Louisa Paulin est née en 1888 à Réalmont, près d'Albi. D'abord institutrice dans divers villages du Tarn, elle devient professeur à Tulle en Limousin où elle enseignera pendant 18 ans.
Atteinte d'une maladie qui va entraîner progressivement paralysie et perte de la vue, elle revient dans la maison familiale de Réalmont en 1932 où elle va vivre recluse et se consacrer à l’écriture. La langue de ses premiers poèmes est le français - son premier recueil Fragments d'une symphonie d'automne est publié en 1936 – mais, depuis 1932, elle s'est mise à l'écriture de l'occitan, sa langue maternelle.
En 1937 le poème « Cant d'ibèrn » qu'elle envoie au jury de l'Académie des Jeux Floraux est remarqué par Antonin Perbosc. À partir de ce moment, les deux poètes vont entretenir une correspondance régulière sans jamais se rencontrer. La publication de cette correspondance par l'éditeur occitan Vent Terral en 2007 va révéler une relation d'amour singulière entre le patriarche du premier occitanisme et l'écrivaine recluse de Réalmont.
Sorgas son premier recueil de poésies occitanes, naturellement dédié à Perbosc, est publié en 1940. Son deuxième recueil, Fresca, sort en 1942. Évoquant la Croisade contre les Albigeois, Louisa Paulin livre une fresque terrible et sublime sur fond d'occupation allemande dont elle ne verra pas la fin.
Elle décède en 1944, quelques semaines avant Antonin Perbosc.
Récompensé par plusieurs prix littéraires et salué par une abondante et élogieuse critique, le talent de Louisa Paulin est d’emblée reconnu. Son œuvre poétique relève de plusieurs registres, d’abord inspirée par la littérature orale occitane, elle est intimiste, musicale, déchirée et désespérée.
Ses poèmes, redécouverts à partir des années 1970, ont été mis en musique par de nombreux chanteurs contemporains, de Daniel Loddo à la Mal Coiffée en passant par Rosina de Pèira.
"Photo Georges Souche, extraite du portfolio fòto-poesia "Arbres" (éditions Cardabelle)"
Silenci de l’auton |
Silence de l’automne |
Silenci de l’auton quand lo vent s’es pausat | Silence de l’automne quand le vent s’est posé, |
Doç coma una pluma de palomba | Doux comme une plume de palombe |
Escapada de la negra man del caçaire. | Echappée de la noire main du chasseur. |
Silenci saure de l’auton | Silence blond de l’automne |
Ont s’ausis la darrièra vèspa | Où l’on entend la dernière guêpe |
E lo mai escondut al plus prigond del còr. |
Et le plus caché au plus profond du cœur. |
« Silenci de l’auton » , dins Loïsa Paulin, Direm a la nòstra nena (Ed. Vent Terral, 1984)
« Une infinité de microcosmes à la fois différents et identiques, pétris de la même fraternité, où les berceuses calment les mêmes douleurs et endorment les mêmes peines, où le canevas des jeux brode sur le même imaginaire, où les formules magiques étanchent la même soif d’infini. »
Jòrdi Blanc, introduction de : Loïsa Paulin, L’escalièr de veire, Vent Terral, 1994.
Silenci de l'auton. Poème lu par Muriel Batbie-Castell.