Irlande
William Charles Bonaparte-Wyse - Lo felibre irlandés

 William Bonaparte-Wyse (1826-1892) est décrit par ses biographes comme un personnage brillant autant qu’excentrique. Petit-neveu de Napoléon, il est le fils d’un homme politique irlandais, ambassadeur de la reine Victoria. Seul membre étranger du Félibrige, il occupe une place singulière dans le renaissance d’oc. Le prestige de son nom, ses réseaux internationaux et sa conception de la “Cause” félibréenne vont grandement participer au rayonnement du jeune mouvement provençal.

A gauche : Portrait de William Bonaparte-Wise avec envoi autographe à Joseph Roumanille. (Photographie-Collection CIRDOC) 

 

Comme beaucoup de ses contemporains, Bonaparte-Wyse rencontre la langue d’oc et l’aventure félibréenne à la lecture de Mirèio, le premier chef-d’œuvre mistralien, découvert par hasard, en vitrine de la librairie Roumanille à Avignon. Il fait la connaissance de Frédéric Mistral peu après. Irlandais de naissance, grand voyageur, Bonaparte-Wyse se met à la langue d’oc et entame une œuvre de poète provençal. En 1868, il publie son grand recueil Li Parpaioun blu édité à Avignon, Paris et Barcelone.

 

Ses rapports avec le Félibrige seront orageux et ses sentiments envers Mistral pour le moins complexes. Il préside les grandes fêtes félibréennes de Forcalquier en 1882, et publie de nombreuses pièces en occitan, qu’il maîtrise au point de pouvoir écrire dans la langue des troubadours qu’il admire. Il donne trois fois sa démission au Félibrige qu’il considère peu respectueux de sa personnalité et de son œuvre, et tout entier voué au culte mistralien. Bonaparte-Wyse est une figure du héros romantique, poète se voyant “porte-drapeau” des aspirations d’un peuple. Sa conception de la “Cause” félibréenne est difficile à cerner. S’il s’enthousiasme à l’idée d’une indépendance catalane, on ne retrouve pas dans ses écrits et discours les mêmes ambitions pour la Provence.

 ”La ‘Cause’ devient de plus en plus... à peu près rien autre chose qu’un culte mistralien, en mettant de côté, bien entendu, le mouvement décentralisateur qu’il représente, et qui à ce moment est dans l’air universel. Cette idée - une bien belle idée - aura toujours, c’est probable, des adhérents. Elle se prête admirablement à des vues quasi-politiques des plus vitales.”

Lettre à Mariéton, 10 février 1887.

 Assez curieusement, Bonaparte-Wyse, qui aspira tant à l’éveil des nationalités latines, ne s’intéressa pas à son Irlande natale qui vivait au même moment des heures particulièrement sombres. Fils d’un ambassadeur du Royaume-Uni, issu de la très haute société, Bonaparte-Wyse était unioniste. Certains de ses biographes l’ont d’ailleurs décrit “plus anglais que les Anglais.”

 "Sans aucun doute j’étais destiné par la Providence d’être une espèce de lien, entre les provinces éparses du ci-devant Empire. Aujourd’hui en Catalogne, autrefois en Provence, demain en Roumanie, lié avec ces poètes qui sont les interprètes de leur génie respectif..."

Lettre de William Bonaparte-Wyse à Frédéric Mistral, 20 mars 1881.

Symbole de la double culture provençale et irlandaise, Bonaparte-Wyse est resté dans l’histoire de la gastronomie comme le père de la recette des figues pochées au whisky !

 

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