Autour de Bellaud de la Bellaudière et de son oeuvre se cristallisèrent, entre 1570 et 1610, les ambitions d’une littérature provençale renaissante. 

Bellaud trouve à Aix un milieu littéraire qui l'accueille. De 1576 à 1586, Henri d'Angoulême, grand Prieur de l'ordre de Jérusalem, gouverneur de la Provence, réunit autour de lui une cour intellectuellement brillante. Bellaud y devient l'ami de Malherbe.

Le milieu où écrit Bellaud se construit en effet d'amitiés, et le poète provençal le conçoit comme un cercle épicurien, celui des Arquins.

Un autre milieu, moins plaisant, plus militaire, se condense alors autour de Michel Tronc ; la manado de Tronc s'oppose aux Arquins et leur fait concurrence littéraire. Mais Tronc, à la différence de Bellaud, ne connaît pas l'édition.

En même temps Robert Ruffi, produit son oeuvre poétique, oeuvre dans la mode de son temps, mais animée d'un sentiment républicain marseillais.

L'édition de Bellaud est une entreprise politique conçue après sa mort. L'installation des presses dans la Marseille de Casaulx donne occasion au parti de la Ligue, patriote provençal, de joindre la poésie moderne et l'enseignement mythifié de Nostredame. Bellaud devient le symbole d'une renaissance, le "nouveau troubadour". Les deux artisans principaux de l'opération idéologique sont le jeune César de Nostredame, neveu de Jean, et Pierre Paul, oncle par alliance de Bellaud et héritier de son oeuvre.

La publication du livre de Bellaud en 1595 est traversée par l'événement contraire : l'assassinat de Casaulx. Pierre Paul et César de Nostredame vont retourner leurs positions politiques ; par ce moyen ils sauvent la mémoire de leur maître et la pensée d'une renaissance provençale.

Ils seront désormais les familiers du président de la nouvelle chambre souveraine de Marseille, le Français du Vair.

Un nouveau cénacle d'écrivains se réunit. Il est majoritairement français, mais la poésie occitane y est admise comme elle l'était auprès d'Henri d'Angoulême.

Dans les papiers composites qu'il laissera, Paul rassemble l'oeuvre de Tronc et la sienne. Un ami du Vair, Fabri de Peiresc, entreprend une patiente et sérieuse étude des troubadours, que malheureusement il n'a pas pu mener au terme de l'édition, à sa mort en 1637.