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Immatériel : Personnalités, œuvres, lieux, expressions et pratiques vivantes : partez à la découverte des richesses du patrimoine à travers les fiches de l'Enciclopèdia du patrimòni cultural occitan
Licence Licence Ouverte
Pétanque
AuteurCIRDÒC - Mediatèca occitana
SujetPatrimoine oral et immatériel de l'humanité
Période évoquée20..
19..
18..
Type de documentText
Languefre
Formattext/html
DroitsCIRDÒC - Mediatèca occitana
RéutilisationLicence ouverte
Création de la notice2014-05-22
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Pétanque [Pratique sportive]

Sommaire

La pétanque est un jeu de boules traditionnel originaire de Provence et plus particulièrement de la région marseillaise. Popularisé dans le reste de la France, le sport se développe à l'international depuis quelques années, comme à New-York et en Asie du Sud-Est. La pétanque est déclarée « sport de haut niveau » en 2004 par le Ministère de la Jeunesse et des Sports.

1/ La pratique de la pétanque aujourd'hui

Règles du jeu

Généralement, les terrains font au moins 12 mètres de long et quelques mètres de large car les parties se jouent entre 6 et 10 mètres.
Les parties de pétanque opposent deux équipes. Les équipes sont soit d’un seul joueur (3 boules chacun), soit de deux joueurs (en « doublette » avec trois boules chacun), soit de trois joueurs (en « triplette » avec deux boules chacun). La première équipe lance le « but » (une petite boule de buis appelée le « bouchon » (dans la région Marseillaise) ou le « cochonnet »), puis une boule métallique. Un joueur de la seconde équipe lance à son tour sa boule. L’équipe qui a positionné sa boule le plus loin du « bouchon » rejoue jusqu’à prendre le point.
Lorsque la « mène » est terminée, c’est-à-dire lorsque toutes les boules ont été lancées par les deux équipes, l’équipe gagnante repart du « bouchon » en faisant un rond à son emplacement et en lançant le but généralement dans le sens inverse de la première mène (pour rester sur le terrain s’il y en a un), et ainsi de suite jusqu’à ce que 13 points aient été comptabilisés.
Les parties amicales peuvent se poursuivre par une deuxième partie, la « revanche », et souvent par une troisième, la « belle ».

L'aire de pratique

Une partie de pétanque se déroule sur un terrain dur, de préférence de terre battue et légèrement gravillonné. Le terrain ne doit pas être travaillé et être aussi « naturel » que possible, dans l'esprit des places de villages (non pavées), des chemins de terre ou des terrains vagues sur lesquels les joueurs se retrouvaient avant la création récente des boulodromes et qu’ils utilisent encore aujourd’hui lorsqu’il n’y a pas de terrain aménagé.

Le matériel

À la pétanque, les joueurs utilisent des boules en métal dont le diamètre et le poids varient légèrement. Pour être utilisées en compétitions officielles, les boules de pétanque doivent être homologuées par les Fédérations Française et Internationale de Pétanque et de Jeu Provençal (F.F.P.J.P. et F.I.P.J.P.). La marque du fabricant et le label d’homologation sont gravés sur chaque boule ainsi que le numéro de série et le poids. La dureté minimale de l’acier est de 35 HRC (110 Kg/mm2) ; le poids varie entre 650 et 800 grammes ; le diamètre se situe entre 70,5 à 80 mm. Les boules doivent être en acier, creuses, sans corps étranger à l’intérieur (notamment du sable ou du plomb ce qui permet de leur donner un effet considéré comme un avantage et donc comme une « tricherie »).

Parmi le matériel utilisé à la pétanque on peut relever :

  • Le bouchon : dérivé de bocho signifiant en Provençal « petite boule », les joueurs l'appellent aujourd’hui très fréquemment le « cochonnet » (mot emprunté au jeu de la longue lyonnaise dont est dérivée la pétanque). Rappelant la fabrication des boules anciennes, le bouchon (cochonnet) est toujours en bois de buis. Aujourd’hui, les fabricants rivalisent de créativité pour faire des cochonnets personnalisées, gravés du nom du joueur par exemple, peints dans des couleurs fluorescentes pour jouer la nuit ou arborant les couleurs d’un club ou d’une compétition.
  • La sacoche : L’équipement compte une sacoche à boules en cuir ou en synthétique (naguère une mallette en bois).
  • La chiffonnette : la « chiffonnette » permet de nettoyer les boules salies par la terre et de ne pas avoir les mains sales.
  • Le « ramasse-boule » : un aimant monté sur une ficelle permettant de remonter les boules sans se baisser.
  • Le « mesureur de point » : s’appelle souvent « ficelle » ou « mètre » et permet de mesurer avec précision la distance séparant deux boules adverses du cochonnet.
  • Le « compteur de point » pour ne pas perdre le fil du score en cours de partie, il s'agit souvent d'un tableau.
  • Le « rond » : un cercle en plastique permettant de ne pas avoir à tracer au sol à chaque mène le « rond » dont les joueurs de doivent pas sortir lorsqu’ils lancent leurs boules.
Avant la normalisation des boules de pétanque par la Fédération Française, après la seconde guerre mondiale, et surtout avant l’invention de la « boule intégrale » (100% métallique) les joueurs utilisaient des « boules cloutées ». Il s’agissait de boules fabriquées à partir de racines de buis tournées, sur lesquelles des artisans (des femmes généralement) clouaient des « caboches » (des clous) de cuivre, de laiton et d’acier. La  tête des caboches se superposait parfois les unes sur les autres, donnant un effet d’écaille.
Ces boules traditionnelles se retrouvent aujourd’hui dans les brocantes et sur les sites de ventes sur Internet. Elles ont été progressivement abandonnées à partir des années 1930/1940. Les fabricants de boules cloutées étaient nombreux à la fin du XIXe siècle, notamment à Aiguines (83) situé dans le nord du département du Var, mais aussi à Saint Guilhem-le-désert dans l’Hérault (34) et Saint Paul-de-Fenouillet (66) au pied des Pyrénées-Orientales.

Les fabricants de boules modernes sont aujourd’hui peu nombreux, les petites entreprises ayant été progressivement rachetées par la marque OBUT qui propose sur son site, à Saint-Bonnet-le-Château (42), un musée de la boule : « Musée International Pétanque et Boules ».

Il reste en Provence une fabrique ancienne datant de 1904 « La Boule Bleue », fondée par Félix Rofritsch, capitaine au long cours qui refusa de rentrer dans son Alsace natale, aux mains des allemands depuis 1871. Il s’est installé rue des Fabres, dans le centre de Marseille, où il vend des « articles de Paris » et fabrique des boules en bois recouvertes de clous posés un à un. « La boule Bleue » 4ème génération propose aujourd’hui une gamme complète de produits homologués.

Les boules de fabrication étrangère également ont fait leur apparition dans les grandes surfaces dédiées au sport-loisir ce qui montre le développement spectaculaire de la pétanque à travers le monde.

2/ Apprentissage et transmission

 L’apprentissage se fait traditionnellement par immersion au sein du groupe familial ou de la classe d’âge.
Le « jeune » accompagne son père sur les boulodromes et s’entraine avec lui. Il joue avec ses « copains » dans la cour de la maison.

Cela dit, les joueurs de pétanque ont souvent découvert le jeu sur le tard, vers 20/30 ans, voire 50/60 ans, pendant leurs vacances et leurs voyages en voyant des joueurs s’exercer.

La fédération nationale créée en 1945 (FNPJP) voit les clubs se multiplier à travers le monde. En 2008, la Fédération Internationale de Pétanque et de Jeu Provençal (créée en 1958) comptait 81 fédérations nationales rassemblant 566.734 licenciés (la moitié étant français), l’immense majorité jouant à la pétanque (le « jeu provençal » traditionnel étant resté essentiellement pratiqué en Provence).

Actuellement, face à la chute des licenciés qui est due au non renouvellement des licenciés âgés, des initiatives d’apprentissage de la pétanque à l’attention des « jeunes », basées sur le bénévolat, voient le jour.

3/ Historique

Contrairement à l’idée qui est véhiculée, la pétanque est un jeu récent.

Elle commence à être pratiquée dans les années 1900 dans la région marseillaise par des joueurs de « longue » qui décidèrent de rester ped tanco (pieds fixes) afin de pouvoir jouer avec leurs amis moins lestes (vaillants) qu’eux qui ne pouvaient plus s’élancer sur trois pas avant de jeter leurs boules ou se mettre en équilibre sur un pied pour pointer (selon les règles du jeu provençal traditionnel).

Le premier concours de pétanque a été organisé sur le boulodrome des frères Pitiot sur les hauteurs de La Ciotat en 1910. Cette variante correspondait à une attente très forte des joueurs vieillissants ou légèrement handicapés et à ceux qui cherchaient un jeu plus convivial et accessible à tous.
Très rapidement, sous l’impulsion d’Ernest Pitiot, le jeu s’est répandu dans le Midi de la France (notamment à partir de Palavas-les-Flots et de Montpellier dans l'Hérault). 

Depuis les années 1960, la pétanque s’est diffusée dans la France entière. La fédération nationale a été créée en 1945 (FNPJP).

4/ Sauvegarde

De nombreux sites Internet, coordonnées par les fédérations, les comités, les amateurs passionnés ou les commerçants proposant du matériel spécifique, valorisent la pétanque et ont pour objectif d’en diffuser la pratique à travers le monde entier.
Il existe également quelques revues : Pétanque Magazine, Boulisme…

En revanche, il n'existe aucune action de valorisation de la pratique de la patique en terme patrimonial. On peut néanmoins signaler l'implication des municipalités, des Conseils départementaux et régionaux, dans l’entretien des boulodromes et l’organisation des grandes manifestations. Et le travail mis en œuvre par les Fédérations nationales et internationales pour la diffusion de la pratique du sport et l'organisation de grandes manifestations. Ce travail a abouti en 2004 par la reconnaissance par le ministère de la jeunesse et des sports de la pratique de la pétanque comme « sport de haut niveau ».

Si la pétanque se déroule généralement en club (cercles ou associations sportives) sur des terrains spécifiques appelés « boulodromes » aménagés par les municipalités dans les parcs urbains ou sur un coin de la « place » dans les villages, elle se pratique également comme sport-loisir par des millions d’amateurs non licenciées à la plage, à la montagne, lors des pique-niques ou des repas familiaux…
Été comme hiver, de nombreux joueurs de pétanque se rassemblent, notamment en Provence.

Certains concours internationaux patronnés par des quotidiens régionaux (La Marseillaise, Le Midi Libre) et organisés indépendamment de la fédération, sont devenus de véritables évènements populaires entraînant des migrations estivales spectaculaires.

La Marseillaise (créé en 1962) a reçu 13872 participants pour son édition 2011, soit 4333 parties en 5 jours. Le Mondial de Millau (créé en 1982) dans l’Aveyron met en scène des milliers d’équipes (séniors, juniors, féminines) qui s’affrontent jours et nuits au début du mois d’août. Bien que moins fréquenté, Le Riviera Pétanque Show de Nice (06), anciennement nommé Europétanque (créé en 2001), accueille également en juillet un grand nombre de joueurs (2000 joueurs en 2010) sur les sites de la Promenade des Anglais, la place Masséna et le jardin Albert 1er.

En Languedoc-Roussillon, de nombreuses compétitions ont lieu chaque semaine, principalement d'avril à mi-octobre. En juin 2014, la ville de Gruissan dans l'Aude (11) accueillera les championnats de France séniors masculins de tête à tête et ceux de doublettes féminins. En 1997, la ville de Montpellier à accueilli les Championnats du monde de pétanque.

La fédération française organise également de multiples compétitions sportives et des concours sélectifs pour déterminer la composition de l’équipe de France qui représentera le pays lors du « Championnat du monde de pétanque », événement majeur pris en charge par la Fédération Internationale de Pétanque et Jeu Provençal.

Sources et références

Feschet Valérie, « La pétanque et la fête. Ancrage et diffusion d’un jeu emblématique de l’identité provençale », La fête en Provence, Aix-en-Provence, Presse Université de Provence, 2013.

Feschet Valérie, «L’être et le paraître des joueurs de pétanque : entre jeu traditionnel et sport de haut niveau», Les jeux collectifs en Europe. Transformations historiques, pp. 247–264, Paris, France, L’Harmattan, 2013.

Feschet Valérie, «La pétanque», Dictionnaire de la Méditerranée, Arles, Actes Sud, 2013.

Feschet Valérie, «Les concours de pétanque du 14 juillet à New York», Ethnologie Française, tome XLIII, Janvier 2013, pp. pp. 123–135.

———, «Petanque in New York», Voices, New York, 2011, The Journal of New York Folklore, New York Folkore Society édition.

Henk Reesink, Anne Martine Reesink, Tamara Reesink, JEU DE BOULES 3000 ans d’Histoire… Et d’histoires, vol. I, La paix, 2004.

Izoird, Jean-Michel, Gérard Pelisson-Lafay, La pétanque: une histoire, un sport, un loisir, une passion, Saint-Etienne, France, Edi Loire, 1996.

Tornatore Jean-Louis, «Note sur la dramaturgie du jeu de boules. A Marseille, en Provence, et peut-être ailleurs…», Ethnologie française, vol. XXIII, fasc. 4, 1993.


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