La Catalogne a bénéficié jusqu’au XVIIIe siècle de statuts de grande autonomie, sans cesse confirmés par les souverains espagnols depuis l’union des dynasties aragonaises et castillanes. Les Catalans vont alors être victimes de leur ralliement au parti des Habsbourg au cours de la guerre de Succession d’Espagne, la victoire des Bourbons ouvrant une période de centralisation monarchique.
Au XIXe siècle, la formidable expansion industrielle de la Catalogne au sein d’une Espagne très agricole permet à sa bourgeoisie de revendiquer à nouveau une autonomie politique, appuyée sur un épanouissement artistique et linguistique. Le dynamisme économique et culturel enraye le déclin de la langue catalane, désormais revendiquée comme langue officielle. Après seulement un demi-siècle de renaissance identitaire, la Catalogne se dote d’un nouveau texte fondateur de son autonomie politique, les “Bases pour servir à la Constitution régionale catalane”, ratifié en 1892 par 240 représentants de l’Unió Catalanista, nouveau groupement de syndicats et associations catalanistes.
Les liens entre les deux renaissances régionales seront particulièrement importants aux débuts du Félibrige, au point de constituer pour les différents mouvements de la renaissance d’oc une utopie durable d’unité catalano-occitane. Les langues occitane et catalane sont très proches et les liens historiques, nombreux. Pour autant, l’étendue et la diversité des régions occitanophones, l’absence d’unité historique et de sentiment “national” rendent la situation occitane très différente de la situation catalane. Le Félibrige provençal, qui s’enthousiasme pour le réveil catalan, s’en éloignera dès lors qu’il s’agira pour Barcelone d’un processus politique d’autonomie. La Catalogne reste pour longtemps - dans l’histoire des revendications occitanes une référence fraternelle, mais souvent lointaine.
La langue catalane sera la langue unique qui pourra officiellement être en usage dans la Catalogne, et aussi dans les relations de cette région avec le Pouvoir central.