LO TROBADOR PEIRE CARDENAL, représenté dans une initiale historiée du chansonnier I.
Collection Bnf - ms fr. 854, f.164.
Pèire Cardenal, contemporain de la Croisade contre les Albigeois, est sans doute le troubadour le plus emblématique du XIIIe siècle languedocien. Né dans le Velay, issu d’une famille noble, Cardenal n'est pas un poète de canso d'amor. S'il commence sa carrière en chantant l'amour auprès de Raimon VI de Toulouse, il se tourne en ces temps chaotiques vers la poésie satirique des sirventés, condamnant la décadence morale et la corruption qui règne désormais dans le Languedoc des Croisés.
Honoré par les plus grands seigneurs de son temps, du roi d'Aragon Jaume Ier aux comtes Raimon VI et Raimon VII de Toulouse, il se réfugie ensuite à la cour de Rodez puis à Montpellier, deux régions qui échappent pour un temps aux rigueurs de l'Inquisition.
La présence d’un troubadour comme Pèire Cardenal à la cour de Rodez et la composition contemporaine du roman de Flamenca en Rouergue a souvent été soulignée. Il a lui-même évoqué l'inaudibilité de la poésie troubadouresque dans la société nouvelle qui s’installe avec la Croisade :
"A mos ops chant e a mos ops flaujol
car homs mas eu non enten mon lati
altretan pauc com fa d'un rossinhol
entent la gent de mon chant que se di..."
"Mon chant, mon air de flûte / C'est pour moi-même car personne sauf moi n'entend bien mon langage / Les gens comprennent aussi peu mon chant / que s'il s'agissait de celui d'un rossignol."