« L’œuvre la plus impie du Moyen Âge » René Nelli
Flamenca est un roman anonyme de 8095 vers octosyllabiques composé en ancien occitan vers le milieu du XIIIe siècle. Certains traits caractéristiques de la langue employée par l’auteur en fait une œuvre d’origine rouergate, ce que confirment les quelques vers qui documentent très marginalement sur les conditions de composition du roman (v. 1722-1736) : il est fait mention d’un certain « Bernardet », nom qui pourrait désigner l’auteur de Flamenca sans rien livrer de son identité, et un « seiner d'Alga » (seigneur d’Alga), qui serait son protecteur. Alga, château aujourd’hui disparu, était le lieu principal de la seigneurie de Roquefeuil. Les deux frères Arnaut et Raimon de Roquefeuil, seigneurs rouergats du XIIIe siècle, ont été célébrés par Daude de Pradas comme grands protecteurs des troubadours.
Flamenca raconte les amours de Guilhem de Nevers, jeune chevalier français doté de toutes les vertus physiques et morales, et de la belle Flamenca. Le début du roman est manquant dans le manuscrit de Carcassonne. Le récit commence par la demande en mariage de Flamenca par Archambaut de Bourbon. Les noces sont célébrées avec faste à Nemours pendant huit jours puis suivent les festivités de l’arrivée de Flamenca à Bourbon. La description extraordinairement détaillée des fêtes de Bourbon, des danses, des musiques, des œuvres littéraires qui sont jouées, « le plus incroyable déploiement de culture vivante dont on puisse rêver » selon Yves Rouquette, ont fait de Flamenca un portrait exceptionnel de la société courtoise et ont pu lui donner l’image d’un roman historique.