Marcelle Delpastre naît en 1925 dans le hameau de Germont, dans la commune limousine de Chamberet. Sa vie prendra fin au même endroit, dans la ferme familiale, en 1998. Selon ses propres mots, dans ce voyage immobile, elle y cultivera « principalement la ferme familiale et la poésie, accessoirement le dessin, la broderie, le chant traditionnel, l'ethnographie et la littérature française autant qu'occitane. » ("Autobiographies", publié dans Plein Chant 71-72, 2000-2001).
L'œuvre de Marcelle Delpastre ne cesse de surprendre ses observateurs. Avec une parole universelle localisée, enracinée, Marcelle Delpastre envisage la fonction poétique comme une voix collective et médiumnique, chamanique, le poète étant passeur, plus que créateur, de la conscience de l'univers. Ses manuscrits en témoignent : Delpastre écrit lorsque le poème est prêt, elle en accouche d'une traite, sans repentir.
Indissociablement poète, ethnologue, paysanne, Marcelle Delpastre occupe une place singulière dans l'archipel de la poésie occitane contemporaine.
"Photo Georges Souche, extraite du portfolio fòto-poesia "Arbres" (éditions Cardabelle)"
Qu'escotetz, qu'escotetz pas, qué quò me fai ? | Que vous écoutiez, que vous n'écoutiez pas, qu'est-ce que cela me fait ? |
Queu que passa, qu'escote o que passe, qué quò me fai ? | Celui qui passe, qu'il écoute ou qu'il passe, qu'est-ce que cela me fait ? |
Si escotatz lo vent, quand bufa dins los faus e quand brama dins l'aire ; | Si vous écoutez le vent, quand il souffle dans les hêtres et quand il brame dans l'air ; |
si sabetz escotar lo vent, quand mena sas nivols coma de grands ausels de mar, e quand brama dins l'aire emb sa gòrja de giau ; | si vous savez écouter le vent, quand il mène ses nuages comme de grands oiseaux de mer, et quand il brame dans l'air avec sa gorge de gel ; |
si avetz auvit per cas de la font e la granda aiga e la fuelha purar, lo marmús de l'erba madura en los prats, | si vous avez parfois entendu la fontaine et le fleuve et la feuille pleurer, le murmure de l'herbe mûre dans les prés, |
podetz saber çò qu'ai a dire. | vous pouvez savoir ce que j'ai à dire. |
Zo sabetz desjà. | Vous le savez déjà. |
Marcelle Delpastre, Preludi / Prélude, extrait de Saumes pagans / Psaumes païens, ed. dau Chamin de Sent Jaume, 1999.
"Gardez-vous comme de la peste de lire un poème d'elle. Il faut entrer dans Delpastre comme on entre dans la mer. Il faut nager dans Delpastre, il faut couler dans Delpastre, il faut reprendre l'air quand on a coulé dans les profondeurs de ce qu'elle a à dire et qui n'est pas si compliqué, me semble-t-il."
[texte sans titre], publié dans Plein Chant, Jan dau Melhau (dir.), 71-72, 2000-2001.
Jan Dau Melhau lit Marcelle Delpastre - Extrait de la conférence du 09/03/13 enregistrée au CIRDÒC par Ràdio Lenga d'Òc.
Marcela Delpastre, Saumes pagans / Psaumes païens, Edicions dau Chamin de Sent Jaume, 1999.