Cinq ans après la disparition d’Alfred Nobel a lieu la première sélection du prix international pour la paix, la chimie, la médecine, la physique et bien sûr la littérature. Frédéric Mistral figure parmi les favoris.
Les élites suédoises de la Belle Époque témoignent d'une sympathie particulière vis-à-vis de la Provence, destination de tourisme et de villégiature à la mode. De même la Suède est alors sensible au folklorisme et à la revalorisation des cultures traditionnelles.
Les philologues allemands furent particulièrement actif dans la redécouverte de la littérature occitane du Moyen Âge. La littérature occitane contemporaine y trouva trés tôt un écho non négligeable. La première traduction allemande de Miréo par Betty-Dorieux Brotbech est publié en 1880. Ci dessus, l'édition de 1884.
Enfin, les années 1900 représentent l’apogée des études romanistes en Europe, notamment en France et en Allemagne où la littérature des troubadours occitans est étudiée comme le berceau de la littérature européenne.
Frédéric Mistral présente donc de nombreux atouts pour incarner une littérature qui puise aux racines populaires comme littéraires de l’Europe tout en représentant une figure géopolitique assez consensuelle. Mais une partie du jury ne peut réellement juger des qualités littéraires de l’œuvre de Mistral, la traduction de Mirèio en suédois étant considérée très mauvaise.
En dépit de soutiens nombreux et influents, le président du jury Carl David af Wirsén ne cache pas son admiration pour le poète de Maillane, Mistral ne reçoit pas le premier prix Nobel de littérature, qui est décerné au candidat officiel de l'Académie française.