A gauche : Les “Paşoptişti”, intellectuels libéraux-nationalistes roumains de 1848.
Coincée entre les trois grands empires russe, austro-hongrois et ottoman, une “petite Roumanie” voit le jour en 1859 et devient une monarchie constitutionnelle. À la faveur de la guerre des Russes contre les Ottomans, l’indépendance du pays est reconnue. Il devient officiellement le royaume de Roumanie en 1877. Aux frontières des cultures helléniques, slaves et germaniques, l’identité roumaine se définit par la langue, latine. Pour ces “frères aînés de l’Occident”, la Roumanie représente une “épave de l’ancien empire romain d’Orient” dont les habitants “ont lutté pendant cinq siècles pour la conservation de leur langue et de leurs mœurs nationales” (Vasile Urechea Alexandrescu, fondateur de l’Académie roumaine). La création de la Roumanie est une conséquence du Printemps des peuples de 1848. Elle a été portée par une génération de jeunes intellectuels romantiques, les “Paşoptişti”, qui avaient fait leurs études dans la France de Michelet et de Lamartine.
Mais l’État roumain ne comprend encore qu’une partie des populations de langue et culture roumaines, qui sont encore sous le gouvernement de l’empire austro-hongrois. Pour l’intelligentsia roumaine, l’Idée latine est une affirmation du droit à l’autodétermination des populations de langue roumaine et leur réunion dans une seule grande Roumanie. Au lendemain de la Première guerre mondiale, les habitants de la Bucovine et de la Transylvanie votent effectivement leur rattachement à la Roumanie.