numérisé ici provient des collections du CIRDOC - Institut occitan de cultura (CR-A 8138).
C'est Pierre Paul, son oncle d’alliance, qualifié parfois d’écuyer de Marseille, qui rassembla ses œuvres éparses, les publia et les fit ainsi connaître. Il en profita pour publier au sein du volume également un de ses recueils la Barbouillado.
Des circonstances historiques particulières sont à l’origine de la publication de ce recueil : de 1591 à 1596, Charles de Casaulx installe une éphémère « République de Marseille ». Le nouveau pouvoir fait installer l’imprimerie à Marseille. Pierre Mascaron, premier imprimeur marseillais, sort de ses presses les Obros et Rimos de Bellaud de la Bellaudière qui constituent le premier livre sorti des presses marseillaises.
L’ouvrage est également célèbre, au moins à l’échelle locale, parce qu’il a vu le jour sous le patronage d’un personnage « rebelle », peu avant la chute de celui-ci et de son régime : les Obros et Rimos sont dédiées à Charles de Casaulx et son viguier Louis d’Aix, qui ont octroyé la permission.
L'exécution de l'ouvrage, au point de vue typographique, peut paraître désordonnée. Cette apparente fantaisie en termes de ponctuation, de graphie est elle-due à Pierre Mascaron, à Pierre Paul ou à Bellaud lui-même ? Il est difficile de l'affirmer. Le provençal écrit de Bellaud est, tout comme l'ensemble des écrits de l'époque dite « baroque », bien loin de la graphie établie au Moyen-Âge (perdue depuis la fin de l'usage administratif de la langue d'oc). Un lecteur moderne peut paraître désorienté devant l'invasion de lettres parasites ou décoratives, les notations différentes d'un même mot... C'est aussi le cas, dans une moindre mesure, pour les auteurs français de l'époque. De plus, le provençal de Bellaud est en pleine évolution, il garde des traits archaïques tels que les pronoms « lous » et « las » mais, parfois, utilise le « leys » moderne, par exemple.
Reliure vélin de l’époque (fin XVIe-début XVIIe siècle)
vues 3 à 7 : Sur les pages de garde supérieures notes manuscrites : « Ex libris Guihelmy Massiliensis », un possesseur contemporain de l’impression, suivi d’un tercet en vers latins et de deux quatrains en français.
vue 14 : En regard de la page de titre, une feuille brochée au verso de laquelle figure, dans un encadrement de fleurons, l’avertissement aux lecteurs.
vue 15 : Sur la page de titre, les armoiries de la ville de Marseille sont gravées sur bois, sans indication de couleur, dans un rameau de laurier.
vue 16 : La page suivante contient le portrait de Bellaud dans un ovale, représenté en buste couronné de laurier et autour duquel on lit une citation en latin suivi d’une dédicace en occitan signée Pierre Paul qui fait l’éloge du poète : « ...Si cent mille ans dure le monde, / ses poèmes ne dépériront pas… »
vues 17 à 42 : Éloge de Louis de Bellaud, Epître liminaire par Pierre Paul et dédicace à Charles Casaulx et Louis d’Aix, Préface de César de Nostredame.
Les quatre parties chronologiques de l’œuvre ont chacune une page de titre et sont précédées de pièces liminaires en prose ou en vers destinées à glorifier l'auteur, l'éditeur, ou les protecteurs.
vues 15 à 166 : Les Obros, ou premier livre de la prison est un recueil de 164 sonnets entrecoupés de pièces diverses (odes, chansons, quatrains et huitains…). Composé lors de son emprisonnement à Moulins, il se présente comme les éphémérides d’un détenu.
vues 167 à 194 : Avec le Don-Don infernal, nous changeons de genre poétique, mais non d’atmosphère : misères et calamitez d’une prison. C’est une déclamation, non plus en sonnets, mais en sixains sur les abominations du régime pénitentiaire, et contre les pratiques judiciaires.
vue 195 à 324 : Le troisième recueil Lous Passa-tens a été constitué par Pierre Paul sans ordre particulier. On quitte alors la poésie carcérale pour entrer dans divers pièces avec toujours une prépondérance du sonnet.
vues 325 à 334 : Dans les dernières pages, on trouve la table des différents poèmes et à nouveau le portrait de Bellaud.
vues 335 à 402 :
Barbouillado et fantaisies journalières de Pierre Paul. Il y a sur cette page de titre l'armoierie de l'imprimeur, Pierre Mascaron, avec l'inscription : « superbia, humilitati, sucumbit ».
vues 403 à 405 : Sur la page de garde inférieure, quatrain manuscrit en occitan : « Las obros de La Belaudiero / son courounados de laurie : / Aquelley di pau de Figuiero / per estre un uray gasto mestie. » suivi d’un monogramme composé des lettres majuscules M, A et O.
Sur les feuillets de garde inférieurs, on trouve deux essais maladroits de copie du fameux monogramme du bibliophile Nicolas-Claude Fabri de Peiresc.