Le moment du Carnaval est dans l’année sociale le moment où la classe dominée se libère des entraves de la morale, de l'idéologie officielles pour une explosion rituelle. C'est le moment où le paganisme surgit et brise la contrainte chrétienne. Il est normal en Occitanie, dès le 16e, qu'une occasion soit ainsi trouvée pour la langue dominée de se venger, pour un temps, de la langue dominante.
Mais le témoignage sur le peuple est toujours porté par l'écrivain qui n'est plus du peuple. Le texte carnavalesque occitan est le fait de bourgeois qui rituellement "s'encanaillent", vont chercher l'amusement gras, l'obscénité critique.
L'affrontement des deux cultures dans la production carnavalesque rejoint un genre littéraire venu d'Italie, qui au début du XVIe trouve en Provence des représentants remarquables avec Arena et Germain : le genre macaronique.
Des hommes d'érudition se moquent de leur propre érudition scolaire comme ils se moquent du latin en le barbarisant. En Occitanie ils se moquent à partir de la parole populaire occitane.
Le burlesque occitan s'attache non seulement à tourner en dérision Virgile et Homère, mais la préciosité française.
L'oeuvre de Despuech perdrait tout son sens, si l'on ne voyait pas qu'elle fait du burlesque occitan une offensive contre la poésie affectée en langue française.