Réédition XIXe siècle de l'œuvre occitane de Claude Odde de Triors parue à Toulouse en 1578, sur le modèle rabelaisien.
Claude Odde de Triors es pas tolosan mas es sortit del Dalfinat, çò qu’explica sens dobte sa curiositat “joiosa” e quasi antropologica abans l’ora pel parlar de las Tolosanas e dels Tolosans al qual es immancablament confrontat coma estudiant dins la capitala de Lengadòc.
Lo libròt que publica Odde de Triors es un obratge interessant per mai d'una rason. Sul plan lingüistic, fornís una compilacion de mots e d’expressions, de scènas de vida que nos daissa entreveire la vida populara tolosana del sègle XVI. Balha tanben un inventòri plan complet de la produccion literària tolosana de son temps.
Les Joyeuses Recherches de la langue toulousaine (« Las joiosas recèrcas de la lenga tolosana ») apareis coma un projecte enciclopedic sus la lenga populara, emportat dins un estíl joiós que revela un legeire atentiu de Rabelais. Odde de Triors reculhís mots, dires, escaisses dins lo parlar viu del pòble, los definís e los comenta, en los subrecargant de glòsas fantasistas segon lo biais d’un tractat falsament dòcte. Barreja l’occitan, lo francès e lo latin per provocar un jòc de registres destinat a fare rire.
Se tròba pas cap de nom d’autor ni mai d’estampaire sus aqueste recuèlh que sembla una edicion clandestina. Es la longa Épître liminaire al començament del libre que nos dona la data de publicacion. Lo nom de l’autor nos es revelat per sos amics que li dedican de verses que lausan son òbra. Lo floron de la pagina de títol permet d’atribuir l'estampatge a l’estampaire tolosan Jacques Colomiez. Los religaires Chambolle-Duru de la segonda mitat del sègle XIX reprenon aquel floron sus la religadura d’aqueste exemplar que proven de las colleccions del CIRDÒC - Mediatèca occitana (CR-A-8137).
On ne connaît pas bien les circonstances qui ont pu présider à la composition et à la publication des Poésies gasconnes.
Ce que l'on peut dire c'est que leur composition s’échelonnerait sûrement sur une longue période entre ses études à Toulouse et le moment où il revient à Lectoure.
Ce recueil poétique renferme :
La Dédicace à Henri de Navarre et la préface française (Au Lecteur)
8 Eglogues
Ce sont des dialogues ou des entretiens de trois à cinq personnages rustiques, à la manière des églogues antiques, et en vers de dix pieds; deux autres sont les monologues d’un personnage qui se raconte lui-même en octosyllabe, dans une veine qui n’a rien de grec ni de latin.
Les quatre premières ont pour sujet la guerre et les armes ; les quatres dernières sont les bergeries du temps de paix.
En effet, elles portent la marque des troubles que connaît Lectoure entre 1561 et 1567, la ville est alors disputée entre catholiques et protestants.
Il imite les Bucoliques de Virgile, en faisant parler des paysans et paysannes mais chez lui ils sont vraiment de Lectoure et témoignent de leur souffrance vis à vis des guerres de religion. Toujours au moins un personnage exprime les sentiments propres de Pey de Garros lui-même.
6 suites de Vers Heroicz en vers de douze pieds forment la deuxième partie. Ce sont des monologues de héros antiques : Hercule, Alexandre le Grand, Pyrrhus, Annibal, Sylla, Jules César.
Plusieurs sources d’inspiration sont à l’origine de ces vers :
Il imite les Hymnes de Ronsard parus en 1555 et 1556
Ces vers sont originaux d’une part parce que les sujets parlent d’eux, de leurs exploits et de leur morts à la première personne. C’est une sorte de monologue aux Enfers. D’autre part parce qu’ils font leur confession, les héros montrent eux-mêmes la vanité de leur gloire et leur faiblesse. Ils sont soumis comme les autres hommes au destin, à la loi divine et à la mort.
Pey de Garros montre ainsi ses soucis de moralité chrétienne et fait de sa poésie une méditation morale.
4 Epîtres
dont les deux premières sont des lettres de moralisation à un “H.B.”, ami poète et médisant. La troisième, adressée au même, porte la profession de foi littéraire de Garros. C’est un manifeste sur la dignité du gascon.
La quatrième est de la main d’un personnage inconnu, désigné par des initiales A.B. L’abbé Couture a proposé d’y reconnaître Hector de Beaulieu, qui était organiste de la cathédrale de Lectoure.
3 pièces diverses dont Cant Nobiau, un chant qui décrit un mariage gascon, une Chanson dédiée à P.H., probablement un chant d’amour déçu et une Elégie adressée à une femme.
Selon André Berry, le recueil est inégal : “Garros, en dépit de quelques trébuchements, s’est élevé dans les Eglogues jusqu’au chef-d’oeuvre ; il a rejoint le passable dans les Vers heroïcz ; il a sombré dans le médiocre avec les deux premières Epîtres, et, remonté avec la troisième, a culminé dans le Cant nobiau, pour finir sur deux bluettes. Négligeable, en somme, dans les parties qui ne sont point du terroir, l’ouvrage reste valable dans la mesure où il est gascon.”
Cet exemplaire est celui de la Bibliothèque nationale de France, il porte la cote Res. Ye. 863
Reliure de parchemin avec traces de 2 lanières.
On y trouve deux additions manuscrites de vers aux feuillets E4v° et H4v° et quelques corrections d’orthographe et de ponctuation.