Auteur | Mistral, Frédéric (1830-1914) | |
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Sujet | Mistral, Frédéric (1830-1914) -- Correspondance Lafagette, Raoul (1842-1913) -- Correspondance Mistral, Frédéric (1830-1914) -- Critique et interprétation | |
Source | CIRDÒC - Médiatèca occitana | |
Langue | fre oci | |
Droits | Domaine public/Domeni public | |
Réutilisation | Licence ouverte | |
Permalien | http://www.occitanica.eu/omeka/items/show/3858 | |
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Originaire de l’Ariège, Raoul Lafagette est un homme de lettres très attaché à ses racines, en atteste sa bibliographie : Chants d’un montagnard (1869), Pics et vallées (1885), Symphonies pyrénéennes (1897). Il s'intéresse donc tout naturellement à la question régionaliste et par conséquent au Félibrige : La Renaissance romane (1890), Les visées du Félibrige (1896), et La Grande Lorraine (1908), pièce de théâtre historique. Il est l’ami d’un grand nombre de personnages importants de l’époque : Victor Hugo, Leconte de l'Isle, Émile Pouvillon, Alphonse Daudet, Frédéric Mistral, Auguste Fourès et Prosper Estieu. Ces nombreuses amitiés sont parfois abordées dans sa correspondance avec Frédéric Mistral.
La lettre du 11 juin 1886 met en avant plusieurs aspects intéressants de la vision de la poésie de Mistral mais est également fort représentative du type de rapport qu’entretiendront Frédéric Mistral et Raoul Lafagette. Ici, Mistral commence d’abord par féliciter Lafagette pour son Pics et vallées : “vos vers nerveux et colorés ne sauraient être mieux frappés, ni plus sonores”, mais bien vite leurs différences d’opinions politiques et poétiques surviennent : “la politique n’a rien à voir avec la poésie”. En effet, ces divergences d’opinions sur l’apport du politique dans le poétique reviendront souvent au sein de leur correspondance. On remarque également dans cette lettre l’opinion sur la langue à employer en poésie pour Mistral : “or la nature du midi ne chantera jamais, libre et naïve, que dans la langue qu’elle s’est faite. Une poésie arabe, une poésie indienne, m’en dira toujours plus sur l’Inde ou l’Arabie que les plus purs chefs-d’œuvres de Hugo ou de Leconte de l’Isle”. Mistral se veut en permanence recentré autour d’ambitions simples et réfute une nouvelle fois toute prétention politique qui pourrait lui être accordée : “Que vient-on nous parler révolution, évolution, et avatar etc! Est-ce que ça nous regarde, nous paysans et pâtres”. Enfin, cette lettre contient également une évocation intéressante d’Émile Zola : “mais Zola, le grand apôtre du réalisme, pousse inconsciemment la roue du Félibrige : car faire parler son monde comme dans la vie réelle, c’est la visée du naturalisme, et le Félibrige ne fait pas autre chose.” En effet, bien que Mistral soit retenu comme un auteur apparenté au romantisme, il est intéressant de voir qu’il ne manquait pas de se rapprocher d’un auteur naturaliste.
La lettre du 28 octobre 1902, nous permet d’observer une partie des rapports entre Frédéric Mistral et le monde du théâtre. Ici, Lafagette cherche à faire jouer sa pièce récemment achevée La Grande Lorraine, au théâtre d’Orange et demande pour cela son parrainage à Mistral. Celui-ci refuse cependant, car il est “absolument étranger à la direction et à l’organisation du théâtre d’Orange”, puisqu’elle revient à Paul Mariéton. De plus, Mistral ne possède aucune influence sur ses choix de programmation : “trois ou quatre dramaturges m’attribuant une influence particulière, m’ont déjà prié de les présenter à Mariéton et ma présentation n’a pas réussi du tout.” Il est également question du fait de jouer à Orange la Rèino Jano ce que Mistral n’approuve pas : “je n’y tiens pas du tout, il faudrait, pour avoir chance de réussite, des conditions de décor et d’acteurs fort difficiles à rencontrer”. Il est également intéressant de relever que dans une lettre à Prosper Estieu du 12 janvier 1903 Mistral dit qu’il n’a “pas la pretencioun d’èstre critico teatrau”.