La complexité de l’intrigue développée par l’auteur, la précision des descriptions des lieux et des événements, la peinture particulièrement soignée de la psychologie des personnages, n’a cessé de fasciner les lecteurs modernes de Flamenca, œuvre sans équivalent parmi les romans médiévaux.
Mais c’est la malicieuse inversion de toutes les valeurs morales qui surprend le plus dans Flamenca tout en rendant le roman sans doute illisible au XIIIe siècle. Flamenca et Guilhem consomment ardemment leur amour tout comme leurs servantes et damoiseaux d’ailleurs, invités à l’amour par leurs maîtres grâce à un détournement du rite religieux. C’est en costume de clerc que Guilhem conquiert sa Dame. Mais Flamenca n’est pas un roman anti-chrétien : aucune espèce de remords n’animent jamais les deux amants et ils ne cessent de prier Dieu au contraire pour qu’ils demeurent amants.
Conclusion admirable, le faux clerc devient vrai chevalier par l’épreuve des tournois et Flamenca, ayant donné son cœur à Guilhem, peut rendre heureux son mari en le délivrant de la jalousie par le stratagème même qui l’a conduite dans les bras de son amant.