proche du diagnostic moderne. L'ensemble connaît très vite un grand succès, tout particulièrement le dernier tome. La renommée et les idées de la Chirurgie vont en effet progressivement dépasser les frontières d'Al-Andalus, suite à la traduction latine de l'ouvrage.

Représentation iconographique des instruments chirurgicaux inventés par Albucasis. <br> Montpellier, Bibliothèque de la faculté de médecine. ms. H 95, feuillet 20verso

2/ Diffusion de l’œuvre au Moyen Âge

La Reconquista
débute dès 722 dans le nord de la péninsule ibérique. En 1085, Tolède tombe aux mains des troupes du roi Alphonse VI de León et Castille. Les chrétiens découvrent sur place une activité intellectuelle solidement établie ainsi qu'une importante communauté mozarabe (les chrétiens d'Al-andalus) qui va faciliter la transmission des savoirs. La tradition culturelle et scientifique de Tolède se perpétue des siècles après la Reconquista, et tout au long des XIIIe et XIVe siècles, on ne cesse de copier et de traduire des manuscrits arabes. C'est dans ce contexte que Gérard de Crémone venu de Lombardie, s'installe dans la cité castillane et réalise la traduction en latin de nombreux manuscrits arabes. Le lombard produit ainsi le manuscrit 0 du traité d'Albucasis.

La traduction latine favorise la diffusion de l'ouvrage en Occident où son succès ne se démentit pas durant tout le Moyen Âge. D''éminents médecins et chirurgiens comme Pietro Argallata, mais également Guy de Chauliac, Roger de Parme, Guillaume de Salicet... usent et citent les travaux de leur prestigieux prédécesseur. Durant près de cinq siècles, le traité d'Albucasis figure aux programmes des Universités de Salerne et de Montpellier.

3/ La langue de l'Albucasis

Rédigé dans la variante languedocienne de l'occitan, probablement celle du parler de Foix, le manuscrit H95 semble être le fruit d'une traduction littérale à partir, non pas du texte original en arabe, mais de l'une des traductions latines de la Chirurgie, possiblement le second manuscrit conservé à Montpellier (cote H89ter). Le recours à l'occitan, langue maternelle du commanditaire de la traduction, ouvrit au XIVe siècle de nouvelles perspectives à la production occitane écrite, l'invitant à explorer de nouveaux territoires, notamment dans le domaine lexical.

Éditions et traductions

Éditions

- Tourtoulon, Charles de. « La Chirurgie d'Albucasis traduite en dialecte toulousain (bas pays de Foix) du XIVe siècle », Revue des langues romanes, 1, 1870, p. 3-17 et 301-307.

- La Chirurgie d'Albucasis (ou Albucasim), texte occitan du XIVe siècle, éd. Jean Grimaud et Robert Lafont, Montpellier, Centre d'études occitanes de l'Université Paul-Valéry, 1985, 284 p.    

- Abū'l Qāsim Halaf Ibn 'Abbās al-Zahrāvi detto Albucasis, La chirurgia. Versione occitanica della prima metà del Trecento, Firenze, Malesci, 1992.

couv.jpg
Georges, Alexandre (1850-1938)
Partition d'une version béarnaise de l'Hymne occitan Se Canta arrangée pour soprano solo et choeur d'hommes et accompagnement de piano.